jeudi 4 décembre 2014

A Hell of a Woman / Une femme d’enfer - Jim Thompson et Thomas Ott

Faites une croix sur le calendrier, j’ai lu un polar ! Bon, attention, pas n’importe lequel. Un polar américain des années 50. Un polar à l’ancienne. Un polar à propos duquel Stanley Kubrick a déclaré : « Probablement le narrateur à la première personne le plus terrifiant et le plus crédible d'un esprit criminel tordu que j'aie jamais rencontré. » Un polar adapté au cinéma par Alain Corneau sous le titre « Série Noire » avec Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Myriam Boyer et Bernard Blier. Un polar de Jim Thompson, auteur culte s’il en est, adulé par James Ellroy et Stephen King. Bref, pas de la gnognote.

Le narrateur à la première personne se nomme Frank Dillon. C’est un représentant de commerce à la petite semaine, le genre de gars qui a du mal à joindre les deux bouts, qui frappe à votre porte sans conviction, désabusé de chez désabusé. Le jour où une grand-mère lui propose sa nièce Mona en guise de paiement, Franck met le pied dans un nid de vipères. Découvrant grâce à la petite que la mamy cache un magot dans sa cave, le VRP met au point un plan imparable pour récupérer l’argent. Un plan tellement imparable que rien ne va se passer comme prévu.

Ah là là que j’ai aimé ce bouquin ! Le Frank est un loser de première, poissard comme c’est pas permis, engoncé dans des certitudes qui ne tiennent pas debout une seconde. Il est également retors, de mauvaise foi, cynique, vénal, égoïste, lâche, trouillard et exagérément mielleux quand les conditions l’exigent. Et puis il est entouré d’une bande d’affreux jojos irrécupérables. C’est simple, il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre. La méchanceté est partout, même chez les femmes (surtout chez les femmes devrais-je dire). Tout cela est ironique à souhait et furieusement drôle, un vrai régal d’humour noir.

Et que dire de cette édition grand format illustrée par l’excellent Thomas Ott et publiée dans l’esprit des pulp américains de la première moitié du 20ème siècle. L’ensemble se présente comme une intégrale regroupant sept fascicules aux couvertures différentes et forme un gros volume au graphisme et à la mise en page vintage pleine de charme. Un superbe objet-livre, vraiment.

A Hell of a Woman ou « La véritable histoire du combat d’un homme contre un sort injuste et des femmes indignes ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Frank. Je ne suis pas du tout un lecteur de polar et il n’y a aucune raison que ça change mais si à chaque fois que je me lance je tombe sur un titre de cette qualité, je risque de finir par y prendre goût.

A Hell of a Woman – Une femme d’enfer de Jim Thompson. La Baconnière, 2014. 206 pages. 25,00 euros.




30 commentaires:

  1. Le concours de nouvelles des Quais du Polar 2015 est sur ce thème (enfin, sur un extrait du film adapté du livre) à voir ici
    http://www.quaisdupolar.com/a-lannee/concours-de-nouvelles/prix-agostino-2013-adultes-et-lyceens/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chouette : Je ne connaissais pas du tout ce concours ;)

      Supprimer
  2. D'accord, tu n'aimes pas les polars, mais quand tu en lis c'est du vintage excellent, alors ce n'est pas plus mal. Mc Bain, par exemple, je le sais.
    Tu devrais bien lire Westlake aussi (un avec Dortmunder) je te sens fait pour lui aussi!

    RépondreSupprimer
  3. alors là c'est dur dur , moi qui n'aime pas le polar non plus vais-je me laisser tenter, par celui qui comme moi n'en lit pas beaucoup! 25 euros ça freine un peu mes élans !!

    RépondreSupprimer
  4. Réponses
    1. Non, c'est juste une exception qui confirme la règle ;)

      Supprimer
  5. Je note. C'est que tu en parles si bien ! Ce n'est pas un polar gentillet ! tout pour te plaire.

    RépondreSupprimer
  6. Moi qui ne lis plus de polars car je trouve qu'ils finissent par tous se ressembler, en voilà un qui sort du lot et qui pourrait bien me plaire. Et puis tu en parles avec tellement d'enthousiasme que c'en est contagieux. J'achète !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et puis tu peux te tourner vers la version poche sortie l'an dernier.

      Supprimer
  7. L'assassin qui est en moi est du même tonneau, je surkiffe comme dirait ma fille. J'ai du mal avec la "mise en image" moi par contre. Et si je puis me permettre, vous devriez essayer Ross McDonald, retraduit chez Gallmeister, du polar à la papa qui swingue (alors on joue pas dans la même cour que Thompson, mais que c'est bien !)

    RépondreSupprimer
  8. Ils auraient pu faire un effort sur la couverture quand-même. Entre celle-ci et celle que tu nous proposes pour nous réchauffer lors de nos séjours au ski, on n'est pas gâté.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais non, elle est très bien cette couverture. L'illustrateur utilise la technique très particulière de la carte à gratter, c'est un vrai artiste !

      Supprimer
  9. Voilà qui me fait drôlement envie !
    En plus, ce serait un bon moyen de découvrir enfin Jim Thompson.

    RépondreSupprimer
  10. 25, ça fait un peu cher... J'irai voir du côté de la bibliothèque

    RépondreSupprimer
  11. Je pense aussi que pour aimer le polar il faut lire les grands maîtres du genre. C'est ce que j'essaie de faire sur mon jeune blog de polars, en alternant avec des polars contemporains. J'ai justement lu un Jim Thompson également, mais que j'ai tenu à choisir retraduit parce que les vieilles traductions de la Série noire sont réputées avoir taillé dans le texte sauvagement. D'où ma question : de quand date la traduction de cette édition ? Parce que si elle est vintage elle aussi, mieux vaut se tourner vers Rivages qui l'a réédité l'année dernière sous le titre Une femme d'enfer dans une nouvelle traduction presque 3 fois moins chère...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La traduction est exactement la même que celle de Rivages l'an dernier. La différence avec le poche c'est la présentation vintage, le grand format et les très nombreuses illustrations de Thomas Ott. Un vrai bel objet-livre en fait.

      Supprimer
  12. Mais euh c'est un album ou un roman?
    Bon le côté loose évidemment me tente, mais trop de gros sales et méchants , ça risque de me gêner tu vois, s'il n'y a personne à sauver, je peux passer à côté , déjà que les polars ne sont pas ma tasse de thé...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un roman. Et non, il n'y a personne à sauver ;)

      Supprimer
  13. Et bien tu vois que tu peux aimer les polars ! ;-)

    RépondreSupprimer
  14. J'en parlais justement avant hier, mais quoi de neuf chez Thomas Ott ? Merci pour la réponse !

    RépondreSupprimer
  15. Oooh mais ça me plaît bien ça ! A voir si je ne le trouve pas en ebook VO. Cette édition est très tentante mais le prix, ouf quand même. A moins que je ne me la fasse offrir pour les fêtes ! ( ding ! idée de génie)

    RépondreSupprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !