Affichage des articles dont le libellé est Albums jeunesse. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Albums jeunesse. Afficher tous les articles

jeudi 14 mars 2024

Les souris du Buisson-aux-mûres : Le Printemps - Jill Barklem

Quel plaisir de retrouver les petits habitants du Buisson-aux-Mûres ! La première publication date du début des années 80 et je m’en rappelle comme si c’était hier. Des petits livres carrés, blancs, avec à l’intérieur un univers animalier trop craquant. À l’époque la série avait pour titre Les souris des quatre saisons. Quatre albums, un par saison, rien de plus simple. Les histoires se passent toutes près d’un ruisseau bordant un champ, dans une haie sauvage où vivent des souris. Une communauté parfaitement organisée, habitant de jolies maisons dans les troncs d’arbre. 

Ce premier volume, consacré au printemps, se déroule le jour de l’anniversaire du petit Wilfred. Décidées à lui faire une surprise, les souris organisent un grand pique-nique pour célébrer l’événement, qui coïncide évidemment avec le retour de la belle saison.

L’anglaise Jill Barklem, décédée en 2017, était une illustratrice de génie. Ses dessins rappellent l’univers graphique de Béatrix Potter. On se perd avec délice dans la minutie de chaque illustration où aucun détail n’est laissé au hasard. C’est trop beau, trop mimi, trop choupi, trop kawaii, bref ça fait trop du bien. En plus cette réédition dans un format bien plus grand que les précédentes (la dernière datait d’il y a 15 ans) offre enfin un écrin à la hauteur du talent de cette virtuose de l’aquarelle.


Le deuxième tome sortira en mai, les autres suivront en septembre et en octobre. On ne peut que se réjouir à l’idée que, d’ici la fin de l’année, l’intégralité de cette série iconique de la littérature jeunesse anglo-saxonne soit à nouveau disponible dans nos librairies !

Les souris du Buisson-aux-mûres : Le Printemps de Jill Barklem. Qilinn, 2024. 32 pages. 13,95 euros. A partir de 5 ans.





vendredi 26 mai 2023

La Tour de Gustave - Sophie Adriansen et Youlie

Gustave et sa tour, un duo inséparable ! C’est elle qui raconte la vie de son créateur. Sa découverte de l’acier et de ses propriétés. Sa première grande réalisation, une passerelle de 500 mètres qui enjambe la Garonne à Bordeaux. Le succès grandissant, les commandes qui s’empilent, dans le monde entier. Son rôle de sauveur dans la construction du canal de Panama, le viaduc de Gabarit et ses 120 mètres de haut, l’armature de la statue de la liberté et surtout, surtout, son ambition de construire une tour « haute de plus de mille pieds ». Un projet proposé à la ville de Barcelone pour l’exposition universelle de 1888 qui sera refusé. Qu’importe, il verra le jour l’année suivante, à Paris.

La tour raconte le début de sa construction, la crainte des parisiens de la voir s’écrouler et des les écraser. Les délais tenus malgré les difficultés du chantier. Et puis le succès jamais démenti depuis l’inauguration, le 15 mai 1889. Suivront quelques revers et le scandale financier du canal de Panama. Gustave perd de son aura mais sa tour lui survivra, échappant au démontage grâce aux antennes à son sommet qui jouent un rôle stratégique pour la défense nationale et la diffusion des ondes radio.

Adriansen / Youlie © Glénat 2023

Un biopic publié à l’occasion du centenaire de la mort du célèbre architecte. L’album, tout en verticalité, offre de somptueuses double-pages qui font penser à des panneaux d’exposition. Le texte se fait discret, allant à l’essentiel pour laisser la puissance graphique des illustrations s’exprimer au mieux. Un bel hommage dans un bel écrin. 

La Tour de Gustave de Sophie Adriansen et Youlie. Glénat, 2023. 48 pages. 14,50 euros. A partir de 8 ans.




mardi 29 octobre 2019

Les ombres de Nasla - Cécile Roumiguière et Simone Rea

Ce soir, Nasla ne trouve pas le sommeil. Elle fixe un point jaune qui ressemble à un œil au-dessus de l’armoire de sa chambre. Nasla se demande qui la regarde. Peut-être la tortue en peluche perchée tout là-haut ? Peut-être l’éléphant Timboubou, dont la trompe semble bouger ? Lui aussi fait partie des jouets entassés sur l’armoire. Et si ce n’était pas l’éléphant mais plutôt un fantôme qui bougeait, et si l’œil jaune grossissait jusqu’à l’avaler ? Et qui entend-elle respirer dans sa chambre ?

Nasla voudrait chanter, Nasla voudrait parler, Nasla voudrait sortir de son lit, jouer pour s’occuper et ne plus être effrayée. Mais la nuit, on doit dormir, et pour dormir, Nasla a heureusement un indispensable allié sous son oreiller.

Ah, ce difficile moment où l'on n'est plus un bébé mais que l'on n'est pas encore tout à fait un grand ! C'est avec une tendresse touchante que Cécile Roumiguière aborde ce passage si particulier de la petite enfance à l'enfance tout court. Il se dégage de chaque phrase une douceur et une poésie qui jouent davantage sur la complexité des émotions que sur la simple peur enfantine. Les illustrations sont magnifiques, épurées et intenses, portées le plus souvent par des fonds noirs profonds qui subliment les autres couleurs et offrent un écrin parfait au texte.



Un superbe album, soulignant à la fois la difficulté de grandir et la puissance de l’imaginaire. 


Les ombres de Nasla de Cécile Roumiguière et Simone Rea. Seuil jeunesse, 2019. 32 pages. 13,50 euros. Dès 5 ans.










vendredi 23 mars 2018

Quelques battements d’ailes - Mickael el Fathi et Pierre Pratt

Le temps passe si vite quand on est une montagne. Les siècles, les tempêtes, et les ciels défilent de manière discontinue. Les arbres à peine poussés deviennent vieillards, les hommes sont à peine installés que déjà ils disparaissent. Et peu à peu la montagne rétrécit. Géant à la merci des éléments, elle devient colline puis grain de sable. Collée sous les pattes d’un oiseau, en quelques battements d’ailes, elle finira par traverser les océans…

Une lecture superbe et poétique qui interroge sur l’élasticité du temps et la manière dont on perçoit cette élasticité. Le point de vue de la montagne montre qu’à son échelle tout se déroule à une vitesse folle. Parce qu’elle compte les années en millénaires, les transformations des êtres vivants et des éléments lui semblent durer quelques secondes.

L’illustrateur canadien Pierre Pratt exprime à la fois le caractère immuable et mouvant de notre univers. Ses doubles pages sont sublimes et les passages sans texte offrent une pause qui invite à la méditation et renforce l’impression de voir le temps s’écouler sous nos yeux. Le graphisme participe grandement au plaisir de lecture que procure l’album et la dimension poétique reste parfaitement accessible pour les enfants.

Quelques battements d’ailes de Mickael el Fathi et Pierre Pratt. Motus, 2017. 36 pages. 13,00 euros. A partir de 4-5 ans.

vendredi 2 mars 2018

Les lectures de Charlotte (50) : Petites histoires de nuits - Kitty Crowther

Parce qu’il a dit trois fois s’il te plaît, l’ourson a droit à trois histoires avant de s’endormir.

Dans la première, la gardienne de la nuit frappe sur son gong pour prévenir les animaux de la forêt qu’il est l’heure d’aller se coucher. Ce faisant, elle doit convaincre quelques récalcitrants. Dans la seconde, on rencontre la petite Zhora qui, partant à la recherche de la plus belle mûre, finit par se perdre. Heureusement, recueillie par le gentil Jacko Mollo, Zohra va passer la nuit au chaud avant de pouvoir rentrer chez elle. Dans la dernière, Bo, incapable de trouver la moindre « miette de sommeil », se dirige vers la mer. En chemin il rencontre son amie loutre qui lui conseille d’aller nager pour régler son problème.

Un petit livre carré à la couverture douce comme une peau de pêche. Un petit livre aux teintes roses, illuminé par les crayons de couleur d’une Kitty Crowther au meilleur de sa forme. Un petit livre qui donne envie de se glisser sous la couette et d’ouvrir grand ses oreilles pour plonger dans un univers merveilleux. Un petit livre parfait pour faire de jolis rêves avec en écho la tendre voix de maman ourse. Un petit livre poétique et moelleux qui ravira parents et enfants et fera de l’histoire du soir un moment rare de plaisir à partager.



Petites histoires de nuits de Kitty Crowther. Pastel, 2017. 76 pages. 11,00 euros. A partir de 3 ans.



vendredi 23 février 2018

Les lectures de Charlotte (49) : Mon royal petit frère - Sally-Lloyd-Jones et David Roberts

Il était une fois un papa, une maman et « la plus jolie, la plus intelligente, la plus gentille princesse qui fut. […] Ils vivaient dans un royaume où il y avait toujours du temps pour raconter des histoires, de la place sur les genoux de maman et jamais le moindre pleur. Jusqu’à cet abominable, cet horrible jour qui vit naître un tyran… ». Bébé arrive et la princesse disparaît aux yeux de ses parents. Elle raconte elle-même ses déboires et son témoignage contre le petit frère est à charge : sans nuance ni demi-mesure.

Un album plein d’humour pour aborder la question sensible de l’arrivée d’un nouveau venu dans la famille et du sort réservé aux aînés. La princesse se sent invisible, elle ne comprend pas pourquoi un petit être si bruyant et si puant peut susciter autant d’admiration. Résignée, elle ne peut que constater « le règne démoniaque » de « son altesse sacrément gourmande ! Sa grandeur potelée, le roi Bébé ! ». C’est drôle parce que la fillette force le trait et fait preuve d’une sacrée mauvaise foi. En même temps on comprend son agacement et sa frustration de ne plus être au centre de l’attention : « Admirez l’élu, sa majesté pourrie gâtée, le roi bébé ! ».

Le point de vue de la grande sœur est joliment illustré par le trait aiguisé de David Roberts, dont certaines double-pages fourmillant de détails sont un régal pour les yeux. Évidemment la fin est positive et atténue la rancœur, évidemment la grande sœur, sous ses airs bravaches, garde une place au chaud dans son cœur pour le royal petit frère. Mais le ton décalé de l’album permet d’aborder la question avec une percutante originalité.

Mon royal petit frère : une terrible histoire vraie de Sally-Lloyd-Jones et David Roberts. Little Urban, 2018. 40 pages. 13,50 euros. A partir de 3 ans.

lundi 5 février 2018

Les lectures de Charlotte (48) : Boris : le petit livre de mes grands secrets - Mathis

Ah, les secrets ! Ceux que l’on garde précieusement, ceux que d’autres révèlent à notre insu, ce qui ne se répètent pas, ceux que l’on ne peut pas préserver. Mieux vaut ne pas fanfaronner quand on a quelques secrets honteux à cacher, mieux vaut garder pour soi ceux qui fâchent. Et puis il y a ceux que l’on s’invente pour s’entourer de mystère, ceux que l’on partage donnant-donnant…

Boris révèle dans ce petit livre tous ses grands secrets. Et si vous connaissez l’animal, vous vous doutez que ce n’est pas joli-joli. Sans fausse modestie, celui qui se considère comme le plus courageux, le plus élégant, le plus intelligent et le plus grand des ours dit tout, absolument tout.

Au passage il révèle (parfois malgré lui) des secrets dignes de sa sulfureuse réputation. Monsieur colle par exemple ses crottes de nez derrière son lit, fait pipi dans les plantes de mamie et se mouche dans les rideaux. On apprend également que ce vantard « croit que la cuvette des WC est un monstre qui mange du caca », qu’il ne peut s’endormir sans un bisou de sa maman et qu’il a peur des poupées.



Comme d’habitude c’est hilarant. Politiquement incorrect, sans langue de bois et plein de mauvais esprit, le tout saupoudré par une petite touche de douceur qui rend ce chenapan si attachant. Un Boris égal à lui-même en somme. Charlotte l’adore. Les bad boys et les forts en gueule c’est décidément son truc, et ce n’est pas moi qui vais lui reprocher d’avoir des goûts aussi tranchés. 

Boris : le petit livre de mes grands secrets de Mathis. Thierry Magnier, 2018. 48 pages. 14,50 euros. A partir de 4-5 ans.

p.s. après plus d’un an d’absence Boris revient enfin sur les rayonnages des librairies avec non pas une mais deux nouveautés puisqu’en même temps que le petit livre des grands secrets est sorti « Le jour des bisous ». L’occasion de faire coup double avec Boris.



p.s. (bis) : Je profite de ce billet pour souhaiter le plus joli des anniversaires à ma pépette adorée, qui fête ses 5 ans aujourd’hui.






dimanche 14 janvier 2018

Les lectures de Charlotte (47) : Les trois petits casse-pieds - Jean Leroy et Matthieu Maudet

Les trois petits casse-pieds débarquent dans le salon en hurlant qu’il est l’heure d’allumer la télé. Leur grand-père leur propose plutôt d’écouter une histoire. Pas franchement partants au départ, les trois petits casse-pieds se laissent tenter. Mais quand le papy attaque Le petit chaperon Rouge, il se fait rembarrer sans ménagement. Il tente alors Les trois petits cochons, sans plus de succès. Non, pour accrocher l’attention des garnements, il en faut davantage. Alors le Papy va se lancer dans une histoire inventée de toutes pièces, quitte à improviser et à multiplier les rebondissements pour garder l’attention de son difficile public.

Un album au ton irrévérencieux qui a tout de suite plu à Charlotte. Il faut dire que les chenapans, plus intéressés par la télé que par les racontars de Papy, n’ont pas leur langue dans leur poche. Les dialogues sont pétillants, le  graphisme épuré avec un minimum de décor et l’histoire avance à chaque double page dans une forme très simple à comprendre.


Une lecture rigolote comme tout dont Charlotte ne se lasse pas. Je vais bientôt connaître le texte par coeur et pouvoir le réciter les yeux fermés. Mais il paraît que quand on aime on ne se lasse pas, alors...


Les trois petits casse-pieds de Jean Leroy et Matthieu Maudet. L’école des loisirs, 2018. 32 pages. 12,20 euros.






mardi 2 janvier 2018

Les lectures de Charlotte (46) : Une maison dans les buissons - Akiko Miyakoshi

Charlotte et moi avons voulu commencer l’année en douceur avec cet album japonais plein de charme. Sakko emménage dans sa nouvelle maison. Sa mère lui a dit que les voisins avaient une fille de son âge alors elle part à sa rencontre. Mais il n’y a personne dans  la maison d’à coté alors Sakko décide d’explorer le champ qui sépare les deux habitations. Au milieu du champ, quelques buissons forment un abri sous lequel la petite fille se glisse. Au pied d’un buisson elle trouve un panier contenant une dinette. Devinant que ce panier appartient à la voisine, elle le décore de quelques fleurs et le remet en place, en espérant que sa propriétaire appréciera son geste.

Un album tout en tendresse qui montre la capacité des enfants à explorer de nouveaux territoires et à nouer des amitiés avec une simplicité désarmante. Les illustrations sont magnifiques, on se promène dans la nature avec Sakko et on partage avec elle le plaisir de sa rencontre avec Yoko. Sans compter qu’il est appréciable de voir des enfants jouer en plein air loin de tout divertissement numérique ou télévisuel.




Une jolie lecture, idéale pour attaquer 2018 sous les meilleurs auspices. Et je ne doute pas que Charlotte et moi aurons encore de nombreuses occasions de partager ensemble de belles découvertes livresques dans les mois qui viennent.

Une maison dans les buissons d’Akiko Miyakoshi. Syros, 2017. 32 pages. 14,90 euros. Dès 4 ans.






dimanche 17 décembre 2017

Les lectures de Charlotte (45) : L’arbre à vœux - Kyo Maclear et Chris Turnham

Après la mauvaise pioche de la semaine dernière, Charlotte et moi poursuivons notre découverte d’albums de saison avec ce très joli Arbre à vœux qui raconte une journée dans la vie de Charles et Émile. Charles est persuadé que l’arbre à vœux existe et en compagnie d’Émile, il va se lancer à sa recherche. Leur chemin va croiser celui d’un écureuil, d’un ours, d’un castor et d’un renard. La journée avance, aucune trace de l’arbre à vœux, jusqu’au moment où…

Une histoire en randonnée classique (à chaque double page une nouvelle rencontre) mignonne comme tout, qui diffuse un beau message sur l’entraide et l’altruisme. Les illustrations ont un charme indéfinissable, une patine à l’ancienne qui rappelle les plus vieux albums du Père Castor. Le décor hivernal dégage beaucoup de douceur et s’avère au final particulièrement chaleureux.

Un récit simple et positif dans lequel on se sent bien, douillet et confortable comme la couverture duveteuse dans laquelle on s’enroule pour le lire au coin du feu.

L’arbre à vœux de Kyo Maclear et Chris Turnham. Little Urban, 2017. 32 pages. 10,50 euros. A partir de 3 ans.

dimanche 10 décembre 2017

Les lectures de Charlotte (44) : Amba le roi de la Taïga - Florent Bénard et Nadine Rouvière

Amba le tigre est né dans une immense forêt de Sibérie. Sa fourrure épaisse lui permet d’affronter le froid, ses crocs énormes d’effrayer ses ennemis, ses pattes puissantes de courir après ses proies. Aujourd’hui Amba a bien grandi et il est temps pour lui de quitter sa maman. Seul dans la neige, il va devoir pour la première fois se débrouiller sans personne. Mais Amba se révèle être un piètre chasseur. Trop maladroit, il ne parvient pas à attraper le moindre animal. Un corbeau le voyant en difficulté lui propose alors son aide. Grâce aux conseils avisés de ce nouvel ami, le petit tigre va découvrir une nouvelle façon de vivre et de se nourrir.  Surtout, il va devenir le plus heureux et le plus aimé des tigres de la taïga.

Une très jolie histoire pleine de tendresse qui démontre que ce n’est pas parce que l’on multiplie les échecs qu’il faut baisser les bras. L’optimisme est donc de mise dans ce petit récit d’initiation aux dessins mignons comme tout dont le décor hivernal est particulièrement de saison.



Je pensais que du haut de ses quatre ans Charlotte adorerait cet album et je me suis trompé. En fait, on ne l’a lu qu’une seul fois et elle n’a plus voulu y revenir par la suite. La raison ? Tout simplement parce que le petit tigre quitte sa maman et que ce passage l’a beaucoup traumatisée. Inimaginable pour elle de vivre sans maman. Du coup elle ne voit dans cette histoire pourtant joyeuse qu’une infinie tristesse et elle refuse qu’on la lise à nouveau. Je ne m’attendais pas à une telle réaction de sa part mais avec le recul je la trouve logique. Pour autant, ça reste un très bel album, peut-être faut-il juste le réserver à des enfants un peu plus grands (ou moins sensibles).

Amba le roi de la Taïga de Florent Bénard et Nadine Rouvière. Les Arènes, 2017. 46 pages. 14,90 euros. A partir de 3-4 ans.






dimanche 26 novembre 2017

Une année dans les bois - Henry David Thoreau et Giovanni Manna

« Je suis allé dans les bois parce que je souhaitais vivre en toute conscience, n’affronter que les éléments essentiels de la vie, voir si je pouvais apprendre ce qu’elle avait à m’enseigner et non découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu. […] Je voulais vivre profondément, sucer la vie jusqu’à la moelle, vivre avec hardiesse et sobriété pour bannir ce qui n’était pas la vie, tailler largement, couper à ras, acculer la vie et la réduire à sa plus simple expression. »

Vivre libre. Seul. Dans les bois. Au bord d’un étang. Construire une cabane. Cultiver son jardin. Passer l’été au cœur de la forêt, l’hiver au coin du feu. Et attendre les premiers jours du printemps… Entre 1845 et 1847 Henry David Thoreau se retire du monde. Pendant exactement Deux ans, deux mois et deux jours. Cet album raconte son expérience à partir d’extraits de « Walden ou la vie dans les bois ».  Ils condensent les faits en une seule année, au rythme des saisons. 

Les illustrations de l’italien Giovanni Manna sont aussi épurées que l’existence de Thoreau. Douces et poétiques, elles invitent à la contemplation et à la méditation. Un album parfait pour faire découvrir aux enfants, en toute simplicité et avec beaucoup de pertinence, la philosophie et l’éthique de celui que beaucoup considèrent comme l’un des fondateurs de la pensée écologique.


Une année dans les bois d’Henry David Thoreau et Giovanni Manna. Plume de carottes, 2017. 36 pages. 18,00 euros. A partir de 8 ans.








dimanche 12 novembre 2017

Les lectures de Charlotte (43) : Patate pourrie ! - Stephanie Blake


Le pauvre Simon rentre à la maison triste et en colère car sa copine Lou n’a pas été gentille avec lui à l’école. Non seulement il n’a plus droit au moindre regard ni au moindre bisou mais en plus elle préfère jouer avec Mamadou plutôt qu’avec lui. Alors quand sa mère lui demande s’il a fait ses devoirs, la réponse fuse : Patate pourrie ! Forcément maman se fâche et Simon est puni. Le lendemain dans la cour de récré le petit lapin compte bien régler ses comptes avec son ex-dulcinée. Il va encore y avoir du « patate pourrie » dans l’air…

Ah, Simon ! C’est une star à la maison, au même titre qu’Émile et Boris. Un personnage au fort caractère qui s’emporte, agit plus vite qu’il ne réfléchit, dit ce qu’il pense et boude plus vite que son ombre. Je dois me rendre à l’évidence, ma petite Charlotte n’apprécie que les sales gosses. Les rebelles, les écorchés vifs, les durs à cuir. Les badass comme dirait son ado de grande sœur.



Heureusement Simon n’est pas qu’un sale gosse.  Il est drôle, il multiplie les bêtises, c’est un adepte du pipi-caca-prout. Et dans ce nouvel album, avec son cœur brisé, il est touchant comme tout. Une fois encore, Stephanie Blake va à l’essentiel. Trait minimaliste, pas de décors, des personnages toujours dessinés en entier et des émotions qui passent essentiellement par le regard. Simple, lisible et efficace, idéal pour focaliser l’attention des petits sur l’image et rien que l’image.

Un album qui montre que les chagrins d'amour n'attendent pas le nombre des années. Heureusement pour Simon tout est bien qui finit bien, vous vous en doutez.

Patate pourrie ! de Stephanie Blake. L’école des loisirs, 2017. 32 pages. 12,70 euros. A partir de 3 ans.






samedi 21 octobre 2017

Les lectures de Charlotte (42) : Bienvenue chez Maman Ours - Ryan T. Higgins

Dans l’album précédent paru il y a an l’ours Michel, grand amateur et grand voleur d’œufs, s’était retrouvé malgré lui à la tête d’une portée d’oies qui avaient fait de ce gros râleur leur maman d’adoption.

Lorsque débute cette nouvelle aventure, notre ours grognon part migrer vers le sud avec sa progéniture. Pas que ça l’emballe, bien au contraire, mais en tant que « maman », il n’a pas le choix. C’est un moment vraiment pénible cette migration, surtout qu'il préférerait hiberner. Mais pire encore, en rentrant chez lui au printemps suivant, Michel constate que des souris ont transformé sa maison en hôtel forestier. C’en est trop, l’ours à la mauvaise humeur légendaire s’énerve pour bon, mieux vaut ne pas traîner dans les parages !

Excellent, vraiment excellent cet album. Un humour décapant avec ces plages bondées, ces souris roublardes, ces opossums joueurs, ce renard fin gourmet, ces éléphants en goguette et surtout cet ours bougon aux sourcils toujours froncés qui ne dessert les dents que pour râler ou s’énerver. Les illustrations fourmillent de détails, tous les animaux sont d’une hilarante expressivité et la liaison texte/image fonctionne à merveille.



J’ai beaucoup plus apprécié ma lecture que Charlotte, les gags sont trop subtils et l’implicite un peu trop présent pour qu’une enfant de 4 ans saisisse toute la finesse de l’histoire. Mais je lui garde au chaud, je sais que dans quelques temps elle rigolera autant que moi des malheurs de ce pauvre ours mal léché.

Bienvenue chez Maman Ours de Ryan T. Higgins. Albin Michel jeunesse, 2017. 48 pages. 12,00 euros. A partir de 5-6 ans.







dimanche 15 octobre 2017

Tu seras ma princesse - Marcus Malte et Régis Lejonc

Marcus Malte et Régis Lejonc sur la même couverture. L’association d’auteurs que j’adore dans un livre-poème où un papa déclare son amour à sa fille pas encore née. Autant vous dire que l’excitation était à son comble au moment d’ouvrir l’album. Et là, patatras !

« Un jour
un jour tu seras là
Un matin ou un soir
Ou une nuit peut-être 
[…]
Il n’y aura plus de jours
Il n’y aura plus de nuits
Sans toi
Je t’en fais la promesse
Tu seras ma princesse »


Et quelques pages plus loin :

« Ton palais le voici 
C’est mon cœur
Il possède autant de pièces
Que tu voudras
La chaleur
Si tu as froid
L’hiver
Tu trouveras une vaste cheminée
Où brûle
Un feu de joie
Si tu pleures »

Ou le coup de grâce :

« Tu seras mon ange
Je serai ton gardien »

Sur le coup je suis tombé de haut. Je me suis dit qu’il avait viré cucul la praline Marcus, qu’il avait trempé sa plume dans la guimauve arrosée de miel. Je me suis dit qu’il ne manquait plus à son monde de prairies, de tapis de fleurs et d’arc-en-ciel que quelques licornes pailletées pour compléter le tableau. Je me suis dit aussi qu’il était mal barré ce papa déclarant sa flamme à sa future fille. Qu’il allait nous fabriquer une enfant-roi ce papa gâteau déjà prêt à céder à tous ses caprices. Et puis qu’à la couver autant il allait l’étouffer sa princesse, qu’il allait la dorloter comme on dorlote un animal en cage que l’on veut toujours garder sous ses yeux.

Heureusement une pirouette finale vient mettre à mal la relation exclusive envisagée par ce père débordant d’amour. Et c’est le soulagement qui l’emporte : Ouf, Marcus n’est pas devenu un gros nounours en sucre ! 

Niveau graphisme, je suis une nouvelle fois sur le cul devant le talent de Régis Lejonc. Dans un style lorgnant vers le baroque-rococo-Belle Époque, il trousse des tableaux colorés pleins de détails débordant de fantaisie et d’originalité, parfaitement mis en valeur par le format XXL de l’album. Du grand art.

Tu seras ma princesse de Marcus Malte et Régis Lejonc. Sarbacane, 2017. 40 pages. 18,00 euros. 








dimanche 17 septembre 2017

Les lectures de Charlotte (42) : L'ours qui fixe

Il était une fois un ours qui aimait fixer tout le monde d’un air concentré. TRÈS CONCENTRÉ. Mais les animaux qu’il fixait sans dire un mot n’appréciaient guère son comportement. Les coccinelles s’enfuyaient, les oisillons arrêtaient de manger et le blaireau lui demanda de ne plus l’espionner.

Dépité, l’ours se sentait incompris : « Ce n’est pourtant pas mon intention de déranger les gens, se dit-il. Je suis curieux, c’est tout. Mais je suis trop timide… ». Heureusement, près de la mare, il rencontra une grenouille pleine de bon sens qui lui donna le plus judicieux des conseils.

Il est touchant cet ours pataud et penaud qui voudrait tant échanger avec les autres animaux mais ne sait pas comment s’y prendre. Les dialogues sont savoureux, le dessin, coloré et expressif, est un régal pour les yeux et évidemment tout se termine très bien pour le pauvre plantigrade.

Un album parfait pour aborder en douceur la question de l’estime de soi, du rapport aux autres ou même de la politesse. Charlotte l’adore cet ours qui fixe !


L’ours qui fixe de Duncan Beedie (traduit de l’anglais par Michèle Moreau). Didier jeunesse, 2017. 40 pages. 14,00 euros. A partir de 3-4 ans.

dimanche 3 septembre 2017

L'école : c'est pas si compliqué ! - Isabelle Delpuech et Rémi Saillard

La rentrée c’est demain. Forcément, le stress monte. Chez les profs, chez les parents et surtout chez les élèves. Du moins chez certains d’entre eux. Pour dédramatiser ce moment délicat, mieux vaut en parler. Avec ce petit livre, l’occasion est idéale. Il s’ouvre sur l’histoire de Nathan qui, au moment d’acheter ses fournitures trois jours avant la rentrée, est d’une humeur de chien. Pour lui l’école c’est « du travail, des contrôles et pire, des notes, souvent moyennes, parfois mauvaises ». Il tente dans un premier temps d’exprimer maladroitement son malaise mais quand il parvient vraiment à se confier à ses parents, les choses s’arrangent.

Une nouvelle collection pour les 6-9 ans intelligemment pensée qui aborde les petits et gros soucis du quotidien. Une histoire donc, puis dix grandes questions thématiques avec pour chacune d’entre elle réponses, conseils, astuces et pistes de réflexion. La mise en page est simple, aérée et intuitive, avec beaucoup d’illustrations, des paragraphes courts et des cartouches récurrentes d’une question à l’autre.

Parmi les interrogations sur le thème de l’école, nous avons donc : Tu as peur de ton maître ou de ta maîtresse ? Tu as peur de ne pas être dans la même classe que tes copains ? L’école te fatigue ? À l’école tu te sens nul(le) ? etc.



Le texte n'est ni trop généraliste ni cucul la praline. Isabelle Delpuech est professeur des écoles spécialisée, elle a su trouver le ton juste pour informer, rassurer et surtout dédramatiser. Un livre-outil d’une indéniable utilité.

L'école : c'est pas si compliqué ! d'Isabelle Delpuech (illustrations Rémi Saillard). Zethel, 2017. 34 pages. 9,90 euros. A partir de 6 ans.


Les autres titres de la collection :













mercredi 26 juillet 2017

Les lectures de Charlotte (41) : L’ourse - José Ramon Alonso et Lucia Cobo

La couverture annonce la couleur. Des illustrations très grand format, somptueuses, s’étalant sur des doubles pages pour raconter l’arrivée de l’automne et suivre une ourse qui s’enfonce dans la forêt, dévore les derniers fruits de l’été et s’installe confortablement pour passer l’hiver. Quand le printemps revient, elle se réveille et « sent que son ventre s’agite, mais ce n’est pas la faim »…

Superbe. Pas besoin de chercher d’autres qualificatifs à cet album magnifique au texte minimaliste dont l’immensité du décor dit bien plus que les mots. L’ourse elle-même est tellement grande qu’elle entre parfois difficilement dans le cadre. Un régal pour les yeux et une ode au cycle de la vie et de la nature.




Ecrit par un biologiste espagnol, cet ouvrage offre une succession de tableaux alliant contemplation, poésie et informations relevant presque du documentaire. Un mélange étonnant dont le résultat est tout simplement bluffant.



L’ourse de José Ramon Alonso et Lucia Cobo. Didier, 2017. 32 pages.  14,20 euros. A partir de 4 ans.








dimanche 9 juillet 2017

Les lectures de Charlotte (40) : Tu m’attraperas pas ! - Timothy Knapman et Simona Ciraolo

Jackie est rapide. Très rapide même. C’est simple, Jackie est la souris la plus rapide du monde. Personne n’arrive à l’attraper. Ni le renard, ni le loup, ni l’ours, et encore moins Tom le vieux chat. Jackie se sent à l’abri du danger, Jackie déborde de confiance, jackie fanfaronne. Mais c’est bien connu, l’excès de confiance n’est pas un signe d’intelligence. Et la souris la plus rapide du monde devrait se méfier quand elle se frotte à l’adversaire le plus malin du monde…

Une variation de plus sur les relations conflictuelles entre les chats et les souris qui n'est pas sans rappeler le célèbre et fameux "Roule galette". Les dialogues sont savoureux et le dessin nerveux de Simona Ciraolo illustre à merveille la vivacité de Jackie et l’agacement des animaux qui croisent sa route. Le rythme est trépidant, digne des courses folles des protagonistes. Cerise sur le gâteau, la fin cruellement drôle apporte une délicieuse petite pointe d’irrévérence. Inutile de vous préciser que Charlotte adore cet album.



Tu m’attraperas pas ! de Timothy Knapman et Simona Ciraolo. Pastel, 2017. 32 pages. 13,00 euros. A partir de 3-4 ans.





dimanche 2 juillet 2017

Les lectures de Charlotte (39) : Mais que font les parents la nuit ? - Thierry Lenain et Barroux

Sofia se demande ce que font ses parents pendant qu’elle dort la nuit. Elle pense qu’ils regardent des dessins animés, qu’ils se goinfrent de gâteaux et de bonbons, qu’ils se transforment en monstres pour aller dans le pays où il y a plein de dragons, qu’ils font la fête avec des copains ou bien d’autres choses encore. A chaque proposition ses parents répondent par la négative avec d’indiscutables arguments. Alors, pour être certaine d’obtenir la réponse à sa question Sofia n’a qu’une seule solution…

Un album rigolo au texte plutôt simple qui vaut surtout pour les superbes double pages fourmillant de détails d’un Barroux très inspiré. Ce dernier met en lumière avec malice l’imagination débordante d’une petite fille trop choupi avec son doudou lapinou. Un régal pour les yeux !

Nul doute que les interrogations de Sophia rejoindront celles de beaucoup d’enfants, même si je sais que Charlotte ne se posera jamais ce genre de question vu le nombre de nuits qu’elle passe dans notre lit. Au moins elle sait parfaitement que quand elle dort, nous faisons la même chose qu’elle.

Mais que font les parents la nuit ? de Thierry Lenain et Barroux. Little Urban, 2017. 30 pages. 13,50 euros. A partir de 3-4 ans.