mardi 2 décembre 2014

Le premier mardi c'est permis (31) : L’amande - Nedjma

Nedjma se présente comme « une maghrébine d’une cinquantaine d’années, moitié berbère, moitié arabe, célibataire ». On n’en saura pas plus. Aucune photo, même sa famille n’est pas au courant de ses talents d’écrivain. « L’amande », publié en 2004, est considéré comme le premier roman érotique écrit par une musulmane. Depuis, elle a sorti un second roman tout aussi torride et elle continue à vivre dans la clandestinité. « Je n’ai pas le courage d’un Rushdie, j’ai choisi de prendre un pseudonyme ».

L’amande raconte l’histoire d’une paysanne marocaine qui fuit la campagne et son mari commis d’office pour rejoindre Tanger et découvrir la sexualité auprès d’un cardiologue érotomane. Pour Driss, elle fera tomber un à un les tabous liée à son éducation ultraconservatrice et sombrera dans un déchaînement sexuel dont elle aura du mal à sortir indemne.

Les chapitres alternent entre son enfance à la campagne et son présent dans les nuits luxueuses de Tanger. En guise d’introduction, la narratrice précise : «  J’ai décidé d’écrire librement, sans chichis, la tête claire et le sexe frémissant ». Mariée à dix-sept ans à un notable qui en avait quarante, elle devient une épouse servile : «  Le servir, puis débarrasser. Rejoindre la chambre conjugale. Ouvrir les jambes. Ne pas bouger. Ne pas soupirer. Ne pas vomir. Ne rien ressentir. Mourir. […] M’essuyer l’entrejambe. Dormir. Haïr les hommes. Leur machin. Leur sperme qui sent mauvais ». Ou encore, à propos de sa nuit de noces, alors que son mari ne parvient pas à la pénétrer : « Ma belle-mère me ligota les bras aux barreaux du lit avec son foulard et Naïma se chargea de me plaquer solidement les jambes. Pétrifiée, j’ai réalisé que mon mari allait me déflorer sous les yeux de ma sœur. Il m’a rompue en deux d’un coup sec et je me suis évanouie pour la première et unique fois de ma vie ».

Dénonciation de mœurs barbares et séculaires, émancipation d’une femme désireuse de briser le carcan dans lequel on a voulu l’enfermer, « L’amande » est un texte cru et virulent, un cri de révolte et de colère, un texte sensuel, puissant et sans concession.

L’amande de Nedjma. Pocket, 2005. 212 pages. 6.80 euros.











20 commentaires:

  1. Alors comme ça je n'aurais jamais plongé mon nez dans ces pages. Mais ton "sensuel et puissant" m'intrigue fortement.

    RépondreSupprimer
  2. Je note le titre et si je le croise...

    RépondreSupprimer
  3. Réponses
    1. C'est ce que je me suis dit aussi avant de l'ouvrir.

      Supprimer
  4. Je ne sais pas si c'est un livre qui pourrait me plaire mais tu en parles bien :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ;)
      Il ne plaira pas à tout le monde, c'est certain.

      Supprimer
  5. Effectivement, tu en parles bien mais si le point de départ n'est pas facile facile...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le sujet est vraiment délicat, c'est le moins que l'on puisse dire.

      Supprimer
  6. C'est super si elle a réussi à se libérer sexuellement après des débuts aussi traumatisants.Je ne suis pas habituée à ce genre de lecture mais tu éveilles ma curiosité.Tu parles très bien du livre mais qu'est ce que tu en a pensé?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'en ai pensé qu'elle relate une expérience très forte, sans doute entre l'autobiographie et le purement fictionnel, et que je suis bien content de l'avoir lu ;)

      Supprimer
  7. Mais c'est que ça commence à voler haut ces lectures du premier mardi. Limite on sent que tu y prends goût, et ce serait presque tentant. Mais non, mais non (pense à ta PAL) (voix intérieure).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai augmenté le niveau de qualité ces derniers temps, c'est clair (et en même temps, c'était facile).

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !