Allez, un petit coup de gueule, y avait longtemps. Ce roman jeunesse est celui que pépette n°1, comme tous les futurs élèves de 5ème de son collège, devait lire pendant les vacances. Une bonne idée je trouve cette lecture imposée avec, leur a-t-on précisé en juin, « une évaluation dès la rentrée ». Bonne idée donc mais très mauvais choix d'ouvrage. Je m'explique.
La bibliothécaire est un roman en hommage aux bibliothécaires et aux documentalistes (ce qui est plutôt un bon point). Il met en scène Guillaume, un garçon rêveur à l'imagination foisonnante et au parcours scolaire peu reluisant. Guillaume, donc, suite à un enchaînement d'événements pour le moins improbables que je ne raconterais pas ici, se voit plonger avec son ami Doudou au cœur de quelques œuvres majeures de la littérature française à la recherche d'un mystérieux grimoire. Je dis bien « plongé » car le jeune homme est tout simplement « téléporté » à l'intérieur de ces œuvres. C'est ainsi qu'il va découvrir Alice au pays des merveilles, Poil de Carotte, les poèmes de Rimbaud, Les misérables ou encore Le petit prince. L'idée est sympa mais l'enchaînement des péripéties n'est pas toujours d'une clarté absolue. C'est d'ailleurs parce que pépette a eu du mal à comprendre certains passages qu'elle m'a demandé de lire le texte pour pouvoir lui expliquer. Et c'est bien là que le bât blesse.
Ce roman a besoin de l'accompagnement d'un adulte pour être dompté. Du moins pour une très grande majorité d'enfants. C'est pourquoi les laisser se débrouiller seuls pendant les vacances avec une telle histoire n'est franchement pas l'idée du siècle. Les œuvres citées ne leur parleront pas forcément (combien connaissent Rimbaud et Les misérables à la fin de la 6ème?) et les éléments fantastiques sont parfois trop brouillons pour être bien maîtrisés. Donc je m'interroge.
Au moment de retourner en classe, combien l'auront lu ? Combien auront compris ce qu'ils ont lu ? Combien auront pris plaisir à le lire ? J'ai ma petite idée sur les réponses à ces questions et je trouve que c'est bien dommage. Dommage car je décèle derrière tout cela une certaine facilité de la part des enseignants. La bibliothécaire est paru en 1995. Près de vingt ans. C'est devenu un incontournable du collège, prescrit à tour de bras (l'éditeur annonce un million de lecteurs!). Une valeur sûre pourrait-on dire. Surtout, c'est le bouquin sur lequel on a déjà travaillé cent fois, on le connaît par cœur, pas besoin de se casser la tête. Mais depuis vingt ans, il y en a eu bien d'autres, des romans pour de futurs élèves de 5ème. Originaux, modernes, bien écrits, suffisamment trépidants pour qu'on ne les lâche pas une fois ouverts. Ce qui n'est clairement pas le cas de celui-là.
Loin de moi l'idée de passer pour un donneur de leçon ou de me mettre au-dessus de la mêlée. Je choisis des ouvrages pour des élèves depuis des années et je me suis trompé plus souvent qu'à mon tour. Mais au moins j'essaie en permanence de renouveler les titres que je leur propose, je ne m'appuie pas en permanence sur les références poussiéreuses découvertes pendant la préparation de mon CAPES il y a quinze ans.
Bref, c'était mon petit coup de gueule du jour. Rien de grave, et je suis peut-être à coté de la plaque mais je persiste à croire que le choix de cet ouvrage comme lecture de vacances n'est vraiment pas un bon choix, si tant est que le but des enseignants était d'offrir une lecture plaisir à des enfants peu portés sur cette activité.
La bibliothécaire de Gudule. Le livre de poche jeunesse, 2013. 186 pages. 4,95 euros. A partir de 11 ans.
Oh là là, tu n'as pas peur de ce coup de gueule le jour de la pré rentrée ?
RépondreSupprimerEn tout cas, mes collègues innovent (d'ailleurs je ne connais pas ce livre) et les élèves prennent plaisir pour la plupart.
Bonne journée à toi :)
Il y a plein d'enseignants innovants, j'en croise à longueur. Mais il y en a d'autres qui le sont beaucoup moins...
SupprimerPffff, une lecture plaisir avec une évaluation à la clé ?
RépondreSupprimerUn brin antinomique déjà.
N'est-ce pas !
SupprimerVraie fausse bonne idée que cette lecture de vacances imposée tout de même. Je suis d'accord avec toi, il fait se renouveler. A contrario, l'année où j'ai fait le Goncourt des lycéens, ma collègue de lettres s'est lancé dans un travail (difficile car sans filet) de Ils désertent. Et là j'applaudis des deux mains.
RépondreSupprimerMon but n'est pas de tirer sur les profs, c'est juste de dire que, selon moi, cette lecture imposée à tout un niveau de classe de l'établissement avec ce titre-là est une très mauvaise idée.
SupprimerNe te plains pas, j'ai un élève de seconde qui a dû lire "l'attentat" de Khadra ! Gai pour les vacances !
RépondreSupprimerPas forcément le meilleur choix possible non plus, je te le concède ;)
SupprimerDes lectures imposées en vacances? Dur!
RépondreSupprimerPourquoi ne pas leur proposer de lire un livre de leur choix (et d'écrire quelques mots de présentation pour la rentrée)
Pourquoi pas en effet, ce serait tellement plus intéressant.
SupprimerCe problème n'existe pas qu'au collège je trouve, j'ai trois enfants la dernière rentre en terminale, donc des profs de français j'en ai vus à la pelle (des cours disons) et bien année après année à quelques titres près ils avaient toujours les mêmes œuvres à lire et pourtant toujours des profs différents. Peut-être qu'ils n'ont pas le choix, je ne sais pas. Mais est-ce que c'est grâce à l'école qu'on attrape le goût de lire? J'ai bien peur que ce soit plutôt le dégoût. Keisha a raison
RépondreSupprimerIl y a des listes du ministère mais il y a aussi ce que l'on appelle la lecture cursive, des « lectures libres, par curiosité et pour le plaisir » qui offrent bien plus de choix aux enseignants. D'ailleurs pour eux, ce roman doit sans doute entrer dans ce cadre. Sauf que...
SupprimerCharmant, la lecture plaisir de vacances avec contrôle à la clé.
RépondreSupprimerHonnêtement, je ne me rappelle pas avoir entendu parler de ce titre avant cinq ou six ans, je ne l'ai lu qu'en fin d'année dernière (j'étais en primaire en 1995, pour situer ^^).
Après, il y a tellement de titres qui sortent actuellement en jeunesse qu'il doit bien y avoir moyen de se renouveler aussi !
J'ai à peu près le même âge et j'ai entendu parlé de ce livre il y a trois ans, quand j'ai commencé à travailler en librairie. Et c'est vrai que c'est un "classique" pour les profs. Après le principe de lecture imposée pendant l'été m'étonne un peu, et je trouve que c'est contre productif. Mais en dehors de ça le livre est très bon. C'est dommage de le gâcher en l'imposant aux enfants et en faisant un contrôle en plus.
SupprimerContre productif, c'est exactement ce que je pense !
SupprimerJe pense que la majorité des enfants ne l'auront pas lu. C'est dommage...
RépondreSupprimerLouise, les profs ont un programme. De l'aîné au second, 3 ans les séparent et ils ont eu les mêmes bouquins (De Gaule en moins pour le second... ouf !).
Ils ont un programme mais ils ont aussi une réelle liberté pédagogique. Surtout pour une lecture de vacances !
SupprimerSuis allée voir la bibliothèque des lectures suivies à l'école.... Tout a minimum 15 ans !!!! Et je parle des primaires !!! Alors j'ai fait le tour des bibliothèques dans les classes. La plupart des livres sont ceux des enseignantes quand elles étaient petites...
RépondreSupprimerMais là, il n'ont pas utiliser des séries du collège, c'était à nous d'acehter le livre !
SupprimerCe qui me marque surtout dans ce que tu écris, c'est que finalement, en fonction du milieu dans lequel vit l'enfant et donc de l'aide sur laquelle il peut compter, il sera ou non pénalisé. En effet, le problème posé dépasse "l'intelligence" de l'enfant et l'évaluation est biaisée de fait.
RépondreSupprimerL'idée de Keisha me semble bien plus valable, quitte à fournir une bibliographie fournie (pour avoir le choix !) si le prof souhaite éviter une présentation des aventures de Tintin (ou bien pire).
Je rejoins également d'autres propos comme le fait qu'obliger les gamins à lire un bouquin précis pendant les vacances et les prévenir qu'ils seront évalués à la rentrée est un tue l'amour (de la lecture). Je ne dois pas mon goût immodéré pour les livres à l'école : il ne faut pas me demander pourquoi... Bien beau que l'école ne m'ait pas dégoûtée de lire d'ailleurs !
Pour ceux qui relèvent l'existence de livres inscrits aux programmes : c'est vrai mais ils sont supposés être étudiés avec le prof avant toute évaluation finale. Autrement, je ne vois pas l'intérêt d'inscrire un prof dans le processus. Autant laisser les gamins se débrouiller avec une liste de bouquins et les évaluer sèchement à l'arrivée.
Bonne rentrée à ta fille !
Je pense que l'évaluation, c'est un peu le bâton tendu pour s'assurer qu'ils vont bien le lire. Mais encore une fois, c'est totalement contre productif à mon avis.
SupprimerVoilà qui est bien dit !
RépondreSupprimerLa facilité ne concerne pas toujours que les élèves...
Faire un choix dans une liste serait déjà moins contraignant.
Dès l'instant où une lecture est imposée, le plaisir disparaît !
J'ai vécu ça toute ma scolarité de la primaire à la fac alors que j'adorais lire !
Alors j'imagine pour tous ceux qui n'aiment pas ça....
imposer une lecture dans le cadre scolaire ne me choque pas plus que ça, ce qui me gêne c'est le manque de renouvellement et finalement de curiosité intellectuelle dont les enseignants n'ont pas fait preuve sur ce coup-là.
SupprimerOui, le mieux c'est la solution de Keisha, surtout pendant les vacances, histoire de ne pas les désintéresser, voire dégoûter de la lecture !
RépondreSupprimerCela dit, moi je suis pour ne pas sous-estimer la capacité de compréhension et d'appréhension d'un livre par un élève. Très vite, dans à peine 2-3 ans, on va les pousser à aborder Flaubert et compagnie, et pire, à estimer que du jour au lendemain, ça y est c'est acquis, ils connaissent forcément et comprennent ce qu'ils lisent (souvenirs de commentaires de texte, aaargh)). Le problème c'est qu'on a un enseignement très conservateur, ne surtout rien trop changer, ne rien trop remettre en question...
Pour aborder Flaubert, ils seront accompagnés. Là, c'est un cadeau empoisonné qu'on leur a fait. Et seuls ceux pouvant être un minimum aidés par leurs parents vont saisir les tenants et les aboutissants de l'histoire. Franchement, c'est du gâchis.
Supprimermoi ce qui me gène davantage c'est l'idée d'une évaluation pour une lecture vacances ! En revanche je crois savoir pourquoi ta fille a eu droit à ce livre. Si c'est comme chez nous les séries ne sont pas légion et on ne peut compter que sur le vieux stock ! Dans ce stock on trouve généralement dans tous les collège un peu de Odile Weulersse, un peu de Gudule, un peu de Mourlevat ... et oui les indétrônables ;) Si ta fille en a le courage le plus sympa serait de dire qu'elle l'a lu avec l'aide de ses parents parce que certains passages étaient trop difficiles. Je pense qu'aussitôt d'autres vont suivre l'exemple... Tiens la semaine prochaine je vais à la médiathèque avec ma classe, je te dirai ce qui leur a été recommandé comme lecture jeunesse ;)
RépondreSupprimerLes références que tu cites sont malheureusement les seuls que doivent connaître les enseignants de ma fille. Et le livre on a dû l'acheter, ça aurait pu donc être n'importe quel autre titre.
SupprimerCela aurait pu être bien aussi de laisser le choix du livre parmi une petite sélection pour apprendre aux enfants à assumer leurs lectures et exprimer leur liberté. Mais évidemment, cela aurait demandé plus de travail pour les évaluations, tout comme de renouveler le titre à lire pour l'enseignante ou les enseignants qui ont déjà leur séquence prête ;)
RépondreSupprimerCe que tu proposes aurait été bien plus intéressant mais cela aurait aussi été bien moins facile pour les enseignants...
SupprimerJe ne savais pas que les enfants avaient des devoirs pendant les vacances d'été!! Leur faire découvrir des livres pendant les grandes vacances, ok mais sans obligation, incroyable cette évaluation! Une pression inutile. En revanche, c'est une bonne manière de les dégoûter de la lecture...
RépondreSupprimerEt le pire c'est que certains n'ont pas besoin de ça pour être dégoûtés de la lecture...
SupprimerComme je te comprends ! Je m'étais fait la même remarque lorsque j'avais lu ce texte pendant mon année de stagiaire. C'est pas évident qu'il soit bien compris par les lecteurs auquel il est destiné... si on écarte ceux pour qui la lecture est déjà bien acquise et ne pose aucune difficulté. L'EN ou l'art de mettre à plat les inégalités... :/
RépondreSupprimerComme tu dis, à part pour certains, c'est clairement un livre qui a besoin d'un accompagnement pour être bien compris. Tout sauf une lecture de vacances, quoi ;)
SupprimerJ'aime bien ce bouquin moi, qu'il est 15 ans ou pas. Par contre, l'idée de la lecture imposée pendant les vacances, beurk !!
RépondreSupprimerJe sais que tu l'aimes bien ce bouquin. N'empêche que moi il ne m'a pas emballé ;)
SupprimerJ eme connais pas celui là mais Gudule a fait de super livres vraiment abordables en lecture seule et peut être plus divertissant que celui là !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup moi aussi Gudule mais là, je n'ai pas accroché.
SupprimerJ'adore l'idée de la lecture vacance, dite lecture plaisir avec (à la rentrée qui plus est déjà que le stress est là) une interro. Cherchez l'erreur! Pour le coup moi je l'avais lu en 5eme (lointains souvenirs) et je suis surprise encore qu'il soit encore prescrit. Je veux bien qu'il y ait des classiques mais bon les listes scolaires gagneraient (je pense) à se moderniser et regarder du côté de la litté jeunesse actuelle. Il y a tellement de choix. Mais tu m'intrigues et un de ces jours je relirais ce titre (juste pour le plaisir!!!!). Au passage, quand mon crapouillon aura l'âge d'aller à l'école, je sens que je ne me ferais pas des amies côté enseignants!!!!!
RépondreSupprimerIl y a une réunion parents/profs la semaine prochaine, je vais peut-être en toucher deux mots à la prof de français ;)
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