Son job ? « Adèle n’aime pas son métier. Elle hait l’idée de devoir travailler pour vivre. Elle n’a jamais eu d’autres ambitions que d’être regardée. […] Elle aurait adoré être la femme d’un homme riche et absent. Au grand dam des hordes enragées de femmes actives qui l’entourent, Adèle aurait voulu traîner dans une grande maison, sans autre souci que d’être belle au retour de son mari. Elle trouverait merveilleux d’être payée pour son talent à distraire les hommes. »
Son fils ? « Lucien est un poids, une contrainte dont elle a du mal à s’accommoder. Adèle n’arrive pas à savoir où se niche l’amour pour son fils au milieu de ses sentiments confus : panique de devoir le confier, agacement de l’habiller, épuisement de monter une pente avec sa poussette rétive. L’amour est là, elle n’en doute pas. Un amour mal dégrossi, victime du quotidien. Un amour qui n’a pas de temps pour lui-même. »
Son homme ? « Dans la rue, ils marchent vite, l’un à coté de l’autre. Ils ne se touchent pas. S’embrassent peu. Leurs corps n’ont rien à se dire. Ils n’ont jamais eu l’un pour l’autre d’attirance, ni même de tendresse, et d’une certaine façon cette absence de complicité charnelle les rassure. »
Pour affronter le quotidien, Adèle multiplie les aventures et les coucheries. N’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui. Adèle joue les femmes fatales, elle existe à travers le regard des autres. Le désir n’a pas d’importance. « Elle n’avait pas envie des hommes qu’elle approchait. Ce n’était pas à la chair qu’elle aspirait mais à la situation. Etre prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. […] L’érotisme habillait tout. Il masquait la platitude, la vanité des choses. »
Le portrait d’une femme insatisfaite. D’une femme perdue, malade. Le portrait d’une nymphomane trompant son monde en permanence et dont la chute semble inéluctable. Leïla Slimani ne tombe pas dans la facilité et évite un enchaînement de scènes crues et gratuites auxquelles le déroulement du récit aurait pu pourtant l’autoriser. Il y a bien sûr quelques passages explicitement sexuels mais je n’y ai trouvé aucune surenchère. Pour autant, je ressors de ce premier roman à la limite de l’agacement. Le portrait de cette bourgeoisie parisienne m’a souvent semblé très caricatural. Le style froid n’a, à aucun moment, attiré mon empathie pour cette pauvre Adèle, que je me garderais bien de plaindre ou d’enfoncer. Bref, j’ai eu du mal, en tournant la dernière page, à donner du sens à cette histoire à la limite du pathétique. Mais bizarrement, j’ai aussi l’impression d’être passé à coté de quelque chose de plus profond. Bref, je suis un peu perdu.
Et je me demande si le problème vient de mon regard masculin, s’il ne faudrait pas un avis féminin pour éclairer ma lanterne. Donc, si une âme charitable veut se lancer dans ce premier roman difficile à cerner, qu’elle me fasse signe, je le ferais voyager jusqu’à elle avec plaisir.
Dans le jardin de l’ogre de Leïla Slimani. Gallimard, 2014. 215 pages.17,50 euros.
L'avis de Titou
Isssssh... pas certaine que j'aie le goût de me dévouer. Pas tentée du tout.
RépondreSupprimerJe peux comprendre.
SupprimerPareil que Karine. Dès les premières lignes de ton billet je me suis sentie énervée (mari chirurgien, elle peut s'abstenir de travailler, no problème !).
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de choses agaçantes dans cette histoire je trouve.
SupprimerSi tu ne m'as pas encore envoyé l'autre, tu peux le joindre à l'enveloppe ;)
RépondreSupprimerL'autre est déjà parti mais je vais te refaire une enveloppe avec plaisir.
SupprimerJ'ai reçu ton enveloppe. Merci pour le chouette cadeau que tu y as rajouté. Des bises !!
SupprimerJe suis content que tout soit bien arrivé ;)
SupprimerEt j'ai fait partir l'autre enveloppe ce matin.
Elle est arrivée ce matin ;) Merciiiii
Supprimerça a été rapide dis donc, tant mieux ;)
SupprimerPfffou, je réagirais pire qu'Aifelle ou que toi! J'ignorais que les chirurgiens n'étaient pas de riches maris... Mais qu'elle ouvre les yeux, zut alors! Tiens, en commentaire je m'énerve déjà...
RépondreSupprimerTu vois, je crois que des lectrices réagiraient sans peu d'empathie...
J'ai pensé en le lisant que ce texte risquait d'énerver beaucoup de lectrices. Mais j'en doute aussi, pour cela qu'il me faudrait un autre avis ;)
SupprimerChic, j'attends l'avis de Stéphie, alors!
RépondreSupprimerMoi aussi !
SupprimerJ'en ai lu les premières pages et je ne suis pas tentée du tout... Pas que ce soit mal écrit, mais l'impression de manque d'empathie dès les premières pages...
RépondreSupprimerC'est pas mal écrit sans non plus vraiment sortir du lot. En même temps c'est un premier roman...
SupprimerIl ne me tentait pas du tout celui-ci chez Gallimard ^^ je vais attendre plusieurs avis mais pour le moment je ne suis toujours pas convaincue !
RépondreSupprimerEt moi j'aimerais beaucoup lire d'autres avis !
SupprimerDisons que les extraits dans le billet ne donnent pas vraiment envie de lire ce roman car j'imagine que j’arriverais aux mêmes conclusions que toi... Vraiment ce roman ne me fait pas du tout, mais alors là pas du tout, envie.... J'aime pas les trucs nombrilistes et là ça pue cela à des km à la ronde (bah oui jusqu'en Belgique, carrément :p )
RépondreSupprimerBelle semaine à toi !
Cajou
Je ne sais pas si c'est nombriliste mais en tout cas c'est une histoire plutôt glauque. Dans l'air du temps (malheureusement) je dirais...
SupprimerElle sera à la grande librairie le 18 je crois savoir (et le job de l'auteur, c'est journaliste) A en lire sur internet, on a l'impression qu'il y a une histoire d'amour, des trucs en Bretagne, etc. Tu confirmes?
RépondreSupprimerPas de Bretagne, non, mais le récit se termine à Lisieux avec un crochet à Boulogne sur mer. Et pour l'histoire d'amour, je vois pas du tout. Ou alors on n'a pas lu le même livre.
SupprimerAh mais en plus, j'aime bien Lisieux (mon fils y fait ses études).
SupprimerOui mais là, la ville n'est pas présentée sous son meilleur jour. en gros, le mari décide d'y "enterrer" sa femme pour l'éloigner de Paris et de ses tentations. Sympa les préjugés...
SupprimerAh oui, pas sûr que ça ne me fasse pas bondir. Bon, en même temps, ce n'est pas une ville trépidante.
SupprimerPeu importante qu'elle ne soit pas trépidante, c'est quand même un gros cliché sur la différence Paris/Province.
SupprimerJe ne serai pas non plus la dévouée ... mais je vois que Stephie est sur les rangs !
RépondreSupprimerHâte de savoir ce qu'elle va en penser.
Supprimerbof, pas tentée...
RépondreSupprimerComme beaucoup j'ai l'impression ;)
SupprimerEn tout cas c'est un personnage qui ne laisse pas sans réaction :) Pour ma part, c'est plutôt le style froid qui ne me tente pas trop (mais j'imagine que ça doit coller à la dame).
RépondreSupprimerOui, il y a finalement très peu d'affect et de chaleur humaine (malgré les apparences) chez cette femme.
SupprimerEn lisant l'avis et le descriptif sur un autre blog (je ne me souviens plus lequel d'ailleurs) j'avais répondu que ce livre ne me tentait pas du tout. Je me dis qu'éventuellement je pourrais l'emprunter à la médiathèque pour m'en faire un avis mais du coup ce serait plus une lecture de "travail" pour contrecarrer la majorité ou aller dans son sens, plutôt qu'une lecture de curiosité, d'intérêt ou de plaisir.
RépondreSupprimerPour ma part l'héroÏne m'a l'air d'être un poil dérangée. Affaire à suivre.
Elle est malade, c'est certain. Et sinon, se faire son propre avis en le lisant soi-même, c'est la meilleure solution.
SupprimerAugustin Trappenard l'a défendu sur Canal + et j'avoue qu'il m'a intriguée avec ce roman. Je réfléchis encore mais je ne suis pas sûre que je ne le lirai pas, et en plus ton avis me donne plus envie qu'il ne me fait fuir.
RépondreSupprimerTant mieux si tu as envie de le lire. Je me demande vraiment ce que tu penserais de ce portrait de femme.
SupprimerMmmph... ça me fait penser à ces reportages sur la 6 où on fait ces portraits de trentenaires femme d'aujourd'hui (parisiennes souvent), femmes actives, qui ont l'air d'avoir réussi leur vie, d'assumer leur choix de vie, mais pas souvent cohérentes - voui, souvent des bobos qui croient être bien dans leur tête mais en fait, c'est pas aussi simple. Bon, moi je passe.^^
RépondreSupprimerEn tout cas, en ce qui la concerne, ce n'est pas simple du tout, non. Mais je reconnais qu'il y a un coté très "cliché".
SupprimerÇa ne fait pas très nouveau comme histoire...
RépondreSupprimerC'est vrai que ça n'a rien d'original !
Supprimerle genre de personnage que je déteste, vraiment...je crois que je n'ai juste pas envie de croire que de telles personnes existent (naïve?) et le côté caricatural va également m'agacer. je passe donc...
RépondreSupprimerNaïve, non, malade, oui. Un vrai problème psychologique, voire psychiatrique. Mais ça ne la rend pas touchante pour autant (du moins en ce qui me concerne).
SupprimerPas tentant. Le genre de personnage qui m'agace au plus au point...
RépondreSupprimerJe te comprends.
SupprimerPas fâchée que Stephie se soit sacrifiée... c'est typiquement le genre de roman qui me ferait sortir de mes gonds !
RépondreSupprimerVoila qui ne m'étonne pas ;)
SupprimerJe pense que comme beaucoup de commentaires ici, ça aurait le don de m'énerver cette histoire... Mais j'ai quand même bien envie de lire l'avis de Stephie :)
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que c'est un roman qui agacerait une majorité de lectrices !
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJ'ai acheté ce roman pour le challenge 1% car je m'intéresse à ces problèmes psychiques chez les femmes (la quatrième de couverture m'a beaucoup parlé, ça m'a semblé une description assez juste du type de "délire" qui accompagne les maladies psychiques féminines). Du coup je viendrai te donner mon avis, je pense que je corresponds au "profil" que tu cherches :)
Super ! N'oublie pas de me donner ton lien, je le rajouterai avec plaisir.
SupprimerUne écriture fade et sujet traité de manière superficielle, j'y vois plus clair maintenant, merci !
SupprimerDésolée, je ne serai pas cette âme charitable.
RépondreSupprimerPas grave, j'en ai trouvé d'autres ;)
SupprimerJ'ai reçu ce livre pour le prix du roman fnac et je n'ai vraiment pas aimé ce livre que j'ai pourtant lu facilement. Je n'ai pas eu de sympathie pour ni pour Adèle, ni pour Richard. Lauren, l'amie d'Adèle, est le seul personnage que j'ai trouvé intéressant mais l'auteur l'a seulement survolé... J'ai trouvé cette histoire caricaturale, et la conclusion qui se termine en queue de poisson et laisse le lecteur en plan m'a horripilée... L'auteur fait parti des invités de La Grande Librairie de jeudi prochain... Busnel a aimé...
RépondreSupprimerJe n'en ai pas parlé mais la conclusion m'a aussi beaucoup déçu. Bon, ça se confirme, mon ressenti négatif n'est pas un cas isolé. Et peu importe si Busnel a aimé ;)
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerj'ai lu ce livre et j'avais oublié de mettre mon article en ligne... vous m'avez donnez envie de le faire! http://lireetrelire.blogspot.fr/2014/09/dans-le-jardin-de-logre-leila-slimani.html
Je rajoute le lien.
SupprimerJ'ai vu l'auteur à la Grande Librairie hier soir. j'ai vraiment envie de découvrir sa plume !
RépondreSupprimerJe n'ai pas pu regarder l'émission, j'aurais aimé l'entendre parler de son roman.
SupprimerDeuxième avis plutôt négatif que je lis de ce roman. Je l'ai regardée la semaine dernière à La grande librairie. L'histoire me tente déjà moyennement (il me fait penser au livre "Le lit" que je n'avais pas aimé) et je n'ai pas été convaincue par l'auteur. Si éventuellement je le lis, je ne l'achèterai pas mais le prendrai à la médiathèque.
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu l'émission mais si en plus l'auteur n'est pas convaincante...
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