jeudi 6 mars 2014

Après l’orage - Selva Almada

D’un coté, le révérend Pearson, pasteur évangélique, et sa fille Leni, 16 ans. De l’autre, El Gringo Brauer, mécano de son état, et son fils adoptif Tapioca. Les premiers sont tombés en panne au milieu de nulle part, sous un cagnard étouffant. Les seconds occupent le seul garage à des kilomètres à la ronde. Une rencontre intense, quatre personnages aux antipodes, une ambiance qui peu à peu va se charger en électricité. Dans ce coin paumé du nord de l’Argentine frappé par une infernale sécheresse, l’orage va gronder, les éléments se déchaîner et les natures de chacun se révéler dans un final que l’on devine rapidement inévitable...

La quatrième de couverture parle d’un huis clos à ciel ouvert et c’est exactement ça. Le face à face entre le révérend et le garagiste est d’une grande force. Le premier est un orateur hors pair, un homme qui sait se montrer convaincant. Le second est un taiseux, profondément athée : « Les affaires du ciel ne l’intéressaient pas. La religion était faite pour les femmes et les hommes faibles. Le bien et le mal, c’était une autre histoire : ça, c’était une question quotidienne, concrète, que l’on pouvait affronter avec son corps. La religion, d’après lui, était une façon d’éluder ses responsabilités. S’abriter derrière Dieu, attendre d’être sauvé, ou rendre le diable responsable du mal qu’on était capable de faire. » Entre eux, l'affrontement ne pouvait que couler de source.

Un excellent premier roman. Chapitres courts, écriture sèche et très visuelle, aller-retour entre le présent du récit et le passé des personnages, Selva Almada possède à l’évidence un vrai sens de la narration. Il y a quelque chose d’hypnotique dans ce texte. Chacun à l’air sûr de soi, maître de ses paroles et de ses actes. Et pourtant on sent que l’étincelle qui va mettre le feu au poudre ne demande qu’à jaillir. Tout tient dans l’ambiguïté des attitudes, dans cette atmosphère immobile et irrespirable qui finit par électriser le décor et les protagonistes. Le début de ma réconciliation avec la littérature argentine à 15 jours du salon du livre, c’est parfait !

Après l’orage de Selva Almada. Métailié, 2014. 134 pages. 16 euros.


Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Valérie et une participation de plus à son challenge.





34 commentaires:

  1. Justement, à l'occasion du Salon du livre, je voulais découvrir des auteurs argentins. Les romans de Selva Almada m'intéressaient. Malheureusement, les bibliothèques ne les proposent ici qu'en espagnol. C'est ça d'habiter dans un pays où il y a beaucoup d'hispanophones... Pas gagné pour découvrir des auteurs argentins.

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    1. Pas simple en effet de trouver la version française ou même une traduction anglaise.

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  2. Ce matin, je vais sur trois blogs et je note trois envies... C'est vraiment malin hein...

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  3. Ce roman semble intéressant...

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  4. Je le note illico, je suis très tentée par l'histoire et l'atmosphère qui semble s'en dégager.

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  5. No problem, je l'ai déjà lu, j'en parlerai la semaine prochaine...(PAL intacte! ^_^)

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  6. C'est malin. Déjà que je n'ai pas pu l'avoir maintenant je le regrette encore plus ! ;-)

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  7. Encore un qui a tout pour me plaire... Tentateur... ^^

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  8. Je parie que Keisha va enfoncer le clou la semaine prochaine... ;-)

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  9. Jamais eu encore l'occasion de lire d'auteur argentin, il faut que je m'y mette! =)

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    1. J'en ai lu très peu jusqu'alors et je n'avais jamais été emballé.

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  10. Une littérature que je ne connais pas du tout (en même temps je ne vais pas au Salon du Livre donc je pourrais rester dans mon inculture^^) mais ce que tu en dis est très très tentant ! Sauf cette phrase qui me hérisse : "la religion était faite pour les femmes et les hommes faibles" !!! Que l'on puisse mettre à égalité les femmes et les hommes faibles est une preuve de belle image de la femme, encore une fois...
    Mais "lecture hypnotique" + Métaillé = tentée ! :D

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    1. J'ai très peu lu de littérature argentine jusqu'alors mais je dois reconnaître que c'est une très belle surprise.

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  11. Je cop/col mon comm' chez Val. Bon, j'ai l'impression que l'enthousiasme est unanime. Me voilà obligée de le noter... Et je rajoute un p'tit pfff

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  12. J'adore la couverture mais alors, les pasteurs, je ne peux plus les voir ;-)

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  13. Voilà des semaines que je l'ai repéré ! Et 3 jours que je tourne autour ! Y'a pas, je pense l'attaquer la semaine prochaine malgré une pile urgente et conséquente en attente ^^ Je suis sure que je vais adorer :)

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  14. Tentant! Je ne connais pas la littérature Argentine...

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    1. C'est une littérature qui va être à l'honneur cette année.

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  15. Du coup je visite ton blog :) merci Galéa
    On parle de ce livre aux bibliomaniacs d'avril.
    Je partage ton avis, mais moi j'aurais aimé qu'il soit un peu plus long : c'est ma seule réserve !

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    1. Je préfère toujours les textes courts alors ici la longueur me convient tout à fait.

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