vendredi 19 avril 2013

A copier 100 fois - Antoine Dole

« Pourquoi je peux pas te regarder en face et te dire que ouais, papa, ton fils est pédé, que c’est plus dur pour toi que pour moi, qu’on s’aime et que tout ira bien, comme dans les histoires que tu me racontais avant. […] Je veux que t’aies mal papa, je veux que tous les autres aient mal, et Vincent et Laurent et Julien, tous ces connards du bahut. J’veux plus me taire, j’peux plus me taire, parce que ça me tue, vraiment ça me tue. J’ai trop de bleus à l’intérieur. »
 
Le narrateur a 13 ans. Un collégien pas tout à fait comme les autres. Pour Vincent et sa bande, c’est une fiotte. C’est surtout le souffre-douleur idéal, celui qu’on peut tabasser sans jamais craindre de représailles. Et quand il rentre à la maison, pas question de compter sur un quelconque soutien paternel. Impossible de se faire aimer, impossible de communiquer avec un père qui vous rejette pour ce que vous êtes. Heureusement il y a Sarah, seule petite lumière dans ce monde de ténèbres. Toujours un petit mot pour rire, un petit mot qui fait du bien : « Tu sais, moi aussi j’aime les garçons. »

Antoine Dole frappe fort. Son récit secoue furieusement. Le harcèlement, la violence sourde des abrutis, l’incompréhension du père… et cette douleur qui ronge ce gamin au point de lui faire envisager le pire. Une mise à nu aussi directe que subtile, sans un mot de trop, sans complaisance malsaine. On referme l’ouvrage en se disant que si les choses ont un peu avancé dans le bon sens, rien n’est réglé pour autant. Mais on se dit aussi que par les temps qui courent, voila un tout petit roman pour ados qui ne pouvait pas mieux tomber. Juste indispensable !
 
«  Papa m’a dit cent fois : mon fils sera pas pédé, qu’il voulait pas de ça dans la famille, que ça n’arrivera pas. Papa, j’suis désolé. J’ai pas choisi, tu sais. J’ai essayé de changer, j’te jure, mais j’arrive pas, m’en veux pas. J’ai pas mérité qu’on me tape, pas mérité les claques. Non, papa, je mérite pas que tu me regardes comme ça, comme si je servais à rien, comme si j’étais pas ton fils, comme si tu regrettais. »           
 
A copier 100 fois d’Antoine Dole. Sarbacane, 2013. 56 pages. 6,00 euros. A partir de 13 ans.

40 commentaires:

  1. Ouh là, titre ado qui percute!

    RépondreSupprimer
  2. Déjà noté via Babelio, ton billet renforce ce choix de lecture, et me fera encore mieux mémoriser cette couv qui déjà, me plaît bcp.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, la couv est très sympa (et je pense que le texte te plaira aussi).

      Supprimer
  3. ça tombe bien , peut être trop bien?
    (ce n'est qu'une légère interrogation mais j'espère que ce livre ne doit rien au débat actuel)

    luocine

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non, le livre est paru début janvier, il ne surfe aucunement sur l'actualité nauséabonde de ces derniers jours.

      Supprimer
  4. Oh, parfait petit roman et parfait " petit mot qui fait du bien ", tout est dit.

    RépondreSupprimer
  5. A mettre entre toutes les mains !!!!

    RépondreSupprimer
  6. J'aime ce terme, indispensable !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En même temps, c'est indispensable selon moi, ce qui reste très relatif...

      Supprimer
    2. Si tu le dis, je ne peux qu'être d'accord avec toi^^

      Supprimer
  7. Réponses
    1. Oui, j'ai vraiment trouvé ce texte très fort comme tu dis.

      Supprimer
  8. Moi tu me donnes juste furieusement envie de le lire et je vais enfin avoir le temps !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu sais, c'est lu en quart d'heure mais ça ne s'oublie pas de sitôt^^

      Supprimer
  9. Je le note aussi ! (je sais, je ne suis pas originale - mais je ne suis pas une fille contrariante, non plus, quand c'est bien) N'instrumentalisons pas ce livre, en effet, mais si ce roman est "parfait" profitons-en !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne vois rien de militant dans ce roman en tout cas. Maintenant, d'autres l'interpréteront peut-être différemment.

      Supprimer
  10. Eh ben, rien que le premier extrait (la 4e de couv' ?), ça décoiffe. On dirait que le ton ado a été trouvé et qu'on va droit où ça fait mal. Tout pour me plaire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non ce n'est pas le 4e de couv, juste un extrait parmi tant d'autres que j'aurais pu citer...

      Supprimer
  11. Il me le faut... Évidemment...!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Évidemment... Impossible que tu passes à coté !

      Supprimer
  12. pour moi, la littérature de jeunesse, c'est à dose homéopathique, je n'en ai pas souvent envie... mais celui-là, pourquoi pas?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ça tombe bien pour la dose homéopathique, celui-là est tout petit et se lit en à peine 20 minutes^^

      Supprimer
  13. très très très envie de le lire. j'adore l'écriture d'antoine Dole

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Une belle découverte pour moi !

      Supprimer
  14. L'ouverture à la tolérance n'attend pas le nombre des années et il n'est jamais trop tôt pour en planter les graines : je vais le faire lire à Maxime avant qu'il n'entre totalement dans l'âge bête aux idées arrêtées...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh oui, tu peux lui faire lire. Et puis ça ne lui prendra pas beaucoup de temps.

      Supprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !