Scacchia et Hopkins © Blanche 2011 |
Non mais vous avez vu cette couverture ? Franchement, difficile de trouver mieux. Y a pas, le marketing, quand c’est bien fait, ça marche à tous les coups. Je déambulais tranquillement au rayon philosophie de ma librairie préférée en quête d’un ouvrage à présenter pour ma troisième participation au rendez-vous de Stephie quand je suis tombé en arrêt devant cette charmante jeune femme (bon j’avoue, je m’étais un peu éloigné de la philo, genre une dizaine de mètres, pour me retrouver les yeux en l’air à passer en revue tous les titres de BD « adultes », mais c’est un détail sur lequel il n’est pas nécessaire de s’éterniser).
Avec une couverture pareille, ce n’est pas le genre d’album que l’on prend le temps de feuilleter dans les rayons. Je suis connu comme le loup blanc dans cette librairie et chacun sait que je tiens à ma respectabilité. C’est aussi pour cela qu’avant d’aller payer, j’ai coincé Mona entre un Ducobu pour ma grande et un album de l’école des loisirs pour ma petite dernière, histoire de noyer le poisson. Le passage en caisse n’a été qu’une formalité. Comme quoi, c’est facile pour toute personne respectable d’acheter une BD porno ni vu ni connu !
Bon c’est bien gentil tout ça, mais il se passe quoi derrière la couverture ? Mona est une jeune fille plantureuse et idéaliste qui, après avoir perdu la finale d’un jeu de télé réalité genre Secret Story, déprime sérieusement. Il faut dire qu’elle a trouvé son chéri en galante compagnie en rentrant chez elle et qu’elle s’est brouillée avec sa meilleure copine, nymphomane invétérée. Mona, elle, serait plutôt du genre sainte nitouche. Alors quand elle se rend à un entretien d’embauche et quelle tombe en pleine partie de jambes en l’air, il y a comme un malaise. Ecœurée, décidée à quitter ce monde cruel, Mona s’apprête à se jeter du haut d’un pont quand soudain...
Des années que je n’avais pas lu un navet pareil ! Tous les clichés du mauvais porno sont ici enfilés (si je puis dire) comme des perles : Mona l’oie blanche découvre des couples en pleine action dès qu’elle ouvre une porte. Mona la naïve tourne un film hard sans s’en rendre compte. Mona, devenue femme fatale et objet de désir, est transformée en agent spécial au service d’une obscure officine. On saupoudre tout ça avec quelques scènes lesbiennes, un peu de SM soft et une partouze finale et le tableau est complet.
Niveau dessin, l’italien Alessandro Scacchia rend une copie correcte, sans plus. Pour les connaisseurs, il est dans la veine de ses nombreux compatriotes ayant œuvré sur la série Selen. Heureusement, sa couverture sauve les meubles. D’ailleurs pour me convaincre que je n’ai pas jeté mon argent par les fenêtres en achetant cet album, je n’ai plus qu’à l’encadrer et à l’accrocher sur un mur de ma chambre. C’est ma femme qui va être contente !
Mona, agent X T1 : Premières armes, d’Alessandro Scacchia et Betty Hopkins. Éditions Blanche, 2011. 48 pages. 14,50 euros.
Scacchia et Hopkins © Blanche 2011 |