Une très jolie réflexion sur l’exil, la famille, le rejet d’un peuple voyageur et mal aimé. Madame Vitalabri voudrait aller « là où on aime les Vitalabri », seulement ce lieu n’existe pas. Pour franchir la frontière, le passeur leur demande de l’argent mais ils n’ont « pas un sou. Pas un radis. Pas un kopeck. Pas un liard ». Embarqués par « des uniformes, bâtons levés », jusqu’à la préfecture, ils finiront expulsés. Comme toujours.
Sous la plume de Jean-Claude Grumberg, le destin de cette famille nomade malgré elle devient une fable profonde aux multiples niveaux de lecture. Homme de théâtre, il trousse de savoureux dialogues, souvent drôles, et n’hésite pas à interpeller le lecteur, dont il s’amuse à devancer les questions éventuelles : « Comment ? Vous n’avez pas compris, là, le pourquoi ? […] Comment faisaient-ils pour manger ? C’est une très bonne question, je vous remercie de l’avoir posée, ça va me permettre d’y répondre ». Le récit en devient d’autant plus dynamique et interactif. Après, je ne suis pas certain que les enfants saisissent la dimension historique et politique du propos, son actualité brûlante, mais peu importe. Ils verront l’injustice, l’exclusion, les préjugés, l’animosité gratuite et sans fondements. Ils verront aussi une famille soudée malgré les difficultés et surtout une fin positive et porteuse d’espoir : « Pourquoi voulez-vous que toutes les histoires finissent mal ? Il faut bien que quelques-unes finissent bien, non ? ».
Un texte subtil et engagé, illustré en douceur par l’excellent Ronan Badel, dont les aquarelles sont ici dignes d’un Sempé. Et en plus c’est un très bel objet-livre. Que demande le peuple ?
Les Vitalabri de Jean-Claude Grumberg et Ronan Badel. Actes Sud junior, 2014. 84 pages. 15,00 euros. A partir de 8 ans.
C'est noté pour mon fiston ;)
RépondreSupprimerIl devrait aimer.
SupprimerEncore un sujet intéressant. Je note.
RépondreSupprimerUn sujet surtout bien traité.
Supprimer"Homme de théâtre, il trousse de savoureux dialogues, souvent drôles, et n’hésite pas à interpeller le lecteur, dont il s’amuse à devancer les questions éventuelles" comment résister entre autres à une telle phrase, une telle perspective de lecture? Je trouve également à travers les images que tu as sélectionnées que le trait s'apparente beaucoup à celui de Sempé. Et hop un membre du peuple l'ajoute dans sa liste! Merci ;-)
RépondreSupprimerJe suis content si j'ai pu te convaincre de le lire ;)
SupprimerJ'adore ce style de dessins comme Sempé (belle référence) cela a l'air très bien :)
RépondreSupprimerLes illustrations de Ronan Badel sont toujours de qualité de toute façon.
SupprimerC'est vrai qu'on dirait Sempé ! Si les enfants risquent de ne pas saisir la dimension politique, peut-être que certains adultes comprendraient mieux grâce à ce livre ce que veut dire l'exil au niveau individuel...
RépondreSupprimerIl y a vraiment plusieurs niveaux de lecture, c'est ce qui est intéressant.
SupprimerCe livre semble intéressant, et l'idée d'adapter une telle histoire aux jeunes lecteurs me plait, je vais noter le titre, Les Vitalabri.
RépondreSupprimerIl est très intéressant, je confirme ;)
SupprimerJe connais les Tamalous, les Chicoufs, mais pas les "vitalabris".
RépondreSupprimerC'est noté
Ils gagnent à être connus ;)
SupprimerJe l'avais repéré, mais je n'ai pas encore craque...
RépondreSupprimerIl va falloir...
SupprimerJe m'empresse de noter.
RépondreSupprimerTu fais bien ;)
Supprimersuperbe ... et le thème abordé et les illustrations
RépondreSupprimerTout est superbe, je suis d'accord ;)
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