Dès la première page, nous sommes avec deux frères prisonniers d’un puits. On ne sait pas où ils sont, on ne sait pas quand l’histoire se déroule, on ne sait pas comment ils s’appellent ni comment ils sont arrivés là. Il y a juste « le grand » et « le petit », coincés dans un trou sans aucune possibilité de s'en échapper. J’ai compris que les numéros des chapitres, s’enchaînant sans suite logique (2-3-5-7-11-13-17-19-23…), devaient correspondre aux jours qui passent. Pour info, le dernier chapitre est le 97…
Les jours passent, donc, et les enfants se nourrissent de vers et de racines. Ils s’occupent comme ils peuvent, dorment affreusement mal, dépérissent peu à peu. Dans ce huis clos irrespirable, le petit sombre peu à peu dans la folie. Tous deux pensent au meurtre, au cannibalisme, à cette faim qui les ronge, à cette liberté semblant à jamais perdue. Et pendant ce temps, personne ne leur vient en aide, personne ne semble même les chercher. A la fin, le petit s’en sort. Mais pas le grand. A la fin, le petit se venge. Mais je ne vous dirais pas comment. A la fin, j’ai refermé le livre en me demandant à quoi cela pouvait bien rimer.
Le puits, premier roman d’un auteur espagnol né en 1978, est pour moi un texte archi-dérangeant. Parce que je n’ai pas vu le sens, et j’aime trouver du sens quand je lis. Parabole, allégorie, fable sans morale ? Démonstration de ce que peut être la fraternité au sens le plus noble du terme ? Je cherche encore. J’accepte tout à fait de reconnaître que je n’ai rien compris mais alors qu’on m’explique ! Et puis pour un gars claustrophobe comme moi, cette lecture a été une véritable épreuve, à la limite de la souffrance physique. En tout état de cause, je ne suis pas près de l’oublier.
Le puits d’Ivan Repila. Denoël, 2014. 110 pages. 11,00 euros.
Les avis de Cryssilda et Sandrine
Bon si tu spoiles, je ne lis pas ton billet. Je vais aller voir si ma médiathèque l'a dans ses rayons ;)
RépondreSupprimerJ'espère que tu le trouveras.
SupprimerMon billet du jour donc ;-) Pour moi, la lecture economico-sociale est évidente parce que proposée dès l'exergue par la citation de Margaret Thatcher. Mais bon, il y a de nombreuses lectures possibles de ce texte, de ce conte. Et être dérange c'est je crois un bon résultat pour l'auteur, car bien des contes sont dérangeants et interrogent...
RépondreSupprimerJe n'ai pas tout compris mais c'est un texte qui m'a marqué, c'est déjà beaucoup.
Supprimerbrrrrrrrr tu fais peut là :-)
RépondreSupprimerCe n'est pas moi, c'est l'histoire qui fait peur ;)
SupprimerJ'étais curieuse suite à ta publication sur FB. Je comprends ton malaise, moi aussi j'aime bien comprendre...
RépondreSupprimerLe problème ici c'est qu'il y a sans doute trop à comprendre !
SupprimerTon avis m'intrigue terriblement. Comme toi, je n'aime pas lire un livre qui ne s'offre pas complètement et que je ne peux pas comprendre clairement mais ma curiosité est quand même sacrément titillée !
RépondreSupprimerLe texte lui-même est très, très intriguant.
SupprimerEt ben moi ça me fait drôlement envie ! Ça me fait penser à la Femme des sables que j'avais adoré.
RépondreSupprimerEt j'ai vu que tu avais drôlement aimé ;)
SupprimerJ ai déjà dit à Sandrine que je ne lirai pas ce livre. Je rajoute que ton billet confirme mon impression.
RépondreSupprimerEt je peux te comprendre !
SupprimerBen voilà un Jérôme pas content ! c'est rare ! Deux enfants coincés dans un puits ... même pas la peine que j'y pense, j'étouffe déjà rien que d'y penser. mais dis moi celui qui te l'a prêter à du beaucoup aimer... je suis curieuse de son avis ...
RépondreSupprimerC'est une copine bibliothécaire qui me l'a prêté. Et oui, elle a beaucoup aimé.
SupprimerJe ne suis absolument pas tentée... J'en ai un peu assez de la surenchère de certains auteurs pour déstabiliser le lecteur. Et pourtant, je ne cherche pas des lectures-bisounours, hein, tu le sais !
RépondreSupprimerLà il y a une vraie déstabilisation. Un peu trop même !
Supprimertu m as donnée envie de fuir lol (le livre je te rassure)
RépondreSupprimerCe n'était pas forcément le but mais ce livre peut vraiment faire cet effet !
SupprimerUn conte cruel réussi pour adultes que j'ai dévoré avec effroi...
RépondreSupprimerCruel, c'est le mot !
SupprimerBon moi réflexe de prof de maths : les numéros de chapitres me font penser à la suite des nombres premiers...
RépondreSupprimerEt moi je ne sais même pas ce qu'est un nombre premier...
SupprimerDes nombres premiers, donc indivisible, donc, peut-être une explication, ou pas. Je suis tentée par ce livre, mais je suis claustrophobe et je crains de ne pouvoir le lire. J'avais sauté presque tout le paragraphe ou le soldat se trouvait enseveli par un obus dans "au revoir là-haut"
RépondreSupprimerC'est un texte qui risque d'être pour toi assez vite irrespirable.
SupprimerTu as bien fait de jeter sur le papier tout ce qui te déranges, au moins on est prévenu. Mon premier mouvement serait de dire, il n'est pas pour moi. Le deuxième me ferait faire une tentative, très intriguée quand même.
RépondreSupprimerJe crois que se faire sa propre idée reste la meilleure solution.
SupprimerEt bien ça donne envie ! ;-)
RépondreSupprimerOu pas ;)
SupprimerMoi je suis assez intriguée par ce livre qui semble ne pas laisser indifférent, même si chacun le vit et le comprend (ou pas) à sa manière. Je n'ai pas complètement lu ton billet car j'en ai déjà entendu et lu beaucoup et si ça continue comme ça, je l'aurai quasiment lu sans l'avoir lu.^^
RépondreSupprimerJe ne dis pas tout quand même, et heureusement. Mais je finirai bien par prendre un coup de bâton en spoliant autant. J'en ai déjà pris pour moins que ça ;)
SupprimerOui, très dérangeant, et c'est justement ce que j'ai adoré dans ce texte, ce ressenti, ce malaise, outre le style qui m'a totalement conquise.
RépondreSupprimerJe n'ai pas assez parlé de l'écriture mais il est vrai qu'elle est de qualité.
SupprimerJe passe allègrement mon tour, je n'aime pas tellement les huis-clos, je subodore une cruauté un peu gratuite, c'est sûr que souvent ça veut dénoncer quelque chose, je suis sûre qu'il trouvera son public mais c'est certain qu'il n'a rien pour me plaire celui-là (en plus je suis claustro aussi).
RépondreSupprimerTu as été courageux d'aller au bout.
Heureusement qu'il y avait peu de pages sinon j'aurais abandonné avant la fin !
SupprimerTon billet m'a suffisamment intriguée pour que je demande à ma copine de me le prêter. J'ai envie d'être un peu bousculée en ce moment.
RépondreSupprimerJe me demande comment tu vas le prendre, ce texte.
SupprimerElle fait froid dans le dos cette histoire quand même ! Et puis j'avoue que j'ai toujours du mal avec les textes dérangeants ;)
RépondreSupprimerFroid dans le dos et dérangeant, c'est ça ;)
SupprimerJe n'arrive pas à comprendre de quoi ça parle, même en lisant tout plein de billets... mais bon, comme tu n'es pas certain d'avoir compris... ceci explique cela!
RépondreSupprimerVoila, ceci explique complètement cela !
SupprimerPlus ça va et plus je me dis que je vais le lire. Alors qu'au départ, ce que tu en disais avait tendance à me faire fuir... Mais comme je ne suis pas à une contradiction près...
RépondreSupprimerLes contradictions, c'est le sel de la vie ;)
SupprimerJ'avoue que je ne comprends pas ce que tu n'as pas compris. Pour moi, ce roman a un vrai sens et n'est pas du tout un exercice de style. Je ne suis pas aussi dérangée que je le pensais, mais j'y ai vu beaucoup d'amour fraternel.
RépondreSupprimerJe suis peut-être un peu directe dans ma façon d'écrire ça, excuse-moi. Mais je suis étonnée, c'est pour ça.
SupprimerT'excuser, mais pourquoi donc ? Tu as trouvé du sens à ce texte, j'en suis ravi. Et si tu l'as lu grâce à moi c'est encore mieux. Moi je n'y ai vu qu'un épais brouillard, un mur opaque d'incompréhension m'a entouré tout au long de ma lecture. Mais du coup j'aime beaucoup découvrir toutes les interprétations qu'en font les lecteurs.
SupprimerPour moi c'est un voyage aux confins de la folie et ça m'agace toujours parce qu'avec la folie on peut tout se permettre, c'est un peu facile.
De l'amour fraternel tu dis ? J'ai un frère mais c'est une notion que je n'ai jamais connue, sans doute pour ça que je ne l'ai pas ressenti une seconde ;)
Parce que je suis un peu abrupte parfois, je m'en rends compte. ;)
SupprimerCa c'est certain que sans toi, je ne l'aurais pas lu. Et c'est difficile d'écrire un billet mitigé qui donne envie, il faut un vrai talent.
Alors c'est drôle ce que tu dit parce que je déteste les livres sur la folie. C'est tellement autre chose pour moi ce roman.
Ta dernière phrase est sans doute essentielle. Et pourtant, je ne peux pas me retrouver non plus dans cet amour fraternel. Par contre, je l'ai lu comme une mère infiniment touchée par le rôle du grand frère qui m'a rappelé un autre grand frère, qui venait aux réunions parents-profs de sa soeur et qui s'occupait d'elle d'une manière touchante. Il y a sans doute une part de notre rapport à ce thème de la fraternité qui joue dans notre vision de ce roman. Merci pour cet échange, Jérôme. Echanger est toujours intéressant quand on n'est pas d'accord.
Ah oui, autre chose, je suis un peu de mauvaise foi quand je dis que je ne vois pas ce que tu n'as pas compris, car certaines de mes questions restent tout de même sans réponse. Mais ça, c'est ma mauvaise foi naturelle.
SupprimerL'échange, c'est ce qui nous fait avancer, non ?
SupprimerEt l'air de rien, je suis content de constater que pour toi il reste des questions sans réponse.
(la mauvaise foi naturelle, je connais aussi, j'en use et en abuse plus souvent qu'à mon tour.)
Ton billet me donne super envie de lire ce roman. Tout ce qui te chiffonne dans ce livre ne fait qu'attiser ma curiosité en fait :D
RépondreSupprimerDes bisous et belle semaine,
Cajou
J'ai donné envie à pas mal de personnes de se pencher sur ce titre et j'en suis ravi, vraiment ravi !
SupprimerJe viens enfin de lire ce livre que j'avais pourtant repéré déjà à sa sortie (et ce n'est pas grâce au confinement ;-)).
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé cette lecture, même s'il demeure effectivement certaines zones d'ombre. J'y ai lu beaucoup d'interprétations, même si je ne suis pas certaine que cela soit celles imaginées par l'auteur. Mais comme le dit l'auteur, quand un livre est publié, il appartient au lecteur qui en produit sa propre interprétation.