jeudi 6 octobre 2016

Là où les lumières se perdent - David Joy

« Rester me semblait tout simplement inimaginable. J’ai alors su qu’il y avait dans ce monde des choses ben pires que mourir, des choses qui pouvaient pousser un homme à accueillir la mort comme une vieille amie le moment venu. Et rester en était une. Rester signifiait qu’avec le temps je deviendrais exactement comme lui. »

Rejeton d’un baron de la drogue, Jacob sait que son chemin est tout tracé. Mais contrairement à son père, Jacob n’est pas un gros dur violent et impitoyable. Contrairement à son père, il garde de l’affection pour sa mère camée jusqu’à l’os qui sombre peu à peu dans la folie. Contrairement à son père, il se verrait bien quitter ce trou paumé des Appalaches dont il n’est jamais sorti depuis sa naissance. Car contrairement à son père, Jacob éprouve des sentiments. Il s’imagine un avenir avec Maggie, cette copine d’enfance qui est devenue sa petite amie. Mais pour que cet avenir puisse se concrétiser, il va lui falloir couper le cordon. Et pour couper le cordon, pas d’autre solution que de tuer le père…

Là où les lumières se perdent, c’est l’histoire d’une impossible rédemption, l’histoire d’un drame inévitable. Le poids de l’atavisme a ici tout de la malédiction. L’hérédité que voudrait fuir Jacob est une chape de plomb pesant trop lourd pour ses frêles épaules. S’en extraire nécessite des choix douloureux qu’il ne semble pas encore prêt à faire, sauf si, poussé par les circonstances et la rancœur, il décide d'agir sans réfléchir.

Un premier roman sombre au titre on ne peut plus évocateur. Le récit emmène le lecteur vers une tragédie à venir dont personne ne doute dès les premières pages. Une noirceur qui n’est pas sans rappeler des auteurs tels que Benjamin Whitmer, John Bassoff ou Jake Hickson. Du polar « redneck » qui ne brille certes pas par son originalité mais reste diablement efficace. La fin, aussi prévisible que crépusculaire, m’a beaucoup plu.

Là où les lumières se perdent de David Joy. Sonatine, 2016. 300 pages. 19,00 euros.






37 commentaires:

  1. Je branle dans le manche. Tentée ou non, du coup, j'hésite!

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  2. ça semble vraiment très sombre. L'auteur, vu au Festival America, a l'air plutôt doux et calme, comme il se doit.

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  3. Quand tu dis "crépusculaire" j'peux pas résister :-p

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  4. Je l'avais noté celui-ci suite à un billet de blog (je ne sais plus où...). Qu'est-ce que tu appelles du polar "redneck"?

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  5. "je branle dans la manche" ?? qu'est-ce que ça veut dire ???
    bon désolé pour cet aparté, mais elle ne me l'a pas faite cet été au Québec !
    Sinon, ce livre me tentait depuis longtemps et en lisant ton billet j'ai l'impression de lire pas mal le mien pour le Verger de Marbre (publié lundi prochain) ...trop bizarre ! et ne serait-ce pas devenu un filon d'écrire sur cette région reculée ?? mais bon Whitmer ... quelle référence !

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    1. Le verger de marbre est dans ma pal, ça t'étonne ?^^

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  6. Une fin crépusculaire ? Tu m'intrigues....

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  7. Alors ce titre...magnifique, Sonatine...une fin "crépusculaire", je pense qu'il a tout pour me plaire ! Je te maudis, troubleur de PAL !!! Je comprends "qu'on branle dans le manche"...ça veut dire hésiter non en canadien ? :D (j'ai fréquenté Marie Laberge sur 3 000 pages cet été, je commence à intégrer le québécois ^-^)!

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    1. J'ai l'impression que tu branles moins que Marie-Claude :)

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  8. Tu cites trois auteurs que j'aime beaucoup en comparaison, je sens qu'il va me plaire celui là ! je l'avais repéré, maintenant, je le note :-)

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  9. Hmmm il y a du tentant dans ce livre, mais dans le genre, il y a peut-être mieux encore, non ? Bouclier ON, le retour.;-)

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    1. J'ai lu mieux dans le genre, oui. Mais c'est quand même très bien (et c'est un premier roman).

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  10. Beaucoup de jolis avis sur ce titre, du coup ça m'intrigue... Mais je vais rester raisonnable et attendre sa sortie en poche, ça vaut mieux ! ;-)

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  11. Tuer le père pour couper le cordon, c'est une manière comme une autre, mais disons un peu radicale... :D
    En tout cas, une bien belle manière de parler de la transmission génétique des désordres émotifs. Je serais tentée par une lecture de ce genre...

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    1. Ce n'est pas un livre qui laisse insensible en tout cas.

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  12. Tentant en tout cas, alors pourquoi pas ? Je dois avant tout "écluser" un peu tous les titres que les copines m'ont mis entre les pattes mais je serais bien tentée de dire que celui-ci fera partie du prochain stock que je me ferai en librairie ^^

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  13. C'est sans doute parce que je suis moins habituée à ce genre que je n'ai pas ressenti ce côté "déjà-lu". J'ai été happée par cette histoire et le personnage de Jacob me restera longtemps en mémoire. Très intéressant tes liens avec d'autres titres, que je vais parcourir tout de suite!

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    1. Je pense vraiment que j'ai trop lu de romans de ce genre. Mais j'aime ça il faut dire ;)

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    2. Perso j'ai mes "périodes" mais pour le moment je veux rester dans ce genre-là!

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    3. Je préfère varier les plaisirs et revenir régulièrement vers des genres où je suis certain de trouver mon compte. Mais sans en engloutir trop d'un seul coup.

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  14. Personnages bien troussés, intrigue addictive, j'ai beaucoup aimé aussi :-)

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