lundi 24 octobre 2016

Fils du feu - Guy Boley

Ça commence dans une gerbe d’étincelles. Le feu, la forge, le père et son comparse Jacky martelant de concert, en rythme cadencé. Le fils fasciné par le bruit, la chaleur, les escarbilles jaillissant comme des étoiles filantes. Dehors, près du dépôt de locomotives bordant la maison, l’enfant retrouve sa grand-mère étêtant mécaniquement des grenouilles vivantes. Avant de partir pour l’école il embrasse la joue flasque du voisin, monsieur Lucien, et assiste aux lessives collectives où les femmes prennent des airs de lavandières. Le fils du feu devenu adulte raconte ainsi son enfance, chronique plus amère que douce marquée par la mort du petit frère, événement traumatisant pour chaque membre de la famille. La mère continue de s’adresser au défunt comme s’il n’était jamais parti, le père lève pour la première fois la main sur sa femme et l’aîné constate les dégâts, il souffre et tente de grandir, malgré tout.

Honnêtement, je pensais prendre une grosse claque, je pensais me retrouver sur le cul, soufflé par la force d’un texte court et renversant. Et bien ça n’a pas été le cas. Tant mieux pour mes petites fesses douces et potelées (ce n’est pas moi qui le dis, c’est ma femme…) et tant pis pour le plaisir de lecture orgasmique tant espéré et jamais venu. Je m’étais imaginé un long poème en prose puissant et habité, je ne m’étais pas trompé, mais il m’a manqué un petit quelque chose, un soupçon d’aspérité sans doute. Il me reste l’impression d’une écriture trop lisse, trop travaillée, trop léchée. Disons qu’il m’aurait fallu davantage de spontanéité et de rage. Je suis resté à distance, pas vraiment emporté, ni par les personnages, ni par l’histoire. Pas simple d’expliquer ce ressenti mais l'évidence s'impose, je me suis par moments ennuyé au cours de cette lecture.

Après, impossible de nier que Guy Boley a une plume élégante, parfois intense, d’une grande musicalité, et que son entrée en littérature à plus de soixante ans laisse augurer de bien belles choses à venir.

Fils du feu de Guy Boley. Grasset, 2016. 160 pages. 16,50 euros.



Les avis de Laure, LeiloonaMoka et Sylire




38 commentaires:

  1. Tu t'es ennuyé et j'apprécie cette honnêteté ;-)

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  2. Oh zut, j'ai tellement adoré ce premier roman, mon coup de coeur de cette rentrée, que j'aurais voulu que tu l'aimes autant que moi. Tant pis ...

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    1. C'est pas grave, les goûts et les couleurs, tu sais...

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  3. je l'ai commencé et reposé pour les mêmes raisons que toi en ce qui concerne l'écriture.

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    1. Moi qui pensais être le seul vilain petit canard, tu me rassures !

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  4. La plume m'a beaucoup agacée au départ et a fini par me plaire. Mais rien n'était gagné d'avance avec ce titre.

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    1. Rien n'a été gagné à la fin en ce qui me concerne.

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  5. Les extraits que j'ai lus ne m'ont pas (encore) convaincue... à voir s'il croise ma route...

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    1. C'est un premier roman qui plait beaucoup en tout cas.

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  6. Bon à voir donc mais sans précipitation :-)

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  7. j'avais très envie de le lire mais tes bémols me rappellent ceux que je ressens à la lecture d'un autre auteur : trop lisse, les mots trop travaillés - résultat on ne s'attache pas aux personnages, manque d'aspérité .. merci pour ton avis (et je ne pensais pas qu'il ne faisait que 160 pages)

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    1. S'il avait fait 300 pages je ne serais pas allé au bout je pense.

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  8. Je viens de le noter à la suite du coup de coeur de Sylire ... et tu ne me feras pas changer d'avis !

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  9. Je reste très tentée par ce roman, rien que pour la plume de l'auteur...

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    1. Je sais que tu l'as terminé, je me demande ce que tu en as pensé.

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  10. j'en garde un très bon souvenir, peut-être aussi parce que je l'ai lu très tôt, sans rien en attendre!

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  11. Ah mince ! Mais comme il est parmi les 68 je le lirai quand même... Cela dit, grâce à toi, je comprends mieux cette couverture scintillante qui m'intriguait. ;)

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    1. Ah oui la couverture est parfaitement raccord avec le sujet.

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  12. Je comprends ce que tu dis au niveau de l'écriture mais je n'ai pas eu ce ressenti dans la seconde partie. Je trouve que l'émotion prend alors le dessus et qu'on oublie le style...

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    1. Et moi je comprends parfaitement que l'on puisse en faire un coup de cœur ;)

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  13. Trop lisse, trop travaillé... pas pour moi

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  14. Ah non, on comprend très bien ce qui t'a manqué dans ce récit, c'est très bien expliqué. En tout cas, il m'apparaît clairement que je peux passer sans scrupule.:-)

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    1. Je pense oui. Par contre je me suis lancé dans un petit polar japonais qui pourrait te plaire ;)

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  15. "Pas simple d'expliquer ce ressenti" et pourtant tu as réussi. Il n'est pas toujours facile d'expliquer pourquoi la mayonnaise n'a pas pris.

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    1. Il y a toujours une part d'implicite dans un ressenti de lecture.

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  16. Le pitch est intéressant en tout cas. Dommage que le récit manque de force.

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    1. Certains l'ont trouvé très fort au contraire. A voir...

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  17. Il me tente beaucoup et ton avis très mitigé ne parvient pas à réfréner mon envie ! A voir si je partage ton avis.

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    1. Tu as bien raison de ne pas t'arrêter à mon avis en tout cas.

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