mardi 25 octobre 2016

Espionnage intime - Susie Morgenstern

Angélique a tout de la lycéenne modèle : excellente élève, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours prête à donner un coup de main à ses parents qu’elle adore, ni tabac ni alcool, une sincère bienveillance envers ses deux frères, une complicité totale avec sa grand-mère et sa tante. L’image d’Épinal de l’ado parfaite ? En apparence. Car son journal intime révèle des secrets inavouables qui noircissent grandement le tableau. Et si au final cette jeune fille parfaite portait bien mal son prénom…

Soyons honnête, j’ai quelques bémols. Le titre en dit trop, on voit venir de loin certaines grosses ficelles narratives et les citations sentencieuses ou moralisatrices (« le courage est un devoir », « le bonheur est une habitude à cultiver ») alourdissent parfois l’ensemble. A force de bons sentiments à outrance, on finit par frôler l’overdose de sucre et de guimauve mais la recette reste digeste car Susie Morgenstern garde les rênes de son récit et ne se laisse pas déborder. J’admire son écriture fluide, ses dialogues percutants et sa façon de mettre en scène autant de personnage sans jamais perdre le lecteur en route. Tous sont touchants à leur façon et reconnaissables au premier coup d’œil, tous apportent leur pierre à l’édifice sans lourdeur ni artifices inutiles.

Je me rends compte que je me suis d’emblée senti à l’aise dans ce roman, prêt à balayer d’un revers de main ses petits défauts tant il m’a fait passer un bon moment auprès de cette famille aussi heureuse que dysfonctionnelle. Et puis le sujet incite à se projeter sur nos propres difficultés de communication : « Pourquoi ne pose-t-on jamais les questions quand il est encore temps de le faire ? », pourquoi faut-il un drame pour qu’enfin l’échange se noue, que la relation s’apaise, quitte à ce que les choses se clarifient trop tard ?

Assurément un texte qui plaira au public auquel il s’adresse. Son ton moderne, son thème finalement universel et sa galerie de personnages attachants emporteront à coups sûrs l’adhésion, ça ne fait aucun doute.

Espionnage intime de Susie Morgenstern. L’école des loisirs, 2016. 140 pages. 12,80 euros. A partir de 13 ans.


Une lecture jeunesse que j'ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.









16 commentaires:

  1. J'adore cette auteure alors malgré l'excès de sucre...:)

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  2. Les ficelles sont grosses, oui, mais pour le public cible ça passera comme une lettre à la poste. Perso, je n'ai pas boudé mon plaisir ! ;-)

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    1. Moi non plus je ne l'ai pas boudé. Et il est certain que les ados vont adorer.

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  3. j'aime vraiment beaucoup cette auteure, je l'ai beaucoup lue quand j'étais gamine et j'aimais son humanité, ses personnages attachants et sa finesse psychologique... du coup ça me dirait bien d'en lire un maintenant que je suis adulte!

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  4. Après avoir lu le billet de Noukette puis le tien, je ne sais plus trop quoi en penser. Je l'achèterai sans doute pour mes élèves quand même car la thématique leur parlera.

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  5. Bons sentiments, grosses ficelles... Bon, on dira que je ne suis pas le public cible.;-)

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  6. Overdose de sucre et de guimauve? :D)
    En temps normal, ce n'est pas moi qui crache sur le sucre, mais là, littéralement parlait, hum... pas certaine!
    D'après tes mots, cette lecture suscite certains questionnements, ce qui malgré tout est plutôt positif. Ça ne plairait quand même pas à mes garçons, mais à mes nièces si!

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    1. A mon avis c'est davantage pour public un féminin en effet.

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  7. Bon, sympa sans en faire une priorité.

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