Après avoir perdu ses parents suite à une épidémie de grippe espagnole, la jeune et délicate Flora Poste, issue de la bonne société londonienne, trouve refuge chez des cousins éloignés au fin fond du Sussex. Bien décidée à abuser de la générosité des Starkadder, paysans frustes et excentriques vivant repliés sur eux-mêmes dans une ferme décrépite, Flora veut en outre rééduquer ses rustres et leur apprendre « Le Bon Sens supérieur ». Pour leur bien et surtout pour le sien…
Un roman culte de la littérature anglaise, publié en 1932 et qui remporta en France le prix Fémina 1946. C’est frais, léger et pétillant. Un peu brouillon parfois, avec des situations qui évoluent à la vitesse grand V et avec une facilité déconcertante pour Flora, comme si les obstacles s’effondraient d’eux-mêmes devant elle dès qu’elle bouge le petit doigt. J’ai beaucoup aimé cette jeune fille fonceuse et maligne ainsi que le décalage permanent entre cette cousine venue de Londres et sa famille de culs terreux sans la moindre finesse. Un décalage qui permet de dresser une galerie de personnages secondaires tous plus savoureux les uns que les autres, avec une mention spéciale pour le prédicateur Amos, la cousine Judith dépressive et la grande-tante Ada Doom, recluse dans sa chambre depuis des décennies et qui tient le clan Starkadder d’une main de fer en jouant le registre de la pauvre folle totalement instable émotionnellement.
Au-delà de la comédie truculente multipliant les épisodes plus ou moins farfelus, le récit tient de la satire, brocardant la bourgeoisie, ses travers, ses mœurs et sa médiocrité avec une ironie toute britannique. Et puis les touches d’humour acide disséminées au fil des pages m’ont souvent arraché un sourire, comme cette petite pique entre parenthèses balancée l’air de rien : « Sa voix avait un timbre amorti et fêlé pareil au ton flûté et sans sexe des voix d’enfants de chœur (seulement les enfants de chœur sont rarement sans sexe, comme plus d’une épouse de pasteur peut en témoigner à ses dépens) ».
Pas le roman du siècle mais un vrai plaisir de lecture et un texte dont l’atmosphère « so british » ravira à coup sûr les amateurs de littérature anglaise.
La ferme de cousine Judith de Stella Gibbons. Belfond, 2016. 345 pages. 15,00 euros.
Récemment j'ai aimé "Le bois du rossignol", j'ai l'intention de poursuivre avec l'auteure. Je note ce titre-là.
RépondreSupprimerPour moi c'est une première avec elle ;)
SupprimerComme Aifelle, je veux ce bonbon anglais!
RépondreSupprimerLégèrement acidulé ;)
SupprimerC'est une bonne idée que cette collection qui ressort des pépites oubliées...
RépondreSupprimerC'est une collection que je suis attentivement depuis ses débuts ;)
SupprimerA découvrir donc.
RépondreSupprimerJe le recommande en tout cas.
SupprimerA lire avec une bonne théière de thé à ses côtés ??
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, ce sera plutôt avec un café bien serré.
SupprimerHa ! Le titre ne me disait rien mais j'ai vu Stella Gibbons + Starkadder et là ça m'a tout de suite rappeler ma lecture de la VO (Cold Comfort Farm) pour le mois anglais ! Ravie de voir que la version française a été rééditée, et surtout, ravie de voir que tu as apprécié ce roman so British pour lequel, je me souviens bien, tu voulais passer ton tour sans regret.;-)
RépondreSupprimerIl n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Mais comme je te l'ai déjà dit, la couverture française est bien plus séduisante ;)
SupprimerJe n'en avais jamais entendu parler.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la citation que tu as choisie.
A découvrir, donc, tu pourrais aimer je pense.
Supprimerje ne connais absolument pas!!!
RépondreSupprimerUne découverte à faire pour toi aussi alors ;)
SupprimerJe ne connais pas mais je retiens :)
RépondreSupprimerTu fais bien.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé votre article! Merci de m'avoir fait découvrir ce roman qui me semble fort intéressant. Je critique le même genre de romans sur mon blog et pour vrai, pas cher non plus!
RépondreSupprimerBref, ravie d'avoir découvert votre blog!
Megan
http://lapageouverte.com
Merci de ce passage Megan.
SupprimerJe ne suis pas fan de litterature anglaise, je n'accroche pas en général.
RépondreSupprimerJ'en consomme à petite dose et je suis rarement déçu.
SupprimerSi c'est "so british" je note ;-)
RépondreSupprimerCrois-moi, ça l'est !
SupprimerC'est marrant je ne te voyais absolument pas lire ce genre de roman, tu m'étonneras toujours ;-)
RépondreSupprimerMoi qui suis pourtant si prévisible :p
SupprimerJ'ai à ce jour lu tous les romans de Stella Gibbons traduits en français et c'est un auteur que j'aime beaucoup. Je ne manquerai de découvrir celui-ci et comme tu le sais, l'atmosphère so brtish ne peut que me plaire !
RépondreSupprimerIl est évidemment fait pour toi celui-là !
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