« En esprit, on peut voyager
dans le temps, aller d’un pays à l’autre, passer du passé au présent, de la
mémoire à l’imagination. »
Les nouvelles qui ouvrent et
ferment ce recueil justifient à elles seules sa lecture. Dans la première,
Alma, veuve vivant sur les hauteurs de Cape Town, a la mémoire qui flanche.
Depuis plusieurs années, elle se rend chez un médecin qui récupère les
souvenirs dans des cartouches et les introduit dans un appareil permettant aux
patients de les revoir autant de fois qu’ils le souhaitent. Un procédé pratique
et salutaire pour replonger dans les bons moments du passé, mais les cartouches
d’Alma semblent attirer la convoitise d’un drôle de duo de cambrioleurs… Dans
la dernière, l’octogénaire Esther est frappée par de terribles crises d’épilepsie
qui la projettent en pleine seconde guerre mondiale, à l’époque où elle n’était
qu’une orpheline juive d’Hambourg échappant par miracle à la déportation. Parmi
les autres histoires, on découvrira un couple désirant par tous les moyens
avoir un enfant, une jeune américaine envoyée en Lituanie chez son grand-père après
le décès soudain de ses parents, une vieille femme chinoise contrainte de
quitter son village bientôt envahi par les eaux suite à la construction d’un
barrage ou encore un père attendant le retour de son fils soldat, mobilisé en
Corée du sud.
Au fil des six textes, Anthony
Doerr démontre qu’il est sans conteste l’un des plus talentueux nouvellistes
américains. La mémoire est ici au cœur de son propos. La vieille chinoise
constate avec lucidité : « Tous les souvenirs finissent par être
engloutis. Le progrès est une tempête et les ailes de chaque chose sont
balayées par elle. » Doerr mêle l’imagination et la science, le présent et
le passé. Il créé des univers en apesanteur où s’allient avec brio le mystère
et l’émotion. L’humanité qui jaillit de chacun de ses personnages touche en
plein cœur. Chaque nouvelle est parfaitement ciselée, les dialogues et les
situations sonnent justes, même quand un soupçon de fantastique fait irruption.
Avec son écriture puissante et
maîtrisée, tout en fluidité, Anthony Doerr impressionne. Anne parlait dans son billet d’élégance
et de sensibilité, je crois que c’est tout à fait ça. Et je la remercie de m’avoir
chaudement recommandé la lecture de ce recueil, j’ai passé un moment délicieux.
Le mur de mémoire d’Anthony
Doerr. Albin Michel, 2013. 285 pages.
21,50 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Marilyne.
J'ai beaucoup aimé ce recueil !
RépondreSupprimerTiens, j'avais raté ton billet. Je m'empresse de rajouter le lien.
SupprimerUn plaisir de lecture et une belle rencontre. Je vais maintenant prendre le premier recueil paru en français ( celui que j'avais en attente... hum )
RépondreSupprimerBien d'accord, la première nouvelle est magistrale, la dernière prenante et émouvante mais je ne pourrais choisir, j'ai beaucoup aimé celles en Chine et Lituanie, l'atmosphère.
Figure-toi que j'ai découvert hier sur une étagère de ma bibliothèque son roman "A propos de Grace". Je ne sais pas du tout d'où il sort, j'ai dû le ramener d'une brocante il y a quelques années. Forcément il a rejoint ma pal.
SupprimerSinon ce recueil est très bon, un vrai régal. La 1ère nouvelle m'a emballé et j'ai aussi beaucoup été touché par ce couple qui tente désespérément d'avoir un enfant.
D'autant que cette nouvelle est extrêmement réaliste quant à ce qu'il " implique " pour la femme, sur son corps.
Supprimer( tu veux qu'on se fasse une seconde session Doerr ? )
Une seconde session Doerr ? Pourquoi pas. On a le matériel sous la main de toute façon ;)
SupprimerJ'ai hésité à accepter un partenariat sur ce livre et j'ai refusé quand j'ai vu qu'ils s'agissait de nouvelles mais en effet, pour les amateurs du genre, ça avait l'air très bien.
RépondreSupprimerLa première nouvelle fait plus de 100 pages, c'est presque un "mini-roman", tu aurais pu apprécier ;)
SupprimerJe suis vraiment très très heureuse d'avoir partagé ces perles avec toi, avec Marilyne, Clara... Vos billets sont très beaux et me révèlent encore d'autres facettes de ces textes. Ce sera sans conteste une de mes lectures marquantes de l'année. Je me rends compte que celle qui me reste le plus en mémoire, c'est "Village 113". Mais la vieille Alma et la vieille Esther, la vieille Lituanienne sont mémorables aussi... le but du livre est donc atteint ;-)
RépondreSupprimerC'était bien d'avoir découvert ce recueil chez toi et d'organiser cette lecture commune avec Marilyne. C'est tout ce que j'aime en furetant sur les blogs : échange et partage.
SupprimerBon, si vous vous mettez aussi nombreux à dire votre bel enthousiasme, je vais craquer ! Chic ! je sais que jeudi, pas trop loin de la Place saint Sulpice, j'aurai ce recueil à portée de main. Anne, Jérôme, Marilyne... vous n'allez pas tarder à avoir de mes nouvelles ;)
RépondreSupprimerParfait ! Si tu récupères ce recueil bientôt, ce sera un plaisir de découvrir ton avis.
SupprimerQuand les voix convergent ... C'est noté !
RépondreSupprimerTu fais bien !
SupprimerRahlala !!! C'est un billet tueur !!! remarque celui d'Anne m'avait déjà convaincue et beaucoup d'autres :)
RépondreSupprimerbises et belle soirée !
C'est un peu l'unanimité sur autour de ce titre !
SupprimerJe n'ai pas encore lu les billets de tes copines de lecture mais je crois qu'elles vont être aussi tentantes que toi et ton billet !
RépondreSupprimerOK je note.
Je ne suis vraiment pas fan de nouvelles alors même si en ce moment, c'est ce qu'il me faudrait avec le peu de temps que je peux consacrer à la lecture, je vais passer mon tour ...
RépondreSupprimerPourtant celles-ci sont de qualité.
SupprimerJe ne suis pas assez fan de nouvelles pour être tentée.
RépondreSupprimeret de deux.. bon je l'ai mis dans ma liste ..
RépondreSupprimermerci
Luocine
Je me suis lassée des nouvelles (pour un temps), mais je le note pour quand j'y reviendrai. Et quand il sortira en poche surtout ;)
RépondreSupprimerJe viens de le noter chez Marilyne... Mais pourquoi ne l'avais-je pas repéré avant ???
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