J’avais quelques doutes par rapport au nouvel album de Fior.
Le billet enthousiaste de Cristie m’avait convaincu mais les arguments avancéspar Mo’, pourtant elle aussi sous le charme, m’avaient quelque peu refroidit.
En général je n’aime pas les histoires qui laissent une trop grande part au
rêve et qui gardent une sorte de flou artistique entre onirisme et réalité. Je
trouve que c’est une forme de facilité scénaristique qui cache souvent de vraies
faiblesses en termes de narration. Je dois reconnaître que ce n’est pas le cas
ici, comme d’ailleurs dans la série Philémon de Fred qui ne m’attirait pas
spécialement pour les mêmes raisons et que je découvre avec bonheur ces
jours-ci, une fois de plus grâce à l’art de la persuasion de Mo’. Comme quoi
les certitudes de lecteur sont faites pour être bousculées…
Rien ne va plus dans la vie du psychologue Raniero. Sa femme est sur le point de le quitter, un accident de voiture l’oblige à porter une minerve, des cambrioleurs s’introduisent chez lui et le passent à tabac et pour couronner le tout il aperçoit dans le ciel d’étranges formes triangulaires qui ne peuvent être que des ovnis. Quand Dora, une jeune patiente de trente ans sa cadette, lui affirme être en contact télépathique avec des extraterrestres, Raniero voit ses certitudes vaciller.
Rien ne va plus dans la vie du psychologue Raniero. Sa femme est sur le point de le quitter, un accident de voiture l’oblige à porter une minerve, des cambrioleurs s’introduisent chez lui et le passent à tabac et pour couronner le tout il aperçoit dans le ciel d’étranges formes triangulaires qui ne peuvent être que des ovnis. Quand Dora, une jeune patiente de trente ans sa cadette, lui affirme être en contact télépathique avec des extraterrestres, Raniero voit ses certitudes vaciller.
Petite précision qui a son importance, nous sommes en 2048.
Les voitures sont téléguidées et la jeunesse, en rupture avec les aînés s’est
rangée sous la bannière d’une « nouvelle convention » prônant la « non
exclusivité émotive et sexuelle.» Raniero reste de la vieille école. Pourtant
il comprend que les bouleversements à venir vont tout changer…
Fascinant, voila comment je
qualifierais cet album. Fascinant par sa faculté à saupoudrer avec le plus
grand naturel une touche futuriste dans le quotidien d’un homme qui pourrait
être d’aujourd’hui. Fascinant par la poésie graphique déployée tout au long de
ses 175 pages. Manuele Fior fait preuve d’une inventivité incroyable. Son trait
charbonneux semble parfois élastique et son découpage multiplie les angles de
vue plus audacieux les uns que les autres. Une démonstration technique qui
reste constamment au service de la narration pour mieux la magnifier.
L’entrevue est à la fois une
histoire d’amour et une réflexion métaphysique sur le sens de la vie. Raniero
est un homme à la croisée des chemins, ébranlé par une réalité qui lui échappe.
Un homme au bord du précipice, hésitant à sauter le pas vers l’inconnu(e) qui
lui tend les bras. L’ensemble reste néanmoins léger et pousse à la réflexion.
Une vraie grande réussite, je comprends pourquoi Cristie et Mo’ ont été
conquises.
L’entrevue de Manuele Fior. Futuropolis, 2013. 174 pages. 24 euros.
J'ai hésité à me l'offrir aujourd'hui... Je regrette de l'avoir finalement reposé... Mais j'ai découvert Coeur de pierre, alors... heureuse je suis ! ;-)
RépondreSupprimerAh, cœur de pierre, ce petit bijou !
SupprimerCet album m'a littéralement happée. J'ai été incapable de deviner où Fior voulait nous emmener, je me suis laissée porter. Contente de découvrir que cela a également été ton cas ;)
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tu as lu "Les derniers jours d'un immortel" (de Vehlmann et De Bonneval) mais l'ambiance qui plane dans l'Entrevue m'y a fait penser.
"...incapable de deviner où Fior voulait nous emmener, je me suis laissée porter..." ...se laisser porter par la lecture, c'est tout ce que j'aime...je note^^
SupprimerNon, je n'ai pas lu "Les derniers jours d'un immortel". En tout cas je profite de l'occasion pour te remercier à nouveau. Une fois de plus ton choix à fait mouche !
SupprimerJ'ai acheté cette BD le jour de notre rencontre au salon. (Au départ, juste parce que j'ai craqué sur le joli minois de Manuele.)
RépondreSupprimerElle est dédicacée et je me la réserve pour plus tard, en souriant naïvement à chaque fois que je lis un article enthousiaste à son sujet. Et si tu l'as aimée, je suis convaincue qu'elle sera un coup de cœur pour moi !
Oui je me rappelle de cette dédicace qu'il avait fallu laisser un peu sécher^^
SupprimerJ'espère que ce sera un coup de cœur mais je ne me fais pas beaucoup de souci.
Même commentaire que Noukette ! Je me suis offerte hier aprèm un périple BD, délicieux.
RépondreSupprimerLongtemps que ça ne m'est pas arrivé un périple BD. Faut dire que quand on a plus de librairie sous la main, c'est difficile.
SupprimerJe note je note mais ce sera pas pour maintenant :) bien bien plus tard d'ailleurs, je ne me lance pas dans les BD pour le moment maisj 'adore la couverture ;)
RépondreSupprimerbonne journée !
Pas de BD, pas de BD... pourtant ça c'était plutôt bien passé avec Cœur de pierre ;)
Supprimerj'ai beaucoup aimé ton billet, moi aussi je me méfie de : l'onirique qui cache le vide et le rien à dire..mais j'ai toujours adoré Philémon.
RépondreSupprimeralors je pense que cette bd peut me plaire
Merci
Luocine
C'est étrange comme sensation mais j'ai toujours eu du mal avec l'onirisme.
SupprimerJ'avais bien aimé le précédent de Manuel Fior (mais sans l'adorer non plus). J'avais surtout bien aimé les couleurs alors le côté charbonneux de celui-ci m'étonne. Je pense que je ne vais pas me jeter dessus, mais si je croise cette bd sur mon chemin...
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu le précédent mais à l'évidence il a totalement changé de technique pour celui-ci. J'aime quand les dessinateurs n'hésitent pas à prendre des risques et changent leur registre graphique.
SupprimerBen dis donc, tu sais être rudement convaincant !
RépondreSupprimerQuand ça me plait, j'essaie de trouver les bons arguments^^
SupprimerMo a eu raison de te l'envoyer. Je suis heureuse de voir qu'il t'aie autant plu !! Et non il n'y avait pas de faiblesse scénaristique dans celui-ci ... C'est une jolie pépite !
RépondreSupprimerOui et je n'oublie pas que c'est toi la première qui a attiré mon attention sur cet album^^
SupprimerJe ne sais pas quoi en penser. Au premier regard, je ne suis pas attirée. Mais à lire ton billet et les commentaires, je me dis... pourquoi pas ? Je note et après on verra...
RépondreSupprimerTu le trouveras peut-être un de ces quatre à la médiathèque ;)
Supprimerje n'aime pas trop le fait que ça se passe en 2048 mais ça me tente quand même. Génial le cadeau ;-)
RépondreSupprimerOui, hein, je suis gâté^^
SupprimerToujours pas passé dans mes mains et je remarque que je le trouve de moins en moins en librairie... ça sent la rupture et donc la réédition ! Un succès entrevu !
RépondreSupprimerM'étonnerait pas en effet qu'il y ait rupture. En tout cas voila un album qui mérite son succès.
SupprimerEh bien, cet album-là a tout pour me plaire : onirisme, touche futuriste, un coup de fil des ET ! De la SF sans l'attirail qui va avec, ça me plait aussi. Et le graphisme semble sombre comme j'aime parfois.
RépondreSupprimerT'as plus qu'à foncer alors !
SupprimerJe ne suis pas attirée par ce type d'écrit (enfin de BD) mais c'est toujours sympa les petits cadeaux ;)et ton billet est comme toujours tentant paradoxalement ! Bien différente c'est justement la limite entre réalité et onirisme qui me plait, ce flou dont tu parles. Je ne suis pas trop d'accord avec toi là dessus, je viens d'ailleurs de finir un roman japonais dans ce style.
RépondreSupprimerC'est assez courant l'onirisme chez les japonais. Sans doute pour ça que je n'ai pas encore tenté Murakami.
SupprimerLe graphisme a l'air très beau, est-ce que le scénario tient vraiment la route ? J'avais été éçue par Cinq mille kilomètres par seconde, bien trop léger à mon goût...
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Cinq mille kilomètres par seconde donc impossible de comparer mais tout ce que je sais c'est que cet album-là est très bon.
RépondreSupprimerJe me sens un peu seul, je n'ai vraiment pas aimé, ni l'histoire, ni le dessin, déception totale pour moi...
RépondreSupprimerQuand je lis ton billet, j'ai l'impression d'être totalement passé à côté...
Étrange, je ne me rappelle plus de ton billet. En tout cas tu as bien le droit de passer à coté. C'est un album assez étrange pour lequel les ressentis peuvent grandement varier selon moi.
SupprimerJe ne suis pas étonné que tu ne te rappelles pas de mon billet puisque je n'en ai pas fait... :)
SupprimerComme quoi, j'ai l'oeil !
SupprimerTrès tentée je suis, et encore plus après avoir lu ton avis.
RépondreSupprimerça devrait te plaire, je ne me fais pas trop de souci ;)
SupprimerJ'attends impatiemment de lire cet album, déjà presque culte, vu l'enthousiasme qu'il déclenche!
RépondreSupprimerDifficile de passer à coté en effet^^
SupprimerFinalement, la BD peut être métaphysique, aussi.
RépondreSupprimerCelle-là en tout cas l'est incontestablement.
SupprimerLes dessins me séduisent et l'histoire aussi. Je la note dans un coin car en ce moment, je ne suis pas BD.
RépondreSupprimerC'est sûr qu'il vaut mieux être disponible, ce n'est pas une BD facile-facile d'accès.
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