Depuis qu’elle a quitté son village au pied de l’Atlas pour la France, Zahira se prostitue. Elle est en fin de carrière et a parfois du mal à joindre les deux bouts mais sa générosité reste inébranlable. Elle joue les confidentes pour son meilleur ami Aziz, un algérien qui se rêve en fille et qui bientôt, par la grâce d’une opération, se réveillera en Zannouba et quittera le « territoire maudit des hommes » : « Je la coupe. Sans bite. Sans verge. Sans zob. Sans excroissance. Sans sperme. Sans couilles. Sans cette chose inutile entre les jambes qui me bousille la vie depuis toujours ». Zahira recueille aussi Mojtaba, homosexuel chassé d’Iran, perdu dans les rue de Paris. Elle passera avec lui un merveilleux mois plein de complicité, avant qu’il disparaisse sans crier gare. Mais Zahira va également devoir faire face à la rancœur d’Allal, son premier amour resté au Maroc et qui cherche, coûte que coûte, à la retrouver…
Des vies brisées. Abîmées. En fragments. Des voix aux accents incantatoires qui disent le désespoir, la honte, la pauvreté, l’exil, le passé qui vous poursuit toujours, partout, le rêve impossible d’une existence et d’un ailleurs meilleurs. Les monologues, fiévreux, habités, se succèdent et s’enchâssent pour brosser le tableau dérangeant, aussi cru que poétique, de migrants fugitifs, précaires, sans pays et sans illusions. Point de misérabilisme, aucune caricature. Les phrases courtes bousculent et apostrophent, l’économie de moyens donne à la confession de chacun une puissance narrative impressionnante. J’en suis sorti groggy…
Un pays pour mourir d’Abdellah Taïa. Seuil, 2015. 164 pages. 16,00 euros.
Il a l'air un peu plombant, je ne suis pas sûre que ce soit une lecture qui me plaise.
RépondreSupprimerPlombant n'est peut-être pas le mot. Bon, ce n'est clairement pas gai mais il y a quand même beaucoup de lumière dans les trajectoires de ses personnes.
SupprimerPas très gai tout ça ! Je passe.
RépondreSupprimerJe pourrais difficilement te dire le contraire ;)
SupprimerJe le note mais pour plus tard !
RépondreSupprimerJe peux comprendre ;)
SupprimerCe ne sera pas pour tout de suite !
RépondreSupprimerQuand le soleil sera revenu peut-être...
Supprimeril me le faut !
RépondreSupprimerVoila qui est bien parlé !
SupprimerJe n'ai pas le choix je le note. Là en lisant ton billet ça me fait penser à un roman que j'ai lu il y a très très longtemps et qui m'avait beaucoup marqué (il faut que je le relise, je l'ai dans la biblio) Ferdaous une voix en enfer de Naoual elSaadaoui. C'est aussi l'histoire d'une prostituée Égyptienne.
RépondreSupprimerMoi il m'a rappelé les romans de Nedjma qui parlent de femmes maghrébine cherchant à s'affranchir du poids des traditions pour assumer une sexualité sans limite.
SupprimerJ'aimerais te dire comme Louise, mais je crois que je n'arriverai pas à le lire. Je ne suis pas assez forte les chéris !
RépondreSupprimerJe sais que tu as du mal avec ce genre de texte et je peux tout à fait le comprendre.
SupprimerJ'ai découvert l'auteur en lisant son texte dans le monde des livres spécial attentats... il m'a beaucoup touchée. A voir, donc...
RépondreSupprimerJe l'ai lu aussi ce texte dans le monde des livres et c'était très touchant en effet.
SupprimerJ'ai beau n'avoir jamais été déçu par Taïa (bien au contraire), j'hésitais cette fois-ci : je trouvais, à tort apparemment, que la mule était fort chargée. Merci à toi d'avoir balayé mes craintes. Je sais ce qu'il me reste à faire.
RépondreSupprimerJe n'ai trouvé cela trop chargé, non. J'ai au contraire trouvé beaucoup de retenu et de dignité dans ces destins.
SupprimerJ'ai vu l'auteur dans La Grande Librairie et j'ai bien envie de lire son livre :)
RépondreSupprimerMoi je n'ai pas vu sa prestation.
SupprimerOUI OUI OUI je veux le lire!! l'auteur m'a vraiment marquée à LGL
RépondreSupprimerIl va falloir que je regarde l'émission en replay j'a l'impression.
Supprimertotalement hermétique au style de cet auteur lorsque j'ai lu Le jour du roi. Je crains de ressentir la même chose après avoir "apprécié" le court extrait que tu viens de publier. Bisous
RépondreSupprimerJe pense qu'il reste dans le même registre, alors si tu n'as pas accroché, pas la peine d'insister ;)
Supprimerpas pour moi, je suis contente que ce livre existe, mais je n'ai pas le courage de le lire.
RépondreSupprimerSon sujet bouscule, c'est certain.
SupprimerAbdellah Taïa est un auteur injustement méconnu. Je l'ai découvert grâce à un collègue et à In Cold Blog, et j'ai beaucoup aimé tout ce que j'ai lu de lui (Le jour du Roi, L'armée du salut et Une mélancolie arabe). Ses récits sont d'une sensibilité à fleur de peau, qui s'exprime avec une forme de violence en effet, mais c'est ce qui fait leur force.
RépondreSupprimerSensible et puissant, c'est ce que j'ai ressenti à la lecture.
SupprimerJ'avais très envie de me pencher sur ce texte après avoir entendu l'auteur dans Boomerang sur France inter. Ton billet enfonce le clou.
RépondreSupprimerTant mieux, je pense qu'il mérite vraiment le coup d’œil.
SupprimerPour découvrir l'auteur pourquoi pas ?
RépondreSupprimerça a été une belle découverte pour moi en tout cas.
SupprimerLe titre ne me tentait pas. Mais pourquoi pas, finalement.
RépondreSupprimerA toi de voir ;)
SupprimerAhlala en ce moment je n'arrive pas à lire des thématiques autour des destins tragiques, des histoires de vie un peu dures, même si visiblement tout cela est raconté sans misérabilisme et qu'on n'en sort pas déprimé. J'aime pourtant assez ce genre de récit. Je note pour quand je serai d'humeur...
RépondreSupprimerTu as raison d'attendre d'être dans l'humeur idéale parce que ça secoue quand même un peu l'air de rien.
SupprimerJe suis également très tentée par ce livre. Bien sûr, il n'est pas encore à la bibliothèque, alors j'ai retenu "Infidèles" du même auteur
RépondreSupprimerC'était ma première lecture de cet auteur et j'ai très envie de découvrir ses autres romans maintenant.
SupprimerAuteur à découvrir pour moi... mais pas avec ce titre là... du moins pas tout de suite...
RépondreSupprimerSes autres romans ont l'air très bien aussi.
SupprimerUn auteur que je ne connaissais pas... ce roman m'intrigue, je note!
RépondreSupprimerJe ne le connaissais pas moi non plus. Une belle découverte !
SupprimerBen oui, j'étais passée à côté ... mea culpa ... ;-)
RépondreSupprimerPas grave du tout, t'inquiète ;)
Supprimer