mardi 11 juin 2013

Comment tout à commencé - Pete Fromm (Gallmeister)

Austin et Abilene. Le petit frère et sa grande sœur. Il a 15 ans, elle en a 20. Ils vivent dans une maison isolée au milieu du désert texan. Depuis leur plus jeune âge, ils partagent une passion commune pour le baseball. Abilene veut faire de son cadet le plus grand lanceur de tous les temps. Des années qu’elle l’entraîne sur une base désaffectée de l’armée. Austin est littéralement fasciné par son aînée, personnage insaisissable qui disparaît parfois pendant plusieurs semaines sans donner d’explications. Ses parents ont compris que quelque chose clochait. A la maison, l’ambiance devient de plus en plus souvent irrespirable à cause de l’attitude et des frasques d’Abilene. C’est une consultation chez un psy qui révélera la triste vérité : Abilene souffre d’un syndrome maniaco-dépressif. Pour Austin, impossible de voir la vérité en face. Pourtant la réalité va le rattraper, leurs liens d’apparence inébranlables vont se distendre peu à peu et le jeune garçon va devoir se faire une raison : si sa sœur n’est pas soignée, il risque de la perdre à tout jamais.

Au départ, les disparitions soudaines d’Abilene n’ont pas spécialement inquiété ses proches, surtout que ses justifications semblaient plausibles : « C’est juste que le monde devient si petit. J’avais besoin d’espace pour respirer. C’est tout. Juste un peu d’espace pour respirer. » Mais le problème est bien plus profond et les sautes d’humeur à priori anodines vont mettre en danger le fragile équilibre familial. Commence alors le combat d’un père et d’une mère pour sauver leur fille. Troubles bipolaires. Le diagnostic est implacable. Le traitement existe mais Abilene fait semblant de prendre ses pilules. Les phases d’espoir et d’abattement se succèdent dans une ambiance pesante, surtout que la jeune femme sombre par moments dans des périodes ou l’irruption d’une certaine forme de violence laisse craindre le pire.    

A travers la narration d’Austin, Pete Fromm propose le portrait touchant d’une famille isolée qui voit avec impuissance l’un de ses enfants partir à la dérive. Affronter cette maladie est une bataille à laquelle personne n’est vraiment préparé. Mais avec dignité et abnégation, les parents vont tout tenter pour lui venir en aide. A ceux qui s’inquiéteraient de voir le base-ball, au cœur du récit, sachez que ce sport typiquement américain aux règles complexes n’est pas aussi important pour le déroulement de l’intrigue que dans L’art du jeu de Chad Harbach. Pas besoin d’être un spécialiste de la question pour comprendre les tenants et les aboutissants du roman. L’essentiel est ailleurs, dans l’évocation de la maladie, la douleur des proches et l’amour fraternel.     

Comment tout a commencé est le premier roman de Pete Fromm. Publié en 2000 aux États-Unis après plusieurs récits (notamment IndianCreek) et recueils de nouvelles, il révèle un écrivain intimiste maîtrisant avec brio l’art difficile du dialogue. Encore une bonne pioche chez les éditions Gallmeister !    

Comment tout à commencé de Pete Fromm. Gallmeister, 2013. 338 pages. 23,70 euros. 





38 commentaires:

  1. Ho la, mais c'est que les Gallmeister paraissent, pas lus, je suis en retard!!! Mon challenge tous les lire ou presque devient difficile!

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  2. Si j'avais le temps, moins de livres entassés, je pense que je l'aurais lu. Je dois déjà lire Indian Creek. Après, on verra... En tous cas, je garderai en mémoire ce billet.

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    1. Indian Creek est très différent mais très bien aussi.

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  3. Fort très fort ... Je ne sais pas si je le lirai mais fort, très fort ! Et les romans parlant de la bipolarité sont rares. Un sujet qui commence tout juste à être romancé. Jérôme, merci d'avoir déniché ce roman ...

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    1. C'est un sujet qui a été abordé en BD mais en roman, j'avoue que je ne sais pas s'il y a eu des antécédents.

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  4. J'ai souvent un peu peur de m'ennuyer avec cette maison d'édition. A part un coup de coeur, je crois que ce n'est pas vraiment une maison d'édition qui me convient.

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    1. Arghhhhh, je m'étrangle ! T'ennuyer avec Gallmeister, c'est impossible voyons. Tu pourrais au moins essayer Abbey. Le gang de la la clef à molette, quand même, ce n'est pas rien !

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  5. Je viens de lire ses nouvelles "avant la nuit", j'ai beaucoup aimé...

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    1. Je n'ai pas encore lu ses nouvelle mais j'y viendrai sans doute un jour ;)

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  6. A lire, certainement. Sur la bipolarité, ce que j'ai lu de mieux jusqu'ici, c'est encore le livre de Judith Perrignon sur Gérard Garouste, le peintre: "L'intranquille". C'est excellent!

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    1. Je me doutais qu'il y aurait d'autres références sur ce thème !

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  7. Un roman qui m'intéresse. Et tant pis pour le base-ball.

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  8. Tiens, ça fait un moment que je n'ai pas lu un livre de chez Gallmeister !

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    1. Ben alors, il faut remédier au plus vite à cette situation !

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  9. Le sujet est intéressant. Mis à part le livre de Delphine de Vigan sur sa mère, il ne me semble pas avoir lu d'autres livres sur la bipolarité... Tu donnes envie de s'y pencher dessus.

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    1. Je ne connais pas le livre de Delphine de Vigan mais c'est une référence de plus à noter.

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  10. Grrr ça m'intéressait d'aller écouter un auteur américain de chez Gallmeister, et il venait à Lille le 21 mai, je l'ai oublié, raté (et en même temps à ce moment-là, je n'aurais sans doute pas eu le courage d'y aller).

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    1. Je l'ai vu à St Malo sur le stand de l'éditeur mais je ne sais pas s'il a participé à des conférences.

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  11. Hihiiii! je l'ai reçu avec babelio !!!!!!!Tralala !

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  12. Je le note assurément comme tu dois t'en douter. Il faut que tu lises vraiment Marie Sizun La femme de l'Allemand mais je crois que tu l'as déjà noté aussi ;)
    Bonne soirée :D

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    1. Oui je l'avais noté bien sûr, comme tant d'autres...

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  13. J'allais poser la question sur le base-ball, tu y réponds... c'est vraiment une institution...

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  14. Je l'avais listé lors de la dernière masse critique Babelio mais ce n'est pas celui-ci que je recevrai !

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  15. J'avais beaucoup aimé m'isoler dans Indian Creek avec Pete Fromm... J'ai pu apprécier son écriture et le sujet me semble intéressant.

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    1. Bon là ça n'a clairement rien à voir avec Indian Creek, mais c'est tout de même une réussite.

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  16. Un coup de cœur d'un de mes libraires préférés : j'ai fort pensé à toi à ce moment-là (car je sais ta juste passion pour la maison d'édition Gallmeister). Bises

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    1. Si on te dit Gallmeister et que tu penses à moi, je vais me sentir flatté ;)

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  17. Je le note dans un coin mais je me demande si il ne faut pas avoir un bon moral pour le lire ?

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    1. Non ça va, ce n'est pas plombant. En plus ça se termine sur une note d'espoir.

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  18. Il faisait parti de ma première sélection lors de la dernière Masse Critique de Babelio mais l'importance possible du base-ball dans l'histoire m'y a fait renoncer.
    Après avoir lu ton avis, si un jour je tombe dessus, je le lirai.

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    1. Le base-ball y tient une place indéniable mais il n'est pas au cœur du récit.

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  19. Il en était dit le plus grand bien autour du stand de l'éditeur à "Etonnants voyageurs", mais j'en avais déjà quelqu'uns dans ma besace, puisque tu confirmes la qualité de cet auteur, je note. Plutôt IndianCreek ou celui-ci pour commencer ?

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    1. Les deux sont complètements différents. Indian Creek est un récit (pas un roman) totalement autobiographique. C'est du pur Nature Writing au cœur de l'hiver et de la forêt. Comment tout a commencé est un roman beaucoup plus classique et très touchant. Le choix entre les deux se résume sans doute à une question d’envie...

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