Kleist © Casterman 2013 |
La seconde partie de l’album dépeint l’arrivée d’Hertzel à New York après la libération. Rebaptisé Harry Haft, il y mènera une carrière de boxeur dans un premier temps prometteuse mais dont l’élan sera brisé en 1949 lors d’un combat perdu par k-o contre le futur champion du monde Rocky Marciano.
Ce roman graphique retrace un destin tragique où la devise « se battre pour survivre » prend tout son sens. Le boxeur n'est pas vraiment quelqu'un de touchant, il apparaît même assez antipathique. L'aspect fascinant de sa trajectoire tient en une question : comment cet homme a-t-il pu supporter la vie dans les camps ? Affecté aux crémations, au tri des effets volés aux déportés ou à l’extraction du charbon au fond d’une mine, Hertzko ne va jamais s’effondrer. Derrière son inébranlable instinct de survie, un seul rêve l’anime : revoir Leah Pablanski, son amour de jeunesse. C’est en pensant à cette jeune fille qu’il parvient à rester debout, sur le ring ou ailleurs. Il la retrouvera bien des années plus tard, en Floride, pour une dernière rencontre bouleversante…
Un album en noir et blanc où le trait vif et nerveux du dessinateur allemand fait merveille. Le gros reproche que je ferais concerne le format, trop petit pour magnifier la maîtrise graphique de Kleist. Beaucoup de cases semblent minuscules, écrasées, et donnent par moment au lecteur la désagréable impression de regarder cette histoire par le petit bout de la lorgnette.
Cette biographie est adaptée des mémoires de Haft, publiées en 2003 par son fils, associé à deux chercheurs américains. Il est précisé en postface qu’il peut y avoir quelques confusions sur les dates et que certaines scènes décrites par l’ancien déporté sont invérifiables mais la véracité de son parcours reste indiscutable. Le récit de ce père analphabète et violent aura entre autres permis au fils de mieux comprendre pourquoi son géniteur, souvent taciturne, pouvait entrer dans des colères terribles. En racontant son douloureux passé, Harry a pu faire la lumière sur des années d’incompréhension entre lui et les siens. C'est sans doute l'aspect le plus touchant de son témoignage.
Le boxeur de Reinhard Kleist. Casterman, 2013. 206 pages. 16 euros.
Une nouvelle lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Mo’
Kleist © Casterman 2013 |
en voilà un qui me plait déjà et puis j'adore les albums de cet éditeur, cette présentation.Quel dommage que, comme tu le dis, le format ne se prêt pas au style du dessinateur ici. Certes le sujet n'est pas facile mais l'approche d'un album est intéressante.
RépondreSupprimerDisons que le format ne met pas en valeur le talent du dessinateur. C'est vraiment dommage.
SupprimerC'est le défaut de la collection je dirais, dont tous les titres sont au même format. Mais sinon, c'est une collection qui colle bien à ce genre de propos et qui faut aussi qu'on l'apprécie. C'est un peu paradoxal tout ça :)
RépondreSupprimerSûr que c'est une magnifique collection qui recèle des titres somptueux.
SupprimerJe me lance tout doucement dans la BD, je verrai si je croise celui-ci en médiathèque ;)
RépondreSupprimerJe pense qu'il y en a bien d'autres à découvrir avant de se lancer dans celui-ci.
SupprimerIl ne fallait pas trop être sensible pour survivre dans les camps. C'était la loi du plus fort. Ou de la jungle.
RépondreSupprimerOui c'est exactement ce que l'on comprend à la lecture de cet album.
SupprimerMerci pour ce partage durant la lecture. Je te rejoins sur le fait de dire que certains passages auraient mérités d'être plus étoffés, quitte à étaler un visuel en pleine page pour arrêter le lecteur de manière significative.
RépondreSupprimerJ'ai eu du mal à me représenter cet homme finalement. Je n'ai pas compris ce qu'il induit et pourquoi tant d'officiers ont fait le choix de le protéger. La scène m'a le plus surprise est celle des retrouvailles avec son frère car cela m'a étonné de constater qu'Hertzko semblait libre d'aller et venir dans le camps. Bref, quelques incompréhensions ont grignoté mon plaisir de lecture ^^
Certains déportés, en raison de leur statut, avaient droit à quelques "privilèges". Sinon je te rejoins pour dire que ce boxeur n'a finalement rien de sympathique. Au final je ne suis quand même pas mécontent d'avoir découvert son drôle de destin.
SupprimerCette histoire me donne froid dans le dos : bizarre, non ? Bises
RépondreSupprimerRien de bizarre, au contraire, je trouve plutôt cela rassurant^^
SupprimerAprès mon passage chez Mo' et malgré ton avis plus positif, j'avoue que je reste dubitative...
RépondreSupprimerJe comprends tes réticences...
SupprimerDepuis que j'ai dépassé tous mes a priori en regardant Rocky et en avouant à demi-mot que j'avais aimé, je suis prête à me lancer dans ce genre de lecture qui pourtant ne m'attire pas du tout. Sait-on jamais ?
RépondreSupprimerOui mais la boxe passe souvent au second plan dans cet album. On est loin de Rocky !
SupprimerUn jour peut-être !
RépondreSupprimerQui sait...
SupprimerDésolée, mais la boxe c'est pas du tout mon truc.
RépondreSupprimerT'as pas à être désolée^^
Supprimer