Si le mariage avec Belange constitue la trame narrative principale du livre, l’auteur dessine en parallèle le portrait du docteur Livingstone, sans doute le plus célèbre aventurier du 19ème siècle. Un écossais fantasque qui aura passé trente ans, soit la moitié de sa vie, auprès des indigènes. On découvre un Livingstone rêveur, maladroit, lunatique, pitoyable meneur d’hommes, antiesclavagiste convaincu, piètre missionnaire n’ayant jamais évangélisé le moindre autochtone et surtout explorateur calamiteux. Un Mundélé (blanc) fou d’Afrique, happé par ce continent au point de demander à ce qu’on y enterre son cœur.
En entremêlant son épopée avec celle de Livingstone, Guillaume Jan crée un récit aussi instructif que vivant dans une langue savoureuse. Après Sylvain Tesson et Julien Blanc-Gras je découvre un nouveau travel-writer français pétri de talent, drôle, lucide, plein d’humilité, prenant le temps de s’émerveiller devant les personnes et les paysages et qui a simplement « envie de voyager comme on a envie de faire l’amour ». Un bien joli programme, n’est-il pas ?
Traîne-Savane : vingt jours avec David Livingstone de Guillaume Jan. Intervalles, 2014. 305 pages. 19,90 euros.