samedi 10 mai 2014

Un ciel rouge, le matin - Paul Lynch

Dans l'Irlande du 19ème siècle, Coll Coyle, un jeune fermier menacé d’une expulsion qu'il considère injuste, décide d'aller demander des explications au fils de son propriétaire. Dans un accès de colère, il le tue accidentellement. Pour éviter les représailles, Coll doit fuir, laissant derrière lui sa femme enceinte et sa fille. A ses basques, le terrible Faller, homme de main du domaine décidé coûte que coûte à venger son patron.

Le résumé de l'histoire pourrait tenir sur un timbre. Une histoire de fuite, en trois temps. D'abord la fuite à pied jusqu'au port de Derry. Puis la traversée de l'Atlantique dans des conditions abominables. Enfin la fuite en Pennsylvanie où Coll est embauché sur un chantier de chemin de fer, près de Philadelphie.

Un premier roman dense et prometteur. Le seul gros souci est pour moi le manque de profondeur des personnages auxquels on a du mal à s'attacher. Pour le reste, la construction est imparable. Faisant se succéder des tableaux mettant successivement en scène la fuite et la traque, Paul Lynch joue sur l'opposition classique entre le bien et le mal. Faller incarne le mal absolu. Froid, cruel et déterminé, on se demande juste quelles sont ses réelles motivations (d'où le manque de profondeur). Quant à Coll, il reste une figure d'innocence malgré son crime, une proie cherchant désespérément à échapper à l'implacable chasseur ne perdant jamais sa trace.

On est donc face à une sorte de western américano-irlandais mâtiné de roman d'aventure à l'ancienne et de nature writing. Mais la singularité tient ici à la qualité de l'écriture, une écriture très visuelle, presque cinématographique avec par moments un registre lyrique où s'exprime la violence des hommes dans de somptueux décors magnifiés par d'amples descriptions. Finalement, on se demande si les éléments naturels ne sont pas les protagonistes principaux du récit, au détriment d’individus n'existant que par leurs actes et leurs sensations, en dehors de toute psychologie, et c'est presque dommage.

Il n'empêche, ce premier roman reste d'une redoutable efficacité et j'ai aimé son dénouement, certes pessimiste mais selon moi tellement lucide, prouvant, comme une évidence, que notre liberté n'est qu'illusoire et notre défaite finale inéluctable, quels que soient nos efforts.


Un ciel rouge, le matin de Paul Lynch. Albin Michel, 2014. 304 pages. 20,00 euros.

Les avis de Canel et Cristie, très mitigés...










32 commentaires:

  1. Le western américano-irlandais, ça me tente à 100% !

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  2. On me l'a proposé, je n'ai pas donné suite, pas trop d'atomes crochus a priori.

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  3. Irlandais ? de suite j'ai accouru ! Mais finalement beaucoup moins tentée après ton billet, quoique..

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    1. Tu peux quand même te laisser tenter, qui sait...

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  4. J'aurais du mal si les personnages manquent de profondeur. C'est dommage parce que l'Irlande comme toile de fond, c'est alléchant.
    .

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    1. Et je pense qu'il a un coté trop "nature writing" pour toi de toute façon.

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  5. Dommage que tout ne se passe pas en Irlande , mais pourquoi pas ...

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    1. Il n'y a que le premier tiers qui se passe en Irlande.

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  6. Bon, ça m'a pas l'air totalement incontournable, ce qui m'arrange quelque peu.^^

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  7. Des avis mitigés sur ce roman... pourtant l'atmosphère qui semble s'en dégager me tenterait bien...à voir.

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    1. Il y a des avis très positifs. Et en ce qui me concerne, j'ai passé un bon moment.

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  8. Ah quand même, tes bémols ne retirent rien à mon envie de lire ce livre !

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  9. Il continue de m'attirer, malgré tout...

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  10. Hummm, j'aime bien la belle écriture et aussi la profondeur des personnages : je pense que là, je ne vais pas être complètement satisfaite. Bises

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  11. "On est donc face à une sorte de western américano-irlandais mâtiné de roman d'aventure à l'ancienne et de nature writing."
    -> western, aventure à l'ancienne, nature writing = autant de bâts qui (me) blessent ! :-)

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    1. C'est sûr que c'est pas un thriller psychologique sanguinolent...

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  12. C'est dommage parce que c'est typiquement le genre d'ambiance que j'aime... J'ai quand même l'impression que c'est une lecture dont je pourrais aisément me passer...

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    1. C'est un peu le problème. Moi je me demande s'il m'en restera grand chose d'ici peu.

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  13. c'est généralement le type d'écriture qui m'attire. Je note

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    1. Tu ne devrais pas être déçue si tu aimes ce genre d'écriture.

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  14. Le côté western-nature writting ne me tente pas.

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  15. Je sature des traques pour le moment. Ta conclusion n'est pas très optimiste !

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    1. Tu as raison, ma conclusion n'est pas très optimiste. Mon état d'esprit du moment peut-être...

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