J’accepte très rarement de recevoir un roman envoyé
directement par l’auteur car je n’aime pas installer une trop grande proximité
et me sentir redevable de quoi que ce soit. Pourquoi avoir fait une exception
avec ce roman alors ? Parce que Camille de Peretti a su s’y prendre et que
je suis faible. Elle m’a contacté avec un mail très personnalisé prouvant qu’elle
avait lu certains billets du blog, notamment celui sur le livre de Daphné duMaurier ou j’affirmais être allergique aux écrivains à particule. Elle s’est engouffrée
dans la brèche, me disant que « même si un réflexe de votre passé ouvrier
vous interdit de lire un auteur à particule (mais c'était avant de découvrir
Daphné Du Maurier), je souhaiterai vous envoyer mon livre » et ajoutant un
argument imparable : « Je prends le risque que vous détestiez mon écriture, mais je suis curieuse, moi aussi. » J’avoue, j’ai aimé cette façon de procéder, cette petite pointe d’humour, cette absence de prétention que l’on trouve souvent chez les écrivains persuadés d’avoir pondu un chef d’œuvre dont on doit absolument parler. Bref, je me répète, elle a su s’y prendre et je suis faible. Et puis c'est bien connu, un homme a vite fait de jeter ses principes aux orties quand on sait s’y prendre…
Lorsque j’ai reçu le livre, j’y ai trouvé une gentille dédicace avec cette phrase pleine de lucidité : « j’ai bien peur de tendre le livre pour me faire battre ». Lucide parce qu’un roman mettant en scène une héroïne à particule amoureuse d’un trader, il y a des chances pour que ça m’agace au plus haut point. Pour autant, je me suis lancé sans à priori (promis !) et sans la moindre inquiétude, me disant qu’après tout, si vraiment ça ne passait pas, je ne me priverais pas de le dire.
L’histoire en deux mots ? Camille, 25 ans, retrouve le garçon de son premier baiser d’adolescente. Stanislas est devenu trader à Londres. Il est beau, riche et musclé, ils vont s’aimer et vivre grand train. Mais l’usure du quotidien va rapidement les rattraper et peu à peu les tourtereaux vont s’éloigner l’un de l’autre. Dans un dernier sursaut, ils vont tenter le tout pour le tout et entreprendre une traversée des États-Unis en voiture. Un road trip qui, loin de les rapprocher, va souligner de façon évidente la fin de leur histoire.
Premier constat, le name dropping permanent me gave toujours autant. C’est plus fort que moi, je ne vois pas l’intérêt de cette mode consistant à citer à tout bout de champ des noms de marques ou de personnalités. Deuxième constat, des amoureux transis qui se vouvoient, je n’arrive pas à m’y faire. Ça donne un coté précieux qui me hérisse le poil (et pas dans le bon sens). Troisième constat, pas moyen que je m’attache à une héroïne qui déclare : « Les choses qui m’impressionnent chez un homme sont rarement celles qu’il croit. L’argent, oui. […] La hargne, la persévérance, l’ambition, oui. C’est beau, des dents qui rayent le parquet. La rapidité d’esprit, oui. » Euh, c’est exactement tout le contraire de moi ça (même la rapidité d’esprit…).
Finalement Camille de Peretti avait raison de penser que son livre n’était pas pour moi. L’histoire d’amour qui vire en eau de boudin de ces pauvres petits enfants riches m’a laissé totalement de marbre. Par contre je n’ai pas détesté son écriture, loin de là, et je dois reconnaître qu'il y a quelques très jolis passages. Je ne doute par ailleurs pas un instant qu’elle ait mis beaucoup d’elle-même dans ce texte loin d’être désagréable à lire. C’est juste que ce genre d’autofiction (ben oui, la narratrice s’appelle Camille de Peretti et est écrivain) ne sera jamais à mon goût. Mais merci quand même pour la découverte de votre plume, chère Camille, le lecteur curieux que je suis ne regrette absolument pas d'avoir accepté votre proposition.
Petits arrangements avec nos cœurs de Camille de Peretti. Stock, 2014. 230 pages. 18,50 euros.
Lorsque j’ai reçu le livre, j’y ai trouvé une gentille dédicace avec cette phrase pleine de lucidité : « j’ai bien peur de tendre le livre pour me faire battre ». Lucide parce qu’un roman mettant en scène une héroïne à particule amoureuse d’un trader, il y a des chances pour que ça m’agace au plus haut point. Pour autant, je me suis lancé sans à priori (promis !) et sans la moindre inquiétude, me disant qu’après tout, si vraiment ça ne passait pas, je ne me priverais pas de le dire.
L’histoire en deux mots ? Camille, 25 ans, retrouve le garçon de son premier baiser d’adolescente. Stanislas est devenu trader à Londres. Il est beau, riche et musclé, ils vont s’aimer et vivre grand train. Mais l’usure du quotidien va rapidement les rattraper et peu à peu les tourtereaux vont s’éloigner l’un de l’autre. Dans un dernier sursaut, ils vont tenter le tout pour le tout et entreprendre une traversée des États-Unis en voiture. Un road trip qui, loin de les rapprocher, va souligner de façon évidente la fin de leur histoire.
Premier constat, le name dropping permanent me gave toujours autant. C’est plus fort que moi, je ne vois pas l’intérêt de cette mode consistant à citer à tout bout de champ des noms de marques ou de personnalités. Deuxième constat, des amoureux transis qui se vouvoient, je n’arrive pas à m’y faire. Ça donne un coté précieux qui me hérisse le poil (et pas dans le bon sens). Troisième constat, pas moyen que je m’attache à une héroïne qui déclare : « Les choses qui m’impressionnent chez un homme sont rarement celles qu’il croit. L’argent, oui. […] La hargne, la persévérance, l’ambition, oui. C’est beau, des dents qui rayent le parquet. La rapidité d’esprit, oui. » Euh, c’est exactement tout le contraire de moi ça (même la rapidité d’esprit…).
Finalement Camille de Peretti avait raison de penser que son livre n’était pas pour moi. L’histoire d’amour qui vire en eau de boudin de ces pauvres petits enfants riches m’a laissé totalement de marbre. Par contre je n’ai pas détesté son écriture, loin de là, et je dois reconnaître qu'il y a quelques très jolis passages. Je ne doute par ailleurs pas un instant qu’elle ait mis beaucoup d’elle-même dans ce texte loin d’être désagréable à lire. C’est juste que ce genre d’autofiction (ben oui, la narratrice s’appelle Camille de Peretti et est écrivain) ne sera jamais à mon goût. Mais merci quand même pour la découverte de votre plume, chère Camille, le lecteur curieux que je suis ne regrette absolument pas d'avoir accepté votre proposition.
Petits arrangements avec nos cœurs de Camille de Peretti. Stock, 2014. 230 pages. 18,50 euros.
Je passe ...
RépondreSupprimerJe n'aime pas non plus ce genre de roman.
Je crois que c'est quitte ou double avec un roman comme celui-là.
SupprimerQuitte ou double, c'est ça : où on adore, où ça ne passe pas.
SupprimerJe ne fais pas partie des sélectionné(e)s pour recevoir ce titre mais dès qu'un Peretti sort je me laisse souvent tenter.. Je savais pertinemment que tu n'aimerais pas. Moi, mon côté amoureuse blasée l'a emporté sur tout le reste. Et puis, je la suis depuis son premier roman et j'ai toujours été sensible à ses mots et ses histoires.
RépondreSupprimerEt oui, un roman pour toi et pas pour moi. Il en faut pour tous les goûts ;)
SupprimerJamais lu cet auteur...
RépondreSupprimerMais ton billet est fort élégant, je trouve;
J'aime bien l'idée d'avoir fait un billet élégant ;)
SupprimerHâte de pouvoir confronter mon avis aux vôtres
RépondreSupprimerJe me demande dans quel camp tu vas te placer...
SupprimerJe pensais bien en effet qu'il ne te plairait pas...
RépondreSupprimerJ'avais aussi de gros doutes avant de le commencer. Mais je ne regrette pas une seconde de l'avoir lu.
SupprimerCe n'est pas pour moi non plus... mais tu as su le dire avec les formes !
RépondreSupprimerJ'ai essayé, du moins, de le dire avec les formes.
SupprimerCurieux, cette envie d'être "impressionnée" par un homme. Ça a un petit côté Tarzan et Jane, non? Moi, je préfère être "troublée"...
RépondreSupprimerTroublé c'est bien. J'aime beaucoup être troublé (par une femme en ce qui me concerne...).
SupprimerFinalement, tu es joueur... Je n'aurais pas pensé que tu te lancerais dans une telle lecture, effectivement très éloignée de ce que tu aimes d'habitude. J'ai les mêmes bémols que toi, exprimés différemment certes, mais dans l'ensemble je suis plus que d'accord... Reste que j'ai très envie de découvrir ses précédents romans, affaire à suivre donc... ;-)
RépondreSupprimerJe suis joueur, c'est pas faux. Mais je ne crois que je lirai ses romans précédents.
SupprimerQuel billet sympathique. Même si tu n'as pas aimé, et tu as évoqué des arguments qui me parlent... je pense que l'auteure ne pourra en être meurtrie. Ce roman n'est pas pour moi non plus...
RépondreSupprimerJe ne voulais surtout pas meurtrir l'auteure tout en exprimant mon ressenti avec honnêteté. Ce n'est pas simple...
SupprimerJ'aime beaucoup ton billet d'une honnêteté totale... J'ai ressenti quelques bémols comme toi et j'ai accepté ce titre parce que j'avais aimé à contrario "nous sommes cruels" et que j'avais rencontré l'auteure "pour de vrai" en dédicace, elle est d'une grande humilité, sympathique et souriante (tu as eu raison d'être faible il y a de quoi). ;) J'espère qu'elle écrira de nouveau et que cette fois-ci elle déploiera plus sa plume (comme elle le fait enfin en fin de livre)... mon avis est qu'elle en est capable.
RépondreSupprimerElle me semble en effet éminemment sympathique, et très simple, ce que j'apprécie beaucoup.
SupprimerJ'aime ton honnêteté ! Mais les amoureux qui se vouvoient, ça existe... ça peut être par jeu, par respect... et ça n'est pas plus ridicule que d'autres pratiques...
RépondreSupprimerquant au name dropping, oui, beurk, pareil ! on va finir par avoir des bouquins comme les films à gros budget avec des marques qui apparaissent partout...
SupprimerLe vouvoiement et le name dropping, je bloque, rien à faire. Mais ce sont des détails finalement.
Supprimermoi j'ai bien ri en lisant ce billet!
RépondreSupprimerC'était pas vraiment le but mais peu importe (et tant mieux même !).
SupprimerPile poil comme le commentaire de Keisha.:-)
RépondreSupprimerJe pourrais donc être élégant... voila une qualité que je ne me connaissais pas.
SupprimerJe n'ai lu que Thornytorinx...la fille au dessus de la cuvette, loin des particules nobiliaires...
RépondreSupprimerJe ne crois que je lirai Thornytorinx...
SupprimerJe ne connais pas du tout cet auteur, mais je trouve que son attitude est le signe d'une grande ouverture d'esprit, ce qui est rare de nos jours. J'irai feuilleter ses ouvrages à la bibliothèque.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi, j'ai beaucoup aimé la simplicité avec laquelle elle m'a contacté.
SupprimerJe ne suis pas séduit non plus par ce type d’autofiction.
RépondreSupprimerC'est un genre avec lequel j'ai beaucoup de mal.
SupprimerIl y a bien longtemps que j'ai envie de découvrir cette auteur dont j'ai d’ailleurs un livre dans ma PAL...
RépondreSupprimerJ'aimerais beaucoup découvrir ton avis masculin sur un de ses romans, tiens.
SupprimerJ'ai un titre de cette romancière dans lequel elle revisite les liaisons dangereuses, j'espère que ce sera mieux.
RépondreSupprimerLà ce n'est pas bien ou pas bien, disons qu'il faut juste aimer ce genre de récit.
SupprimerTu es une gentille personne Jérôme, parce que je savais d'avance que ce livre ne te hérisserait pas dans le bon sens du poil...moi aussi je fuis l'auto-fiction (et les privilégiés qui se regardent avoir mal), donc je ne peux que te comprendre.
RépondreSupprimerC'est vrai que je suis gentil dans le fond ;)
SupprimerElle se décrit très bien elle-même dans Nous sommes cruels: "insupportable mais supportée".
RépondreSupprimerParadoxalement ce n'est pas une fille que je trouverais insupportable (je parle de la narratrice). Elle a plein de défauts mais je comprends beaucoup de ses réactions finalement.
SupprimerC'est vrai que la description du personnage masculin est à mille lieues de toi ... pas détesté cette histoire de jeunes gens friqués (après tout, tant mieux pour eux), c'est davantage le côté pessimiste de l'amour (les histoires d'amour finissent mal ...) qui m'a lassée. La première partie était plus attachante pour moi. Et la plume est belle, oui.
RépondreSupprimerJe n'ai pas détesté non plus mais c'est tellement loin de mon univers que je ne me suis pas vraiment senti concerné par cette histoire.
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