Barry © Joëlle Losfeld 2012 |
Lilly est née en
Irlande. Sa mère est morte en lui donnant le jour. Elle a grandi entourée d’un
père policier, de deux sœurs et d’un frère qui perdra la vie en Picardie au
cours de la première guerre mondiale. Au début des années 20 son fiancé, Tadg, menacé
par l’IRA, doit quitter le pays. Elle le suit, direction l’Amérique. D’abord
New York, puis Chicago où Tadg sera finalement assassiné. Seule, désespérément
seule, Lilly entre au service d’une riche famille irlandaise. C’est durant
cette période qu’elle rencontre Joe Kinderman, un homme qui disparaitra dans la
nature alors qu’elle est enceinte. Elle mettra Ed au monde à 40 ans et l’élèvera
seule. Il s’engagera plus tard pour le Vietnam dont il reviendra totalement
brisé. Devenue septuagénaire, Lilly recueillera Bill, le garçon d’Ed, à peine
âgé de 2 ans. Un petit fils qu’elle adorera plus que tout, jusqu’au jour où il
partira faire la guerre en Irak. Un destin funeste de plus dans une vie où
chaque homme qu’elle a connu semblait voué à disparaître dans des circonstances
tragiques.
Du coté de Canaan est
le troisième roman que Sebatian Barry consacre aux Dunne, une famille
irlandaise perpétuellement touchée par la disgrâce. Derrière ce roman d’adieu,
Barry dresse un magnifique portrait de femme. Lilly l’irlandaise qui traverse
les turpitudes de ce 20ème siècle si meurtrier avec bonne humeur et
résignation. Lilly l’optimiste qui aura la chance, malgré ses déboires, de
rencontrer des personnes d’une incroyable bonté qui n’auront de cesse de la
soutenir dans les moments difficiles.
Lilly raconte les
bonheurs simples, elle se remémore aussi les événements les plus dramatiques
sans jamais se plaindre. Elle se repasse en esprit de vieilles bobines, « des
films simples, sans intérêt pour les autres. Le cinéma privé de chacun. » Point
de mélo ici, rassurez-vous. La confession est parfois traversée d’une grande
tristesse mais elle sait aussi s’illuminer de rires, de tendresse et de joie de
vivre. Surtout, le témoignage reste empreint d’une belle dose d’humanité. On
pourra certes trouver qu’à certains moments la barque de Lilly semble bien trop
chargée. Vivre autant de drames en une seule existence peut paraître irréaliste.
Mais pour créer une telle généalogie romanesque, il ne faut parfois pas hésiter
à forcer le trait, surtout quand cela est fait avec autant de talent.
Du
côté de Canaan de Sebastian Barry. Joëlle Losfeld, 2012.
275 pages. 19,50 euros.
Il faudrait donc plutôt que je commence par le premier tome.
RépondreSupprimerPour info, le 1er tome de la trilogie s'intitule "Annie Dunne".
SupprimerSi forcer le trait est fait avec talent, alors....
RépondreSupprimerJe trouve en tout cas que c'est fait avec talent. Un tel sujet était plutôt casse-gueule et l'auteur s'en est vraiment bien sorti.
SupprimerJ'aime beaucoup la littérature irlandaise, mais pas encore Sebastian Barry... Il faudra que j'y remédie !
RépondreSupprimerJ'ai découvert cette littérature avec Claire Keegan et j'aimerais vraiment lire beaucoup d'autres auteurs irlandais.
SupprimerTu me donnes très envie de découvrir cet auteur ! Les tribulations d'Enneas McNulty traînent dans ma PAL depuis trop longtemps, arg !
RépondreSupprimerC'est un de ses 1ers romans (peut-être même son 1er). Je pense que j'y viendrais aussi un jour.
Supprimerje ne connais pas cette saga mais ton billet donne envie. En le lisant je me disais toutefois que cela paraissait peut-être un peu too much et je n'aime pas les mélo mais si cela est bien amené, juste et que la plume s'y prêt, pourquoi pas ...
RépondreSupprimerIl faudrait peut-être commencer par le 1er pour mieux appréhender l'ensemble de la saga mais déjà avec celui-là le ton est donné. En tout cas j'ai beaucoup aimé.
Supprimertriste mais tellement irlandais je note ce livre , et j'espère que tu as retrouvé le sourire
RépondreSupprimermalgré la pluie qui revient... nous avait-elle quitté?
Luocine
Tellement irlandais, c'est exactement ça ! J'ai vraiment envie de découvrir davantage encore cette littérature qui a tout pour me plaire.
SupprimerJe vais le recevoir pour le prix des lectrices de Elle, je verrai, masi tout cela me semble bien triste non ?
RépondreSupprimerSûr que c'est pas joyeux-joyeux mais j'ai trouvé le ton plutôt enjoué et agréable malgré le contexte "plombant".
SupprimerJe l'ai lu ce week-end, et je l'ai trouvé remarquable (pas encore eu le temps d'écrire mon billet) ! C'était mon premier Sebastian Barry... Je ne compte évidemment pas en rester là.
RépondreSupprimerJe pense que je me laisserai aussi tenter par un autre de ses romans à l'avenir.
SupprimerJe pense que c'est un roman queje vais très vite oublier ! Agréable à lire mais sans plus !
RépondreSupprimerDisons que le dujet n'est pas original : une vieille dame qui se retourne sur sa vie, c'est du grand classique. Mais en tout cas j'ai trouvé m'ensemble plutôt bien réalisé. Pas un coup de coeur mais une lecture agréable.
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