Chemineau et Blake © Rivages / Casterman 2012 |
En adaptant le roman de James Carlos Blake, Léonard Chemineau propose une plongée au cœur d’une des plus grandes révoltes du 20ème siècle. L’indépendance du Mexique restera à jamais pavée du sang de nombreuses victimes innocentes. Impossible d'oublier que pendant cette période le pays est en plein chaos. Pillages, viols, massacres… la guerre civile laisse chacun exprimer ses plus bas instincts. Fierro joue le rôle du narrateur. Son point de vue est intéressant car il n’est pas celui d’un idéologue. Son but n’est pas de délivrer une population opprimée, il veut simplement profiter au maximum de ce mode vie sans aucune contrainte : « La révolution nous a donné des armes, les meilleurs chevaux, des bottes, des vêtements et des chapeaux texans. A manger et à boire autant que nous voulions. Elle nous a fait voir du pays, elle nous a donné de l’or et des femmes, partout... Mais surtout elle nous a donné la liberté. » La fin de l’insurrection est pour lui une mauvaise nouvelle : « Si c’est vraiment fini, ça va être le retour de la loi, du papier, des directeurs, des tribunaux, des prisons, de toute cette merde. » Ce personnage sulfureux est sans doute représentatif de la majorité des hommes s’étant engagés dans le conflit : aucune conscience politique, juste la volonté de vivre les choses à cent à l’heure. Born to be wild, en quelque sorte…
Léonard Chemineau signe ici sa première BD. Cet ingénieur spécialisé dans l’environnement et le développement durable a été repéré lors du concours Jeunes talents du festival d’Angoulême en 2009. Pour un débutant, il maîtrise déjà sacrément la narration. Beaucoup de cases en cinémascope, des scènes de bataille très dynamiques, une représentation de la violence réaliste qui ne tombe jamais dans le gratuitement gore, des couleurs chaudes qui emmènent le lecteur au cœur du désert mexicain… les qualités de son adaptation son nombreuses. Son trait élégant rappelle parfois celui de Mathieu Bonhomme (Le marquis d’Anaon, Le voyage d’Esteban). Il y a pire comme comparaison !
Finalement, le problème majeur tient dans la densité du roman original. Comment résumer autant d’événements et d’années de lutte en si peu de pages ? L’histoire de l’indépendance mexicaine défile à vitesse grand V et il n’est pas toujours évident d’en saisir les subtilités. Pour autant, grâce à ses personnages haut en couleurs et à son intérêt historique, cet album restera pour moi une bonne pioche. Je ne peux malheureusement pas en dire autant toutes les semaines…
Les amis de Pancho Villa de Léonard Chemineau et James Carlos Blake. Rivages/Casterman, 2012. 124 pages. 18 euros.
Chemineau et Blake © Rivages / Casterman 2012 |
Je n'ai pas souvenir d'avoir eu l'occasion de lire un album sur ce sujet-là, encore moins avec des protagonistes de ce bord. C'est une belle occasion de découvrir une nouvelle expression graphique d'autant que la manière dont tu en parles est une réelle invitation à la lecture. Merci pour cette chronique ;)
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi découvert l'histoire chaotique de l'indépendance mexicaine grâce à cet album. Surtout, j'ai été ravi de voir qu'un jeune auteur peut dès son premier projet professionnel atteindre un tel niveau de qualité. Et puis ça change des auteurs de blogs au trait médiocre qui nous racontent leur vie !
Supprimertoi aussi, au soleil du Mexique, mais plus enthousiaste que moi !
RépondreSupprimereh oui, on ne peut pas faire une bonne pioche toutes les semaines !
SupprimerComme Mo, je n'ai jamais lu d'album sur ce sujet... Et ton avis sur celui-ci me donne envie d'y remédier. ;)
RépondreSupprimerMoi non plus je ne connaissais pas le sujet et c'est vrai que j'ai apprécié la découverte.
SupprimerJ'ai d'autres tentations que cette BD pour l'instant. A découvrir un jour...
RépondreSupprimerJe veux bien te croire. Le nombre de tentations est presque illimité.
SupprimerCa peut bien me plaire ça, j'aime beaucoup les BDs qui relatent des faits historiques :)
RépondreSupprimerPersonnellement, j'en lis assez régulièrement et en général j'apprécie.
Supprimertu parles de densité du roman original, cette "adaptation" compte 124 pages ... grand format ? c'est beaucoup ou il en ressort un équilibre ?
RépondreSupprimerLe Mexique m'attire alors pourquoi pas lire cet ouvrage ^^
Le roman fait plus de 300 pages et si la BD en fait 124, il a y a beaucoup de très grandes cases donc elle reste beaucoup moins dense que le roman.
SupprimerJe devrais le recevoir cette semaine... donc assez content que tu lui trouves des qualités :)
RépondreSupprimerAh, je vais peut-être rapidement voir si nos avis se rejoignent, alors.
SupprimerEffectivement, sacré sujet pour une première œuvre ! Je suis forcée d'y jeter un œil !
RépondreSupprimerEt oui, pour une 1ère BD, l'auteur s'est vraiment bien débrouillé.
SupprimerMalgré une critique fort élogieuse, je ne suis pas tentée pour le moment.
RépondreSupprimerTu as bien le droit de ne pas l'être !
SupprimerJe ne connais pas bien l'histoire de ce pays et les histoires de brigands ne me plaisent pas tellement mais je te fais confiance et je note cette BD que tu recommandes.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tu as raison de me faire confiance mais si tu lis ce titre un jour, je serais ravi de voir ce que tu en penses.
SupprimerJe note car je connais peu cette période historique ... je pense que je me sentirai plus à l'aise avec la BD qu'avec le roman ! J'ai quand même un peur de la densité dont tu parles ... j'espère que je ne vais pas me perdre dans les différents évènements ;)
RépondreSupprimerNon, non, on ne se perd pad du tout dans les événements, c'est juste qu'ils défilent parfois trop vite, du coup on a un peu l'impression de les survoler.
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