Pollock © Albin Michel 2012 |
Dans l’Amérique des années 50-60, il ne fait pas bon vivre au fin fond de l’Ohio ou de la Virginie Occidentale. On y rencontre en effet de drôles de loustics. Il y a d’abord Willard Russell, vétéran de la guerre du pacifique travaillant dans un abattoir. Lorsque sa femme contracte un cancer incurable, il se met à sacrifier des animaux dans le jardin devant son fils Arvin. Mais il y a aussi Henry Dulap, avocat véreux et sa femme nymphomane, le prédicateur Roy Laferty et son cousin invalide Theodore, le shérif alcoolique Lee Bodecker ou encore le pasteur Teagardin dont l’un des passe temps favoris consiste à engrosser les jeunes filles de sa congrégation. Surtout, il y a Carl et Sandy. Ces deux là profitent de leurs vacances pour piéger les auto-stoppeurs ayant le malheur de monter dans leur voiture. Les trajectoires de ses personnages vénéneux ne vont cesser de se mélanger dans un maelstrom ravageur.
Encore un premier roman américain d’une grande puissance. Une belle leçon pour nos auteurs français qui se contentent le plus souvent de barboter dans l’autofiction sans saveur. Donald Ray Pollock ne s’interdit aucun excès. Rarement un texte aura aussi bien porté son titre. Le diable est en effet présent dans ou autour de chacun de ces êtres en perdition. Il y a bien ici où là quelques âmes pures, mais aucune ne résistera aux damnés et aux prédateurs qui jetteront sur elles leur dévolu.
La prose est affutée comme un rasoir et l’auteur déploie un incroyable talent pour lier les histoires et les destins. Le lecteur se laisse mener par le bout du nez et voit les pièces du puzzle s’assembler avec limpidité. Imparable ! Un texte violent, sans concession, aussi glaçant que fascinant. Après Le sillage de l’oubli et avant Clandestin, ce nouveau détour du coté des romans américains me conforte dans l’idée qu'en 2012 cette littérature restera encore, et de loin, ma préférée. Un dernier mot tout de même sur la jaquette de couverture qui est juste abominable et ne rend pas du tout hommage, c'est peu de le dire, au talent de l'auteur.
Le Diable, tout le temps, de Donald Ray Pollock, Albin Michel, 2012. 370 pages. 22 euros.
PS : on me souffle à l'oreille que cette couverture est un clin d'oeil à Jackson Pollock, le peintre américain fer de lance de l’Action painting. Ok, je veux bien, mais alors c'est du sous-sous Pollock !
L'avis d'Athalie
L'avis de Nathalie
Je m'empresse de le noter ce premier roman! Je sens qu'il me plaira!
RépondreSupprimerTu fais bien de t'empresser !
SupprimerAh chouette, tu as aimé !
RépondreSupprimerEt oui, comme toi, j'ai beaucoup aimé.
SupprimerTrès tentant, je le note. Merci pour ce partage...
RépondreSupprimerToujours un plaisir de partager mes belles découvertes !
SupprimerJe m'intéresse de puis peu à la littérature américaine. Ton billet élogieux m'intrigue. As-tu le Beignets de tomates vertes ? Un de mes récents coups de coeur sur l’histoire des USA.
RépondreSupprimerAttention à toi, si tu mets le nez dans la littérature américaine tu risques d'avoit du mal à décrocher ! A part ça je n'ai pas lu Beignets de tomates vertes ni vu le film.
SupprimerA noter, donc, car je l'ai déjà repéré chez Clara (et Keisha aussi, non ?)
RépondreSupprimerIl y a bien un billet chez Clara mais je n'ai rien vu chez Keisha.
SupprimerDéjà repéré car les thèmes abordés me passionnent et j'aime quand ils sont traités sans concession, sans prendre des gants ;) Mais là, j'hésite car pour l'instant, le titre n'est pas encore à la biblio mais l'auteur est invité à Etonnants voyageurs à St Malo fin mai ... aurai-je la patience d'attendre jusque là ?
RépondreSupprimerSi tu aimes être un peu secouée par une écriture sans concession, tu vas être servie !
SupprimerRien à dire, la littérature américaine est aussi ma préférée. Ce roman semble être un grand cru !
RépondreSupprimerPour un premier, c'est effectivement du très haut de gamme !
Supprimertout à fait d'accord pour ce roman, qui mérite de devenir un incontournable de la (très) bonne littérature américaine...si je peux me permettre, je conseille, comme libraire, la lecture de "Le retour de Silas Jones" de Tom Frankin, même éditeur, 2012.
RépondreSupprimerJ'ai un mauvais souvenir de Tom Frankin avec son roman Monk que je n'avais pas terminé tellement j'avais été déçu. Je ne suis donc pas certain d'être tenté par "Le retour de Silas Jones".
SupprimerUn sacré, sacré, sacré bon roman, même si le terme sacré ne doit rien au bon dieu ici, ou alors, il s'est égaré sur les chemins de traverse ... Tout à fait d'accord avec vous, la littérature américaine est très puissante, et du côté des australiens, il y a aussi des pépites, et la littérature indienne peut donner aussi des coups de poings dans l'auto-fiction douceureuse (dite une certaine "littérature française"). Je pense notamment au "Tigre blanc" de Adiga ou à "L'équilibre du monde de Mystri". Mais vous connaissez peut-être déjà ...
RépondreSupprimerJe connais peu de chose de littérature indienne en dehors de Bulbul Sharma. Mais je m'empresse de noter les titres que tu cites. Merci.
SupprimerJe suis en train de le lire et suis envoûtée dès les premières pages. je reviendrai te donner mon avis demain si je l'ai fini ;)
RépondreSupprimerChic, chic, j'ai hâte de lire ton avis^^
SupprimerDe ton avis,pour les romans américains.Cependant pour celui-ci je le trouve très surestimé et,punition,ne l'ai chroniqué qu'avec deux autres.Portion congrue.Ton blog m'intéresse.Et félicitations par ailleurs pour ce beau rayon de soleil nommé Charlotte.
RépondreSupprimerPerso, je le trouve haut dessus de la mêlée. Mais tu as tout à fait le droit d'être moins enthousisate.
SupprimerMais j'étais où moi quand tu as publié ce billet ? Bon, je le veux ce bouquin mais toujours pas sorti en poche et sans cesse emprunté à la médiathèque.
RépondreSupprimerTu as lu son recueil de nouvelles "Knockemstiff" ?
Oui je l'ai lu, j'ai adoré et j'en ai même parlé ici : http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2013/03/knockemstiff-donald-ray-pollock.html
SupprimerAh merci pour le lien ! Je l'avais cherché dans la colonne de droite mais pas trouvé.
SupprimerJe rate plein de billets chez toi je sais pas comment je me débrouille. Bon, je me suis inscrite à ta newsletter, normalement ça devrait être bon maintenant.
Oui j'ai arrêté de remplir la colonne de droite. Le petit moteur de recherche marche parfaitement bien quand on cherche un titre je trouve que c'est suffisant.
SupprimerOh mais je me souviens avoir lu ton billet "en son temps", juste après avoir écrit le mien. Je m'étais dit surtout que tu semblais avoir le cœur plus accroché que le mien :-)
RépondreSupprimerBonne journée!
C'est le genre de roman qui me convient particulièrement, c'est vrai.
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