Fitzgerald © Gallimard 2012 |
Dans l’Amérique des années 20, le narrateur, Nick Carraway, a quitté son Middle West natal pour venir s’installer à New York et apprendre le métier de courtier en valeurs. Préférant ne pas vivre en ville, Nick emménage dans le quartier de West Egg, à Long Island. Une banlieue chic où son plus proche voisin, Jay Gatsby, organise de somptueuses fêtes dans sa non moins somptueuse villa. Gatsby est un personnage mystérieux. Certains affirment qu’il a été espion à la solde des allemands durant la première guerre mondiale. D’autres ont entendu dire qu’il mène des activités douteuses. Personne en tout cas ne sait réellement d’où vient sa fortune. Devenu rapidement l’ami et le confident de Gatsby, Nick comprend surtout que si cet homme multiplie les réceptions extravagantes, c’est dans le but d’attirer chez lui la belle Daisy Buchanan, un amour de jeunesse aujourd’hui mariée à un autre et qu’il souhaite ardemment reconquérir.
Gatsby est le chef d’œuvre de Fitzgerald. Un roman à ranger parmi les classiques de la littérature américaine. C’est surtout une satire mordante de l’égoïsme d’une partie de la société obnubilée par la gloire et l’argent. Le récit est traversé par l’amertume, la mélancolie et le constat de la vacuité de l’existence. Sur le personnage de Gatsby plane l’ombre du désenchantement. Il représente une sorte d’homme-enfant bercé par la nostalgie de ses souvenirs amoureux d’avant guerre.
La construction du roman et son découpage en neuf chapitres ne relèvent pas du hasard. Dans les quatre premiers Fitzgerald célèbre la jeunesse, l’espoir, l’éclat de la fête. Dans les chapitres six à neuf, c’est la mélancolie qui l’emporte. Gatsby réalise son rêve mais il perd ses illusions, le drame se noue, il pleut quasiment tout le temps. Le changement d’atmosphère est radical. Entre ces deux parties très différentes se trouve le 5ème chapitre, point central où tout bascule. C’est celui des retrouvailles entre Gatsby et Daisy, celui à partir duquel l'amoureux transi va doucement glisser vers son funeste destin.
Fitzgerald a écrit son roman pendant un séjour en France, à un moment où Zelda, l’amour de sa vie, le trompe avec un autre. Une situation qui le poussera dans une crise sentimentale extrême. Il déclarera d’ailleurs : « J’ai arraché Gatsby le magnifique de mes entrailles dans un moment de détresse. » Que retenir de ce texte magnifique ? Peut-être simplement une vérité trop souvent vérifiée : « Tout s’écroule lorsqu’un rêve poursuivi pendant des années devient une réalité. »
Gatsby le magnifique, de Francis Scott Fitzgerald. Folio, 2012. 200 pages. 6.20 euros.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m’avoir fait découvrir ce texte incontournable.
Ce billet signe ma 1ère participation au challenge d'Asphodèle intitulé Fitzgerald et ses contemporains.
Déjà lu deux fois, je me sens partante pour une troisième lecture grâce à ton billet, mais à quoi tient exactement ce charme qui se dégage de ce roman? Je n'ai jamais réussi à le définir!
RépondreSupprimerJe crois que ça tient à l'époque, à l'ambiance particulière qui traverse le roman, à ces personnages aussi fascinants qu'insupportables, bref, c'est un tout.
SupprimerOn vient également de m'offrir cette version et nouvelle traduction de Philippe Jaworski, j'espère qu'elle est aussi belle que celle de Jacques Tournier (le traducteur officiel de Fitzgerald), pas dénaturée surtout... Depuis le début du challenge, j'ai lu beaucoup sur le couple qu'il formait avec Zelda et récemment "Lots of love", correspondance avec sa fille Scottie. A ma grande surprise j'y ai appris que Daisy n'était pas inspirée par Zelda (contrairement à Nicole dans Tendre est la nuit) mais par son premier amour adolescent, Ginevra King, fille d'un magnat du burger (je crois...) fille riche en tout cas ! Ton billet est très beau, je te remercie encore de participer au challenge, à bientôt ! :)
RépondreSupprimerJe ne connais pas la traduction de Tournier mais j'ai lu quelque part qu'il avait eu beaucoup de mal pour traduire la fameuse formule "Old sport" employée à tour de bras par Gatsby. Tournier a essayé "Vieille branche" avant de choisir "Cher vieux". Dans la 1ère traduction, c'est "Vieux frère" qui avait été choisi. Jaworski a préféré utiliser l'expression "Mon vieux". C'est un détail mais finalement c'est assez significatif des difficultés auxquelles les traducteurs doivent faire face.
SupprimerTrès joli billet, qui confirme effectivement mon avis. Un très beau roman (et plus j'y pense, plus je le trouve marquant...)
RépondreSupprimerOui c'est typiquement le genre de texte qui peut te poursuivre pendant longtemps.
SupprimerUn classique qu'il me faut découvrir, ton billet à l'appui !
RépondreSupprimerSI tu aimes l'Amérique chic des années 20 tu devrais forcément aimer^^
SupprimerJe l'ai lu il y a longtemps et je n'en ai pas gardé un souvenir impérissable. Je n'ai pas été sensible à l'ambiance qui s'en dégage. En revanche, Lire Lolita à Téhéran, dans lequel il est longuement analysé, de concert avec quelques autres classiques, m'a donné envie de le relire d'un oeil neuf. Peut-être un jour...
RépondreSupprimerJe crois que comme tous les classiques, il est important de lire quelques analyses de l'oeuvre pour mieux en saisir les enjeux.
SupprimerUn roman que j'ai lu il y a longtemps mais que je devrais relire aujourd'hui, forte de mes connaissances plus poussée sur l'auteur et l'Amérique en général.
RépondreSupprimerDes fois, une relecture avec un peu plus d'expérience permet de voir les choses différement.
SupprimerC'est mon prochain F. S Fitzgerald à lire... ça fait trop longtemps que je me le dis, il faudra un jour passer à l'acte
RépondreSupprimerL'effort à faire pour passer à l'acte n'est pas énorme. A peine 200 pages, cela peut se lire très vite.
SupprimerJe suis d'accord avec toi pour les traductions et les difficultés qu'elles suscitent mais Jacques Tournier connait si bien l'oeuvre (même la fille du couple, Scottie lui a confié une correspondance de ses parents dont il a fait "Zelda") qu'il reste un "maître" en la matière... Et puis Old Sport est quasiment intraduisible (vieux copain de sport ou de régiment, :lol:) mais on imagine très bien. C'est sur des phrases plus longues et lourdes de sens qu'il faut comparer ! :)
RépondreSupprimerTu as raison, mon exemple relève de l'anecdotique. N'ayant pas d'exmplaire traduit par Tournier sous la main, je ne peux malheureusement pas faire d'autres comparaisons.
SupprimerCe livre est un des rares livres que j'ai relu (il y en a tellement d'autres à découvrir pourquoi les relire ;-) ). Ce livre est magique. Tout tient à l'époque, aux descriptions, à l'ambiance et aux attentes du héros. Juste magnifique !
RépondreSupprimerC'est sans doute pour toutes ces raisons que l'on peut le considérer comme un classique !
SupprimerGatsby est une figure inoubliable de cette Amérique,un personnage cinématographique d'envergure,avant même les adaptations,plutôt pas mal avec Alan Ladd et Robert Redford.Nous allons bientôt voir celle avec Dicaprio.
RépondreSupprimerN'étant pas du tout cinéphile, je ne connais pas les films que tu cites mais il est vrai que l'on peut facilement imaginer Gatsby passer du livre à l'écran.
SupprimerJ'ai très très envie de le lire...Merci de ce beau billet.
RépondreSupprimerJ'espère que tu apprécieras.
Supprimerj 'avais beaucoup aimé ce roman, depuis j'ai lu la vie de cet auteur qui est un autre roman....
RépondreSupprimerje vais le relire grâce à toi
et j'aime bien les remarques sur les difficultés de traduction
Luocine
Typiquement le genre de livre que je pourrais relire un jour moi aussi. Et puis ce n'est pas un pavé, ça ne prendra pas trop de temps.
SupprimerGatsby fait partie de ces livres qui ont une grande place dans mon coeur de lectrice (je l'ai étudié pendant de longs mois au lycée dans son texte original ;) et ton article retranscrit superbement ce que j'en ai ressenti :D
RépondreSupprimerMerci, je suis ravi de constater que mon billet puisse te parler à ce point ;)
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