mercredi 14 mars 2012

Kililana song 1 de Benjamin Flao

Flao © Futuropolis 2012
Archipel de Lamu, au large du Kenya. Une région paradisiaque pour l’instant encore épargnée par le tourisme de masse où les pêcheurs utilisent des bateaux traditionnels à voile et où chacun vit dans une grande simplicité. Le petit Naïm, 11 ans, préfère passer ses journées au grand air plutôt qu’à l’école coranique, au grand dam de son frère. Ce dernier le pourchasse dans les rues tortueuses du port pour le ramener par la peau des fesses sur les bancs de la classe. Suivant les traces de Naïm, le lecteur rencontre une galerie de personnages hauts en couleur : un capitaine hollandais traficoteur qui passe son temps à jurer comme un charretier, une jeune femme usant de ses charmes pour plumer des expat’ français snobinards et affairistes, un vieux sage philosophe où encore un sorcier animiste sur le point d’être exproprier. Une intrigue un brin décousue qui sert surtout de prétexte à la découverte d’une région naturelle n’étant pour l’instant par encore passée sous le rouleau compresseur de la modernité.

Au départ, l’auteur comptait réaliser un carnet de voyage classique. Mais à force de rencontres, d’anecdotes glanées ici ou là et surtout d’une envie irrépressible de faire une BD plutôt qu’une compilation d’aquarelles, Benjamin Flao s’est lancé dans ce diptyque au premier tome plus que prometteur. Naïm, son gamin débrouillard et cynique a tout de Tom Sawyer. L’histoire se déroule d’ailleurs à hauteur d’enfant, c’est ce qui fait tout son charme.

L’autre point fort de l’album tient évidemment à la qualité du dessin. Un trait proche du crayonné, des décors somptueux et des couleurs chaudes. C’est splendide ! Surtout, l’alternance entre les séquences dynamiques et celles plus contemplatives donne beaucoup de variété au récit. De la même manière, l’auteur fait se succéder des cases ultra fouillées et d’autre beaucoup plus épurées. A l’arrivée, ce parti pris graphique rend la narration très lisible et lui enlève toute lourdeur.

Des reproches ? Difficile de savoir où l’histoire va nous mener (même si pour moi, l’intérêt de l’album est ailleurs). Certains ne manqueront pas non plus de souligner que Benjamin Flao présente une Afrique de carte postale et ignore quelques réalités kenyanes comme l’intégrisme religieux, la grande pauvreté, le sida ou les guerres ethniques. Certes, mais on n’est pas ici dans le reportage à la Joe Sacco, plutôt dans le dépaysement version Hugo Pratt. La filiation avec le père de Corto Maltese est d’ailleurs évidente et assumée par l’auteur. Pour moi, le but est atteint, j’ai passé un moment de lecture délicieux qui m’a emmené loin, très loin de ma tristounette Picardie. Rien que pour cela, chapeau bas Mr Flao et merci pour la balade.

L'avis de Mo'.

Kililana song T1 de Benjamin Flao, éditions futuropolis, 2012. 128 pages. 20 euros.


Flao © Futuropolis 2012

Flao © Futuropolis 2012

Flao © Futuropolis 2012


28 commentaires:

  1. La couverture est très réussie. Les planches que tu montres sont belles aussi mais l'histoire ne m'attire pas vraiment, du moins en ce moment et je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, ne le sachant pas moi-même.

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    1. Je comprends que l'histoire puisse laisser de marbre. C'est une question de feeling.

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  2. Nous aurions du faire une LC... je suis en pleine lecture de l'album. Je ne te lis donc pas aujourd'hui ;)

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    1. Moi par contre je serais très heureux de te lire^^
      D'ailleurs je pense que tu n'auras pas le même ressenti que moi. Il me semble que tu vas avoir plus de réserves. Mais peut-être que je me trompe...

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    2. "Merci pour la balade Monsieur Flao", je chantonne le même refrain que toi. Conquise par cet album... frustrée de devoir attendre la suite en revanche
      J'ai attrapé le lien de ta chronique pour l'insérer dans la mienne que je partagerais demain

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    3. Content de voir que tu as apprécié ce magnifique album ! Je rajoute ton lien à la fin de mon billet.

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  3. Je ne suis pas friande de ce genre de dessins. Pourtant, tu es particulièrement convaincant.

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    1. Je comprends que l'on puisse être réticent, c'est quand même assez particulier.

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  4. Les planches que tu nous présentent sont somptueuses ! Je suis sous le charme... Et comme tu le dis si bien, l'intérêt de cet album n'est pas de nous présenter le Kenya dans son entièreté mais peut-être de faire s'évader le lecteur par des tranches de vie et des rencontres. J'en ai bien besoin pour m'évader de ma grise Seine et Marne ! :)

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  5. Ca me fait penser aux carnets de Titouan Lamazou. J'aime les dessins aquarellés mais je ne sais pas si j'aimerais la lire. A bientôt

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    1. C'est vrai que l'on est très proche du carnet de voyage mais il y a ici une histoire en plus.

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  6. Une vision de l'Afrique qui pourrait me plaire, je note ! ;-)

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  7. Peut être...de toute façon ton billet invite au voyage.

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    1. Disons plutôt que c'est l'album qui invite au voyage.

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  8. Les récits de voyage en mode "carte postale" ça fait du bien aussi. On a besoin de rêver ... :)Et les dessins me plaisent beaucoup, c'est doux, ça nous emporte ailleurs, loin de ta Picardie et loin de mon Nord ^^

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  9. Très belles planches. Je note et je vais certainement le feuilleter, mais je ne suis pas encore certain de le lire...

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    1. C'est quand même mieux de se faire sa propre idée en le feuilletant à la librairie.

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  10. je ne suis pas très emballée par l'histoire, je crois que je vais passer mon tour !

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  11. T'es vraiment hot Jérôme pour dénicher de Bonnes BD. Tu es ma boite à suggestions préférées!

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    1. Toujours un plaisir de partager ses bonnes découvertes !

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  12. Misère, tous les arguments pour me tenter et des aquarelles magnifiques...

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  13. les dessins sont vraiment très beaux! il me faut relancer mon défi perso sur la littérature africaine, cet album sera une bonne occasion!

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