vendredi 13 juin 2014

La coupe du monde des livres

Puisque je suis de tempérament plutôt joueur, je relève le défi proposé par Cajou, à savoir créer une équipe parfaite de 11 livres pour ce mois de Coupe du Monde.

Le principe est simplissime, on doit réunir pour notre équipe :

Un gardien de but : THE roman que vous voulez à tout prix lire, celui qui n'a pas le droit de passer à travers les mailles du filet des profondeurs de votre PAL.
Des attaquants : les 4 romans de votre PAL que vous voulez ABSOLUMENT lire.
Des milieux de terrain : les 3 romans de votre PAL que vous avez envie de lire juste après.
Des défenseurs : les 3 romans que vous n’avez pas encore dans votre PAL mais que vous voudriez vous offrir -sans attendre le Mercato- pour parfaire votre équipe.

Voila donc à quoi ressemble mon équipe idéale :




Mon gardien ne pouvait être que ce cher vieux dégueulasse. Je me suis gardé ce recueil sous le coude depuis janvier parce que passer les premiers jours d’été avec Buko, c’est un peu le rêve pour moi.

Parmi mes attaquants, Bulbul Sharma parce que je l’adore, Olivier Bleys, découvert il y a peu et dont je ne pouvais manquer le nouveau roman, Velibor Colic parce ce n’est pas un auteur à laisser traîner sur sa pal et David Thomas parce qu’après la claque de « On ne va pas se raconter d’histoire », impossible d’en rester là avec lui (et en plus c’est un cadeau de Noukette, on va le lire ensemble donc j’ai encore plus hâte de m’y lancer).

Mes trois milieux de terrain seront sont sans doute les livres que j’emmènerai à la plage cet été : le fameux Rebecca de Du Maurier que tout le monde m’a conseillé à corps et à cris après ma lecture de Ma cousine Rachel. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, un pavé que j’aurais le temps de lire les pieds dans l’eau et La maison où je suis mort autrefois, parce qu’il m’a été prêté par Manu et que je le séquestre depuis bien trop longtemps.

En défense, trois ouvrages qui seront bientôt miens, pas possible autrement. La boîte aux lettres du cimetière, repéré pas plus tard qu’avant-hier chez Hélène, J’appelle mes Frères parce qu’In cold blog en a trop bien parlé et Pietra Viva parce qu’à force de lire des billets très élogieux sur ce roman, je me dis qu’il est fait pour moi.

Voila, sans doute pas avec cette équipe que je gagnerai un jour la coupe du monde des livres mais c’est bien le dernier de mes soucis.



jeudi 12 juin 2014

Les nuits de San Francisco - Caryl Férey

D’un coté, il y a Sam. Un sioux. Un sioux des temps modernes, parqué dans une réserve. Son quotidien est le même que celui de ses semblables : pauvreté, désœuvrement, alcool, chômage… Une ado engrossée après une énième beuverie. La fuite. Quitter la réserve, partir sans véritable but. Las Vegas, les chantiers. La crise économique qui vous met à la rue. « La rue qui salit sans cesse, qui pue, qui vous agresse à coups de tessons de bouteille quand vous dormez d’un sommeil de plomb, la rue qui vous engloutit en quelques jours et vous recrache en morceaux. » Atterrir en lambeaux à San Francisco et se demander quel sera le bon jour pour mourir.

De l’autre coté, il y a Jane. Une enfance à Fresno, « ville la plus bête d’Amérique, autant dire du monde. » Un viol subit un soir de fête de fin d’année et un départ précipité pour San Francisco. Des cours de théâtre, du mannequinat pour faire bouillir la marmite, un coloc gay qui va l’entraîner dans la drogue. Le coup de foudre pour Jefferson, musicien d’un groupe de rock. La naissance de leur fils treize mois plus tard. Et puis l’accident. Terrible. Dévastateur. Une existence qui s’écroule et Jane se retrouve à errer dans le Golden Gate Park. C’est là que son chemin croise celui de Sam…

Un texte en miroir. Deux trajectoires tortueuses, deux vies cassées qui se font face. Deux destins reliés par la nuit et ses excès. L’Amérique d’hier, celle des indiens massacrés à Wounded Knee, humiliés en permanence depuis, et celle d’aujourd’hui, aussi abrutie que violente. Pas grand chose d'original dans cette histoire, c’est un fait. Mais la prose électrique de Caryl Ferey lui donne une autre dimension. Ce gars écrit avec une fluidité incroyable. Tout coule de source, les phrases s’enchaînent dans un mouvement limpide, sans accro. Une écriture tour à tour poétique, cruelle, directe. Court et dense, ce récit sans fioriture garde une forme d’émotion à fleur de peau. Et puis j’adore la fin. Je n’y peux rien si les tragédies m’ont toujours fasciné…


Les nuits de San Francisco de Caryl Férey. Arthaud, 2014. 120 pages. 10,00 euros.




mercredi 11 juin 2014

Le sourire de Rose - Sacha Goerg

Montréal, l’hiver. Wilson est au chômage et se bagarre avec son ex-compagne pour faire respecter son droit de visite et voir son fils Théo. Lorsque sa route croise celle de Rose, kleptomane poursuivie par un duo de receleurs auxquels elle a dérobé une inestimable relique, Wilson se retrouve embarqué dans une affaire qui le dépasse.

Une déception cet album. Graphiquement il est très beau. J’adore les aquarelles sans cadres aux couleurs douces et la représentation du frimât montréalais. Mais ça ne suffit pas. Bien sûr, l’histoire de Wilson et de Rose est celle d’une belle rencontre. Au départ douloureuse, leur relation évolue vite vers une jolie forme d’entraide. Rose la jolie fille un peu étrange va donner à ce père en perdition un coup de fouet bienvenu. Un retour à la vie salvateur, des dialogues bien menés et un scénario mélangeant action et bons sentiments qui se déroule d’une traite, c'est plutôt positif.

Le problème vient du fait que tout semble survolé, que tout va trop vite. J’ai ressenti un vrai manque d’épaisseur dans la psychologie des personnages, dans leurs rapports. Finalement le lecteur est comme eux, il patine sur un lac gelé sans craindre grande chose, il reste à la surface des choses alors que les profondeurs du dit-lac, sombres et froides, auraient amené bien plus de piquant à l'affaire.

Un album à l'esthétique imparable mais dont le contenu manque singulièrement d'originalité, d'intensité et d'aspérités. Vraiment dommage.


Le sourire de Rose de Sacha Goerg. Casterman/Arte, 2014. 102 pages. 17,00 euros.

L'avis d'Oliv






mardi 10 juin 2014

Le marchand de souvenirs - Ghislaine Biondi

C'est un drôle de magasin qui vient d'ouvrir près de chez Antoine. Lorsque ce dernier en franchit le seuil pour la première fois, il ne se doute pas qu'il vient d'entrer dans un magasin de souvenirs très particulier. En effet dans cette échoppe on trouve uniquement des objets magiques permettant de vivre des souvenirs de choses que l'on n'a pas vécues. Antoine a du mal à y croire alors le marchand va lui faire un cadeau. Le jeune garçon n'ayant jamais eu l'occasion de partir en vacances à la mer, il se voit offrir un galet. En le mettant au creux de sa main et en fermant les yeux, il va voir apparaître des images, des bouts d'histoires, et il va se construire de vrais et beaux souvenirs de moments passés sur la plage. Grâce à cette première expérience aussi étonnante que réussie, Antoine va comprendre qu'un vaste champ de possibles s'ouvre à lui...

Un très joli petit roman chargé d'ondes positives, loin de la littérature jeunesse anxiogène qui pullule en ce moment. C'est plein d'optimisme sans jamais être cucul, bien au contraire. Rêver sa vie, quel beau programme finalement ! Le propos est plus profond qu'il n'en a l'air et m'a rappelé à bien des égards Le miroir brisé de Jonathan Coe, notamment à travers cette capacité à se projeter vers une existence telle qu'elle pourrait ou devrait être.

Une lecture qui fait du bien en somme. Un roman « feel good » pour les 8-11 ans, c'est plutôt rare alors il serait dommage de s'en priver.

Le marchand de souvenirs de Ghislaine Biondi. Oskar, 2013, 55 pages. 6,95 euros. A partir de 8-9 ans.


Une lecture jeunesse que je partage comme chaque mardi avec Noukette

Les avis de Bouma et Faelys


dimanche 8 juin 2014

Un verger au Pakistan - Peter Hobbs

« J'ai passé quinze ans en prison. J'ai vingt-neuf ans. Mon corps est celui d'un homme bien plus âgé. Une relique que je connais trop intimement : ces cicatrices, cette silhouette brisée. Toutes ces années ! Elles m'ont tout pris. Ma santé et ma famille. Elles m'ont pris la personne que j'aurais pu être et m'ont rendu à la place la moitié d'un homme, une ombre. »

Nord du Pakistan. Après un long séjour derrière les barreaux, un jeune homme est recueilli avec bienveillance par un sage épris de livres et de poésie. Aidé de la fille de son hôte, il va consigner son histoire dans un cahier pour celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer, celle dont il s'est épris et qui aura été malgré elle la cause de son malheur.

« Saba. Nous n'étions alors que des enfants, nous ne savions rien des frontières qui traversent le monde des adultes. Nous ne savions pas que le monde était constitué de murs et de barreaux, que les peuples étaient séparés les uns des autres. Les montagnes étaient poreuses, comment aurait-on pu y tracer des frontières ? Et si même les nations ne pouvaient être séparées, alors pourquoi deux personnes quelconques auraient-elles dû l'être ? Non, nous étions des enfants et ne savions rien de tout ça ; peut-être ne serons nous plus jamais aussi sages. »

Une lettre à l'absente, belle et déchirante. L'écriture fait œuvre de résilience, elle lui permet d'avancer malgré les épouvantables stigmates d'un douloureux passé. L'horreur de la prison côtoie le calme apaisant du verger de son enfance dans lequel il revient dorénavant chaque jour. Les épisodes sordides de sa vie en captivité sont précédés ou suivis de réflexions sur la beauté de la nature, du vol des hirondelles au goût suave de la grenade dont le jus fait frémir les lèvres. Sur le cahier, les mots apportent la lumière et aident à rester debout. C'est parfois poétique, à d'autres moment d'un réalisme qui fait frémir mais toujours d'une grande beauté. Un superbe texte, vraiment.

Une découverte que je dois à Marilyne. Elle a eu la gentillesse de me prêter ce livre, pensant qu'il pourrait me plaire. Comme d'habitude, elle ne s'est pas trompée.

Un verger au Pakistan de Peter Hobbs. Bourgois, 2013. 138 pages. 14,00 euros.

Les avis de Alex Mot-à-motsClara, Krol, Marilyne




vendredi 6 juin 2014

Hilda et le chien noir - Luke Pearson

Hilda rentre chez les scouts. Comme sa mère avant elle. Hilda va aussi croiser un énorme chien noir qui terrorise la région. Et puis Hilda va rencontrer un Nisse. Comment ça vous ne connaissez pas les Nisses ? Ce sont des esprits domestiques qui vivent dans les maisons. Ils occupent les places perdues, comme par exemple l’espace derrière les bibliothèques où les fentes entre les lattes du parquet. Tous ces espaces forment une pièce supplémentaire invisible aux yeux des humains et c’est là qu’habitent les Nisses. Bref, reprenons. Hilda, des scouts, un gros chien noir et des Nisses. Quel rapport entre tous ces éléments ? Je vous laisse le découvrir par vous-même.

Je suis fan de Luke Pearson. J’avais beaucoup aimé sa réflexion sur le couple dans Loin des yeux et j’adore sa petite Hilda, gamine rêveuse et pétillante, altruiste et pleine de bon sens. Et puis il y a chez Pearson cette faculté à introduire avec une facilité déconcertante des éléments surnaturels qui semble faire partie du quotidien. Sans explication particulière, le tout étant suffisamment bien amené pour que ce ne soit à aucun moment déstabilisant. C’est vraiment très fort. Chaque album est également porteur d’un message humaniste jamais plombant. C’est à la fois simple et profond, poétique et onirique et il se dégage du dessin et des couleurs beaucoup de douceur.

Papier mat, vernis sélectif sur la couverture, dos toilé… ce troisième tome est publié par Casterman mais le changement  d’éditeur ne nuit pas à la qualité de l’objet-livre, toujours aussi magnifique. Une série jeunesse incontournable ? Ce n’est pas moi qui dirais le contraire.

Hilda et le chien noir de Luke Pearson. Casterman, 2014. 60 pages. 15,50 euros. A partir de 8 ans.

jeudi 5 juin 2014

Un été en apnée - Max de Radiguès

Puisque les rendez-vous de la Bande dessinée d’Amiens approchent à grand pas et que je ne manquerais ça pour rien au monde, je vais vous parler BD jusqu’à la fin de la semaine. Après Rabaté hier, Radiguès aujourd’hui…

Louise plaque Simon juste avant les vacances. Sa cousine Manon, qui l’a plus qu’incitée à le faire, est ravie. A eux les beaux mecs de la plage ! Et évidemment, les choses ne traînent pas. Premier jour de farniente et première rencontre : Quentin et Luca. A peine le temps d’échanger quelques mots et les quatre ados se donnent rendez-vous le soir au cinéma en plein air. Manon a craqué pour Luca et Louise se retrouve « par défaut » avec Quentin. Le début d’une belle idylle ? Pas si simple…

J’aime beaucoup l’univers de Max de Radiguès. Dans Frangins et Orignal il mettait en scène avec une rare justesse des enfants en plein doute, des enfants malmenés et parfois poussés à de terribles extrémités (dans Orignal surtout !). Ici la trame est plus légère. Des jeunes filles en fleur, des vacances en bord de mer, un jeu de séduction qui se met en place et les interactions entre chacun déroulent la pelote de l’histoire. C’est simple et j’ai envie de dire efficace. Dessin un brin naïf typique de cet auteur, découpage ultra classique, couleurs pastel, rien d’exceptionnel graphiquement parlant mais l’ensemble est d’une grande lisibilité.

Au-delà de ça, les dialogues sonnent juste, les états d’âme et les comportements des uns et des autres sont parfaitement rendus. On pimente l’affaire en intégrant un troisième garçon un peu différent et le tour est joué. C’est sympa mais un peu lisse. Ou alors j’ai passé l’âge de lire un album sur une thématique purement adolescente. On va dire que ce n’est pas une BD pour les vieux croûtons dans mon genre. Et je pense sincèrement que cette histoire doit parler au public auquel elle s’adresse. Ma pépette n °1 est encore un peu jeune, dommage, j’aurais aimé tester sur elle ce scénario cousu main pour les 13-14 ans. Pas grave, je vais garder l’album au chaud dans la bibliothèque familiale. Son heure viendra…

Un été en apnée de Max de Radiguès. Sarbacane, 2014. 60 pages. 12,90 euros. A partir de 13 ans.











mercredi 4 juin 2014

La Marie en plastique (toute entière) - Prudhomme et Rabaté

Une famille lambda, où les grands-parents vivent chez leur fille mariée et maman de deux enfants. Le grand-père est un communiste de la première heure et la grand-mère une fervente croyante. Pour elle, son mari est un mécréant, un sale rouge. Pour lui, sa femme est une grenouille de bénitier. Ils ne s'épargnent aucune insulte, aucun coup vache, au grand dam de leur fille et de leur gendre. De retour de Lourdes, la mamy installe une vierge en plastique sur la télé. En réponse, le papy va accrocher juste derrière le portrait de Lénine. La coupe semble pleine, prête à déborder, et les menaces fusent : « Si vous saviez comme vous me fatiguez […] vous n'êtes que des vieux gâteux qui nous polluez la vie […] Si ça continue je vous fous en maison de vieux ». Et le jour où la vierge pleure sans raison des larmes de sang, tout le monde va basculer dans un tourbillon d'événements dont il sera difficile de se remettre.

J'ai reçu cet album regroupant en un seul les deux volumes du diptyque grâce à Lunch qui me l'a offert dans le cadre du loto BD et je me suis régalé. C'est Rabaté comme je l'aime, celui des petits ruisseaux ou des pieds dedans, parfaitement à l'aise pour croquer la France d'en bas, pour mettre en scène le quotidien d'anonymes dans des coins perdus de province. Ici c'est caricatural mais en même temps très réaliste. Caricatural parce que les portraits du représentant de la lutte des classes abonné à l'huma et de sa femme bigote sont tirés à l'extrême, comme celui du frangin bien beauf amateur de Ricard. Et très réaliste parce que chaque séquence sonne vrai, des engueulades aux dîners de famille, des discussions de couple aux jeux d'enfants. C'est touchant aussi sur la fin et puis drôle souvent, très souvent même. Les dialogues sont ciselés, la répartie de chacun donnant du sel à l'ensemble.

J'ai par contre eu beaucoup de mal avec le dessin particulièrement naïf et les couleurs pas folichonnes du tout. Mais on s'y fait assez vite et une fois à l'aise pour reconnaître chaque protagoniste, on se laisse davantage porté par l'histoire que par le graphisme.

 Au final, cette chronique familiale douce-amère est un régal de justesse et de drôlerie. Un bonbon sucré à déguster sans modération.

Merci Lunch, c'était un choix parfait pour moi !

La Marie en plastique (toute entière) de Prudhomme et Rabaté. Futuropolis, 2008. 118 pages. 20 euros.

L'avis d'Enna







mardi 3 juin 2014

Le premier mardi c'est permis (27) : Jours tranquilles à Herchies (1)

L’an dernier, pour les deux ans du Premier mardi c’est permis, je m’étais jeté dans le vide et j’avais mis en ligne un texte coquin écrit par mes soins. Je renouvèle l’opération cette année pour fêter le troisième anniversaire du célèbre rendez-vous de Stephie. Un texte coquin mais pas trop, un personnage féminin à des années lumières de la clit lit et de ses oies blanches initiées au plaisir par des magnats de la finance beaux comme des Dieux grecs. Une histoire simple, sans prise de tête et sans prétention. Le texte est tellement long que je vais le découper en deux « épisodes ». Si tout va bien, je vous proposerai la suite début juillet.
Une fois de plus je me lance sans filet et je compte sur votre indulgence (n’oubliez pas que je ne suis pas écrivain et que je ne le serai jamais). En tout cas une fois de plus je me suis beaucoup amusé à imaginer ce petit scénario…


Jours tranquilles à Herchies

Mes parents avaient accoutumé de villégiaturer l’automne en Italie. Ils m’abandonnaient la maison d’Herchies, à un jet de pierre de Beauvais. Et la petite voiture qui était, ces années-là, une Renault noire deux places. J’étais seul dans la grande bâtisse de brique en attendant la reprise des cours. Après avoir tâté du droit, par filiation (mon père était notaire), je m’étais inscrit en cinéma à Paris VIII. Je n’avais nulle intention d’exercer quelque profession que ce soit en la matière mais ma mère avait été sensible à ma volonté de titiller la fibre artistique. J’entrepris donc de fréquenter avec assiduité les salles obscures, amortissant mes frasques nocturnes en boîte de nuit en visionnant systématiquement deux à trois longs métrages dans mon après-midi. C’est que grande était mon inculture pour le cinéma « avouable », entendez art et essai, car mes penchants naturels étaient autres, comme vous l’allez voir...

Ce jour-là, à la séance de 14h, j’avais vainement tenté de percer l’âme chinoise en regardant Leslie Cheung et Zhang Fengyi se déchirer dans « Adieu ma concubine ». J’avais moi-même mis fin, deux mois plus tôt, à une liaison qui s’enlisait dans le prude et attendais de Chen Kaige qu’il me donnât quelques idées de substitution. Hélas le spectacle de la révolution culturelle me laissa désemparé. Deux heures trente quand même ! Du coup, à 18h, j’optai pour un changement radical de style. « La Vénus bleue » de Michel Ricaud me remit les idées en place. D’autant que Deborah Wells y produit un pastiche avantageux de Marlène Dietrich dans « L’ange » de même couleur. Avantageux pour la gourmandise des chairs, aux côtés d’Elodie Chérie et de Julia Chanel (qui en exhibe souvent deux, des « n » dans son nom…). Une production Marc Dorcel, c’est dire. Il n’aura pas échappé aux cinéphiles que nous sommes là en 1993, une grande année pour le X puisque je découvris Tabatha Cash (tout juste vingt ans) dans : (dans l’ordre) « Tales from the Zipper », « Rêves de cuir 2 », « Raunch 6 », « Anal academy », « Night train », « More dirty débutantes », « Ladykiller », « The golden girl », « Gangbang girl 9 »… « Adolescenza perversa » serait pour l’automne. « Quand elle exhibe les deux, Julia Channel ressemble à s’y méprendre à Tabatha Cash » a pu écrire un critique avisé dans le Quotidien du Médecin.
Avant la dernière séance, je me tapai un petit chinois. La serveuse était tout ce qu’il y a de plus asiatique. Quand j’en fus au dessert, je l’impressionnai fortement en reprenant cinq fois du gingembre. Je n’aurais pas dû : avec le sourire elle me glissa que généralement deux suffisent à faire de l’effet. A quoi je répondis qu’une seule m’aurait suffi si ç’avait été elle. Un partout. Et un sourire qui valait promesse. Ce sur quoi je m’engouffrai dans le hall, salle 3, où se projetait la palme d’or de Cannes. Jeanne Moreau, à mon goût dans « Jules et Jim » (bien que peu dévêtue), présidait le jury qui avait donc distingué une Néo-Zélandaise. Je n’étais pas un fada des tatouages et les prisais peu sur les bras ou dans le dos quand l’essentiel de l’action s’activait à l’étage inférieur.

Quelques jours plus tôt, clin d’œil du destin, j’en avais pourtant remarqué un à la table voisine du bistrot où j’avais mes habitudes. Une jeune femme téléphonait. Elle se tourna de trois quarts, posa l’index sur l’oreille pour mieux entendre. Sa main s’arrondit sur la joue. La manche de sa chemise glissa dévoilant une mince chaîne d’or et, sur la naissance du bras, s’épanouissait une rose à l’encre bleue. Les taches de rousseur donnaient à son visage un rien d’enfantin et de fragile. Son parfum fleurait le jasmin. Je ne sais pourquoi elle s’excusa en refermant son portable. Je lui souris, « Yâsaman ? » Que comprit-elle ? Elle secoua la tête, « Non, Frida ! » Je ne sus s’il s’agissait de son prénom ou du nom de son parfum. « Yâsaman, c’est le nom du jasmin en persan. » Mais il n’y avait pour l’heure rien de plus perçant que le sombre de ses yeux. « Frida, les Persans nomment ainsi les choses précieuses » répondit-elle malicieusement.
Le film était commencé depuis un bon moment quand elle se glissa dans le noir, premier fauteuil venu. Un mouvement près de moi, un soupir de banquette, un parfum qui s’installe et s’estompe. Je n’avais pas quitté l’écran des yeux. « La leçon de piano ». Hervey Keitel et Holly Hunter, ce moment où « Il y a des choses que j’aimerais faire quand vous jouez », un abandon. Elle se pencha vers moi, « C’est la première fois que vous le voyez ? » Je me tournai vivement, reconnus la silhouette, les yeux, souris, Non, la deuxième. « Vous voulez que je vous raconte la fin ? », je lui dis tout bas à l’oreille. Elle se baissa pour poser son sac à ses pieds, « Racontez-moi plutôt le début, le premier regard c’est ce qu’il y a de plus beau ». Je restai interdit. Elle s’était déjà tournée vers l’écran, calée dans son fauteuil. Elle dénoua le foulard qu’elle portait au cou, posa le bras sur l’accoudoir. Son aisance m’intimidait. J’observai le front, la frange de cheveux sombres, l’aplat de la joue. Je me penchai vers elle, « Je peux vous embrasser ? » Elle ne répondit pas, plaça juste l’index sur ses lèvres, Chut ! J’ajoutai, « Quatre touches, le baiser ! » Elle se tourna lentement vers moi, « Non, cinq ! », un sourire léger l’illuminait.
Ainsi était Frida. Qui devint vite hercinienne, puisque tel est le gentilé de Herchies.

Le premier soir fut celui-là, celui de Jane Campion. Nous bûmes un ou deux whiskies dans un pub. Elle était d’une conversation fort agréable et, circonstance aggravante, se passionnait pour le cinéma dont elle voulait faire son métier. Elle écrivait des scénarios, elle en avait d’ailleurs un dans son sac, elle me le tendit. « Vous savez ce que je vais vous dire ? » demandai-je. Avec une belle assurance, elle répondit : « Oui : Pas ici. » On éclata de rire et l’on monta céans dans la Renault noire. La route n’est pas bien longue, de Beauvais à Herchies et passe par le bois. « J’ai écrit un scénario à tourner de nuit dans un bois », dit-elle. Sa voix était vive, rieuse, une voix adolescente prompte à s’enflammer. Je ralentis et pris sur la droite un petit sentier qui s’évasait en parking. Je me tournai vers elle, je distinguais très nettement les traits de son visage à la clarté de la lune. Ils étaient fins, d’une douceur d’ange. Mon index toucha la joue, elle ne bougea pas, descendit jusqu’aux lèvres, elle me laissa faire. « Je peux vous embrasser ? » Elle approcha sa bouche, la posa sur la mienne sans presser, sa main droite caressa mon cou. Nous nous dévisageâmes longtemps. Ce fut tout.

La maison l’étonna. Nous ne nous étions rien dit de nos vies, nous avions toute la nuit pour cela. Elle jetait les yeux partout. Mon père avait le goût de l’architecture et le sens des proportions, ma mère celui de la décoration et de la profusion. Il en résultait une impression de quelque chose d’insatiable : où que les yeux portassent, ils avaient à s’émerveiller. Et si j’y étouffais, j’en goûtais le confort privilégié.
Dès la première minute, Frida fut chez elle. Après le premier Ardbeg Uigeadail, elle était chez moi. Elle m’avait peu dit de sa vie mais je la sentais palpiter. Elle s’esclaffait, parlait vite, sa voix chantait dans les aigus, l’amande de ses yeux brûlait d’envie. Des rayonnages de CD je tirai quelques standards. L’heure passa sans qu’on y prenne garde. « Je peux dormir chez toi ? » demanda-t-elle ex abrupto, car, depuis notre halte forestière, nous étions passés du voussoiement au tutoiement. Elle fit effort pour se lever mais elle titubait (le malt écossais titrait ses 54°2 !) en riant aux éclats. Elle s’enroula dans mes bras quand je la soulevai. Pour éviter les escaliers, je choisis la chambre du bas, qui fut celle de l’aïeule. Je la déposai sur le gros édredon à fleurs. Elle s’était endormie. Je la contemplai longuement, je la détaillai, depuis les cheveux châtain foncé qu’elle portait courts, à la garçonne, jusqu’aux jambes du collant, bleu nuit, à damiers aux motifs ajourés. Je délaçai les bottines de cuir clair, elle ne broncha pas. Je n’osai pas tout de suite faire glisser le collant, non que l’envie m’en manquât mais je ne voulais pas qu’elle se méprenne : je la voulais, bien sûr, mais consentante, vivante et plus que vive. Je déboutonnai son chemisier gris souris, soulevai doucement son bras gauche pour dégager la manche. Quand je fis de même avec le droit, elle soupira doucement. Elle portait un soutien-gorge noir à petits pois blancs. Ses seins étaient petits, comme de prime adolescente. Il faisait encore chaud, le soleil de juillet était généreux et attiédissait les nuits. Sa robe prune avait remonté à mi-cuisse. La boutonnière la délivra. Je creusai à peine l’édredon pour la descendre sur les pieds. Je m’arrêtai dans ma besogne pour contempler son corps. Toute la soirée je l’avais imaginée, là je la voyais. Il me restait une chose à faire pour l’avoir toute sous mon regard. Avec mille précautions j’écartai le tissu souple du collant pour dégager les jambes. La culotte était assortie au soutien-gorge, noire à pois blancs. Je sentis, au contact qu’en eut le dos de ma main, qu’elle était en satin. Elle eut un mouvement du buste pour se tourner légèrement et sa jambe gauche recouvrit la droite. De trois quarts je vis l’ambre de son dos, l’arrondi ferme des fesses, la plénitude des cuisses, le dessin des mollets, la finesse des attaches, la longueur des orteils qui étaient d’une princesse sud-américaine. Je ne sais d’où me vint cette comparaison, sans doute le prénom, Frida, ne lui était-il pas étranger. Son corps m’apparut dans toute sa splendeur et mes yeux n’en finissaient pas de glisser de haut en bas et de bas en haut. Je mourais d’envie de la caresser. Je pris sur moi, soulevai le coin de l’édredon et le refermai sur le trésor, Ali-Baba refermant son Sésame sans toucher à l’or. Je déposai juste un baiser léger dans le creux poplité du genou gauche. Elle soupira et, sans ouvrir les yeux, je crus l’entendre murmurer « Viens ! » Je demeurai interdit. Je vis alors sa main gauche s’égarer lentement sur le lit et venir se glisser dans ma chemise ouverte cependant qu’elle répétait « Viens ! » Puis elle tourna le visage, ouvrit les yeux et dit encore « Oh ! Viens ! »
Le lendemain matin, c’est son rire qui me tira du sommeil. Elle m’apportait le café. Sur le plateau était posée une enveloppe portant mon prénom. Je demandai « Une lettre de toi ? » Elle répondit « Une lettre de moi ». Je l’ouvris et lus ceci :

Intérieur nuit. Chambre, lit défait, oreillers et draps bleu nuit. Deux lampes de chevet. Musique : « Summertime » par Miles Davis.
Un été. Plein jour. Volets tirés. Fenêtre dans l’espagnolette. (Murmuré) Allonge-toi ! Moi en feu. Brûlante. Le cœur en fusion. Un désir à en avoir mal. Jusque dans les doigts. Ses yeux. Sa voix. Le mouvement à peine de ses lèvres. Son arc de Cupidon sur le V de mon ventre. Un brandon. Le hoquet du pubis sous les caresses. Son souffle chaud qui enfle. Mes poils au vent. Ondulent. Se couchent. S’éparpillent. Se dispersent. Appeler l’air dans les narines. Inspir expir au rythme de ses baisers. Ma peau claire entre les touffes. Le pointu frais de sa langue. Contraction. Un frisson jusqu’à l’omoplate. Sursaut du ventre. Pluie de baisers vers la clairière du sexe. Battements très fort aux tempes. M’ouvrir. Doucement. Sans heurt. Écarter mes lèvres. Tremblantes. Frémir de toute l’échine. Un abandon. Ce qui bat en haut en bas. Entre-deux l’indistinct du corps. Léger. Volatil. Chaque parcelle de ma peau. Ma main sur ses cheveux. Tignasse mal peignée. Îlots touffus collés par la sueur. Crêtes d’Indien. La virevolte de mes doigts écartelés sous le plaisir qui vient. Presser sa tête là. Un geignement m’échappe. Tout en bas monte le lancinant clapot du plaisir. Écraser sa chaleur dévorante qui me troue et me fouille. Éclairs prodigieux à travers le corps. Des sagaies. Tressautement des seins. Palpitation dans la gorge. Cela glisse en moi. Se propage. S’immisce. Cela coule en moi. Me dévaste. Lentement. Interminablement. Sans hâte. Des soupirs. Je m’entends soupirer. Ses lèvres, leur lent voyage jusqu’à mes lèvres. Le poids de son corps. Sa chair. Timidités. Frissons. Halètements. Sa poitrine sur la mienne qui s’érige. Son cou dans le creux de mon épaule. Sa main sous ma nuque. Son souffle sur mon visage. Son regard dans le mien. Un silence hors du temps. Sa bouche. Sa langue dans ma bouche. Ailleurs. Un été de nulle part.

… qui était l’exact scénario de notre première nuit d’amour. Je n’y résistai pas. Je l’attirai à moi, mordis dans sa bouche cependant que ma main faisait glisser le peignoir. Elle roula sur moi. Mes mains caressèrent son dos, ses fesses, elle gémit quand ma main gauche pétrit ses petits seins et que la droite glissa entre ses belles collines rebondies pour arpenter son périnée et entrer dans la grotte profonde où s’écoula une source chaude et chuchotante et clapotante qui lui tira de petits jappements joyeux de chien fou. Nos langues mêlaient leurs salives avec ardeur. Elle m’attira sur elle. Je redressai le buste pour respirer. Elle vint appuyer ses jambes sur mes épaules, inclinant le bassin à l’oblique, et guida ma turgescence dans son sexe béant. Son va-et-vient s’accéléra. Nous haletions comme des forcenés, ses muscles vaginaux enserraient mon phallus. Elle râla sous la première vague orgasmique. Ce fut un roulis incessant de plusieurs minutes. Je me contractai pour retarder l’éclosion de mon propre plaisir. Quand elle tressauta de tout le buste et que son râle se fit continu, avec des stridences de merle, je me cassai brusquement en deux, me déchirai la gorge d’un « Frida » d’agonisant tandis que de ma queue jaillissait le divin élixir.

A suivre...



lundi 2 juin 2014

La lune assassinée - Damien Murith

Ce livre a une histoire (j'aime bien quand les livres ont une histoire). Il m'a été offert par une lectrice du blog. Pas une blogueuse ni une personne qui commente mes billets. Une lectrice de Suisse qui m'a un jour écrit pour me dire qu'elle ne ratait rien de ce qui se passe sur mes berges. Elle m'a par la suite suggéré quelques albums jeunesse que je me suis empressé de découvrir puis elle m'a proposé de m'offrir ce livre. Le premier ouvrage d'un auteur romand de 43 ans. Un livre qui ne l'a pas enthousiasmée mais qui, selon elle, pourrait me plaire. J'ai évidemment accepté sa proposition .C'est tout ce que j'aime avec le blog. Faire des découvertes, des rencontres, des échanges, être à l'écoute. Et pour le coup je n'ai pas été déçu, je trouve ce texte absolument magnifique.

L'histoire se passe dans un village,
« Le village, comme une teigne, avec ses maisons basses que mangent les vents, avec ses granges vides où l’on se pend, avec ses bêtes maigres, avec l’odeur du moisi qui rampe le long des ruelles, avec son auberge où l’on boit sa rage, sa haine, avec son clocher qui griffe la croûte grasse du ciel, et son cimetière, rectangle jaune et gris où reposent les os, avec ses chemins de poussière, ses sentiers de misère où poussent la ronce et l’ortie, et plus loin, l’usine, de briques, de fer, de sueur, avec la peur de l’autre, l’étranger à qui l’on entrouvre la porte, une lame cachée dans le dos, et le diable qui rôde, la nuit, sur les toits, et les chapelets qui s’égrènent, au coin des poêles, on prie la Sainte Vierge car dehors, les ombres guettent, avec ses gens, usés, râpés, cassés, la figure creuse, la douleur muette, traînant derrière eux un siècle d’âmes vaines, et encore plus loin, tout autour, la plaine, à l’infini, comme les restes d’une promesse. » 

Le village et l'usine où
« les hommes, verseurs de sueur, de larmes, de sang, errent comme des fantômes dans des brouillards jaunes, baissant la tête, courbant l'échine, ils toussent, ils crachent, ils étouffent, et pour paye : leur lente agonie. Et quand vient le soir, il s'en retournent au village, marée de têtes blêmes, traînant leur carcasse, et seul l'alcool bu à l'auberge donne la force sur les lèvres de crier la rage et de maudire le sort. »

Dans ce village, on va à l'église,
« on s'agenouille. Les yeux bouffis de ferveur, on prie Dieu, comme on passe commande, chez le marchand, on se relève, les genoux craquent, on s'assoit, on écoute le curé qui dira de bien belles choses, et puis on se relève à nouveau, on s'avance à petits pas, l'un derrière l'autre, les vieilles, avec leurs jambes maigres, avec leurs figures de poussière, suintant le drame jusque dans leur canne, tirent des langues blanchâtres à celui qui, miracle ! déjà pardonne la grimace, alors on s'en retourne chez soi, gavé de génuflexions, ivres de signes de croix, l'âme lisse et légère, délestée de la petite cloque du péché. »

Et quand vient l'étranger,
« il voit les femmes qui braillent devant les maisons, qui comme des chattes furieuses rassemblent autour de leurs robes rêches des essaims d'enfants sales, traîne-misère, filles et fils de la brume, qui de la vie ne connaissent que l'odeur de la crasse qui colle aux os et le goût du sang dans la bouche quand les gifles ivrognes tombent lourdes et font se fendre les lèvres. »

Dans ce village vivent Pierre, l'ouvrier, sa femme Césarine et la vieille, la mère de Pierre. Depuis quelques temps Pierre rentre tard ou découche. La faute à la garce. Après six ans de mariage, Pierre est allé voir ailleurs. La garce et son ventre « lisse comme un galet que le soleil aurait sucé ». « Pierre la boit : son odeur, son souffle, et lorsque de plaisir elle se cambre, ses soupirs ». Césarine sait mais se tait. La vieille sait aussi, forcément, comme tout le village d'ailleurs. Autour d'eux quatre, le drame va se nouer, inéluctable...

J'ai adoré ce texte âpre, sensuel, tout en poésie et en lyrisme contenu. On est chez « Ces gens-là » chantés par Brel, des petites gens taciturnes et miséreux, abrutis d'alcool et de travaux de forçats, méchants comme des teignes. Aucune lumière, point de ravissement naturaliste, seule la tragédie peut nouer des destins comme ceux-là. Et malgré sa noirceur, j'ai trouvé ce très court roman d'une beauté crépusculaire sidérante...

Merci Natacha pour la découverte, j'ai passé un très grand moment de lecture.

La lune assassinée de Damien Murith. L'âge d'homme 2013. 106 pages. 16 euros.

Et une quatrième pépite pour le challenge de Galéa !