Le narrateur a 13 ans. Un collégien pas tout à fait comme les autres. Pour Vincent et sa bande, c’est une fiotte. C’est surtout le souffre-douleur idéal, celui qu’on peut tabasser sans jamais craindre de représailles. Et quand il rentre à la maison, pas question de compter sur un quelconque soutien paternel. Impossible de se faire aimer, impossible de communiquer avec un père qui vous rejette pour ce que vous êtes. Heureusement il y a Sarah, seule petite lumière dans ce monde de ténèbres. Toujours un petit mot pour rire, un petit mot qui fait du bien : « Tu sais, moi aussi j’aime les garçons. »
Antoine Dole frappe fort. Son récit secoue furieusement. Le harcèlement, la violence sourde des abrutis, l’incompréhension du père… et cette douleur qui ronge ce gamin au point de lui faire envisager le pire. Une mise à nu aussi directe que subtile, sans un mot de trop, sans complaisance malsaine. On referme l’ouvrage en se disant que si les choses ont un peu avancé dans le bon sens, rien n’est réglé pour autant. Mais on se dit aussi que par les temps qui courent, voila un tout petit roman pour ados qui ne pouvait pas mieux tomber. Juste indispensable !
« Papa m’a dit
cent fois : mon fils sera pas pédé, qu’il voulait pas de ça dans la
famille, que ça n’arrivera pas. Papa, j’suis désolé. J’ai pas choisi, tu sais.
J’ai essayé de changer, j’te jure, mais j’arrive pas, m’en veux pas. J’ai pas
mérité qu’on me tape, pas mérité les claques. Non, papa, je mérite pas que tu
me regardes comme ça, comme si je servais à rien, comme si j’étais pas ton
fils, comme si tu regrettais. »
A copier 100 fois d’Antoine Dole. Sarbacane,
2013. 56 pages. 6,00 euros. A partir de 13 ans.