Derek est un ancien joueur de hockey professionnel exclu de
la ligue après avoir violement blessé un adversaire. Reparti s’installer dans son village natal en
Ontario, Derek travaille dans le restaurant où officiait sa mère avant son
décès dans un accident de la route. Solitaire, dépressif, buveur invétéré,
Derek est en proie à des accès de colère incontrôlables qui lui valent d’être
dans le collimateur de la police locale. Le jour où sa sœur, accro aux drogues
dures, débarque en ville pour fuir un compagnon violent, Derek décide de partir
vivre avec elle en forêt, loin du monde et de leurs démons respectifs.
Bienvenue chez les indigents, les marginaux. Jeff Lemire ne
vend pas du rêve, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans le fin fond de son
Canada, le ciel est bas et triste, la neige boueuse, l’humidité suinte de
chaque mur, le froid glacial mord les os sous les vêtements, le mauvais alcool échauffe
les corps et les esprits. Pauvreté et désœuvrement poussent chacun vers le repli
sur soi et la solitude. Les échanges sont rares, les rapports humains tournent
en permanence au rapport de force. Chez ces laissés pour compte, on se bat et
on se débat. Pour éviter la noyade, éviter la chute finale et définitive.
J’ai découvert Jeff Lemire avec Jack Joseph, je retrouve ici
le côté introspectif qui m’avait charmé, sans les dimensions fantastiques et
oniriques. Le récit intimiste est brut, sans filtre, linéaire malgré quelques
flash-back. Beaucoup de silences chez ces gens de peu de mots, pas besoin de
grands discours pour illustrer des vies aussi étriquées. C’est simple et
direct, brutal, réaliste, sans complaisance. Le trait est aussi nerveux et
torturé que les personnages, il se dégage de l’ensemble à la fois de la lenteur
et une certaine forme d’urgence.
Une histoire qui gratte et bouscule, avec une petite touche
de lumière finale qui laisse envisager un futur où l’apaisement pourrait enfin
être de mise. Une lueur d’espoir dans les ténèbres, minime mais bien
présente.
Winter Road
de Jeff Lemire (traduction Sidonie Van den Dries). Futuropolis,
2016. 280 pages. 28 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo, en ce jour particulier où elle accueille pour la première fois les participants à la BD de la semaine.
"Winter Road" est très réaliste et je crois bien que c'est la première fois que je lis un album de Lemire sur ce registre. On ne part pas dans l'onirisme comme il avait pu le faire dans "Jack Joseph", ni dans l'imaginaire comme "Essex county". En fait, c'est troublant que les personnages soient si ancrés dans la vie. Une réflexion sur la souffrance et la manière de l'oublier que je trouve intéressante
RépondreSupprimerCe réalisme m'a beaucoup plu, j'y suis beaucoup plus sensible qu'à l'onirisme par exemple.
Supprimerj'avais hésité à lire cette BD mais du coup tu me donnes envie ! Je note pour une prochaine fois :)
RépondreSupprimerMerci !
ça te changera sans doute de tes lectures habituelles.
SupprimerJe la note pour mes emprunts à la BD (enfin si elle y est !)
RépondreSupprimerElle vient juste de sortir, il va te falloir attendre un peu je pense.
SupprimerBon, moi j'avoue que j'ai envie qu'on m'envoie du rêve... Pas certaine que cet album soit fait pour moi je dois dire !
RépondreSupprimerun peu pareil !
SupprimerTssss, le rêve c'est surfait ma p'tite dame !
SupprimerL'histoire m'intéresse beaucoup !! :)
RépondreSupprimerC'est dur mais les personnages sont attachants.
SupprimerOh là là, pour le graphisme et l'histoire, je passe.
RépondreSupprimerC'est particulier, j'avoue.
SupprimerJe note, sais pas bien pour moi mais ça devrait sacrément plaire à mon poilu ;-)
RépondreSupprimerBizzzzz jeune homme <3
SI ton poilu aime les gros durs tatoués, il va être servi.
SupprimerPas spécialement tentée par ce titre... J'ai envie d'albums un peu plus doux graphiquement parlant.
RépondreSupprimerJe vois très bien ce que tu veux dire ;)
SupprimerPas trop envie de ce type d'univers en ce moment, mais cet album est susceptible de me plaire à d'autres moments. J'aime ce que tu en dis.
RépondreSupprimerMerci du compliment ;)
SupprimerJe passe mon tour.Pas certaine d'aimer ce genre de BD
RépondreSupprimerc'est de la BD qui secoue très fort.
SupprimerRien à voir mais j'ai appris ce matin que Saint Jérôme était le patron des traducteurs car il fut le premier à traduire la Bible.
RépondreSupprimerTu me l'apprends. Mais en ce qui me concerne je n'ai aucune compétence en matière de traduction.
SupprimerAaah mais c'est teeeellement ton univers !:-) Bon, c'est pas dit clairement mais je suppose que tu as été conquis. Ma PAL m'interdit tout écart, je reste raisonnable sur ce coup-là.
RépondreSupprimerJ'ai été conquis oui, on peut dire ça.
SupprimerDécidément Lemire est un auteur qui me fait très envie !
RépondreSupprimerEt moi je pense que je vais lire tous ses autres albums.
SupprimerAu début de ta chronique, je me suis dit que ce livre n'était pas pour moi et puis, finalement,.... On verra bien si j'ai l'occasion de le feuilleter !
RépondreSupprimerJ'espère que cette occasion se présentera.
SupprimerUne BD qui saurait plaire à mes gars. Mais pas pour moi... Ils la connaissent peut-être déjà.
RépondreSupprimerp.s.: il y a tellement de violence dans les ligues de hockey "contact", c'est affolant!
J'imagine, c'est un sport très rude le hockey !
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