Fin 2011, Julien Blanc-Gras se rend sur l’archipel
des Kirabati, avant que le réchauffement climatique ne le fasse disparaître. L’écrivain
voyageur, décidé à effectuer un « quadrillage méthodique » de la
planète, souhaite surtout découvrir « un pays en voie de disparition. »
Arrivé sur place, il découvre un décor de rêve, le paradis sur terre. Il n’a qu’une
hâte, plonger la tête la première dans le lagon bleu azur. Mais le chauffeur
qui l’emmène vers son hôtel douche son enthousiasme : « N’y songe
même pas. Le niveau de pollution est rédhibitoire. C’est l’infection assurée. A
ce propos, voici l’hôpital. Si tu tombes malade, il ne faut surtout pas venir
ici. Ton état empirerait. On est dans le pays d’Océanie le plus défavorisé en
matière de santé. »
Le décor est planté, le « touriste » va découvrir ce petit caillou de 16km² où vivent 50 000 âmes. Une densité de population infernale, un chômage de masse, une alcoolisation frénétique, une violence domestique omniprésente, un manque de ressources criant : eau potable, électricité, circuit d’assainissement des eaux usées inexistant, j’en passe et des meilleurs. Sans compter bien sûr les marées dévastatrices, les inondations à répétition, le niveau de la mer qui ne cesse de monter et des infrastructures de bric et de broc incapables d’enrayer le phénomène. Le paradis vous avez-dit ?
Le tableau n’est certes pas des plus reluisants mais Julien Blanc-Gras possède ce ton si personnel où ne cesse d’affleurer une sincère empathie pour tous les autochtones qui vont croiser sa route. Il narre les épisodes farfelus qui vont jalonner son séjour avec un style inimitable où l’humour est toujours très présent. Petit exemple lorsqu’il se penche sur les problèmes de mœurs : « l’homosexualité est illégale et la sodomie, qu’elle soit masculine ou féminine, est passible de prison. J’ignore si cette loi est appliquée. Je ne suis pas certain que le gouvernement ait les moyens d’entretenir une police anale. »
Le propos se perd parfois dans des considérations sans grand intérêt et certains chapitres relèvent davantage du remplissage que de l’information la plus pertinente mais au final ce livre est drôle, réaliste, d’une grande humanité, à la fois empreint de lucidité et de tendresse envers ce peuple au bord de la disparition. Un véritable récit de voyage ou les aspects journalistiques et littéraires se retrouvent sur un pied d’égalité, ce qui, reconnaissons-le, n’est pas si courant.
Paradis (avant liquidation) de Julien Blanc-Gras. Au
diable Vauvert, 2013. 252 pages. 17,00 €.
Mon avis sur Touriste, son ouvrage précédent, que j’avais trouvé encore meilleur que celui-ci.
Touriste m'a laissé sur une telle impression (favorable) que j'ai voulu lire celui ci aussi. Mais Hélène et toi êtes un peu déçus, on dirait?
RépondreSupprimerDisons que j'ai préféré Touriste. Là il y a un peu de remplissage inutile par moment mais ça reste une lecture très agréable.
SupprimerBof bof... Je passe...
RépondreSupprimerPS: à propos de mœurs répressibles, je te fais un clin d'œil dans mon dernier billet dont tu es, sans le vouloir, l'inspirateur...
Je suis allé voir ton billet. Merci pour le clin d’œil !
SupprimerHé hé, c'est bien de mettre le doigt où ça coince (si je puis me permettre^^), ces soit-disants paradis cachent aussi des taudis... Je retiens le nom de cet auteur
RépondreSupprimerTu peux retenir son nom, c'est un jeune auteur talentueux.
SupprimerJ'ai bien aimé "Touriste" mais celui-ci me tente beaucoup moins...
RépondreSupprimerLa grosse différence avec "Touriste" c'est qu'ici tout se déroule au même endroit, d'où un certain risque de lassitude.
SupprimerTouriste est dans ma PAL et mérite d'en sortir. C'est triste de voir ce que l'homme a fait de la planète quand même !
RépondreSupprimerOui, quand on constate la catastrophe environnementale qui frappe ce petit territoire, il y a de quoi être affolé.
SupprimerQuand on voit la couverture paradisiaque et qu'on lit les premières phrases de ta chronique, c'est la douche froide............mais c'est tellement vrai pour toute la planète.
RépondreSupprimerUne remise en question avec humour et réalité... Moi il me tente...
ça reste une lecture très agréable. Et l'air de rien,on apprend plein de choses, même si au final tout cela est assez déprimant.
SupprimerJe ne suis pas très tentée, bizarrement... même si généralement, j'aime ce genre de sujet traité avec humour.
RépondreSupprimerBen oui tiens , c'est bizarre...
SupprimerEffectivement, nos avis se rejoignent... Les grands esprits... n'est-ce pas ???
RépondreSupprimerToutafé !
SupprimerIl est temps que je me décide à lire cet auteur !
RépondreSupprimerOui, il mérite que tu t'attardes sur son cas ;)
Supprimeren tous cas le sujet est intéressant et mérite un instant de reflexion depuis notre petit confort. Je ne connaissais pas du tout cet auteur, je vais voir si je peux trouver Touriste par chez moi
RépondreSupprimerJE crois que Touriste vient de sortir en poche. Plus d'excuse !
SupprimerQue dire sinon que...ça fout les boules !!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cet auteur.
Oui la situation qu'il décrit est proprement effrayante.
SupprimerMalgré les longueurs, je me dis pourquoi pas.
RépondreSupprimerça reste très agréable à lire.
SupprimerJ'aime bcp ton billet, je fais bien de ne les lire soigneusement qu'APRÈS découverte du livre, même si ici, il n'y a rien à dévoiler. On les savoure mieux, surtout après avoir ramé à faire le sien. ;-)
RépondreSupprimerJ'étais plus réservée sur Touriste (que tu as préféré, mais que j'ai trouvé plus foufou, plus nombriliste), là j'ai hâte d'en lire d'autres de l'auteur. Je ne me suis pas ennuyée, ici (je m'étais endormie, alors !? ;-)).
Maintenant que tu le dis c'est vrai qu'il y a quelques aspects nombrilistes dans touriste. Mais Julien Blanc-Gras est quand même moins mégalo que Sylvain Tesson.
SupprimerMr Canel :
RépondreSupprimerBonsoir Jérôme, je viens de finir ce livre, bcp apprécié, encore + que 'Touriste'.
J'aime bcp ton billet (Canel m'a dit : 'Lis le super billet de Jérôme, il est vraiment doué' ;-)).
Je suis d'accord avec toi pour Tesson.
Merci du compliment Mr Canel, j'espère lire ton avis bientôt.
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