Fondation ©
Le Livre de Poche 2013 |
Fondation, c’est un peu comme
si Carver oubliait pour un temps les petites gens et allait traîner ses guêtres
du coté des damnés de la terre. Dans son Los Angeles, on est loin d’Hollywood.
On y trouve des crétins qui font boire de la vodka pure à un gamin de quatre
ans hyperactif pour l’assommer un bon coup. Des gangs qui sortent les flingues
à la moindre broutille. Dans les quartiers sinistrés, on s’occupe en tirant sur
les rats au fond des caves désaffectées ou alors on se bourre la gueule en
fumant du crack sur des parkings à l’abandon.
L’écriture est minuscule,
fragmentaire. Certains textes font à peine quelques lignes. De la microfiction
qui vous saute à la gorge. Une juxtaposition de petites séquences formant
un tout désordonné ou la violence et le désenchantement prédominent. Une
peinture froide, glaciale même de ces populations misérables qui ont perdu
toute humanité. Pas de jugement, aucune empathie, juste un coup de
projecteur furtif sur une forme de déchéance absolue.
A bien des égards, la
construction de ce recueil m’a fait penser à la dernière partie du cultissime
Last Exit to Brooklyn de Selby qui s’intitule Coda : on saute de
personnage en personnage, de lieux en lieux dans un périmètre très restreint.
C’est électrique, sans fioriture, nerveux à souhait. Tout ce que j’aime.
Est-ce que pour autant je vous
conseillerais une telle lecture ? Surement pas. Trop peur de me faire
enguirlander si au final vous en concluez que c'est trop barré ou sans queue ni tête. Moi en tout
cas j’y ai trouvé mon compte.
Allez, un petit extrait pour
vous mettre dans le bain. C’est une nouvelle qui a pour titre Tu veux
bien ? Je la reproduis en entier (je vous ai prévenu, c'est de la microfiction):
"Il n’a pas vraiment aimé
frapper le vendeur avec la crosse de
son pistolet, mais il aimait le fric. Il s’était toujours dit que les magasins
d’alcool devaient avoir pas mal de cash.
Il a pris le bus pour rentrer à la maison.
Elle avait les pieds sur le canapé en simili-cuir.
- J’ai braqué le magasin, il lui a dit. Tu veux bien baiser avec moi, maintenant ?"
Il a pris le bus pour rentrer à la maison.
Elle avait les pieds sur le canapé en simili-cuir.
- J’ai braqué le magasin, il lui a dit. Tu veux bien baiser avec moi, maintenant ?"
Sur les nerfs de
Larry Fondation. Le livre de poche, 2013. 120
pages. 5,10 euros.
Tu as deviné: moi je passe en tout cas. Pas envie de ce genre-là pour le moment!
RépondreSupprimerJ'imagine bien^^
SupprimerComme d'habitude, il faut bien attacher sa ceinture avec cette white trash américaine... je la consomme avec modération (et donc avec plaisir le moment venu).
RépondreSupprimerEn ce moment j'accumule ce type de textes. Et j'en ai encore deux sous le coude !
SupprimerEuh dis donc, droit au but!!!
RépondreSupprimerN'est-ce pas !
SupprimerTu me fais peur là pour le coup...
RépondreSupprimerHé, hé...
SupprimerAlors là, c'est à mon tour de passer ! ;-)
RépondreSupprimerAh bon ?
SupprimerLa dernière partie de Last Exit to Brooklyn est celle que j'ai le moins aimée car je n'ai pas eu le temps de m'attacher aux personnages (enfin, si on peut s'attacher aux autres personnages. Donc, je passe.
RépondreSupprimerPas pour toi en effet si tu n'as pas aimé la fin de Last Exit.
Supprimer"Est-ce que pour autant je vous conseillerais une telle lecture ? Surement pas. Trop peur de me faire enguirlander si au final vous en concluez que c'est trop barré ou sans queue ni tête. Moi en tout cas j’y ai trouvé mon compte."
RépondreSupprimerJ'adore.
Cela suffit à vrai dire à me convaincre de le lire à plus ou moins long terme.
Voila un commentaire qui me fait bien plaisir^^
SupprimerS'il n'y a pas un peu d'humour pour atténuer la violence, je risque de faire la grimace...
RépondreSupprimerNon, malheureusement, pas la moindre dose d'humour.
SupprimerSi c'est dans la même veine que Pollock je ne vais résister ! Et hop un de plus !
RépondreSupprimerOui, c'est un peu dans la même veine que Pollock mais en beaucoup plus épuré.
SupprimerMoi, ça me tente... Ce doit être mon côté décadent... ^^
RépondreSupprimerTant mieux !
SupprimerPas pour moi quand c'est trop barré ( mais, tu ne vas pas me croire, j'ai lu dernièrement un roman anglo-saxon ;-)
RépondreSupprimerC'est pas vrai ! Et on le lit quand le billet ?
SupprimerJe passe, pourtant je pense que la société va de plus en plus aller dans ce sens. Mais je reste traumatisée par Selby Jr ;-)
RépondreSupprimerSelby restera à jamais un de mes plus grands moments de lecture.
SupprimerC'est vrai qu'au travers de l'extrait que tu donnes, c'est plutôt cru. A lire à petites doses, alors.
RépondreSupprimerPerso, j'ai tout avalé d'un coup !
SupprimerOuh laaaa... C'est space non...? Pas pour moi je pense !
RépondreSupprimerTu penses bien, m'étonnerait que ça te plaise.
SupprimerDéjà que je trouve les nouvelles trp courtes alors là, je crois que ce n'est pas du tout pour moi !
RépondreSupprimerC'est certain, ce livre n'est pas du tout pour toi !
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