Pergaud © Folio 2006 |
Affublé d’un grelot par un chasseur cruel, le renard Goupil va connaître un sort pitoyable. Nyctalette la taupe va quant à elle subir la brutalité du viol commis par l’un des siens. Fuseline la petite fouine doit s’amputer elle-même la patte qui la retient prisonnière d’un piège avant de livrer un dramatique combat avec un busard. Et que dire de Margot la pie, tombée entre les mains d’un homme qui, après l’avoir mise en cage, lui rognera les ailes pour l’empêcher de s’échapper et la poussera vers une mort aussi ignoble que libératrice. Huit nouvelles en tout, terribles et belles. Autant de petits drames où l’on découvre les mœurs des animaux de la forêt.
On réduit trop souvent la bibliographie de Louis Pergaud à la seule Guerre des boutons. Mais le célèbre écrivain francomtois, mort dans le charnier de Verdun en 1915 à l’âge de 33 ans, avait accédé au succès dès en 1910 en remportant le prix Goncourt avec ce recueil de nouvelles où ses talents d’écrivain animalier furent reconnus à leur juste valeur.
Ces récits poignants ont tout des contes tragiques. Naturaliste convaincu, Pergaud est parvenu à retranscrire le comportement des animaux dans leur milieu naturel. Aucun anthropomorphisme chez les bêtes qu’il met en scène. Les attitudes sont décrites avec une précision à l’évidence riche des expériences vécues par l’auteur.
La langue de Louis Pergaud est classique et tout simplement superbe. Jugez plutôt : « Le soir était revenu. Un soir de dégel au ciel livide chargé de gros nuages : des paquets de neige saturés s’égouttaient des grands arbres comme le linge d’une immense lessive, où s’abimaient sur le sol avec le bruit gras de poches qui crèvent en tombant ; des filets d’eau susurraient de partout ; la terre semblait couvée par une grande aile mystérieuse faite de tiédeurs et de bruissements, et il planait sur tout ceci l’angoisse d’une genèse ou d’une agonie. »
Pergaud a su saisir l’âme des petits habitants de la forêt. De Goupil à Margot propose une évocation réaliste de la vie animale d’une grande dureté. La prose est magnifique mais les situations dramatiques décrites mettront à mal la sensibilité des amoureux des animaux. Je vous aurais prévenu !
De Goupil à Margot de Louis Pergaud, Folio, 2006. 180 pages. 5.95 euros.
Voici un petit recueil que j'utilise avec mes élèves. Je trouve l'écriture de Pergaud empreinte de poésie...
RépondreSupprimerC'est ce qui m'a le plus surpris, la beauté de cette écriture d'une grande justesse.
SupprimerLes hommes ne semblent pas avoir un beau rôle non plus.
RépondreSupprimerOuh là, non, c'est rien de le dire. Dans ce recueil, les hommes sont des monstres, tout simplement.
SupprimerQue lis je en effet! De belles descriptions, la nature, c'est tout bon!
RépondreSupprimerEncore une fois la guerre a fauché...
Une langue superbe pour un auteur parti trop tôt, en effet.
SupprimerC'est pas un livre pour moi, ça!
RépondreSupprimerAme sensible s'abstenir... Comme il me semble que c'est ton cas, il vaudrait mieux en effet que tu ne te lances pas dans une pareille lecture.
SupprimerUn beau livre d'un grand écrivain, un de ceux que la guerre a fauché, un parmi tant d'autres de cette génération. Un livre à lire certainement.
RépondreSupprimerOui, un livre magnifique pour un auteur qui aurait sans doute connu une magnifique carrière s'il avait eu la chance de revenir de cette boucherie...
SupprimerHonte à moi, je ne savais même pas que Louis Pergaud était l'auteur de La guerre des boutons...
RépondreSupprimerTu dois pourtant bien avoir un exemplaire du roman sur une étagère du CDI. Même au lycée en général on le trouve dans une très vieille édition poussiéreuse...
Supprimerje ne connais que "la guerre des boutons" et j'apprends également qu'il est décédé bien plus tôt que je ne le pensais !
RépondreSupprimerJ'étais comme toi jusqu'à l'année dernière. Il m'a suffit d'un article dans une revue pour mieux connaître cet auteur.
Supprimerje vais lire ce roman, c'est sûr ! Merci !
RépondreSupprimerPas de quoi, j'espère que tu apprécieras.
SupprimerJe note ce titre. Bravo pour ce bel article.
RépondreSupprimerMerci, j'espère que tu apprécieras ce recueil si tu le lis un jour.
SupprimerDes louanges mille fois méritées .quel malheur que cet auteur ait disparu si tôt
RépondreSupprimerMERCI a Louis Pergaud DE nous avoir offert tant de. Belles emotions
Un malheur oui, il aurait connu une carrière d'écrivain exceptionnelle, c'est une certitude.
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