Mattiussi et Hess © Treize étrange 2012 |
Léa la Lionne est une des plus célèbres courtisanes de Rome. Son « propriétaire » Egnatius l’a loue au plus offrant. Après le poète Catule, c’est au tour de ce gros porc de Publius de profiter d’elle pendant un an. Le contrat liant la courtisane à son nouveau maître est on ne peut plus clair : « Publius Afranius, consul respecté de notre ville de Rome, a donné vingt mines d’argent au Leno Egnatius afin d’avoir à sa guise la courtisane Léa, dite La Lionne, nuit et jour pendant un an. Durant cette période, celle-ci s’engage à ne recevoir chez elle aucun autre homme et à ne se rendre en aucun cas chez d’autres que Publius. Sauf bien sûr en cas de requête de ce dernier. » Ce contrat accepté, Léa ne pourra s’y soustraire sans risquer la torture et la mort. Malgré l’exclusivité qu’elle se doit d’accorder au consul, la jeune femme continue d’affoler la gente masculine. De Rufus le Grec à Samuel le Juif, nombreux sont ceux prêts à tout pour partager sa couche…
Attention, cette lionne est une vraie tigresse (je sais, c’est couillon comme phrase, mais j’aime bien). De toute façon, mieux vaut oublier le politiquement correct pour parler de ce péplum. Alors oui, je l’affirme bien haut, voila une dessinatrice qui n’a pas hésité à réaliser un album sacrément couillu ! Elle traîne sans vergogne ses personnages dans les bas-fonds de la Rome antique. C’est cru, furieusement vulgaire, licencieux en diable, bref, totalement décomplexé. Au moment où la ville est victime de la peste, la population semble se rouler dans la fange, comme si l’imminence de la mort poussait chacun à se perdre dans d’interminables orgies.
Même si Laureline Mattiussi et le scénariste anglais Sol Hess campent un portrait de courtisane libre à une époque où le droit des femmes à disposer de leur corps était inimaginable, je ne suis pas certain que La Lionne soit une BD à message. On sent sur la fin que l’aventure va prendre le pas sur la dénonciation du machisme ambiant.
Au niveau graphique, le trait élastique de la dessinatrice épouse les corps et donne du mouvement aux ébats. On pense forcément à Christophe Blain et à son Isaac le pirate mais je trouve que Mattiussi garde une patte bien à elle. Un mot également sur les couleurs d’Isabelle Merlet qui participent grandement à l’ambiance et intensifie l’aspect décadent de l’ensemble.
Franchement, il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour oser créer un univers baroque à la Fellini avec des dialogues particulièrement salés et de nombreuses scènes très érotiques. Oubliez les dessinatrices qui ne donnent que dans l’autofiction Girly et jetez donc un œil au travail de Mattiussi, vous risquez d’être sacrément secoués.
A terme, La lionne devrait être une trilogie. Le vrai problème de ce premier tome, c’est qu’il ne fait que poser les bases de l’intrigue. 48 pages, c’est trop court, surtout quand on a la douloureuse impression que tout démarre pour de bon à la dernière case. Vite, la suite !
La Lionne T1 de Laureline Mattiussi et Sol Hess. Treize étrange, 2012. 48 pages. 15,50 euros.
Mattiussi et Hess © Le Lombard 2012 |
Je suis assez intriguée par l'histoire...Le dessin, en revanche, ne me plait pas - mais alors -pas du tout. Du coup, je ne sais pas si je m'y attarderai.
RépondreSupprimerJ'aimerais pourtant savoir ce que tu penses d'un tel album.
Supprimerla couverture semble portant donner l'impression de sagesse...méfions nous de l'eau dormante..à Rome on a mis à jour des lupanars avec des prostitués masculins pour une clientèle féminine..
RépondreSupprimerPour le coup, l'eau n'est ici pas du tout dormante !
SupprimerC'est furieusement intriguant comme article... Et même si le dessin ne me séduit pas de prime abord, je le note quand même à cause du contexte historique. Merci de ta participation, rajoutée immédiatement au récap' !
RépondreSupprimerNiveau contexte historique et même si l'intrigue se déroule pendant la Rome antique, on est à des années lumière d'Alix !
SupprimerLa BD girly, ça n'a jamais été mon truc, alors celle-ci m'emballe beaucoup plus ( même si le graphisme...faut que je vois de plus près )
RépondreSupprimer( keskidi Wens ?? :) )
Si tu as l'occasion de le feuilleter en librairie, n'hésite pas.
Supprimerc'est bien treize étrange !!
RépondreSupprimerJe ne sais pas si Glénat l'aurait sorti dans son catalogue "classique".
SupprimerJérôme, ne va pas croire que je me venge de ton jugement de ce matin mais alors là, vraiment, voilà un dessin qui me rebute! Je préfère mille fois celui de Sfar! :))) (Non, ne me frappe pas!!)
RépondreSupprimerHeuresement que cet album n'est pas dessiné par Sfar je n'y aurais pas jeté un oeil sinon^^
SupprimerSi tout démarre au tome 2... je vais donc attendre le tome 2 :)
RépondreSupprimerC'est ce que je fais d'habitude mais là j'étais tellement intrigué que je n'ai pas eu la patience d'attendre.
SupprimerOliV a déjà repris le jeu de mot tout pourri que je voulais faire... ^^ Pas tentée pour le moment. Voir comment la série évolue mais je me repose sur ton avis. Wait & see ^^
RépondreSupprimerA vrai dire je me demande aussi comment tout cela va se terminer. Pas certain d'avoir bien compris où les auteurs veulent nous embarquer.
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