Néaud © Quadrants 2012 |
Moitié du XXIème siècle, en Europe. Alors que des bouleversements climatiques ont rayé de la carte l’Amérique du Nord et ont ravagé l’Afrique, le néolibéralisme s’est imposé comme la seule doctrine politique mondiale, creusant de façon démesurée l’écart entre riches et pauvres. La colère gronde et les manifestations de la population se multiplient. Appelée pour contenir une émeute urbaine, la brigade d’intervention du sergent Anton Csymanovic doit faire face à l’effondrement d’un immeuble vétuste. En essayant de sauver une petite fille restée devant le bâtiment, le chef de la brigade est enseveli sous les décombres. Au même moment, un objet lumineux apparaît au-dessus des ruines. Tous les témoins les plus proches de la scène, irradiés par les rayons émanant de l’objet, sont enlevés par une officine gouvernementale et emmenés dans un bunker isolé…
Changement complet de registre pour Fabrice Néaud, chantre de l’autobiographie dessinée depuis la publication de son célèbre Journal (4 volumes parus chez chez Ego comme X). Avec Nu-men, il se lance dans une vaste saga d’anticipation mêlant politique fiction et science-fiction. Ce premier tome possède les défauts propres à ce type de mise en bouche. Pour installer son univers et son intrigue, l’auteur se montre très bavard et densifie au maximum le récit. Résultat, les personnages sont nombreux, les situations complexes et le déroulement des événements n’est pas toujours évident à suivre. Autre souci, l’impression générale de déjà vu. Le complot gouvernemental, la situation mondiale post-apocalyptique intenable, le développement des nanotechnologies et l’apparition de « transhumains » capables de voler par leurs propres moyens, il n’y a là rien de bien nouveau sous le soleil. Malgré tout, il faut reconnaître la méticulosité avec laquelle Néaud a construit ce volume « d’installation ». Les informations sont diffusées au compte goutte mais l’on sent déjà que rien n’a été laissé au hasard. De la situation géopolitique aux questions sociétales, tout a été pensé dans les moindres détails. Par ailleurs, les dialogues sont crus mais sonnent juste et la violence, omniprésente, est adaptée au contexte.
Graphiquement, malgré des cadrages serrés et un grand nombre de cases par planche, l’ensemble reste très lisible. L’influence des comics est assez évidente, tant au niveau du trait que des couleurs même si plusieurs passages m’ont également rappelé des séquences du Akira de Katushiro Otomo.
Au final, si je suis impressionné par la richesse de l’univers mis en scène, mon sentiment général reste mitigé. Peut-être parce que je ne suis pas un habitué de la SF en BD ou tout simplement parce que ces 48 pages laissent en bouche un goût de trop peu. Trois tomes sont pour l’instant prévus mais l’auteur assure que si le succès est au rendez-vous, il a déjà en tête des développements bien plus importants. Une affaire suivre, donc…
Nu-men T1 : guerre urbaine de Fabrice Néaud, éditions Quadrants, 2012. 48 pages. 13,95 euros.
Néaud © Quadrants 2012 |
Pas très tenté par cet album à priori en fonction de tes remarques.
RépondreSupprimerJe comprends ton scepticisme.
SupprimerLorsque les Américains imaginent la fin du monde, c'est la France qui commence à trinquer. Combien de fois a-t-on vu une météorite s'écraser sur Paris (le Tour Eiffel de préférence)... et lorsqu'un auteur français imagine cette même fin du monde, c'est donc logique que les Etats-Unis soient les premiers à trinquer... ce simple postulat de départ me fait fuir. Ceci ajouté au fait que je ne suis pas adeptes des nanotechnologies... je passe volontiers sur cette impression de déjà-vu que je ressentirais certainement ^^
RépondreSupprimerDifficile pour moi de te contredire tant l'impression de déjà-vu couplée à une vision finalement assez caricaturale de notre avenir rend cet album très dispensable.
SupprimerLa planche que tu montres et ton avis assez mitigé, plus mon peu de goût pour la SF catastrophe et pessimiste, font que je vais éviter cette série qui n'est pas du tout pour moi.
RépondreSupprimerTu peux l'éviter, tu n'auras raté un chef d'oeuvre !
SupprimerJ'avoue que le postapocalyptique, en BD comme en roman, je sature. Attendons donc les développements...
RépondreSupprimerJe ne suis pas du tout fan de ce genre mais je pense que quand c'est bien tourné, ça peut être passionnant
SupprimerMouais, bof... Et la couverture est atroce non ? Pas pour moi tout ça...
RépondreSupprimerLa couverture est très influencée par les comics mais il est vrai que ce n'est pas une franche réussite.
Supprimertout pareil !! pas cette SF là :(
RépondreSupprimereh ben, je ne vais pas convaincre grand monde aujourd'hui !
SupprimerJ'ai lu le début en librairie et je l'ai remis sur la pile ;)
RépondreSupprimerMoi je l'ai lu en prépublication dans un magazine. Je n'aurais jamais acheté cet album sinon.
SupprimerContrairement à bien d'autre le postapocalyptique me rappelle mon adolescence, un petit côté kitsh, ringard que j'aime bien parce qu'il n'est jamais très sérieux. Mais je suis d'Accord avec Noukette, quelle couverture affreuse!
RépondreSupprimerTu pourras toujours le feuilleter en librairie pour te faire un avis. Et puis la couverture te sautera aux yeux dès que l'apercevra !
SupprimerChose certaine, on semble effectivement à cent lieues de «Journal»! Neaud change vraiment totalement de style!!
RépondreSupprimerCe changement à 180° est sans doute la chose la plus intéressante à découvrir dans cet album.
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