mercredi 8 février 2012

Le Scaphandre Fêlé

Le Cil vert 
© Le stylo bulle 2010
L’autofiction me sort par les yeux. Je déteste ces auteurs qui se regardent le trou de balle et tiennent absolument à coucher sur le papier leur histoire, persuadés que tout cela va passionner les lecteurs. Et pourtant, c’est la troisième fois en peu de temps que je me surprends à apprécier une BD « autofictionnelle ». Il y a d’abord eu Formose puis Une métamorphose iranienne et c’est maintenant au tour de ce Scaphandre fêlé. Est-ce que mes goûts changent ? Pas sûr. Disons plutôt que quand le propos est bien amené, je me laisse facilement embarquer.

Dans cet album, Le Cil Vert, pseudonyme de Sylvère Jouin, revient sur quelques moments charnières de sa vie professionnelle et artistique. Entre sa phobie de l’avion, la mort tragique de son père et sa rencontre avec la douce Chloé, l’auteur énumère ce qu’il appelle les « naissances douloureuses » ayant symbolisé les moments clés de son existence. Ce que j’ai apprécié ici c’est que Le Cil Vert relate les événements de façon non linéaire. Pas de chronologie hyper stricte, quelques touches d’humour bienvenues et d’étranges digressions sur la fabrication du cidre ou la vie de Boris Vian, l’ensemble peut paraître assez hétérogène mais au final tout se tient, c’est bien là l’essentiel.

Le dessin est assez minimaliste (c’est un peu la loi du genre) mais il reste quand même bien meilleur que chez certains auteurs ayant fait de l’autofiction leur fonds de commerce (je ne citerais pas de noms, l’inventaire serait trop long). L’absence de couleurs et le fait de jouer sur les tons de gris pour varier le contraste est par ailleurs un parti pris cohérent. Le vrai souci, c’est la taille riquiqui des cases et l’omniprésence du texte qui ne laisse pour ainsi dire aucune place aux décors. Mais bon, pour un ouvrage intimiste dans un petit format, c’est assez logique : pas la peine de se lancer dans un lyrisme échevelé avec des illustrations pleine page bourrées de détails et totalement hors de propos.

Assurément pas le coup de cœur du siècle mais une lecture beaucoup plus agréable que je ne l’aurais pensé. Je ne dis pas que l’autofiction va devenir mon genre préféré mais en tout cas je ne dis plus que jamais on ne me prendra à lire ces auteurs nombrilistes à la noix.


Le Scaphandre Fêlé par Le Cil Vert. Éditions Le stylo bulle , 2010. 68 pages. 12 euros.

Une BD offerte par Loula dans le cadre de son loto BD. Un grand merci à elle pour la découverte !

PS : après un premier essai à la radio pour présenter Formose, Libfly m'a demandé de renouveler l'opération autour d'Une métamorphose iranienne. J'ai toujours autant horreur d'écouter ma voix mais si le coeur vous en dit, ça se passe par ici : http://www.libfly.com/une-metamorphose-iranienne-mana-neyestani-fanny-soubiran-livre-1571057.html



Le Cil vert © Le stylo bulle 2010
 




17 commentaires:

  1. A priori, pas très tenté. Ton billet est en demi-teinte.

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    1. Une demi-teinte quand même assez positive. Mais je comprends que tu puisse avoir bien d'autres choses plus intéressantes à lire.

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  2. J'aime ton sarcasme. Moi aussi l'autofiction, je trouve ça un peu galvaudé, mais j'aime en essayé à l'occasion. Celle-ci par contre a une couverture un peu repoussante.

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    1. C'est vrai que l'on a déjà fait mieux en matière de couverture !

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  3. Je suis bien contente que tu y ai trouvé ton compte vu que je ne connaissais pas ton aversion pour l'autofiction!

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    1. Finalement je me rends compte que je suis plutôt bon public !

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  4. J'aime bien l'autofiction moi... Sinon..., je file t'écouter ! ;-))

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    1. Tu as tout à fait le droit d'aimer l'autofiction, c'est un genre qui plait beaucoup en général.

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  5. J'adore tes deux premières phrases, tant je m'y reconnais :-D Donc, si tu as aimé cet album, il pourrait me plaire.

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    1. Pour les allergiques à l'auotfiction, c'est un album qui pourrait presque servir d'antidote.

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  6. J'hésite pour cet album !

    Super voix sinon :)

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  7. Moi aussi j'hésite... enfin, assez peu tout de meme. Tu sembles convaincu et cela me suffit ^^
    J'ai apprécié ta chronique orale de l'album de Neyestani. Tu y fais passer tout le plaisir que tu as eu à la lecture de l'album. Merci pour ce conseil de lecture en tout cas, j'ai vraiment apprécié ce témoignage. Je suis même parvenue à le faire acheter à un ami lecteur sans l'avoir lu, en me servant seulement de tes arguments et de la manière dont, généralement, je me retrouve dans les titres que tu conseilles. Sa chronique est en ligne : http://www.iddbd.com/2012/02/chronique-une-metamorphose-iranienne-neyestani/

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    1. Attention, je ne suis pas non plus super emballé par ce titre qui ne ressort pas spécialment du lot mais qui reste agréable à lire.
      Sinon pour une métamorphose, je suis toujours ravi quand je parviens à faire ressentir mes impressions de lecure le plus justement possible.
      Mais ça ne marche pas que dans un sens, heureusement. Après avoir lu ton billet sur Betty Blues, j'ai passé commande hier de l'album. Et mon petit doigt me dit que ma chère et tendre va m'offrir Portugal pour la Saint Valentin (ce sera plus utile que les fringues habituelles !). Bref tout ça pour dire que tu as toi aussi une influence sur mes lectures et c'est une très bonne chose !

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  8. à MO : oui bah hésites pas trop, à la base c'est pour toi que je l'avais acheté cet album, si j'étais à jour dans mes envois, j'aurais pas besoin de me dévoiler comme ça mais bon, on fait ce qu'on peut!!

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  9. "L’autofiction me sort par les yeux. Je déteste ces auteurs qui se regardent le trou de balle et tiennent absolument à coucher sur le papier leur histoire, persuadés que tout cela va passionner les lecteurs."

    Waouh, j'aurais presque pu sortir la même phrase il y a quelques années de ça, juste avant d'écrire cette BD! Ce qui m'a fait changé d'avis c'est que j'ai moins vu ce projet comme un récit auto-bio que comme un exercice de BD en tant que tel. J'ai essayé de rendre crédible un personnage. J'ai alors pris le seul personnage que je connaissais assez pour avoir la prétention de mener à bien ce projet : moi.

    Pour le décor, le noir et blanc... c'est pas une volonté artistique ou une recherche quelconque. Je n'arrive pas vraiment à dessiner un personnage dans un décor et pour ce qui est la couleur... j'avais trop peur de passer trop de temps sur cette histoire et que ce soit de la merde.
    Une merde en couleur restant toujours une merde.

    En tout cas, merci pour ta critique qui m'a fait bien flipper au début...
    Le Cil Vert

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    1. Merci d'être venu faire un tour par ici. J'ai trop de respect pour le travail des auteurs pour me permettre de les incendier gratuitement dans mes billets. De toute façon si un album ne me plaît pas du tout, je préfère ne pas en parler.

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