Ludivine a tout pour elle. Élève brillante, elle vient d’obtenir son bac mention bien à tout juste seize ans. « Jusque-là, elle avait été l’image de l’enfant sage : celle qui va faire ses devoirs sans faire d’histoires ; celle qui révise le sourire aux lèvres ; celle qui ne donne que des motifs de satisfaction à ses parents ; la petite fille modèle ; l’ado parfaite. Un mirage… ». Il aura suffi d’un message laissé sur son téléphone portable pour que tout bascule. Un message qui va transformer Ludivine en Ludie, l’enfant sage en fugueuse.
Anne Loyer raconte l’effondrement d’un « chef d’œuvre parental », un modèle d’éducation qui vole en éclat à cause d’un mensonge trop longtemps gardé. Le secret de famille révélé va bouleverser la donne, et Ludie, accompagnée de son frère handicapé mental, part sur les routes avec l’envie de voir la mer et de tout foutre en l’air.
Une histoire forte, tout en pudeur, où les relations humaines sont tissées avec une grande justesse. Que ce soit entre les parents ou entre Ludie et son frère, les échanges sont tendus, apaisées ou mouvementées, mais ils sonnent « vrai ». Un court roman ne souffrant d’aucune fausse note, avec une fin ouverte, sans optimisme béat dégoulinant de guimauve ni tragédie plombante. La situation n’est pas réglée, l’espoir demeure. Ou pas.
Un texte dont on se retire sur la pointe des pieds, comme si nous étions maintenant de trop et qu’il fallait laisser cette jeune fille se reconstruire face à un vaste champ de possibles. De la littérature jeunesse comme j’aime, intelligente et pleine de finesse.
Comme une envie de voir la mer d’Anne Loyer. Alice éditions, 2015. 110 pages. 11,50 euros.
Une lecture jeunesse que j'ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.