lundi 21 décembre 2015

Déneiger le ciel - André Bucher

« Cette nuit lui paraissait être une porte. S’il la franchissait, il serait libre d’aller et venir, n’importe où. Dans le présent, les souvenirs, partout, tant que ses jambes le soutiendraient. »

David, sexagénaire vivant seul dans une ferme isolée sur les hauteurs de Sisteron, ne peut en cette veille de Noël déneiger les routes communales à cause d’une panne de tracteur. Alors qu’une nuit de tempête s’annonce, il reçoit un appel à l’aide de Pierre, son ami berger installé de l’autre coté du village. Puis c’est au tour d’Antoine, celui qu’il surnomme son fils d’adoption, de lui annoncer qu’il va tenter de venir jusqu’à lui en stop après avoir raté le dernier car. Sans moyen de locomotion, David, décide de partir vers ses amis à pieds, sous un ciel bas encombré de flocons, de la neige jusqu’aux genoux et un froid glacial lui cinglant le visage. Une nuit de marche et de méditation, de solitude et de rencontres où il convoquera tour à tour des silhouettes du passé et du présent, de sa défunte épouse à sa fille Noémie, de son amante Muriel à ses petits enfants adorés.

Longtemps que je n’avais pas lu André Bucher. Un écrivain comme je les aime, un taiseux, amoureux de blues, druide à la barbe et aux cheveux longs, bûcheron et agriculteur bio en Provence. Ses personnages lui ressemblent, hommes ou femmes de peu de mots, frustes sans être « ploucs », affrontant l’âpreté d’une nature qu’ils respectent plus que tout.

Ni roman de terroir, ni nature writing, ce « Déneiger le ciel » est une réflexion poétique et pudique sur la reconstruction, sur l’idée d’une résilience toujours possible malgré les coups durs. C’est aussi un hymne à l’amitié, à l’amour et à l’altruisme, sans leçon de moral ni arrière pensée. Je trouve l’écriture de Bucher lumineuse, sensible, d’une modestie remarquable. Je trouve aussi le titre superbe et la dernière image laissée par le texte, référence au cultissime "Crossroad" (cliquez pour écouter) de Robert Johnson, m'a profondément ému.

Déneiger le ciel d’André Bucher. Sabine Wespeiser éditeur, 2015. 146 pages. 8,00 euros.



Les avis de CathuluClara et Sylire





42 commentaires:

  1. Ma lecture commence à dater un peu, mais je garde un très bon souvenir de ce roman.(lu avant le blog)

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  2. Ma prochaine petite folie !

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  3. tout ce que tu dis de cet auteur me parle, il ne me reste plus qu'à le découvrir!

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  4. J'aimerais bien le lire, mais il n'est pas à la bibliothèque, pour l'instant. J'y ai retenu un autre livre de lui

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  5. Bonjour,
    pour compléter la découverte d'André Bucher et de son territoire :
    http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx11.15/995

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  6. Oh comme chacun de tes mots me parle.
    Le titre est en soi une merveilleuse promesse et je pense qu'il va me le falloir vite. Très vite.

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  7. Très beau titre en tous cas. Et déjà poétique

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  8. Chouette, je me le suis offert sans rien connaître de l'auteur, rien que sur la beauté du titre...

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  9. Un auteur que je ne connais pas du tout: j'aime bien les taiseux en général, une bonne raison de voir si la bibli en possède un exemplaire.

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  10. Je me le suis offert sur tes bons conseils... Je suis certaine de ne pas me tromper... ;-)

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    1. Ta confiance me touche. Et je ne suis pas inquiet, tu devrais apprécier ;)

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  11. À te lire je me dis, mais quelle belle histoire que celle racontée dans ce roman. Et ce titre, wow! Quel coup de coeur!
    (il te reste trois dodos avant que le Père Noël débarque!) :D

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    1. Trois dodos, oui, je ne tiens plus en place !!!!!!

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    2. Deux à présent pour moi ;-)

      Je ne le connais pas (mais je connais Crossroads !) et ton billet me donne forcément envie d'aller à sa rencontre. Et en plus, tous ses livres sont à la BM ;-)

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    3. Ce sera peut-être l'occasion de le découvrir ;)

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  12. Cela fait déjà plusieurs années que je l'ai acheté (1€ en "désherbage" de ma bibliothèque, ha, ha, le désherbage, comprenne qui pourra !) Je ne l'ai pas encore lu, mais cet article devrait me donner envie. Une petite remarque en passant :"rustres sans être « ploucs »" Je pense que tu as voulu dire simples, frustres, mais pas rustres =^.^=

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    1. J'ai voulu dire "fruste", c'est à dire ni rustres ni frustres ;)

      (je corrige, merci !)

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  13. Je devrais me précipiter après de tels éloges mais le bouclier doit tenir bon encore 10 jours.;-) En même temps je ne suis pas convaincue que ce soit totalement ma came même si je suppose que je pourrais apprécier cette lecture.;-)

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    1. Je me demande ce que tu en penserais, pas certain que tu sois aussi enthousiaste que moi.

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  14. Merci pour le lien qui m'a permis de relire mon billet.
    Je me trompais en disant qu'il ne me resterait rien de cette lecture car c'est l'inverse. J'en garde un très beau souvenir. C'est très étonnant, ce décalage...

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    1. On est parfois agréablement par les traces que laissent certains livres à première vue "anodins".

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  15. Quel titre, il me donnerait envie à lui tout seul alors avec ton billet en plus :-)

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    1. Il me semble que c'est un livre qui a tout pour te plaire !

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  16. bonjour,
    André Bucher est l'invité de la Grande Librairie sur France 5, jeudi 5 mai
    http://www.france5.fr/emissions/la-grande-librairie/diffusions/05-05-2016_480971

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  17. A propos d'André Bucher, un bel article d'Aliette Armel dans la revue Ultreïa :
    https://www.facebook.com/andre.bucher.ecrivain

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  18. La rencontre entre André Bucher et Denis Cheissoux c'était dans CO2 Mon Amour sur France Inter, le samedi 13 octobre !
    A propos de Un court instant de grâce, nouveau roman d'André Bucher. Emilie, femme forte et personnage-montagne, provoque le réveil d'une vallée face au projet de coupe franche de la forêt pour nourrir une centrale à biomasse.

    https://www.franceinter.fr/emissions/co2-mon-amour/co2-mon-amour-13-octobre-2018

    Un court instant de grâce :
    https://lemotetlereste.com/litteratures/uncourtinstantdegrace

    Belles lectures à tous !

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