Un casting cinq étoiles, digne du maître incontesté du Southern Gothic qui reste une influence majeure pour des auteurs comme J.R Lansdale ou D. Ray Pollocck. Harry Crews (1935-2012) est un auteur à part, un auteur que j’aime d’amour tant son univers déjanté, son humour noir et sa passion pour les Freaks me conviennent parfaitement. De lui, j’ai déjà lu et adoré « Nu dans le jardin d’Eden » et « Le chanteur de Gospel », ses deux premiers romans. Celui-ci est le troisième, inédit en France et publié aux États-Unis en 1970.
Qui aime bien châtie bien alors je vais être honnête et reconnaître que je me suis pas mal ennuyé avec ces « Portes de l’enfer ». L’action est ramassée sur vingt-quatre heures, tout devrait donc aller très vite et pourtant, j’ai trouvé le temps long. L’intrigue manque d’épaisseur et l’histoire m’est apparue sans relief. On est toujours dans le sud profond, face à des êtres cabossés, à la marge, un brin dérangés et en pleine misère sexuelle (tout ce que j’aime quoi !), mais la magie n’opère pas, en dehors d’une scène d’anthologie entre la sorcière cubaine et le nain psychotique qui vaut à elle seule la lecture du roman.
Une tragi-comédie dont la mayonnaise a du mal à prendre. Trop de personnages, trop décousu et un scénario qui ne décolle pas. La traduction de l’excellent Patrick Raynal n’y change rien, la déception est à la hauteur des espoirs que je plaçais dans ce texte. Pour autant, je retrouverai Harry Crews avec plaisir, et je suis ravi de savoir qu’il me reste une quinzaine de ses œuvres à découvrir.
Les portes de l’enfer d’Harry Crews. Sonatine, 2015. 282 pages. 13,00 euros.