Être sollicité par une chercheuse de l’université // Croiser Hardoc et Hautière par hasard dans une librairie et discuter longuement avec eux de leurs lulus // Amener sa fille une dernière fois à l’école avant le collège // Représenter les collègues au cours d’une réunion houleuse avec la direction pour demander qu’ils soient traités avec un minimum de respect // Recevoir un beau colis de Canel et un livre précieux de la part de Marilyne // Appeler le samu à 4h du mat pour son bébé dans une ville totalement inconnue et tomber sur un médecin de bon conseil qui vous évite de vous précipiter à l’hosto // Faire plus de 2000 km en voiture sans jamais entendre une seule fois bébé pleurer // Porter ce même bébé en écharpe façon kangourou et attirer les regards de la gente féminine // Profiter des vacances en bord de mer pour faire quelques excès alors que l’on est restés sages depuis trop longtemps // Souffrir de la chaleur comme rarement dans une maison trop petite et impossible à aérer // Fêter les 11 ans de sa grande et se dire qu’il y a 11 ans j’avais 10 kilos de moins // Constater une fois de plus que j’ai une femme en tout point admirable // Recevoir un mail qui fait partie de ceux que l’on ne voudrait jamais lire et penser comme Stig Dagerman que notre besoin de consolation est impossible à rassasier // changer de téléphone portable et avoir l’impression de changer de monde // Réaliser et programmer toujours plus de LC BD avec ma partenaire préférée // Passer les 15 derniers jours à lire encore et toujours plus parce que, bordel, il n’y a rien de meilleur quand on a enfin du temps devant soi !
jeudi 1 août 2013
Moi après mois : juillet 2013
Moi après mois, d’après une idée de Moka. C’est une grande première, je ne sais pas si je ferai ça régulièrement mais comme je suis en vacances et que j’ai un peu de temps, je me lance. Et puis bon, c’est une idée Moka et j’adore Moka (elle me le rend bien il me semble). Je m’étais toujours dit que je me prêterai à l’exercice au moins une fois, alors voila. J’espère que vous serez indulgents…
Être sollicité par une chercheuse de l’université // Croiser Hardoc et Hautière par hasard dans une librairie et discuter longuement avec eux de leurs lulus // Amener sa fille une dernière fois à l’école avant le collège // Représenter les collègues au cours d’une réunion houleuse avec la direction pour demander qu’ils soient traités avec un minimum de respect // Recevoir un beau colis de Canel et un livre précieux de la part de Marilyne // Appeler le samu à 4h du mat pour son bébé dans une ville totalement inconnue et tomber sur un médecin de bon conseil qui vous évite de vous précipiter à l’hosto // Faire plus de 2000 km en voiture sans jamais entendre une seule fois bébé pleurer // Porter ce même bébé en écharpe façon kangourou et attirer les regards de la gente féminine // Profiter des vacances en bord de mer pour faire quelques excès alors que l’on est restés sages depuis trop longtemps // Souffrir de la chaleur comme rarement dans une maison trop petite et impossible à aérer // Fêter les 11 ans de sa grande et se dire qu’il y a 11 ans j’avais 10 kilos de moins // Constater une fois de plus que j’ai une femme en tout point admirable // Recevoir un mail qui fait partie de ceux que l’on ne voudrait jamais lire et penser comme Stig Dagerman que notre besoin de consolation est impossible à rassasier // changer de téléphone portable et avoir l’impression de changer de monde // Réaliser et programmer toujours plus de LC BD avec ma partenaire préférée // Passer les 15 derniers jours à lire encore et toujours plus parce que, bordel, il n’y a rien de meilleur quand on a enfin du temps devant soi !
Être sollicité par une chercheuse de l’université // Croiser Hardoc et Hautière par hasard dans une librairie et discuter longuement avec eux de leurs lulus // Amener sa fille une dernière fois à l’école avant le collège // Représenter les collègues au cours d’une réunion houleuse avec la direction pour demander qu’ils soient traités avec un minimum de respect // Recevoir un beau colis de Canel et un livre précieux de la part de Marilyne // Appeler le samu à 4h du mat pour son bébé dans une ville totalement inconnue et tomber sur un médecin de bon conseil qui vous évite de vous précipiter à l’hosto // Faire plus de 2000 km en voiture sans jamais entendre une seule fois bébé pleurer // Porter ce même bébé en écharpe façon kangourou et attirer les regards de la gente féminine // Profiter des vacances en bord de mer pour faire quelques excès alors que l’on est restés sages depuis trop longtemps // Souffrir de la chaleur comme rarement dans une maison trop petite et impossible à aérer // Fêter les 11 ans de sa grande et se dire qu’il y a 11 ans j’avais 10 kilos de moins // Constater une fois de plus que j’ai une femme en tout point admirable // Recevoir un mail qui fait partie de ceux que l’on ne voudrait jamais lire et penser comme Stig Dagerman que notre besoin de consolation est impossible à rassasier // changer de téléphone portable et avoir l’impression de changer de monde // Réaliser et programmer toujours plus de LC BD avec ma partenaire préférée // Passer les 15 derniers jours à lire encore et toujours plus parce que, bordel, il n’y a rien de meilleur quand on a enfin du temps devant soi !
Chiennes de vies - Frank Bill
Bon, après les minauderies cucul la praline de Frédéric
Martinez (je vous en parle demain), il fallait que je retourne à la source, que
je replonge dans cette littérature américaine cradingue que j’aime tant. En
dernière page, parmi une tripotée de remerciements, on peut lire ceci :
« Merci à Donald Ray Pollock pour son amitié, son soutien et ses
conseils. » Sûr que Frank Bill doit beaucoup à Pollock. Même ambiance de
fin du monde dans l’Amérique des paumés, au sud de l’Indiana. Mêmes trouduc
alcooliques et violents, accros aux méthamphétamines et vivant dans des mobiles
homes entourés de carcasses de bagnoles. Tous voleurs et escrocs à temps partiels,
ivrognes à temps plein. Ils ont les cheveux sales, le « regard vide, comme
dépouillé de toute étincelle de vie par un dieu qui ne [sait] dispenser que la
souffrance. » Ici, on trouve « des couples où les hommes à l’haleine
chargée de bière ne savent caresser leur femme qu’à coup de poing, leur offrant
généreusement ecchymoses violettes, boursouflures rouge vif et os
fracturés. » Ici, ce n’est qu’ « hommes et femmes d’un certain
âge aux mains devenues calleuses à force de trimer pour survivre, et qui aspirent
au carnage. »
Dix sept nouvelles en tout où l’on découvre des chasseurs de
ratons laveur, des organisateurs de combats de chiens, des dealeurs à la petite
semaine, des junkies prêts à tout pour se payer leur dose, des femmes aux mœurs
foutrement dépravées. C’est l’Amérique profonde des rednecks où l’on n’hésite
pas à enfermer dans un sac un nourrisson né dans l’adultère pour le balancer à
la rivière comme un chaton dont on veut se débarrasser et où les rancœurs
séculaires entre voisins se terminent dans un bain de sang. Certains
personnages se retrouvent d’une nouvelle à l’autre et donnent un semblant de fil
conducteur à l’ensemble. Il faut dire que ce monde est tout petit et aux mains
de quelques clans. Autre point commun entre ces textes, ils se terminent
systématiquement mal, l’espoir n’ayant aucune raison d’être ici-bas.
Âme sensible s’abstenir, un recueil aussi brutal vous secouera forcément. L’écriture est sèche comme un coup de trique, très visuelle. Frank
Bill va à l’essentiel, il ne s’embarrasse pas de superflu et ne donne pas dans
le gratuitement vulgaire. Chienne de vies s’est vu décerner le titre de
meilleur polar de l’année par le magazine Lire du mois d’avril. Je ne vois pas
bien en quoi c’est un polar mais on s’en fout un peu. Sachez juste que ça
dépote sévère et qu’on en sort pas indemne. Autant dire que j’ai adoré.
Chiennes de vies : chroniques du sud de l’Indianna de Frank Bill. Gallimard, 2013. 248 pages. 21 euros.
mardi 30 juillet 2013
La vraie vie de Toto : J’adore les animaux
Toto aimerait beaucoup avoir un animal à la maison mais son
père ne veut pas en entendre parler. Il faut dire que le garçon possède
quelques fâcheux antécédents : plus jeune, il passait son temps à arracher
les ailes des mouches et à faire du pâté avec les vers de terre. Sans compter
que quand sa grand-mère lui a offert un poisson rouge, ce dernier n’a pas
survécu plus d’une semaine. Devant son insistance, ses parents trouvent une
solution imparable : s’il rapporte un bulletin sans un seul zéro, il
pourra avoir un chien. Autant dire, mission impossible…
Le personnage de Toto fait immédiatement penser aux fameuses blagues. Déjà présent en BD chez Delcourt, il est devenu depuis peu le héros de mini-romans. Gamin facétieux et déterminé, il va ici tout mettre en œuvre pour faire céder les réticences paternelles en utilisant des procédés pas toujours très catholiques. L’humour, loin d’être policé, donne plutôt dans l’irrévérencieux et les illustrations de Serge Bloch (connu pour son travail sur la série Max et Lili) sont dans l’ensemble drôles et parlantes.
Ma pépette n°2 (bientôt 8 ans) qui a lu cet ouvrage sur la route des vacances l’a qualifié de « trop classe », ce qui, dans sa hiérarchie de lectrice, correspond au top du top. Je n’irai pas jusque là mais il faut bien reconnaître que ce petit bonhomme malicieux en diable a tout pour plaire au jeune public auquel il s’adresse.
La vraie vie de Toto : J’adore les animaux
de Marie-Agnès Gaudrat (ill. Serge Bloch). Tourbillon, 2013. 90 pages.
6,15 euros. A partir de 6-7 ans.
lundi 29 juillet 2013
Les enquêtes du limier T1 : Chien d’aveugle - Jirô Taniguchi
Taku Ryûmon vit quasiment en
ermite au cœur d’une région montagneuse. Depuis son chalet, il exerce une
activité de détective privé spécialisé dans la recherche de chiens de chasse
perdus ou volés. Mais lorsqu’une jeune fille aveugle se fait dérober son chien
guide, Ryûmon accepte de faire une exception et il se lance sur la trace du kidnappeur….
Le dernier Taniguchi en date
n’est sans doute pas le meilleur de son imposante production mais il se lit
quand même avec un réel plaisir. Adapté d’une série de romans d’Itsura Inami,
ce manga mettant en scène un privé un peu particulier ne se caractérise pas par
un rythme trépidant et un foisonnement de scènes d’action. Les intrigues sont
plutôt convenues et laissent la part belle aux bons sentiments. Ce n’est pas
désagréable mais ça manque de peps. Au moins ai-je appris beaucoup de choses
sur les chiens d’aveugle et la façon dont on les dresse, sans compter que le
dessin de Taniguchi est toujours aussi fluide et aussi lisible. Rien que pour
cela, ce volume vaut le coup d’œil.
Un manga certes loin d’être
indispensable mais qui reste néanmoins de fort bonne tenue. Et puis en ce qui
me concerne ce titre restera comme la première découverte de cet auteur culte
pour ma pépette n°1 qui a beaucoup aimé ces histoires animalières touchantes. Il
gardera donc une petite place à part dans la mangathèque familiale.
Les enquêtes du limier T1 : Chien d’aveugle de Jirô Taniguchi. Casterman,
2013. 228 pages.
L'avis de manU
L'avis de manU
samedi 27 juillet 2013
La sauvage - Jenni Fagan
« J’ai été placée à ma naissance, je suis
passée par vingt-quatre familles d’accueil avant l’âge de sept ans, j’ai été
adoptée, je suis partie à onze ans, et j’ai changé encore vingt-sept fois au
cours des quatre dernières années. » Anaïs a quinze ans. Soupçonnée
d’avoir agressé une policière, elle est emmenée pour la énième fois dans un
foyer pour ados. Au cas où la victime, dans le coma, venait à décéder, Anaïs
serait envoyée dans un centre fermé jusqu’à sa majorité, en attendant la
prison. Mais si les forces de l’ordre l’accusent, elle est persuadée d’être
innocente. A vrai dire, elle ne se souvient de rien.
Au foyer, elle rencontre des gamines de son âge et
des garçons un peu plus jeunes. Taciturne, provocatrice, en butte à toute forme
d’autorité, Anaïs va peu à peu se rapprocher d’Isla, anorexique et séropositive
et de son amoureuse Tash qui se prostitue pour qu’elles puissent louer un
appart en sortant du foyer. Mais elle va aussi découvrir Shortie, Dylan, John
et quelques autres, enfants en perdition marqués au fer rouge par un passé des
plus douloureux. Et si la nouvelle pensionnaire a une réputation sulfureuse à
entretenir, elle n’a pas besoin de se forcer pour montrer aux autres qu’il
vaudrait mieux éviter de la chercher : « Je déteste dire s’il vous
plait, ça me donne l’impression de me rabaisser. Je déteste dire merci. Je
déteste dire que j’ai besoin de quelque chose. S’il fallait se lever et
demander de l’air tous les jours, je serais déjà morte, putain. »
Sauvage est roman coup de poing, cru, abrasif. Un
récit dur, vulgaire, violent qui met en scène des gamins cabossés. Anaïs est la
narratrice. On plonge dans son esprit torturé, ravagé par les psychotropes
qu’elle consomme sans retenu. Évoluant constamment à la limite de la schizophrénie,
ne cessant de se questionner sur ses origines, elle est persuadée d’être le
fruit d’une expérience menée par un laboratoire secret. Totalement insoumise,
elle est aussi particulièrement intelligente et lucide. Surtout, elle n’a pas
encore tiré un trait sur ses rêves d’avenir.
En filigrane, l’auteur, écossaise, dénonce la façon
dont les services sociaux traitent les enfants en souffrance. Elle dresse
quelques portraits d’adultes qui frôlent parfois la caricature : il y a
forcément un éduc plus compréhensif et humain que les autres, forcément une
juge pour enfants incapable d’imaginer que les jeunes délinquants pourront un
jour s’en sortir et forcément des forces de police totalement abruties. Mais à
la limite peu importe. Le sel du roman tient dans la puissance de l’écriture
ultra réaliste, dans la force des dialogues parfaitement crédibles et dans une
construction imparable pleine de souffle et de colère contenue.
Un grand premier roman qui secoue furieusement et ne
pourra laisser personne insensible. Nul doute que longtemps après avoir tourné
la dernière page, la voix d’Anaïs continuera à vous hanter. On prend les
paris ?
Une belle découverte que je dois une fois de plus à
Marilyne.
La sauvage de Jenni Fagan. Métailié, 2013. 312 pages. 19,00 euros.
vendredi 12 juillet 2013
Saints et pécheurs - Edna O’Brien
Des nouvelles qui se déroulent toutes (sauf une) en Irlande. On y retrouve un ouvrier qui a creusé les canalisations de Londres, une vieille logeuse choquée par les mœurs légère d’une famille qu’elle accueille le temps d’une nuit, un activiste politique à peine sorti de prison et déjà condamné à mort par ses « adversaires », une mère et sa fille, dépitées après leur invitation dans l’une des plus riches familles du village ou encore deux cousins n’arrivant pas à dépasser une querelle de famille séculaire.
J’attendais beaucoup de ma première rencontre avec Edna O’Brien, grande dame des lettres irlandaises s’il en est. Trop peut-être car au sortir de la lecture de ce recueil, je ne suis pas d’un enthousiasme débordant. C’est certes bien écrit, il y est question de passions, de frustrations, de déceptions, de cet ordre moral typique de la société irlandaise catholique et nationaliste, cependant le tout manque de liant. Les personnages sont bien campés mais mon intérêt a fortement varié d’un texte l’autre et certains m’ont profondément ennuyé. Il y a quand même quelques nouvelles sortant du lot, notamment celles qui ouvrent et ferment le recueil.
Une prose délicate et sensible, une ode à une Irlande de pluie et de tourbières et à sa population la plus ordinaire (dans le bon sens du terme) mais un ensemble pas suffisamment homogène. Disons qu’en ce qui me concerne Edna O’Brien n’arrive pas à la cheville de Claire Keegan.
Saints et pécheurs d’Edna O’Brien. Sabine Wespieser éditeur, 2012. 228 pages. 21,30 euros.
J’attendais beaucoup de ma première rencontre avec Edna O’Brien, grande dame des lettres irlandaises s’il en est. Trop peut-être car au sortir de la lecture de ce recueil, je ne suis pas d’un enthousiasme débordant. C’est certes bien écrit, il y est question de passions, de frustrations, de déceptions, de cet ordre moral typique de la société irlandaise catholique et nationaliste, cependant le tout manque de liant. Les personnages sont bien campés mais mon intérêt a fortement varié d’un texte l’autre et certains m’ont profondément ennuyé. Il y a quand même quelques nouvelles sortant du lot, notamment celles qui ouvrent et ferment le recueil.
Une prose délicate et sensible, une ode à une Irlande de pluie et de tourbières et à sa population la plus ordinaire (dans le bon sens du terme) mais un ensemble pas suffisamment homogène. Disons qu’en ce qui me concerne Edna O’Brien n’arrive pas à la cheville de Claire Keegan.
Saints et pécheurs d’Edna O’Brien. Sabine Wespieser éditeur, 2012. 228 pages. 21,30 euros.
jeudi 11 juillet 2013
Pendant les combats - Sébastien Ménestrier
J’aime que l’on me confie des livres précieux. Par précieux
j’entends des livres que l’on a particulièrement appréciés et que l’on a envie
de partager. Par exemple quand Marilyne qualifie un texte de
« merveille » et qu’elle me l’envoie, je sais d’avance que je vais me
régaler. Pour le coup, ça n’a pas manqué.
Joseph et Ménile se connaissent depuis l’enfance. Quand le premier entre dans la résistance par conviction, le second le suit sans trop réfléchir. Ils multiplient les actions plus ou moins spectaculaires et finissent par être arrêtés. Au moment où leur amitié passe au révélateur des interrogatoires, les choses vacillent : « J’ai donné Joseph. La nuit, quand les soldats sont venus, ils nous ont mis dans ce camion. Joseph et moi, on s’est regardés. On tiendrait l’un pour l’autre. On tiendrait. »
Ce pourrait être l’histoire d’une amitié trahie mais les
choses ne sont pas si simples. Disons que l’on y découvre un homme qui renonce,
vaincu par la tristesse : « C’est la tristesse, Jeanne, c’est la
tristesse qui m’a eu. » C’est une tragédie en cinq actes dont on connait
d’avance la funeste conclusion. C’est beau parce que malgré les circonstances,
tout cela reste pétri d’humanité. Et puis c’est l’écriture que j’aime. Peu de
mots, zéro dialogue, des phrases courtes, des petits paragraphes qui claquent comme autant de micro-chapitres.
La suggestion est tellement plus forte que les descriptions les plus
précises : « On l’a conduit dans le bureau du colonel. On l’a
fait asseoir en face de lui. Joseph n’a rien dit. Après ils l’ont mené dans un
réduit, au fond du couloir, et ils lui ont fait mal, longtemps. Lorsqu’il est remonté
par l’escalier, la nuit tombait, ses jambes tremblaient. » Tout est dit sans
jamais rentrer dans les détails. Une puissance d’évocation tellement plus
parlante, tellement plus forte…
Pendant les combats est un magnifique texte. Un premier
roman qui, sous son apparente concision, se révèle particulièrement ambitieux.
Et surtout particulièrement réussi. Applaudissements, comme dirait Marilyne.
Pendant les combats de Sébastien Ménestrier.
Gallimard, 2013. 94 pages. 9,50 euros.
mercredi 10 juillet 2013
Sirène - Daphné Collignon
Au Maroc, Magda est enceinte de Nour. Ça fait deux ans qu’ils sont ensemble mais elle n’ose pas lui avouer cette grossesse en cours : « Tu sais ce que c’est un enfant hors mariage au Maroc ? En particulier chez Nour ? C’est la honte, pour moi, l’enfant, le père, toute la famille. Un bâtard né dans le péché. Tu vois l’idée ? » Lorsqu’elle lui annonce la nouvelle par téléphone, le futur père n’est pas content. Pas content du tout : « Il a dit qu’il ne voulait pas en entendre parler, et qu’on avait déjà assez de problèmes comme ça. » Alors Magda décide de prendre la route. De la côte atlantique aux confins de l’Atlas, elle traverse le Maroc et ne cesse de se questionner. En chemin elle rencontre une jeune femme rousse qui semble être tout droit sortie de l’océan. Une jeune femme muette qui va croiser son chemin à de nombreuses reprises et qui semble veiller sur elle d’une étrange façon…
Un portrait de femme qui se veut touchant et intime mais pour le coup, j’avoue que la femme qui sommeille en moi est restée bien cachée. Je comprends qu’avec certaines lectrices ce récit puisse faire « tilt » mais en ce qui me concerne il a fait « plouf ». Sirène est selon moi une BD très sexuée. Le questionnement autour de la maternité, de cet enfant à venir que l’on désire ou pas, tout cela m’a laissé parfaitement insensible (quel salopard je fais quand même !). Aucune empathie pour Magda, aucune envie de la plaindre ou d’espérer que sa situation s’améliore, je n’ai finalement trouvé que très peu d’intérêt pour cet album (punaise, il est temps que je parte en vacances le cynisme professionnel dans lequel je baigne depuis quelques semaines commence sérieusement à jouer sur mon humeur). Le problème c’est que le propos est confus, il laisse place à trop d’interprétations possibles. On voit les doutes et les hésitations, la difficulté de la situation mais il n'est pas évident au final d’y voir clair. Qui est notamment cette jeune fille rousse surgit de nulle part ? Le double de Magda ? Son ange gardien ? Un miroir déformant ? L’image de son destin à venir ? Et puis la correspondance de l’héroïne, insérée au fil des pages dans de nombreux encarts, se perd dans un lyrisme très cucul qui ne relève pas le niveau d’ensemble.
Graphiquement c’est très beau. Dessin généreux, couleurs franches, beaucoup de gros plans… il faut reconnaître que le trait de Daphné Collignon est des plus séduisants. Malheureusement ça ne suffit pas à faire une bonne histoire et la narration souffre d’une construction que je qualifierais volontiers de «nébuleuse ».
Un album bien trop hermétique pour moi. Ça m’agace de refermer un livre en me disant que je n’ai pas tout compris mais il faut parfois avoir l’honnêteté de reconnaître ses limites… Bon ce qui me rassure c’est que ma binômette habituelle de lecture commune s’est sentie aussi paumée que moi. Du coup je me sens moins seul mais ça ne changera rien à mon ressenti très défavorable.
Sirène de Daphné Collignon. Dupuis, 2013. 68 pages. 14,50 euros.
L'avis de Mo'
L'avis d'Oliv
Un portrait de femme qui se veut touchant et intime mais pour le coup, j’avoue que la femme qui sommeille en moi est restée bien cachée. Je comprends qu’avec certaines lectrices ce récit puisse faire « tilt » mais en ce qui me concerne il a fait « plouf ». Sirène est selon moi une BD très sexuée. Le questionnement autour de la maternité, de cet enfant à venir que l’on désire ou pas, tout cela m’a laissé parfaitement insensible (quel salopard je fais quand même !). Aucune empathie pour Magda, aucune envie de la plaindre ou d’espérer que sa situation s’améliore, je n’ai finalement trouvé que très peu d’intérêt pour cet album (punaise, il est temps que je parte en vacances le cynisme professionnel dans lequel je baigne depuis quelques semaines commence sérieusement à jouer sur mon humeur). Le problème c’est que le propos est confus, il laisse place à trop d’interprétations possibles. On voit les doutes et les hésitations, la difficulté de la situation mais il n'est pas évident au final d’y voir clair. Qui est notamment cette jeune fille rousse surgit de nulle part ? Le double de Magda ? Son ange gardien ? Un miroir déformant ? L’image de son destin à venir ? Et puis la correspondance de l’héroïne, insérée au fil des pages dans de nombreux encarts, se perd dans un lyrisme très cucul qui ne relève pas le niveau d’ensemble.
Graphiquement c’est très beau. Dessin généreux, couleurs franches, beaucoup de gros plans… il faut reconnaître que le trait de Daphné Collignon est des plus séduisants. Malheureusement ça ne suffit pas à faire une bonne histoire et la narration souffre d’une construction que je qualifierais volontiers de «nébuleuse ».
Un album bien trop hermétique pour moi. Ça m’agace de refermer un livre en me disant que je n’ai pas tout compris mais il faut parfois avoir l’honnêteté de reconnaître ses limites… Bon ce qui me rassure c’est que ma binômette habituelle de lecture commune s’est sentie aussi paumée que moi. Du coup je me sens moins seul mais ça ne changera rien à mon ressenti très défavorable.
Sirène de Daphné Collignon. Dupuis, 2013. 68 pages. 14,50 euros.
L'avis de Mo'
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mardi 9 juillet 2013
L’expédition du Poisson Parlant - W.E. Bowman
Engagé par son ami Wagstaff pour relater une expédition dont le but est de retrouver une espèce de poisson capable de parler (oui, oui, vous avez bien lu, d’ailleurs ce poisson s’appelle le « buburup »), Binder, le narrateur, se retrouve sur un radeau en plein océan pacifique avec pour compagnons d’aventure quelques zigotos affiliés au club des Martyrs. Ces masochistes patentés pensent qu’un explorateur digne de ce son nom se doit de souffrir en permanence. C’est ainsi que le dénommé Batters passera (de son plein gré et avec un plaisir non dissimulé) toute la traversée immergé dans la grande bleue la tête coincée entre deux rondins du radeau. Quant aux autres, ils se nourriront exclusivement de mastic et de sciure de bois. A noter également qu’une drôle de ménagerie, composée notamment d’une huître, d’une grenouille et d’un couple de chats complètent cet équipage de bras cassés qui ne va cesser d’enchaîner les épisodes rocambolesques. Ainsi, après avoir mangé des poissons radioactifs, les félins vont se multiplier de façon exponentielle. Un événement à priori anodin qui va pourtant mettre en danger l’équilibre géopolitique de la planète…
Soyons honnêtes, on n’est pas loin du grand n’importe quoi avec ce roman "So British" ou l’humour très particulier de nos amis anglais éclabousse de sa douce folie l’ensemble de cette improbable expédition marine. Pas pour rien que cet ouvrage datant de 1957 et publié pour la première fois en français fait partie de la collection « Les insensés » des éditions Wombat. Si certains lecteurs (dont je fais partie) trouveront ce court roman hilarant, je ne doute pas que d’autres pourront le qualifier de « complètement c** ». Disons que si les sketches des Monty Python ne vous ont jamais arraché le moindre sourire, mieux vaut passer votre chemin. Sans être fan, j’aime beaucoup, à petite dose, me plonger dans cette forme d’humour très particulière, souvent proche de l’absurde. A n’en pas douter, W.E Bowman fait partie de ces génies loufoques dont la perfide Albion a le secret.
Après le Wilt du regretté Tom Sharp et le Harry de Jack Trevor Story, voila donc ma troisième rencontre avec cet esprit de dérision typiquement anglais qui reste malgré les apparences d’une grande finesse. Amateurs du genre, vous pouvez foncer, vous ne serez pas déçus.
L’expédition du Poisson Parlant de W.E. Bowman. Wombat, 2013. 152 pages. 16,00 euros.
Soyons honnêtes, on n’est pas loin du grand n’importe quoi avec ce roman "So British" ou l’humour très particulier de nos amis anglais éclabousse de sa douce folie l’ensemble de cette improbable expédition marine. Pas pour rien que cet ouvrage datant de 1957 et publié pour la première fois en français fait partie de la collection « Les insensés » des éditions Wombat. Si certains lecteurs (dont je fais partie) trouveront ce court roman hilarant, je ne doute pas que d’autres pourront le qualifier de « complètement c** ». Disons que si les sketches des Monty Python ne vous ont jamais arraché le moindre sourire, mieux vaut passer votre chemin. Sans être fan, j’aime beaucoup, à petite dose, me plonger dans cette forme d’humour très particulière, souvent proche de l’absurde. A n’en pas douter, W.E Bowman fait partie de ces génies loufoques dont la perfide Albion a le secret.
Après le Wilt du regretté Tom Sharp et le Harry de Jack Trevor Story, voila donc ma troisième rencontre avec cet esprit de dérision typiquement anglais qui reste malgré les apparences d’une grande finesse. Amateurs du genre, vous pouvez foncer, vous ne serez pas déçus.
L’expédition du Poisson Parlant de W.E. Bowman. Wombat, 2013. 152 pages. 16,00 euros.
dimanche 7 juillet 2013
Le guide des voyages (1)
Ceux qui passent ici régulièrement se souviennent peut-être que depuis 1 an et demi je collabore à la revue en ligne Les années. J’y ai notamment en charge la rubrique BD. Si la revue s’éclipse le temps des vacances, nous avons choisi de la remplacer par Le guide des voyages, un «périodique sporadique » qui devrait compter quatre numéros entre juillet et août. Le principe est simple, cette publication de 12 pages regroupe des chroniques livresques réparties en trois catégories : Pays chauds (des ouvrages que l’on a aimé) ; Pays froids (des ouvrages que l’on n’a pas aimé) ; Ailleurs (où l'on parle de quelque chose qui a à voir avec la littérature sans en être directement : une maison d'écrivain, un recueil de photos, une bio de compositeur, de peintre...).
J’aime bien ce principe. Après tout, le voyage c’est comme la lecture, il y a de bonnes et de mauvaises surprises.
Ce premier numéro chronique 11 livres en tout. Parmi les pays froids, une descente en flèche de Christine Angot (Une semaine de vacances), Grégoire Delacourt (La liste de nos envies) et Caryl Férey (Petits polars du Monde). Du coté des pays chauds, nos « chouchoutes » Annie Ernaux et Jeanne Benameur mais aussi, Mathias Énard, Shumona Sinha, Hervé Bazin, Jérôme Ferrari…
Si vous souhaitez recevoir directement chaque numéro par mail, n'hésitez pas à me le demander, je me ferais un plaisir de vous l'envoyer ;)
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