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mercredi 28 octobre 2015

Chiisakobé T1 - Minetarô Mochizuki

Shigeji, apprenti charpentier, perd ses parents dans l’incendie de l’entreprise familiale. Décidé à sauver la société coûte que coûte, il veut reconstruire de ses mains et sans aide les ateliers détruits par le feu. De retour dans sa maison natale, il engage Ritsu, une amie d’enfance, comme cuisinière et femme de ménage. La jeune femme arrive chez lui avec cinq orphelins turbulents…

Adaptation d'un roman publié en 1957 par Shûgorô Yamamoto (célèbre écrivain dont l'oeuvre a été adaptée de nombreuses fois au cinéma, notamment par Akira Kurozawa), ce manga dégage une atmosphère vraiment particulière. Shigeji est un personnage inclassable, barbu taciturne et têtu refusant la moindre main tendue pour rebâtir ce qu'il a perdu et gardant en permanence à l'esprit les valeurs transmises par son père, "Volonté et humanité". Sa relation avec Ritsu, d'une délicatesse toute japonaise, illumine le récit d'un touchante timidité. Les orphelins sont pour leur part grossiers, irrespectueux et incontrôlables mais on sent que le charpentier, même s'il ne s'intéresse de prime abord que très peu à eux, va finir par les amadouer.

Graphiquement c'est très surprenant, proche de la ligne claire franco-belge, épuré, avec un décor minimaliste ou absent et beaucoup de gros plans. Il se dégage de l'ensemble une certaine forme de lenteur, énormément de silences et de non-dits. Le triangle amoureux qui se forme dans les dernières pages laisse augurer une intrigue plus complexe et psychologique particulièrement prometteuse.

Un premier tome qui prend son temps et distille un charme assez indéfinissable. Une série prévue en quatre volumes que je prendrai plaisir à suivre, c'est une évidence.


Chiisakobé T1 de Minetarô Mochizuki. Le Lézard Noir, 2015. 206 pages. 15,00 euros.






lundi 14 avril 2014

Pan’Pan Panda, une vie en douceur T2 - Sato Horokura

En présentant le premier tome de cette série, j’avais qualifié Pan’pan d’un peu cucul. Panpan cucul, la vanne était pourrie et le jugement assez injuste je dois dire. Parce qu’après tout, Pan’pan Panda est un manga destiné aux jeunes enfants, il est donc logique que ses thématiques soient plutôt légères.

Au menu de ce second volume on retrouve Panetone le panda et la petite Praline, au moment de la nouvelle année. Nous les suivons au fil du calendrier et découvrons avec eux la Saint Valentin nippone (au Japon, ce jour-là, ce sont les femmes qui offrent des gâteaux et des confiseries aux hommes) et son pendant masculin le White Day (célébré le 14 mars, il permet aux garçons d’offrir aux filles un cadeau en remerciement des présents reçus un mois plus tôt), sans oublier le
fameux pique-nique sous les cerisiers en fleurs pour fêter l’arrivée du printemps (l’hanami). C’est tout l’intérêt de ce manga, présenter aux jeunes lecteurs des fêtes traditionnelles et de nombreuses références culturelles à travers le quotidien d’une petite fille et de son ami le panda.

Le vocabulaire spécifique n’est parfois pas simple à comprendre (mochi, umani, karuta, o-zoni, saisen-bako, etc.) mais un lexique explique clairement chaque mot nouveau. D’ailleurs, les autres petits bonus placés en fin d’ouvrage ajoutent un vrai plus. Niveau dessin c’est toujours aussi kawaï, simple, frais et coloré.

Un manga à lire à partir de 7 ans, ce n’est pas si courant. Et puis c’est un support idéal pour découvrir en douceur le mode de vie d’une famille japonaise.

Pan’Pan Panda, une vie en douceur T2 de Sato Horokura. Nobi nobi, 2014. 112 pages. 9,45 euros. A partir de 7 ans.




jeudi 16 janvier 2014

Mes petits plats faciles by Hana T2 - Masayuki Kusumi et Etsuko Mizusawa

Où l’on retrouve Hana aux prises avec un quotidien qu’elle tente d’affronter avec un maximum de bonne humeur et une curiosité gastronomique inépuisable. Hana la trentenaire, employée dans une librairie et dont le mari Goro est toujours aux abonnés absents. Hana qui bricole ses menus avec ce qui lui tombe sous la main et se laisse tenter par les copines ou par une recette entendue dans le bus. Hana toujours aussi bordélique et gamine dans l’âme…

Pour tout dire, j’avais trouvé le premier tome sympa, sans plus. Surtout, je m’étais fait la réflexion que si la mécanique de la série restait la même (un chapitre = une recette), le coté répétitif pourrait vite lasser. Et bien pas manqué, je me suis ennuyé comme c’est pas permis avec ce second volume (heureusement que je l’ai emprunté à la médiathèque). Petite nouveauté, on nous propose une histoire en couleurs mais les teintes choisies, verdâtres et délavées, ont de quoi vous donner la nausée, le comble pour un manga culinaire. Autre problème, il n’y a pas d’intrigue, chaque historiette est indépendante et sans intérêt. En fait, aucune recette ne m’a mis l’eau à la bouche. Au niveau de notre héroïne, rien de nouveau. Hana a trente ans mais on lui en donnerait douze. Tout ce qu’elle goute est forcément délicieux alors qu’elle est le plus souvent dans l’improvisation totale et que les ingrédients qu’elle utilise n’ont à la base rien de transcendant. Des nouilles chinoises froides, du riz nature saupoudré de flocon de thon séché et assaisonné de sauce soja et de mayonnaise la font grimper aux rideaux. Sérieux ? Perso, quand je teste une nouvelle recette à la maison, je me fais plus souvent incendier que féliciter. Bref, résumons : c’est répétitif, sans intérêt, le dessin est très moyen et ça ne vous ouvrira pas l’appétit. Et dire que le scénariste est celui du Gourmet solitaire, mon Taniguchi préféré. Franchement, je n’arrive pas à le croire.

J’ai lu en début de semaine que le manga connaît une crise sans précédent (moins 50% de chiffre d'affaire entre 2007 et 2011 aux États-Unis, moins 20% entre 2008 et 2013 en France). Le premier accusé est le piratage et le scantrad (une pratique qui consiste à scanner et traduire les mangas dès leur publication puis de les proposer illégalement sur le net). Soit. Mais il faudrait aussi que les éditeurs se posent des questions sur la médiocrité des titres qu’ils proposent. En dehors des blockbusters archi-vendeurs, beaucoup de séries ont une qualité bien insuffisante et ne donnent tout simplement pas envie de passer à la caisse. Mes Petits plats faciles est un exemple parmi tant d’autres.


Mes petits plats faciles by Hana T2 de Masayuki Kusumi et Etsuko Mizusawa. Komikku, 2013. 175 pages. 9,90 euros.

Les avis mitigés sur le tome 1 de A Girl from Earth et Violette.

samedi 9 novembre 2013

Pan’Pan Panda, une vie en douceur - Sato Horokura

Panettone, que tout le monde appelle Pan’Pan, est un panda. C’est aussi le gardien de la résidence Kanda, où il vit avec une petite fille prénommée Praline. Chaque histoire de ce manga est une chronique de la vie quotidienne. Du choix d’un foulard à l’arrivée d’une nouvelle locataire, d’une amitié naissante à la préparation du repas de Noël, on découvre la tendre relation qui unit Pan’Pan à Praline mais aussi quelques traditions et habitudes typiquement japonaises.

Bon, si je me laissais aller je tomberais dans la vanne pourrie en écrivant que Pan’Pan est cucul (désolé j’aime bien les vannes pourries, on ne se refait  pas). Ça a vraiment été mon premier sentiment en refermant ce manga, je l’ai trouvé assez niais. Et puis pépette n°2 l’a lu et elle a adoré. Du coup j’ai dû revoir ma position. Parce qu’après tout ce livre ne s’adresse pas à moi, adulte aigri et un poil cynique, mais bien à nos chères têtes blondes. Je l’ai donc à nouveau parcouru avec mes yeux d’enfant et je dois dire que je comprends pourquoi ça a fonctionné avec pépette.

C’est frais et léger, mignon comme tout, plein de douceur. Et puis habiter avec un panda tenant plus de la peluche géante que de l’animal sauvage, avouez que ça fait rêver. En plus ce manga est entièrement en couleurs et publié dans le sens de lecture occidental, ce qui facilite grandement les choses pour les petits bouts qui découvrent le genre pour la première fois. De mon coté j’ai beaucoup aimé le bonus final proposant un lexique intéressant, une postface, un jeu et une fort jolie galerie de croquis.

Une série prévue en 8 tomes, pétrie en bons sentiments et qui constitue une entrée idéale dans l’univers du manga pour les plus jeunes. Personnellement, je ne suis pas certain de lire la suite mais j’en connais une qui va me la réclamer à corps et à cris. Et comme je ne refuse jamais le moindre livre aux pépettes…


Pan’Pan Panda, une vie en douceur T1 de Sato Horokura. Nobi nobi, 2013. 110 pages. 9,45 euros.  

Les avis de Leiloona et Mya Rosa


vendredi 14 juin 2013

Un drôle de père T1 - Yumi Unita

Daikichi, jeune célibataire de 30 ans, découvre avec stupéfaction à la mort de son grand-père que ce dernier a une fille de 6 ans. Une fille dont la maman a disparu sans laisser de trace et dont le père vient de décéder à 79 ans. Une fille qui n’est autre que sa tante ! Après la cérémonie funéraire, la famille se réunit pour décider du sort de l’enfant. Personne ne semble disposé à l’accueillir. Furieux de constater que chacun se trouve une excuse pour se défausser, Daikichi est déterminé à prendre en charge la petite Rin. Commence alors une drôle de cohabitation entre un garçon n’ayant jamais eu de contact avec des enfants et une gamine taciturne en manque d’affection. Mais peu à peu ces deux-là vont trouver leurs repères et commencer à s’apprivoiser mutuellement.

Quand Marie, experte ès manga s’il en est, écrit dans un billet que les quatre premiers tomes de cette série comptent parmi ce qu'elle a lu de meilleur en manga ces dernières années, il n'y a pas de questions à se poser, il faut foncer. C’est ce que j’ai fait et je ne regrette pas.  Alors que l’auteure aurait pu orienter son histoire vers un registre purement humoristique en jouant sur le bouleversement engendré par l’intrusion d’une fillette dans la vie d’un  célibataire endurci, elle a préféré faire preuve de davantage de finesse. Sont notamment abordés des problèmes très concrets comme le besoin de trouver une garderie ou les vêtements à acheter. Il y a également les questions que se pose Rin par rapport à la mort, les interrogations de Daikichi sur la carrière brillante qu'il va peut-être devoir mettre entre parenthèse... L'air de rien, cela amène une réflexion sur la responsabilité individuelle et l’égoïsme de la société japonaise qui laisse bien peu de place à l’altruisme. Tout cela sans donner de leçon, avec beaucoup d’humanité et en ne forçant le trait à aucun moment.

Au niveau graphique, j’ai apprécié le dessin de Yumi Unita, finalement assez proche de la ligne claire européenne. C’est simple, d’une grande lisibilité. De plus, l’absence quasi systématique de décor n’est pas un handicap, au contraire, ce coté épuré permet de recentrer l’attention sur les expressions et les attitudes des personnages.

Un manga instructif, intelligent et touchant qui porte un regard lucide sur la place difficile qu’occupe la parentalité dans le Japon d’aujourd’hui. J’ai maintenant hâte de connaître la suite !


Un drôle de père  T1 de Yumi Unita. Delcourt, 2008. 198 pages. 10,75 euros. 










vendredi 7 juin 2013

Mes petits plats faciles by Hana T1 - Masayuki Kusumi et Etsuko Mizusawa

Vous cherchez à faire un petit truc rapide pour le dîner de ce soir ? J’ai. Même avec des restes, il y a moyen de s’en sortir. Un exemple ? Que diriez-vous de miettes de saumon mayonnaise sur du pain de mie avec une salade de chou blanc rehaussée d’un peu de Tabasco ? Ou alors de riz aux algues nori et œufs lyophilisés en sachet accompagné d’une soupe instantanée parfumée aux champignons Matsuké. Bon ok, tous les ingrédients ne seront pas forcément faciles à trouver, mais avouez que cela sort de l’ordinaire. Il y 17 menus en tout dans ce manga, un par chapitre. Tous les plats sont réalisés par Hana, une trentenaire travaillant dans une librairie et dont le mari a été muté en province. Dans son mini appartement toujours en désordre, Hana fouille les placards et le frigidaire pour se concocter de petits en-cas ou des choses plus élaborées comme un pot-au-feu par exemple.

Masayuki Kusumi a signé le scénario du célèbre Gourmet solitaire de Taniguchi. Il a créé avec Hana une héroïne pétillante, drôle et pleine de fraîcheur. Cette cuisinière, loin d’être un cordon bleu, commente chacune de ses réalisations avec une bonne humeur et un ton décalé qui font mouche. Nul doute que beaucoup de japonaises se sont reconnues dans le portrait de cette jeune femme aussi paresseuse que gourmande puisque Mes petits plats faciles a été le manga le plus lu par le public féminin en 2012 et qu’il a déjà été adapté à la télévision.        

Niveau dessin, on a déjà vu mieux, n’est pas Taniguchi qui veut… Disons que les plats mitonnés par Hana pourraient parfois être plus attrayants visuellement parlant. Mais l’ensemble reste tout de même correct.

J’ai passé un bon moment avec Hana et si, sur la durée, le principe plutôt répétitif qui régit le fonctionnement de la série pourra lasser, il n’en est absolument rien dans ce premier tome dont certaines recettes me tentent sacrément. Amis de la gastronomie japonaise, le couvert est mis…


Mes petits plats faciles by Hana T1 de Masayuki Kusumi et Etsuko Mizusawa. Komikku, 2013. 175 pages. 9,90 euros. 



Ce billet signe ma première participation à la quinzaine nippone de Choco et Marilyne


vendredi 15 février 2013

Bye bye, my brother - Yoshihiro Yanagawa

Yanagawa   © Sakka 2013
Ancien boxeur vedette, Nido est devenu SDF suite à une tragique agression l’ayant privé du plein usage d’une de ses jambes. Il se voit régulièrement proposer une place d’entraîneur dans un club tenu par l’un de ses anciens admirateurs fortunés mais il refuse à chaque fois, rongé par la culpabilité depuis la mort de son frère cadet dont il avait la charge. Comme si la misère était le seul châtiment qu’il mérite. Pourtant, sa rencontre avec l’apprenti boxeur Jirô semble quelque peu changer la donne…

Un univers de chats anthropomorphes aux attitudes tellement humaines que l’on oublie vite avoir affaire à des animaux. Cette histoire d’amour fraternel et de rédemption frôle parfois le mélo sans jamais franchir la ligne jaune qui le ferait passer de l’émouvant au mièvre. Parmi les points négatifs, la présence du gros chat noir symbolisant la mort donne un aspect fantastique et pseudo philosophique (surtout dans la seconde partie qui est en fait une histoire courte pouvant se lire indépendamment du premier récit) qui n’apporte pas grand-chose, si ce n’est une réflexion assez foireuse sur les choix à faire dans la vie pour  ne pas subir un destin tracé d’avance.

Pour autant ce one shot mérite d’être découvert pour ces personnages touchants à la psychologie plutôt fouillée et surtout pour le dessin de Yoshihiro Yanagawa dont le trait souple et élégant est une vraie réussite. Sans compter que son découpage, notamment l’alternance entre les moments de calme et la furie des combats de boxe, donne à son histoire un rythme très intéressant.

« Sympatique découverte mais pas totalement emballé » : je reprend cette phrase de Mo’, avec qui j’aurais dû partager cette lecture commune la semaine dernière. Maintenant qu’elle a publié son avis, je peux comparer nos points de vue et je constate que de son coté elle a beaucoup aimé la présence du gros chat noir et la touche fantastique. Finalement je crois que si l’intrigue s’était uniquement centrée autour de l’aspect « drame social », je l’aurais davantage appréciée. Pour autant Bye bye my brother restera un agréable moment de lecture que je ne regrette absolument pas (tout comme Mo' finalement. Allez donc lire son avis vous verrez que je ne raconte pas de bêtise).      

Bye bye, my brother de Yoshihiro Yanagawa. Casterman, 2013. 190 pages. 7,95 euros. 


Yanagawa   © Sakka 2013

vendredi 25 janvier 2013

Thermae Romae 5 - Mari Yamazaki

Yamazaki © Casterman 2013
Toujours coincé dans le Japon d’aujourd’hui, l’architecte romain Lucius poursuit sa découverte des mœurs locales, notamment à travers l’art du massage et de la chiropraxie. Lorsque des mafieux s’intéressent de trop près à l’établissement dans lequel il est accueilli, Lucius voit rouge, surtout quand ces misérables s’en prennent à la belle Satsuki.

J’étais déjà sorti très sceptique de la lecture du quatrième volume mais là le doute n’est plus permis : cette série part vraiment en cacahuète ! Un cheval qui tombe raide dingue amoureux de Lucius, lui-même épris de Satsuki, un grand père roi du kung-fu, des yakusas de pacotille, l’utilisation d’un char de course romain pour arrêter une grosse berline, etc. Mari Yamazaki pousse à l’évidence le bouchon trop loin et elle le reconnaît d’ailleurs dans la postface : « On est donc sorti du manga d’étude comparée des bains pour arriver à du grand n’importe quoi. » Faute avouée à moitié pardonnée ? Ben non, malheureusement, cette belle lucidité n’excuse pas le piètre tournant que prend Thermae Romae. Une fois de plus la quasi totalité de l’intrigue se passe au Japon. A peine une courte incursion dans la Rome antique pour revenir sur la situation critique de l’empereur Hadrien, c’est bien peu. Pas grand-chose à sauver donc, à part peut-être les interludes entre certains chapitres qui restent dans l’ensemble agréables à lire et sont souvent fort instructifs.

Le tome 6 devrait être le dernier. Franchement, il est temps de mettre un terme à une série qui, après un démarrage surprenant et de qualité, sombre au fil de chaque nouveau volume dans une médiocrité de plus en plus criante.  

Thermae Romae T5  de Mari Yamazaki, Casterman, 2013. 194 pages. 7,95 euros.

Mon avis sur les tomes 1 et 2, le tome 3, le tome 4


Yamazaki © Casterman 2013


Une nouvelle participation au challenge de  Soukee


mercredi 23 janvier 2013

Le vagabond de Tokyo 3 - Takashi Fukutani

Fukutani © Le lézard Noir 2012
Difficile de faire un plus grand écart avec les BD des mercredis précédents. Après deux superbes albums d’Emmanuel Lepage, je mets les mains dans le cambouis avec ce manga aussi inclassable que cradingue. Je vous préviens d’emblée, âmes sensibles s’abstenir. Si vous cherchez du glamour, il faudra éviter de passer par ici aujourd’hui.

Le vagabond de Tokyo, c’est Yoshio, un branleur dans tous les sens du terme. Au sens propre d’abord, la masturbation étant son loisir favori. Au sens figuré ensuite puisque ce jeune homme est sans doute la plus grande feignasse de l’histoire du manga. Quelques boulots sur des chantiers afin de payer son saké quotidien (oui, parce que Yoshio picole pas mal aussi, ça occupe) et pour le reste, rien de mieux que la sieste et la glandouille. Résultat, il vit dans une chambre délabrée sur un vieux futon tout pourri, au milieu des bouteilles vides et des magazines porno tout en se nourrissant quasi exclusivement de nouilles instantanées. Son existence n’est qu’une succession d’échecs plus retentissants les uns que les autres. Le loser absolu, quoi.  

Pour être franc j'ai eu quelques craintes parce que ce troisième tome démarre doucement. Après un retour dans sa campagne natale, Yoshio nous raconte son dépucelage à 17 ans (rien de glorieux, forcément) puis les dures journées sur les chantiers qui se terminent toutes au troquet où il dépense en alcool sa paie quotidienne. Quelques passages onirico-érotique par-ci par-là mais rien de bien méchant, pas la moindre trace de scatologie ni de situations vraiment répugnantes alors que les volumes précédents en regorgeaient. Je me suis dis que Takashi Fukutani avait mis de l’eau dans son vin. Et puis arrivé au trois quart du recueil, je tombe sur l’histoire du « Lucky Hole » et je retrouve toute la verve trash et sans limite qui me plait tant dans cette série. C’est quoi un Lucky Hole ? Comme un petit dessin vaut mieux qu’un grand discours, je vous montre :



Le principe est on ne peut plus simple. On pose une serviette dans le trou, on y glisse son engin et de l’autre coté de la cloison une jeune fille s’occupe de vous manuellement. Glauque, non ?  Le problème quand il y a une pénurie de main d’œuvre c’est que les tenanciers de ces lieux sordides doivent parfois faire appel à des femmes bien moins jeunes et quand ils ne trouvent pas de femmes, ils doivent se tourner vers des hommes qui prennent une voix de fausset pour masquer la supercherie. Et devinez qui va se retrouver derrière la cloison d’un Lucky Hole ? Yoshio bien sûr. Rien ne lui sera épargné, de l’odeur abominable répandue dans la pièce au fil de la journée à ses vêtements, sa figure et ses cheveux recouverts de… Une expérience effrayante qui tournera à la catastrophe quand l’un des clients ne se contentera pas du massage manuel et voudra passer à la vitesse supérieure (je vous avais prévenu, pas de glamour ici aujourd’hui).

Je me suis régalé. J’adore quand un auteur lâche prise à ce point. C’est tellement énorme, tellement barré, tellement drôle (bon il faut aimer l’humour très noir et très vulgaire mais je suis bon public pour ce genre de chose). Et puis ce n’est pas tous les jours que l’on tombe sur un personnage aussi navrant et aussi pathétique.

Est-que je vous conseille de vous ruer sur ce manga ? Surement pas ! D’ailleurs même si je vous le recommandais chaudement, je crois que vous ne seriez pas beaucoup à me suivre. En tout cas si vous voulez tenter le coup, je serais ravi de savoir ce que vous en pensez.

            
Le vagabond de Tokyo T3  de Takashi Fukutani. Le Lézard Noir, 2012. 408 pages. 23 euros. 

Fukutani © Le lézard Noir 2012





vendredi 16 novembre 2012

Gisèle Alain de Sui Kasai

Kasai © Ki-oon 2012
Gisèle Alain incarne une certaine forme de liberté et de joie de vivre. Elle est pleine de peps, de bonne volonté et d’optimisme. Sa naïveté la rend parfois touchante et fragile, son caractère entier peut lui jouer des tours. Mais plus que tout, Gisèle Alain m’a fait bailler d’ennui. 

Dans un décor de carton pâte censé reconstituer un Paris Victorien du début du 20ème siècle (Paris à cause du nom de l’héroïne et Victorien parce que certains bâtiments et vêtements semblent très anglais), cette gamine enchaîne des historiettes sans intérêt. Un pauvre chat à sauver des griffes d’un savant fou (mais en fait, pas de panique, le savant est un gentil monsieur !), un garçon sauvage à apprivoiser (tout est bien qui finit bien, forcément) ou encore une stripteaseuse à consoler (à la limite là, ça pourrait m’intéresser, mais finalement non), ne cherchez plus, Gisèle s’occupe de tout. Ça dégouline de bons sentiments et la mièvrerie se retrouve à chaque coin de page. Bref, j’ai trouvé ça niais, tout simplement. En fait, chaque chapitre étant une petite nouvelle indépendante de ce qui suit et ce qui précède, cela donne à l’ensemble une trop grande impression de légèreté. Tellement léger qu’à la fin il n’en reste rien. Aussi vite lu qu’oublié, quoi. 

Seul point positif, le dessin est très sympa, précis et détaillé. Malheureusement, un beau dessin ne fait pas une bonne histoire, ce serait trop facile. Mon Dieu que ce manga est cul-cul la praline ! Il est très rare que je referme un livre en me disant que j’ai perdu mon temps mais malheureusement, c’est ici le cas..             

Gisèle Alain T1 de Sui Kasai. Ki-oon, 2012. 206 pages. 7,65 euros. 



Kasai © Ki-oon 2012

mercredi 24 octobre 2012

Thermae Romae 4 de Mari Yamazaki

Yamazaki © Casterman 2012
Aelius Caesar, fils adoptif et successeur annoncé d'Hadrien, vient de mourir. Craignant que la Pax Romana soit en danger, l’empereur s’apprête à confier à Lucius une mission capitale mais au même moment, l’architecte spécialisé dans la conception de thermes est à nouveau transporté dans le temps et se retrouve dans le Japon actuel. Et contrairement aux fois précédentes, son séjour s’éternise. Heureusement pour lui, il rencontre Satsuki, une jeune femme passionnée par l'antiquité qui parle couramment le latin. Grâce à elle, Lucius va devenir employé d’une station thermale et découvrir, souvent avec étonnement, la diversité des tâches à accomplir.

Ce quatrième volume marque une rupture avec les trois premiers. La majorité de l’intrigue se déroule au Japon et la Rome antique passe clairement au second plan. Une façon comme une autre d’éviter l’effet redondant des chapitres précédents mais je trouve que la série y perd quelque peu son âme. Au départ, Mari Yamazaki souhaitait comparer la culture japonaise et la culture romaine à travers le prisme des bains. Mais là, le ressort semble cassé. Le personnage de Lucius sert de faire valoir à la petite japonaise spécialiste de l’histoire latine. Difficile de ne pas voir dans la figure de Satsuki un autoportrait sans grand intérêt de l’auteur. Sans compter que le laïus sur les geishas de stations thermales tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et n’apporte pas grand-chose au propos, contrairement aux scènes où le romain découvre le pouvoir magique de l’électricité et de la télévision qui sont pour le coup drôles et bien amenées.

Bref, vous l’aurez compris, je ressors de cette lecture avec la désagréable impression qu’un certain manque d’inspiration a poussé l’auteur à tricoter une histoire tirant artificiellement en longueur. Du remplissage, quoi. J’espère me tromper et retrouver dans le prochain volume les allers retours temporels et les péripéties farfelues qui font tout le sel de la série. Wait and see, comme dirait l’autre…   

Thermae Romae T4  de Mari Yamazaki, Casterman, 2012. 190 pages. 7,50 euros.

Mon avis sur les tomes 1et 2

Mon avis sur le tome 3


Yamazaki © Casterman 2012




mercredi 4 juillet 2012

Thermae Romae 3 de Mari Yamazaki

Yamazaki © Casterman 2012
A force de voyager dans le temps et de ramener de chacune de ses pérégrinations de nouvelles idées révolutionnaires pour améliorer les thermes romains, l’architecte Lucius Modestus est devenu une véritable star dans son domaine. Engagé par l’Empereur Hadrien, Modestus a construit des bains qui plaisent au peuple, suscitant de nombreuses jalousies au sein de sa corporation. Considéré comme le principal artisan de la popularité d’Hadrien, il provoque également le courroux de certains sénateurs prêts à tout pour le faire disparaître…

Toujours aussi plaisantes, les aventures de Lucius. Les deux premiers tomes avaient posé les bases d’une trame certes un poil farfelue mais qui laissait néanmoins apparaître de belles promesses. L’aspect répétitif est ici moins présent même si le déroulement de chaque chapitre respecte plus ou moins la même mécanique : confronté à un problème d’ordre technique ou à une demande difficile à honorer, Lucius tombe à l’eau, se retrouve dans le Japon actuel et découvre la solution à son problème en étudiant les procédés mis en œuvre au pays du soleil levant. Ce troisième tome s’ouvre sur une histoire au long cours s’étalant sur près de 80 pages et se termine par un insupportable cliffhanger. De quoi briser quelque peu la « monotonie » et donner davantage de peps à l‘ensemble.

Les petits entractes au cours desquels Mari Yamazaki disserte sur son œuvre et son amour immodéré pour les bains et la Rome antique s’intercalent une fois encore entre chaque chapitre et offrent une respiration fort agréable.

Bref, vous l’aurez compris, cette série assez inclassable me plaît beaucoup et je serai une fois de plus au rendez-vous pour la sortie du quatrième tome prévue cet automne.             

Thermae Romae T3  de Mari Yamazaki, Casterman, 2012. 190 pages. 7,50 euros. 


Yamazaki © Casterman 2012





mercredi 21 mars 2012

Thermae Romae 1 et 2

Yamazaki © Casterman 2012
A Rome, en l’an 128 de notre ère, sous le règne de l’empereur Hadrien, Lucius Modestus est un architecte sans grand talent. Spécialisé dans la conception et la construction de thermes, ses projets sont systématiquement refusés car son employeur considère que ses idées sont d’un autre âge. Déprimé, il se rend avec un ami dans un bain public et se retrouve aspiré par un trou au fond du bassin. Transporté dans l’espace et le temps, Lucius se réveille de nos jours au milieu d’un sentô (bain public japonais). De retour dans son époque, il va s’employer à reproduire les innovations découvertes dans le japon du XXIe siècle, ce qui fera de lui une célébrité et le mènera à côtoyer l’empereur en personne.

Au cours de chaque chapitre, Lucius voyage dans le temps et découvre un nouveau procédé technique qu’il met en application dès son retour à Rome. Présentées comme cela, les choses pourraient rapidement paraître très répétitives. C’était d’ailleurs ma grande crainte au début du premier volume. Mais finalement l’écueil est surmonté avec brio car l’auteur propose une vraie progression de l’intrigue. Au fil des chapitres, on voit évoluer l’état d’esprit de l’empereur ou encore la jalousie soulevée chez ses confrères par l’insolente réussite de Lucius. Surtout, ce dernier n’est pas présenté comme un simple technicien sans âme. Il doit faire face à un douloureux divorce et on le voit même tenter de régler ses problèmes d'érection ! Mélanger la petite et la grande histoire n’est pas d’une folle originalité mais la recette reste efficace. Grâce aux va-et-vient de Lucius entre son époque et la nôtre, l’auteur confronte les pratiques thermales de deux civilisations vouant aux bains publics un amour irraisonné. Entre chaque chapitre, des commentaires et des photographies enrichissent le propos et éclairent davantage encore la problématique venant d’être traitée. Pour les pointilleux, il faut bien reconnaître que la Rome antique de Mari Yamasaki est plus fantasmée qu’historiquement irréprochable, mais de mon point de vue, peu importe. De toute façon, quand on imagine qu’un architecte de l’an 128 peut voyager dans le temps, on peut se permettre quelques largesses quand à la véracité historique !

Graphiquement, le trait est réaliste et assez précis, notamment dans la reproduction des bâtiments, des vêtements et des objets de la vie courante.

Voila donc un manga plein de fraîcheur (normal, me direz-vous !), à la fois léger et instructif, qui m’a beaucoup séduit. La série, terminée au Japon, compte en tout six tomes. Le troisième sortira chez nous en juin et je serai avec plaisir au rendez-vous.


Thermae Romae T1 et T2 de Mari Yamazaki, Casterman, 2012. 190 pages. 7,50 euros.


Yamazaki © Casterman 2012
 
 
 




Ce billet signe ma seconde participation aux 10 jours japonais de Choco




mardi 20 mars 2012

Jintarô, le caïd de Shinjuku

Akiyama © Le Lézard Noir 2011
« Tu crois que je suis qui ? C’est quoi mon nom ? Dis-le ! ». Son nom, c’est Jintarô, le caïd de Shinjuku. Si vous ne savez pas qui il est, vous ne ratez pas grand-chose. Surtout, si vous ne connaissez pas son nom, c’est plutôt bon signe, ça signifie que vous n’avez pas encore eu affaire à lui. Jintarô est préteur sur gages. Un gros bourrin moche comme un pou et fringué comme un yakuza, aussi violent que vulgaire. Un obsédé sexuel qui, quand un client ne peut pas payer, demande à sa femme de régler les dettes en nature. Son quotidien est rythmé comme du papier à musique : « Je fais des bénéfices au péril de ma vie le jour et la nuit je m’adonne aux plaisirs de l’alcool et de la chair ». Tout un programme !

Dans une interview à la fin du recueil, l’auteur précise qu’il a voulu créer un personnage qui soit vraiment un sale type. Pour le coup c’est réussi. Son comportement et son faciès sont à vomir. Sans parler de son langage. Un petit exemple pour vous mettre dans le ton ? « La chatte des gonzesses c’est comme l’ouverture d’un porte-monnaie. Dès que tu montres de l’argent, elle s’ouvre grand. » La classe, non ?

Ce one-shot compte en tout et pour tout six chapitres. Comme Jintarô meurt à la fin, on se doute qu’il n’y aura jamais de suite. En même temps, difficile d’imaginer des millions d’aventures tant le personnage est stéréotypé. Et puis il vaut mieux déguster ce manga à petite dose pour éviter la nausée.

Le dessin de George Akiyama est ultra vintage. A tel point que j’ai longtemps cru que c’était un manga des années 70 avant de découvrir que la première publication des aventures de Jintarô datait de 1995. La gueule du prêteur sur gages, c’est quand même quelque chose ! Et puis les nombreuses scènes de sexe, sans être totalement explicites sont proches d’une forme de psychédélisme très étonnant.

De la série B trash et sans concession, assumée à 200% par l’auteur qui reconnaît que quand il créé son histoire, il ne réfléchit pas du tout, préférant dessiner comme il sent. Au final, je ne garderais pas un souvenir impérissable de ce titre même si je reconnais qu’il pourra séduire les amateurs de seinen atypiques. Une belle initiative en tout cas des éditions du Lézard noir que de faire découvrir en France un manga si particulier même si, chez cet éditeur, je préfère largement le sulfureux Vagabond de Tokyo.


Jintarô, le caïd de Shinjuku de George Akiyama. Le Lézard Noir, 2011. 184 pages. 18 euros.


Akiyama © Le Lézard Noir 2011




Ce billet signe ma première participation aux dix jours japonais de Choco

mercredi 28 décembre 2011

My girl 1


Sahara © Kazé 2010
Masamune est sans nouvelles de Yoko, l’amour de sa vie, depuis maintenant cinq ans. Tout juste sait-il qu’elle est partie suivre des études à l’étranger. Mais un coup de téléphone lui apprend que Yoko vient de mourir et qu’elle laisse derrière elle une petite fille dont il est le père. Un coup de massue pour ce salaryman célibataire à la vie bien rangée. Après quelques hésitations, Masamune accueille chez lui la petite Koharu. Commence alors une délicate cohabitation entre deux êtres qu’à priori tout oppose...

Attention, terrain glissant. J’ai tiqué en trouvant ce manga au pied du sapin. Sourire de circonstance et remerciements au gros barbu (je suis bien élevé) mais surtout d’énormes doutes concernant la qualité de ce titre en lisant le résumé sur la 4ème de couverture. Je me suis dit que j’allais encore devoir me taper un drame larmoyant dégoulinant de bons sentiments, gardant en souvenir la pénible lecture d’Un bol plein de bonheur. A l’arrivée, mes préjugés ont été balayés par ce début d’histoire finement mis en place. Certes, on joue avec la corde sensible, mais sans jamais forcer. Le démarrage de la relation entre Masamune et Koharu est parfaitement amené. Alors que les psychologues ont dit à la petite fille de vite tirer un trait sur le triste accident qui a frappé sa mère, l’enfant au contraire ne veut pas oublier sa maman. Elle avoue à Koharu dès leur première rencontre : « Je voulais te rencontrer parce que je pensais que tu connaîtrais un moyen de vivre sans maman. » La réussite de leur cohabitation et le renforcement de leurs sentiments réciproques reposent sur ce postulat de départ : chacun soutiendra l’autre dans les moments difficiles pour rendre plus supportable le vide laissé par la disparition de Yoko. Intéressante également la délicate mise en route de la nouvelle vie de père célibataire de Masamune avec la difficulté de jongler entre le travail et sa fille, le regard désapprobateur des mamans à l’école ou encore son impuissance à gérer certains comportements de son enfant...

Bien sûr tout n’est pas parfait et l’auteur le reconnaît d’ailleurs dans la postface : « L’histoire est puérile, grossièrement écrite et manque parfois de cohérence, mais si ne serait-ce que quelques bribes restent dans votre mémoire, je serais ravie ». Sans être aussi sévère, je dirais que quelques faiblesses sautent aux yeux niveau scénario mais rien de dramatique. Et puis pour ce qui est du dessin, le trait est aéré et extrêmement lisible. Une simplicité de bon aloi qui sert parfaitement bien le propos et rend la progression du récit limpide.

Une agréable surprise donc. Seconde fois cette année que mes préjugés sur les mangas « tire-larmes » me jouent des tours après le très réussi Chien gardien d’étoiles. Jamais deux sans trois ?


My Girl T1, de Mizu Sahara, Kazé, 2010. 198 pages. 7,95 euros.


Sahara © Kazé 2010





samedi 2 juillet 2011

Ubel Blatt 1

Il y a 20 ans, en l’an de grâce 3972, l’empereur confia une mission à 14 jeunes gens qu’il dota de 14 lances sacrées. Leur but : vaincre la puissance maléfique de l’armée des ténèbres de Wischtech et rétablir la paix dans le royaume. Trois d’entre eux périrent en chemin. Quatre trahirent l’empire et furent exécutés. Les sept derniers revinrent en héros et furent portés en triomphe dans la capitale. Mais ces sept survivants sont-ils vraiment des héros ?

Aujourd’hui, dans la ville frontière de Rielde Velem, les moines guerriers sont chargés d’octroyer des laissez-passer aux réfugiés qu’ils estiment être des « justes ». La population afflue en masse pour espérer obtenir ce précieux sésame leur permettant de passer de « l’autre coté », au pays des sept héros et de la paix. Ceux qui tentent de franchir la frontière clandestinement sont exécutés sur la place publique. La corruption est bien souvent le moyen le plus efficace pour obtenir l’assentiment des moines.

C’est dans cette ambiance tendue et oppressante que vont se rencontrer Peepi, Vido, Altea et Köinzell. Un quatuor improbable animé par des motivations différentes mais partageant un but commun : parvenir à tout prix à passer la frontière…

Ubel Blatt, c’est de la Dark Fantasy. Je fais le malin, mais n’y connaissant pas grand chose dans les nombreuses appellations propres à ce genre particulier, je suis allé rendre une visite à mon ami Wiki pour qu’il m’en apprenne davantage : "La dark fantasy ou fantaisie noire est un sous genre de la fantasy qui désigne les œuvres dans lesquelles l'ambiance est très sombre et proche de l'apocalypse. Le bien laisse place au mal et les héros sont souvent fatigués et abattus par les épreuves qu'ils ont subies. En partant donc d'une mentalité pessimiste, l'auteur nous présente la plupart du temps une œuvre évoluant dans l'horreur en présentant aux lecteurs les détails des combats. Cela leur donne une dimension plus violente et souvent assez proche de l'horreur sans pour autant en faire partie. Cette dimension nouvelle de la fantasy s'éloigne du classique classement bien/mal et permet une réflexion sur le bien fondé des notions de bien et de mal".

Ambiance, sombre, héros ayant subi de lourdes épreuves, détails dans les combats… Pas de doute, Ubell Blatt réunit ces critères. C’est un univers d’une grande noirceur où il est question de trahison et d’honneur. La violence y est omniprésente et les combats sont plutôt sanglants. Petit contre pied aux poncifs habituels de ce type de récit, le héros Köinzell n’est pas un grand macho baraqué mais plutôt une figure androgyne d’apparence frêle et vulnérable. Pour ce qui est du dessin, on est dans du grand classique où les mouvements et la variété des scènes d’action sont bien rendus. Un petit souci néanmoins avec les personnages féminins qui se ressemblent tous comme deux gouttes d’eau.

Ne se contentant pas d’enfiler les combats comme des perles, l’auteur pose dans ce premier tome les bases d’une fresque complexe où les enjeux géopolitiques sont au moins aussi importants que les destins individuels. D’ailleurs, à la fin de chaque volume on trouve des informations sociales ou historiques qui donnent beaucoup d’épaisseur à l’environnement qui est décrit. Au final, Ubell Blatt est un seinen (décidément, mon vocabulaire spécialisé ne cesse de s’élargir !) riche et violent qui, par certains aspects, rappellera aux nostalgiques du club Dorothée la série Hokuto no Ken (Ken le survivant). A priori pas du tout ma tasse de thé mais j’ai tout de même passé un bon moment de lecture.


Ubell Blatt T1 de Etorouji Shiono, Éditions Ki-Oon, 2007. 216 pages. 7.50 euros.





Le challenge Palsèche de Mo'



La quinzaine Nippone de Choco