Pour fêter ses 70 ans, le tireur le plus rapide de l’Ouest se réinvente et passe entre les mains d’auteurs lui rendant hommage à leur manière. Premier à se lancer dans cette drôle d’aventure, l’excellent Mathieu Bonhomme, dont j’ai lu tous les albums depuis la série « Le marquis d’Anaon ». Comme pour Chlorophylle récemment, j’aime l’idée d’un hommage qui ne se contente pas d’être une reprise fidèle mais apporte une réelle singularité au personnage et à son univers.
Bonhomme dresse le portait d’un Lucky Luke plus sombre, le faisant évoluer dans une atmosphère pesante où le clair-obscur prend le pas sur la lumière. Un Lucky Luke moins serein aussi, fébrile, lunatique, limite fragile, et en manque de nicotine, clin d’œil au passage de ce fumeur invétéré de la clope au brin d’herbe survenu en 1983. Suprême originalité, il se permet de tuer le héros dès la première planche !
Pour autant, le scénario m’est apparu classique, sans véritable surprise. Le manque d’humour, élément pourtant caractéristique de la série, est criant et les personnages secondaires sont bien trop lisses pour apporter une réelle valeur ajoutée. Reste le dessin, toujours aussi somptueux, avec un art du cadrage et de la mise en scène qui fonctionne à merveille.
Pas une déception à proprement parler mais une réappropriation très personnelle, plus mature, au scénario trop sage, qui vaut surtout pour sa qualité graphique en tout point remarquable.
L’homme qui tua Lucky Luke de Mathieu Bonhomme. Lucky comics, 2016. 64 pages. 15,00 euros.
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