Une jolie transposition que nous propose Lax avec cet album, en soulignant que les combats symboliques de Don Quichotte ont leurs équivalents dans l’Amérique d’aujourd’hui. L’inquisition existe toujours, notamment à travers la censure ou le prosélytisme permanent des télévangélistes, tout comme les croisades menées en terres d’islam, tandis que l’ultralibéralisme, internet et Big Brother n’ont rien à envier à la contre-réforme. Le risque de chercher en permanence des parallèles était de tomber dans des comparaisons tirées par les cheveux. Pour le coup, l’écueil est évité et Lax, après quelques albums plus consensuels, revient à un discours très à gauche pour dénoncer un modèle occidental où la dignité humaine n’a plus sa place et un système broyant les démunis et les petites gens. Je retrouve ici l’auteur engagé que j’avais adoré à l’époque de sa série « Le Choucas ».
Parce que les temps ont quand même (un peu) changé, Rossinante a pris les traits d’une Ford Mustang et Sancho Pança ceux d’un clandestin péruvien. Pour le reste, Mike est le même antihéros poissard et illuminé que « l’ingénieux chevalier ». Je le reconnais, sa posture altermondialiste a un petit quelque chose de déjà-vu et le propos apparaît par moments un poil simpliste. Mais au fond, ça ne m’a pas gêné. De toute façon, un personnage qui lit Bukowski, Selby, Fante, Buroughs et Eward Abbey trouvera toujours grâce à mes yeux, quels que soient ses défauts.
Graphiquement, le dessin au lavis est parfait pour nous emmener sur la route avec Mike, du sud de Kaboul à New York en passant par l’Arizona.
Un album forcément picaresque et truculent. Indispensable pour tout amateur de Cervantès qui se respecte. Ça tombe bien, j’en suis un.
Un certain Cervantès de Christian Lax. Futuropolis, 2015. 204 pages. 26,00 euros.
Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo'.
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