C'est parti pour près de trois semaines loin de ma Picardie natale. La Camargue d'abord puis Gap et Lyon pour quelques jours. Pas d'autres ambitions que me reposer, buller, lire, passer du bon temps en famille et revenir bronzé comme un grain de café.
Le blog part en vacances lui aussi. Un billet demain peut-être, une LC avec Noukette pour vous parler d'Eleanor et Park mardi prochain et ce sera tout jusqu'au 15 août.
Dans mes bagages j'emmène six romans. Un pavé pour le challenge de Brize, un roman anglais paru en mai et quatre titres de la rentrée. Je fonde de gros espoirs sur Paul Harding et le nouveau Patrick Deville. Pour le reste, on verra bien.
Bonnes vacances à celles et ceux qui ont la chance d'en avoir et bon courage au autres. Je vous dis à très bientôt.
jeudi 24 juillet 2014
mercredi 23 juillet 2014
Bouche d'ombre T1 : Lou , 1985 de Maud Begon et Carole Martinez
Une bande d'ados BCBG dans un lycée parisien au milieu des années 80, une séance de spiritisme qui tourne mal, un drame, un fantôme, de l'hypnose, de permanents allers-retour entre rêves et réalité, il y a tout cela dans « Bouche d'ombre », première BD scénarisée Carole Martinez.
Les événements s'articulent autour de Lou, jeune fille rousse et pétillante qui se découvre le don de communiquer avec les défunts. Hantée par le suicide de son amie Marie-Rose, elle voit cette dernière lui apparaître soudainement, jour et nuit. Pensant être responsable de sa mort, elle tente de comprendre les raisons qui l'ont poussée à commettre l'irréparable...
Carole Martinez aime jouer de la fragilité de ses personnages pour s'interroger sur la communication entre les êtres et les relations entre les vivants et les morts.Elle ajoute à sa trame de départ un lourd secret de famille, une bonne dose de rancœur et une pincée de romance pour pimenter l'ensemble. Il se dégage de cet album une atmosphère mystérieuse et fantastique qui m'a, je dois l'avouer, laissé à quai. Le surnaturel et les questions sur l'au-delà n'étant pas ma tasse de thé, je me suis pas mal ennuyé et je crains qu'il ne me reste pas grand chose de l'histoire d'ici quelques jours. J'ai par contre trouvé le dessin de Maud Begon plein de charme et de subtilité.
Un rendez-vous manqué donc, entre cet album et moi. Je ne suis pas mécontent d'avoir découvert Carole Martinez en scénariste de BD mais je vais plutôt essayer de me pencher sur ses talents de romancières.
Bouche d'ombre T1 : Lou, 1985 de Maud Begon et Carole Martinez. Casterman, 2014. 70 pages. 15,00 euros.
Les événements s'articulent autour de Lou, jeune fille rousse et pétillante qui se découvre le don de communiquer avec les défunts. Hantée par le suicide de son amie Marie-Rose, elle voit cette dernière lui apparaître soudainement, jour et nuit. Pensant être responsable de sa mort, elle tente de comprendre les raisons qui l'ont poussée à commettre l'irréparable...
Carole Martinez aime jouer de la fragilité de ses personnages pour s'interroger sur la communication entre les êtres et les relations entre les vivants et les morts.Elle ajoute à sa trame de départ un lourd secret de famille, une bonne dose de rancœur et une pincée de romance pour pimenter l'ensemble. Il se dégage de cet album une atmosphère mystérieuse et fantastique qui m'a, je dois l'avouer, laissé à quai. Le surnaturel et les questions sur l'au-delà n'étant pas ma tasse de thé, je me suis pas mal ennuyé et je crains qu'il ne me reste pas grand chose de l'histoire d'ici quelques jours. J'ai par contre trouvé le dessin de Maud Begon plein de charme et de subtilité.
Un rendez-vous manqué donc, entre cet album et moi. Je ne suis pas mécontent d'avoir découvert Carole Martinez en scénariste de BD mais je vais plutôt essayer de me pencher sur ses talents de romancières.
Bouche d'ombre T1 : Lou, 1985 de Maud Begon et Carole Martinez. Casterman, 2014. 70 pages. 15,00 euros.
mardi 22 juillet 2014
La boîte aux lettres du cimetière - Serge Pey
« La boîte aux lettres du cimetière » est une chronique d'enfance douce-amère. Trente récits de quelques pages, autant de souvenirs égrainés avec humour, tendresse et nostalgie. Le narrateur est un enfant de la guerre d'Espagne réfugié en France. Un enfant « rouge et noir », « fier d'être le fils d'un homme qui n'a pas peur de Dieu ». Un enfant vivant dans une communauté libertaire, toujours en lutte contre le fascisme, les bondieuseries et l'État.
Dans cette communauté, pour accueillir les camarades autour d'une table trop petite, on n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. Parce qu'après tout, c'est bien connu, « les portes nous aiment quand on ne les ferme pas ». Dans cette communauté, on colle les timbres à l'envers, façon symbolique de renverser l'État, le chien de la maisonnée s'appelle Proudhon et il dort par terre sur un drapeau noir, l'école se trouve dans une ancienne porcherie et un clown équilibriste vient apprendre aux enfants à ne pas tomber.
On croise aussi des personnages haut en couleur, de la grand-mère égorgeuse de poulets à Chucho le chasseur de grillons en passant par la tante Hirondelle ou encore Pedro, le guitariste aux ongles impeccables et lisses.
Il y a beaucoup de poésie dans ces petites histoires. Un soupçon de cruauté aussi. L'écriture est belle et sonne comme une musique mélancolique aux accents autant burlesques que poignants. Simple et touchant, tout ce que j'aime.
La boîte aux lettres du cimetière de Serge Pey. Zulma, 2014. 200 pages. 17,00 euros.
L'avis d'Hélène, à qui je dois cette découverte.
Dans cette communauté, pour accueillir les camarades autour d'une table trop petite, on n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. Parce qu'après tout, c'est bien connu, « les portes nous aiment quand on ne les ferme pas ». Dans cette communauté, on colle les timbres à l'envers, façon symbolique de renverser l'État, le chien de la maisonnée s'appelle Proudhon et il dort par terre sur un drapeau noir, l'école se trouve dans une ancienne porcherie et un clown équilibriste vient apprendre aux enfants à ne pas tomber.
On croise aussi des personnages haut en couleur, de la grand-mère égorgeuse de poulets à Chucho le chasseur de grillons en passant par la tante Hirondelle ou encore Pedro, le guitariste aux ongles impeccables et lisses.
Il y a beaucoup de poésie dans ces petites histoires. Un soupçon de cruauté aussi. L'écriture est belle et sonne comme une musique mélancolique aux accents autant burlesques que poignants. Simple et touchant, tout ce que j'aime.
La boîte aux lettres du cimetière de Serge Pey. Zulma, 2014. 200 pages. 17,00 euros.
L'avis d'Hélène, à qui je dois cette découverte.
lundi 21 juillet 2014
La machine à influencer : une histoire des médias - Brook Gladstone et Josh Neufeld
« Nous avons les médias que nous méritons ». Voila comment se conclut ce foisonnant « essai graphique » (ben quoi, on parle bien de « roman graphique », j'ai le droit à mon néologisme, non?) retraçant l'histoire des médias aux États-Unis, de la guerre d'indépendance au conflit afghan en passant par la guerre de sécession, les deux guerres mondiales, le Vietnam et l'Irak. Mais le propos ne se limite pas au traitement médiatique des conflits. Brooke Gladstone décortique les pratiques journalistiques, leur influence, leur asservissement aux politiques et au monde de la finance. Pour autant, elle ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, considérant que le problème vient avant tout du consommateur d'information, c'est à dire de nous : « nous avalons de plus en plus souvent l'info comme des fraises Tagada vautrés dans nos cybercanapés. Nous marinons dans un jus de pseudo-experts, assaisonné seulement des faits et opinion qui nous semblent acceptables. […] Et si les médias que nous choisissons nous abrutissaient aussi ? Et s'ils diminuaient notre capacité d'attention, attisaient nos bas instincts, érodaient nos valeurs, brouillaient notre jugement ? ».
A qui la faute si les JT sont aussi creux, anecdotiques ou hystériques ? Est-ce que les organes d'information doivent donner au public ce qu'il veut ou ce dont il a besoin ? Mais que veut le public ? De quoi a-t-il besoin ? Et existe-il un seul et unique public ? Cette question n'est qu'une parmi tant d'autres. L'ouvrage est pointu sans être indigeste. Toute la partie sur l'objectivité est passionnante, comme celle sur la censure ou les sondages, sans parler de la profonde réflexion sur les réseaux sociaux et le fait qu'aujourd'hui chacun de nous, grâce au net, peut être à la fois consommateur et producteur d'information. Et puis qu'on le veuille ou non, les médias nous influencent en permanence, même quand nous les critiquons ou que nous tentons de leur résister, Brooke Gladstone le démontre brillamment.
Graphiquement, Josh Neufeld (American Splendor), illustre avec simplicité et beaucoup de trouvailles visuelles un texte parfois très envahissant. Au final, La machine à influencer n'est pas un plaidoyer pro médias. Ce n'est pas non plus une charge virulente contre eux. L'analyse est beaucoup plus fine, dense, parfois ardue. Exigeante, quoi. Journalistique diront certain. Dans le sens le plus noble du terme.
La machine à influencer de Brook Gladstone et Josh Neufeld. Ça et là, 2014. 185 pages. 22,00 euros.
A qui la faute si les JT sont aussi creux, anecdotiques ou hystériques ? Est-ce que les organes d'information doivent donner au public ce qu'il veut ou ce dont il a besoin ? Mais que veut le public ? De quoi a-t-il besoin ? Et existe-il un seul et unique public ? Cette question n'est qu'une parmi tant d'autres. L'ouvrage est pointu sans être indigeste. Toute la partie sur l'objectivité est passionnante, comme celle sur la censure ou les sondages, sans parler de la profonde réflexion sur les réseaux sociaux et le fait qu'aujourd'hui chacun de nous, grâce au net, peut être à la fois consommateur et producteur d'information. Et puis qu'on le veuille ou non, les médias nous influencent en permanence, même quand nous les critiquons ou que nous tentons de leur résister, Brooke Gladstone le démontre brillamment.
Graphiquement, Josh Neufeld (American Splendor), illustre avec simplicité et beaucoup de trouvailles visuelles un texte parfois très envahissant. Au final, La machine à influencer n'est pas un plaidoyer pro médias. Ce n'est pas non plus une charge virulente contre eux. L'analyse est beaucoup plus fine, dense, parfois ardue. Exigeante, quoi. Journalistique diront certain. Dans le sens le plus noble du terme.
La machine à influencer de Brook Gladstone et Josh Neufeld. Ça et là, 2014. 185 pages. 22,00 euros.
samedi 19 juillet 2014
Les cavaliers afghans - Louis Meunier
En 2002, Louis Meunier abandonne une carrière de cadre toute tracée pour s'engager dans une ONG et partir en Afghanistan afin d'aider à la reconstruction du pays après la chute des talibans. Désireux de s'immerger dans la vie et les traditions de son pays d'accueil, il apprend la langue et découvre avec fascination le buzkashi, un combat équestre où hommes et montures se disputent avec une violence inouïe la carcasse d'un veau qu'il faut déposer dans un cercle tracé au sol pour marquer un point. Rêvant de devenir un cavalier du buzkashi, un tchopendoz, Louis meunier se met en quête d'un cheval et d'une équipe acceptant de l’accueillir.
Le récit se découpe en trois grandes parties et commence par son arrivée sur place et ses difficiles premiers pas professionnels ainsi que le début très compliqué de sa carrière de tchopendoz. La seconde partie, que j'ai trouvée la plus passionnante, relate la traversée du centre pays effectuée à cheval, en 2005. Un périple de deux milles kilomètres entre les montagnes et les vallées de l'Hindou Koush avec trois chevaux et un compagnon afghan, à la rencontre des populations les plus isolées du pays. Dans la dernière, nous sommes en mars 2006 et Louis Meunier s'est installé à Kaboul, où il a créé sa société de production audiovisuelle, réalisant des reportages et des documentaires tout en continuant à vivre pleinement sa passion pour le buzkashi.
J'ai beaucoup aimé cette plongée pleine de tendresse mais aussi d'une grande objectivité dans l’Afghanistan « des seigneurs et des chefs de guerre, une société moyenâgeuse où ne survivent que les plus forts. Dans cette contrée secouée depuis toujours par les combats, les intrigues et les luttes de pouvoir. » L'auteur conjugue à l'analyse géopolitique parfois assez poussée son ressenti intime, son émerveillement devant la nature sauvage et indomptable qui l'entoure et la richesse de ses rencontres avec la mosaïque d'ethnies (Ouzbeks, Turkmènes, Pashtouns, Tadjiks, Hazaras, arabes, etc) croisées au fil de ses pérégrinations. Admirable aussi sa lucidité devant son statut de « Khareji », d'étranger qui, quoi qu'il fasse et quelles que soient les amitiés qu'il parvient à nouer, ne pourra jamais s'intégrer totalement dans la société afghane (« les alliances et les amitiés des afghans avec les étrangers sont intéressées et temporaires »).
« Les cavaliers afghans » est un récit initiatique autant qu'un témoignage éclairant sur ce qu'est l’Afghanistan d'aujourd'hui, loin du triptyque « taliban-burqua-attentat » servi par les médias occidentaux pour stigmatiser un pays à la réalité bien plus complexe. C'est aussi et surtout une magnifique invitation au voyage qui ravira les lecteurs épris de grands espaces et de liberté.
Les cavaliers afghans de Louis Meunier. Kero, 2014. 330 pages. 20,00 euros.
L'avis enthousiaste d'Aaliz
Le récit se découpe en trois grandes parties et commence par son arrivée sur place et ses difficiles premiers pas professionnels ainsi que le début très compliqué de sa carrière de tchopendoz. La seconde partie, que j'ai trouvée la plus passionnante, relate la traversée du centre pays effectuée à cheval, en 2005. Un périple de deux milles kilomètres entre les montagnes et les vallées de l'Hindou Koush avec trois chevaux et un compagnon afghan, à la rencontre des populations les plus isolées du pays. Dans la dernière, nous sommes en mars 2006 et Louis Meunier s'est installé à Kaboul, où il a créé sa société de production audiovisuelle, réalisant des reportages et des documentaires tout en continuant à vivre pleinement sa passion pour le buzkashi.
J'ai beaucoup aimé cette plongée pleine de tendresse mais aussi d'une grande objectivité dans l’Afghanistan « des seigneurs et des chefs de guerre, une société moyenâgeuse où ne survivent que les plus forts. Dans cette contrée secouée depuis toujours par les combats, les intrigues et les luttes de pouvoir. » L'auteur conjugue à l'analyse géopolitique parfois assez poussée son ressenti intime, son émerveillement devant la nature sauvage et indomptable qui l'entoure et la richesse de ses rencontres avec la mosaïque d'ethnies (Ouzbeks, Turkmènes, Pashtouns, Tadjiks, Hazaras, arabes, etc) croisées au fil de ses pérégrinations. Admirable aussi sa lucidité devant son statut de « Khareji », d'étranger qui, quoi qu'il fasse et quelles que soient les amitiés qu'il parvient à nouer, ne pourra jamais s'intégrer totalement dans la société afghane (« les alliances et les amitiés des afghans avec les étrangers sont intéressées et temporaires »).
« Les cavaliers afghans » est un récit initiatique autant qu'un témoignage éclairant sur ce qu'est l’Afghanistan d'aujourd'hui, loin du triptyque « taliban-burqua-attentat » servi par les médias occidentaux pour stigmatiser un pays à la réalité bien plus complexe. C'est aussi et surtout une magnifique invitation au voyage qui ravira les lecteurs épris de grands espaces et de liberté.
Les cavaliers afghans de Louis Meunier. Kero, 2014. 330 pages. 20,00 euros.
L'avis enthousiaste d'Aaliz
vendredi 18 juillet 2014
Les mécanos de Vénus - Joe R. Lansdale
A la seconde où il voit Trudy
débarquer chez Hap, Léonard sait que les emmerdements s'annoncent.
Parce que son meilleur copain n'a jamais su résister à son
ex-femme, même si elle lui en a fait baver, et pas qu'un peu. A
chaque fois qu'elle se pointe, il fond devant ses longs cheveux
blonds et ses jambes à n'en plus finir, « de belles jambes
bronzées aux cuisses fermes. Et elle savait s'en servir :
elle avait ce genre de démarche qui lui chaloupait les hanches et
donnait à ses seins ce charmant petit rebond capable de te foutre un
conducteur dans le fossé au premier coup d’œil. »
Manipulatrice en diable, usant de ses
charmes pour parvenir à ses fins, elle convainc son ancien mari de
s'associer à elle pour faire main basse sur un pactole abandonné
dans des valises au fond d'un marécage suite à casse ayant mal
tourné des années auparavant. Un coup à un million de dollars pour
lequel elle a juste besoin d'un peu d'aide. Mais évidemment, les
choses ne sont pas si simples et rien ne va se passer comme prévu...
Vous le savez peut-être, je suis
totalement fan de cet auteur et de ses deux anti-héros au grand
cœur. Les mécanos de Vénus est le premier titre de la série,
celui dans lequel on découvre comment Hap, le blanc hétéro, et
Léonard, le noir homo, se sont rencontrés en trimant dans des
champs au fin fond du Texas. Honnêtement, ce n'est pas le meilleur
roman de Joe R. Lansdale, loin de là. L'intrigue est très linéaire,
un peu plate. Les dialogues sont mous du genou, il n'ont pas la
gouaille et la saveur que l'on retrouvera par la suite et qui sont la
marque de fabrique de l'auteur. On sent un texte écrit au frein à
main, un texte dans lequel Lansdale ne lâche pas les chevaux. Mais
finalement l'intérêt est là. Découvrir la toute première fois de
Léonard et Hap et sentir un auteur qui se cherche, un auteur en
construction. De toute façon, il était hors de question que je
fasse l'impasse sur le roman fondateur d'une série qui a si souvent
fait mon bonheur de lecteur. Et si vous aimez les univers à la
Donald Ray Pollock et que vous voulez découvrir Hap et Léonard au
meilleur de leur forme, je vous conseille « L'arbre à
bouteilles » et « Le mambo des deux ours », de loin
leurs deux aventures les plus abouties.
Les mécanos de Vénus de Joe R.
Lansdale. Denoël, 2014. 240 pages. 19,90 euros.
mercredi 16 juillet 2014
J'ai pas volé Pétain mais presque... - Bruno Heitz
Une tante qui passe l'arme à gauche et Jean-Paul se retrouve à la tête d'un petit héritage et de six garages à Nancy censés lui assurer, dixit le notaire, un excellent rendement locatif. Sauf qu'un des garages est vide et qu'il va falloir lui trouver un nouveau locataire. Coup de bol (quoique), Gérard, un flic croisé par Jean-Paul dans sa mésaventure précédente, lui propose un client idéal : Maître Lamblin, à la recherche d'un box pour y stocker quelques affaires. Des affaires qui ne sont rien moins que le cercueil du maréchal Pétain, dont l'avocat rêve de rapatrier la dépouille à Douaumont, nécropole des poilus de Verdun. Embauché par Gérard pour convoyer le maréchal (ou ce qu'il en reste) de l'île d'Yeu jusqu'en Lorraine, Jean-Paul refuse dans un premier temps avant de céder devant les arguments de la pulpeuse secrétaire de maître Lamblin. Une faiblesse qui, comme d'habitude, lui vaudra les pires ennuis.
Après « J'ai pas tué de Gaulle, mais ça a bien failli » et « C'est pas du Van Gogh mais ça aurait pu », revoilà le naïf et un brin couillon anti-héros de Bruno Heitz embarqué dans un délirant enlèvement post-mortem. Pour le coup, le fait-divers est véridique puisqu'en 1973 une équipe de bras cassés nostalgiques de Vichy enleva la dépouille de Pétain pour la transporter en fourgonnette jusqu'à un garage de la région parisienne. L'occasion pour l'auteur du Privé à la Cambrousse de mêler la petite histoire de Jean-Paul à une grande (et lamentable) histoire qui marqua en son temps la France de Pompidou.
Avec le trait minimaliste et la gouaille qui le caractérisent, Heitz s'amuse à mettre en scène ce personnage poissard sachant mieux que personne se lancer, à son corps défendant, dans des coups pour le moins foireux. Les seconds rôles sont toujours aussi bien croqués (avec une mention spéciale pour la secrétaire pulpeuse et machiavélique) et on ne peut que se régaler devant ce Road Trip digne des Pieds Nickelés. Jubilatoire !
J'ai pas volé Pétain mais presque... de Bruno Heitz. Gallimard, 2014. 90 pages. 17,00 euros.
Après « J'ai pas tué de Gaulle, mais ça a bien failli » et « C'est pas du Van Gogh mais ça aurait pu », revoilà le naïf et un brin couillon anti-héros de Bruno Heitz embarqué dans un délirant enlèvement post-mortem. Pour le coup, le fait-divers est véridique puisqu'en 1973 une équipe de bras cassés nostalgiques de Vichy enleva la dépouille de Pétain pour la transporter en fourgonnette jusqu'à un garage de la région parisienne. L'occasion pour l'auteur du Privé à la Cambrousse de mêler la petite histoire de Jean-Paul à une grande (et lamentable) histoire qui marqua en son temps la France de Pompidou.
Avec le trait minimaliste et la gouaille qui le caractérisent, Heitz s'amuse à mettre en scène ce personnage poissard sachant mieux que personne se lancer, à son corps défendant, dans des coups pour le moins foireux. Les seconds rôles sont toujours aussi bien croqués (avec une mention spéciale pour la secrétaire pulpeuse et machiavélique) et on ne peut que se régaler devant ce Road Trip digne des Pieds Nickelés. Jubilatoire !
J'ai pas volé Pétain mais presque... de Bruno Heitz. Gallimard, 2014. 90 pages. 17,00 euros.
mardi 15 juillet 2014
Le cachot de la sorcière - Joseph Delaney
Billy Calder, jeune orphelin, s'apprête à débuter une carrière de gardien de nuit dans un château hanté utilisé comme pénitencier. Surveiller des assassins, des criminels et des sorcières en déambulant dans des couloirs infestés de fantômes, le programme ne le réjouit pas le moins du monde. Pris en charge par Adam Colne, geôlier impitoyable à la sulfureuse réputation, Billy découvre que la tâche qui l'attend n'est pas particulièrement compliquée puisqu'elle consiste uniquement à faire des rondes et surveiller les détenus.
Seul endroit à éviter coûte que coûte, le cachot de la sorcière dans lequel est enfermé un prisonnier qu'il est préférable de ne jamais croiser : « Il est attaché par une longue chaîne à un anneau fixé dans le sol et il dort toute la journée. La nuit venue, il se réveille, et on doit le nourrir à minuit, sinon la situation deviendrait vraiment dangereuse pour tous les employés de la prison. » Théoriquement, Billy n'aura jamais à s'occuper de ce prisonnier. Théoriquement...
Un petit roman jeunesse idéal pour se faire peur. Au début on se dit que c'est léger, que ça casse pas trois pattes à un canard, que les fantômes et autres sorcières dont on nous parle dès le départ ne vont jamais entrer en scène. Et puis Billy se retrouve piégé et nous aussi. La tension monte, on en vient à vider des seaux contenant des litres de sang, des os et de la viande crue, on se retrouve face à un monstre et...
Et j'adore la conclusion, parfaitement trouvée, aussi difficile à voir venir qu'inéluctable finalement. La quatrième de couverture indique « Pour lecteurs avertis ». Âmes sensibles s'abstenir ? Sans doute. Mais ce n'est pas non plus totalement effrayant, et puis les jeunes lecteurs aiment tellement avoir un petit frisson d'angoisse (il n'y a qu'à voir le succès de la série « Chair de poule ») qu'une grande majorité sera conquise par les mésaventures du pauvre Billy.
Le cachot de la sorcière de Joseph Delaney. Bayard jeunesse, 2014. 110 pages. 9,95 euros. A partir de 9-10 ans.
Seul endroit à éviter coûte que coûte, le cachot de la sorcière dans lequel est enfermé un prisonnier qu'il est préférable de ne jamais croiser : « Il est attaché par une longue chaîne à un anneau fixé dans le sol et il dort toute la journée. La nuit venue, il se réveille, et on doit le nourrir à minuit, sinon la situation deviendrait vraiment dangereuse pour tous les employés de la prison. » Théoriquement, Billy n'aura jamais à s'occuper de ce prisonnier. Théoriquement...
Un petit roman jeunesse idéal pour se faire peur. Au début on se dit que c'est léger, que ça casse pas trois pattes à un canard, que les fantômes et autres sorcières dont on nous parle dès le départ ne vont jamais entrer en scène. Et puis Billy se retrouve piégé et nous aussi. La tension monte, on en vient à vider des seaux contenant des litres de sang, des os et de la viande crue, on se retrouve face à un monstre et...
Et j'adore la conclusion, parfaitement trouvée, aussi difficile à voir venir qu'inéluctable finalement. La quatrième de couverture indique « Pour lecteurs avertis ». Âmes sensibles s'abstenir ? Sans doute. Mais ce n'est pas non plus totalement effrayant, et puis les jeunes lecteurs aiment tellement avoir un petit frisson d'angoisse (il n'y a qu'à voir le succès de la série « Chair de poule ») qu'une grande majorité sera conquise par les mésaventures du pauvre Billy.
Le cachot de la sorcière de Joseph Delaney. Bayard jeunesse, 2014. 110 pages. 9,95 euros. A partir de 9-10 ans.
dimanche 13 juillet 2014
L’effet postillon et autres poisons quotidiens - Julien Jouanneau
Il vous est déjà arrivé, à l’apéro, de vous retrouver avec un noyau d’olive en bouche et aucune solution « élégante » pour vous en débarrasser ? Et bien pour Julien Jouanneau, « proposer des olives non dénoyautées témoigne d’un manque d’attention délibéré, voire haineux de la part des hôtes ». Il tient d’ailleurs le même discours à propos des tomates cerises (impossible à embrocher avec une fourchette et giclant partout dès que l’on croque dedans).
Mais son courroux ne se limite pas aux aliments. Dans cet ouvrage, il liste les (petits) tracas et autres poisons qui gangrènent son quotidien. Et tout y passe : la pendaison de crémaillère (« un gang bang d’emmerdements »), la bronzette à la plage, les notices de médicament, le convive assis en face de vous au restaurant qui postillonne dans votre assiette, les voyages en train, la piscine, les toilettes publiques, les jours de pluie où il faut éviter les baleines de parapluies pour ne pas finir éborgné, les cheveux gras, les gargouillis gastriques, le morceau de nourriture qui vous reste entre les dents après un repas et vous accompagne jusqu’au soir dans tous vos rendez-vous importants, les supermarchés, les livres de bibliothèque cradingues et bourrés de bactéries, les mouches, les chocolats visuellement engageant qui cachent en leur sein un alcool au goût immonde, la mauvaise haleine, etc.
Vous l’aurez compris, Julien Jouanneau est un râleur. Un vrai de vrai. Et en bon râleur, il force le trait à la moindre occasion, considérant que la source de ses emmerdements vient forcément d’autrui. Si on se dit que certains des « enfers ordinaires » présentés sont observés avec justesse, on ne peut s’empêcher de déceler (souvent) beaucoup de mauvaise foi dans les arguments avancés. Personnellement, étant un adepte convaincu de la mauvaise foi, je trouve l’exercice brillamment mené. Mais je comprendrais parfaitement que ce recueil de ronchonnements permanents et finalement assez anecdotiques agace au plus haut point. Une chose sûre, ce n’est pas un livre à lire d’une traite, mieux vaut y picorer avec parcimonie pour éviter l’indigestion.
Une jolie plume, un grincheux misanthrope dans lequel je me suis parfois retrouvé, bref, voila un recueil que j’ai dégusté avec un évident plaisir.
L’effet postillon et autres poisons quotidiens de Julien Jouanneau. Rivages, 2014. 170 pages. 12 euros.
Mais son courroux ne se limite pas aux aliments. Dans cet ouvrage, il liste les (petits) tracas et autres poisons qui gangrènent son quotidien. Et tout y passe : la pendaison de crémaillère (« un gang bang d’emmerdements »), la bronzette à la plage, les notices de médicament, le convive assis en face de vous au restaurant qui postillonne dans votre assiette, les voyages en train, la piscine, les toilettes publiques, les jours de pluie où il faut éviter les baleines de parapluies pour ne pas finir éborgné, les cheveux gras, les gargouillis gastriques, le morceau de nourriture qui vous reste entre les dents après un repas et vous accompagne jusqu’au soir dans tous vos rendez-vous importants, les supermarchés, les livres de bibliothèque cradingues et bourrés de bactéries, les mouches, les chocolats visuellement engageant qui cachent en leur sein un alcool au goût immonde, la mauvaise haleine, etc.
Vous l’aurez compris, Julien Jouanneau est un râleur. Un vrai de vrai. Et en bon râleur, il force le trait à la moindre occasion, considérant que la source de ses emmerdements vient forcément d’autrui. Si on se dit que certains des « enfers ordinaires » présentés sont observés avec justesse, on ne peut s’empêcher de déceler (souvent) beaucoup de mauvaise foi dans les arguments avancés. Personnellement, étant un adepte convaincu de la mauvaise foi, je trouve l’exercice brillamment mené. Mais je comprendrais parfaitement que ce recueil de ronchonnements permanents et finalement assez anecdotiques agace au plus haut point. Une chose sûre, ce n’est pas un livre à lire d’une traite, mieux vaut y picorer avec parcimonie pour éviter l’indigestion.
Une jolie plume, un grincheux misanthrope dans lequel je me suis parfois retrouvé, bref, voila un recueil que j’ai dégusté avec un évident plaisir.
L’effet postillon et autres poisons quotidiens de Julien Jouanneau. Rivages, 2014. 170 pages. 12 euros.
samedi 12 juillet 2014
Myrmidon T3 : Myrmidon dans l'antre du dragon - Dauvillier et Martin
Quand Myrmidon tombe sur une épée figée dans une enclume, son premier réflexe est d'essayer de la retirer. Mais difficile de rejouer Arthur libérant Excalibur avec un pyjama sur le dos. Heureusement, un costume de chevalier traîne près de l'enclume. Et comme par magie, une fois le costume enfilé, Myrmidon peut mener sa tâche à bien. Une première épreuve finalement assez facile par rapport à ce qui l'attend. Parce que se retrouver nez à nez avec un dragon, c'est une autre paire de manches !
Troisième aventure de Myrmidon, toujours sans aucun texte, et le concept continue de fonctionner à merveille. Ici la construction est encore plus audacieuse puisque les codes narratifs propres à la BD sont bousculés. Les bords d'une case s'effondrent, Myrmidon descend sous la page pour entrer dans l'antre du dragon et il doit réparer la case abîmée pour échapper au monstre. Pour le lecteur, l'absence de couleur du dragon permet de comprendre que la créature n'est pas réelle, qu'elle n'est que le produit de l'imagination du petit garçon. Une imagination qui, comme d'habitude, se met en branle dès qu'il enfile son costume.
Une série pour les tout-petits qui parvient à se renouveler à chaque tome. Les trouvailles narratives, alliant originalité et parfaite lisibilité, sont facilement compréhensibles sans être simplistes. Un véritable tour de force. Et puis, au-delà de la forme, ce petit bonhomme est juste craquant et ses aventures ont tout pour plaire et faire rêver.
Myrmidon T3 : Myrmidon dans l'antre du dragon de Dauvillier et Martin. Éd de la Gouttière, 2014. 32 pages. 9,70 euros. A partir de 3-4 ans.
Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.
Troisième aventure de Myrmidon, toujours sans aucun texte, et le concept continue de fonctionner à merveille. Ici la construction est encore plus audacieuse puisque les codes narratifs propres à la BD sont bousculés. Les bords d'une case s'effondrent, Myrmidon descend sous la page pour entrer dans l'antre du dragon et il doit réparer la case abîmée pour échapper au monstre. Pour le lecteur, l'absence de couleur du dragon permet de comprendre que la créature n'est pas réelle, qu'elle n'est que le produit de l'imagination du petit garçon. Une imagination qui, comme d'habitude, se met en branle dès qu'il enfile son costume.
Une série pour les tout-petits qui parvient à se renouveler à chaque tome. Les trouvailles narratives, alliant originalité et parfaite lisibilité, sont facilement compréhensibles sans être simplistes. Un véritable tour de force. Et puis, au-delà de la forme, ce petit bonhomme est juste craquant et ses aventures ont tout pour plaire et faire rêver.
Myrmidon T3 : Myrmidon dans l'antre du dragon de Dauvillier et Martin. Éd de la Gouttière, 2014. 32 pages. 9,70 euros. A partir de 3-4 ans.
Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.
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