Bon, j’avoue, je me suis ennuyé. Pas qu’un peu même. L’histoire d’Eve ne m’a pas intéressé le moins du monde. Il faut dire que la jeune femme est lisse, transparente. Elle manque singulièrement de caractère. Bien sûr elle est prisonnière des mœurs de son époque, de la toute puissance des hommes et elle doit faire face à la fois au puritanisme et à une certaine forme de libertinage. Mais au final l’image renvoyée, à la limite du pathétique, m’a beaucoup dérangé. Dans une interview, Nathalie Ferlut affirme qu’il ne faut pas prendre son récit au premier degré au risque de le trouver juste froid et historique. Pour elle, il faut le considérer comme un conte pour en saisir la substantifique moelle (d’où d’ailleurs le sous-titre « conte cruel de Manhattan »). Alors certes il y a quelques éléments propres au conte (la jeune fille pure, belle et innocente, l’ogre, la marâtre, le prince charmant qui fait un passage éclair, etc.) mais la narration ne respecte en rien les codes du genre. Finalement, cette histoire, je l’ai prise au premier degré et elle n’est pour moi ni plus ni moins qu’une biographie pas franchement passionnante.
Par contre niveau dessin, c’est une belle claque. On imagine
les heures voire les mois de travail nécessaires pour réaliser au pinceau les 120
pages de l’album. J’ai forcément pensé à Nadja et à ses Filles de Montparnasse
mais ici les aquarelles sont plus fines, les décors, les costumes et les
couleurs tellement plus précis, c’est vraiment impressionnant.
J’aurais aimé m’enthousiasmer pour cette BD. Je me rends
compte à un quel point l’auteure s’y est investie, y a mis toute sa passion et
son talent mais l’honnêteté me pousse à reconnaître que je suis passé à coté.
Ce sont des choses qui arrivent et je crois que Mo’, avec qui je partage une
fois de plus cette lecture commune, n’a malheureusement
pas été plus emballée que moi.
Eve sur la balançoire : conte cruel de Manhattan de
Nathalie Ferlut. Casterman, 2013. 128 pages. 18 euros.