mercredi 23 août 2017

Michel Plessix, ce magicien

« T'as vu, Michel Plessix est mort ! ». Ben non, j'avais pas vu. J'aurais préférer ne pas voir, ne pas savoir. Avec lui disparaît le dernier auteur capable de faire vibrer mon âme d'enfant, autant dire que le choc est rude.

Ma lecture du vent dans les saules a été un éblouissement. D'abord le roman, ensuite sa somptueuse adaptation en bande dessinée par Michel Plessix. Ce fut l'occasion pour moi de découvrir le trait fascinant de celui qui est resté depuis mon dessinateur préféré. Sa disparition avant-hier m'a attristé à un point que je n'aurais jamais imaginé. Je ne le connaissais pourtant pas personnellement mais j'ai vraiment eu l'impression de perdre un ami proche. De ceux vers lesquels on se tourne en cas de coup de blues parce que l'on sait que les retrouver va nous remonter le moral. Je l'ai croisé plusieurs fois à Amiens, n'osant jamais lui adresser la parole pendant qu'il fumait une cigarette devant l'entrée du festival. Je l'ai regardé en dédicace, étonné par sa posture atypique de gaucher, me demandant comment quelqu'un tenant si mal son stylo pouvait si bien dessiner. Le voir ainsi à l'œuvre restera à jamais un merveilleux souvenir.

Pourquoi j’adore Le vent le vent dans les saules ? Parce que Michel Plessix est un magicien. Un enchanteur qui fait de chaque planche une œuvre d'art. Son adaptation du roman de Kenneth Grahame est pétrie d'humour et d’élégance. Son dessin, à la fois délicat et méticuleux, dégage une poésie bucolique que je n’ai jamais ressentie ailleurs, à part peut-être chez le grand Raymond Macherot. Son art du découpage est d'une folle virtuosité, il alterne les gros plans et les plans larges, il offre des décors fourmillant de détails et ses illustrations pleine page sont dignes de tableaux impressionnistes (auxquels il fait d'ailleurs souvent référence au fil de la série, il suffit de regarder les couvertures de l'intégrale ou du tome 1 pour en avoir la preuve).

Je relis chaque été Le vent dans les saules. C'est un rituel, je m'installe dans un transat sous l'immense frêne de mon jardin et je retrouve toujours avec le même plaisir Rat, Taupe et Crapaud, la douceur de leur campagne anglaise, leurs drôles d'aventures et leurs savoureux dialogues.

Michel Plessix était un artisan de la BD, un dessinateur comme on n'en fait plus, à classer parmi les meilleurs ouvriers de France. J'ai imposé la présence de son dernier album dans un prix littéraire jeunesse de mon département en juin dernier. Plus de 2000 enfants vont découvrir le talent de ce génie du crayon. Une forme d'hommage que je n'aurais jamais imaginé posthume...

Merci pour tout monsieur Plessix.










52 commentaires:

  1. Ce qui tu m'apprends me bouleverse. Au plaisir de te relire...

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  2. Ah mais j'ignorais son nom, mais pas les BD Le vent dans les saules!

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  3. Ton texte est beau Jérôme. Et il me touche pour bien des raisons que tu connais.
    Je partage ta tristesse car ce grand monsieur va cruellement manquer au monde de la BD. Et au nôtre.

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    1. On a si souvent parlé de lui ensemble tous les deux ❤

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  4. Je sais à quel point cette affreuse nouvelle t'a bouleversé... Un monde sans Plessix c'est un monde un peu moins magique... tu lui rends le plus beau des hommages ♥ ♥ ♥

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    1. Toi aussi tu lui a rendu un bel hommage mercredi dernier ❤

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  5. j'avais noté le titre, je vais le commander de ce pas !
    Bises <3

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  6. C'est bouleversant...
    Je m'étais noté ce titre il y a quelques temps maintenant et cet article me le rappelle à mon bon souvenir.

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  7. Pfiouuuuuu ce chagrin... et tout ce manque déjà :-(

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  8. Je suis tristement mortifiée moi aussi par cette nouvelle. j'ai rêvé pendant des heures dans ce monde du Vent dans les Saules. Comme quelques autres titres, j'y reviens moi aussi de temps en temps, pour retrouver ce bonheur assuré des lectures qui enchantent. Je vais certainement relire la série dans les mois à venir....

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  9. Je ne connais pas cet auteur mais ton hommage émouvant me donne vraiment envie de découvrir son oeuvre.

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  10. J'avais noté le titre de cette BD grâce à tes billets, je suis désolée pour toi. J'ai aussi ressenti de la profonde tristesse (Jim Harrison, Richard Wagamese...).

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    1. Les auteurs qui nous touchent vraiment font un peu partie de nous finalement.

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  11. eh bien ! tu me l'apprends:( :((
    Violette

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  12. :(
    Quelle merveille cette série !!! <3
    Je vais saisir l'occasion pour la relire...

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  13. Je ne le connaissais pas mais je vais changer ça de ce pas. Désolée de ta tristesse. il te restera son oeuvre...

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    1. Son oeuvre aura toujours une place de choix sur mes étagères.

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  14. j'ai appris la nouvelle hier, découvrant par la même occasion ses titres... je vais le lire c'est certain!

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  15. Un bien bel hommage. On sent que ça te touche profondément.

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    1. J'ai été très touché, oui, pour plein de raisons.

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  16. J'ai découvert qui était Plessix cette année et ô combien aimé Là où vont les fourmis. J'ai emprunté Le vent dans les saules hier (ma façon de lui rendre hommage). J'attends juste le bon moment pour le savourer car je sais que je vais particulièrement l'aimer.

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    1. Là où vont les fourmis restera son merveilleux dernier album.

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  17. Oh, tu me l'apprends. J'adore aussi

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  18. j'ai aussi repéré "Le vent dans les sables", tu connais ?

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    1. Bien sûr. C'est une suite du Vent dans les saules qu'il a imaginée entièrement et non une adaptation d'un roman déjà existant.

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  19. Oh oui qu'il est triste de se dire que l'on n'aura pas de nouveaux dessins... Heureusement il vit encore à travers ses BD j'ai particulièrement aimé ces BD.
    Bisous

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  20. Son décès est très récent... J'en suis bien désolée ... Il était jeune 58 ans ... Soupir

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  21. J'ai tellement aimé son univers... tu as bien fait de faire ce billet sur lui !

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  22. Très beau billet, hommage posthume que tu n'imaginais pas, mais hommage dans tous les cas. Merci pour lui.

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    1. ça reste un bien modeste hommage au regard de son talent...

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  23. Oserai-je le dire ? Je n'ai toujours pas lu "le vent dans les saules"... Après ce billet, je vais le lire, c'est sûr !

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  24. Oh...
    Il me faudra alors découvrir ce Plessix, le magicien qui a fait vibrer ton âme d'enfant. Un doux billet écrit avec respect et hommage :-*

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