lundi 21 août 2017

Les étoiles s’éteignent à l’aube - Richard Wagamese

Il a été élevé par un vieil homme dans une ferme isolée, à l’indienne. Il a appris le rythme des saisons, la chasse, le travail de la terre. A 16 ans, il n’a jamais connu sa mère et n’a croisé son père que cinq ou six fois. Des rencontres désastreuses dont il garde un souvenir amer. Alors quand son paternel mourant l’appelle à son chevet, Franklin y va à reculons. Ravagé par l’alcool, Eldon ne veut pas mourir en ville. Il veut être enterré en pleine nature, comme un indien. Et c’est à son fils qu’il demande d’exaucer cette dernière volonté. Commence alors un périple au cœur de la forêt où Eldon va se livrer sans fard : sa jeunesse, son passé tumultueux, sa rencontre avec celle qui allait devenir la mère de Franklin et surtout les raisons qui l’ont fait sombrer dans l’alcool.

Un roman d’une insondable tristesse, simple, franc, direct. Franklin pourrait se laisser envahir par la rancœur. Son père est un enfoiré de première, un salopard au comportement inexcusable qui aurait mérité de crever dans son lit, seul comme un chien. Mais il décide d’accomplir son dernier vœu sans discuter, naturellement. Sans rien pardonner non plus. Le père ne cherche d’ailleurs pas ce pardon. Il veut se livrer, ne pas partir sans révéler son histoire. Pas pour amadouer ni pour paraître meilleur, simplement pour dire la vérité.

J’ai adoré les silences, la nature omniprésente, les dialogues réduits à leur strict minimum, les phrases inachevées qui en disent bien plus que de longs discours. J’ai adoré ce rapport père/fils rugueux, tendu et en même temps d’une totale sincérité. J’ai adoré la maturité de Franklin, sa dureté, et la fragilité d’Eldon qui reste détestable mais dont la confession le rend par moments touchant. Et j’ai surtout adoré la pudeur de ce texte qui évite le pathos et ne sombre jamais dans la moindre analyse psychologique, laissant les faits et les actes se suffirent à eux-mêmes. Un roman magnifique et bouleversant  qui montre à quel point, qu’on le veuille ou non, les liens du sang restent à jamais indéfectibles.

Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese (traduit de l’anglais par Christine Raguet). Zoé, 2016. 285 pages. 21,00 euros.




43 commentaires:

  1. Ah, je savais que tu aimerais ! (comment pourrait-on ne pas être sensible à ce roman ?)

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  2. Décidément, ces éditions ZOE publient des pépites.

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  3. Les phrases inachevées ? Je tenterai bien.

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  4. Bon, les liens du sang moi, c'est pas mon truc, mais par ailleurs, j'aime bien ce que tu dis de l'écriture. Pas de pathos, hein, j'ai bien compris ?

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  5. Pas certaine que ce genre de roman me plaise mais il faudrait que j'essaie quand même.

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  6. Tu n'es pas le premier à être enthousiaste!

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  7. Enfin ! Depuis le temps que je te bassinais avec ce roman ! oui pas de guimauve, de pathos - enfin ! et soulagée que tu aies adoré ! (ps : Hélène, oui j'ai versé ma petite larme à la fin...)

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    1. Enfin, oui! Depuis le temps. Et c'est un succès! On se doutait bien qu'il serait des nôtres, ce Jérôme!

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    2. C'était évident qu'il me plairait !

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  8. je sais dès la première phrase de ton billet si tu vas adhérer au roman, c'est surtout une histoire de style, je vais voir si ce livre est en médiathèque .

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  9. J'adore quand tu es incisif comme sur le billet précédent mais j'adore encore plus quand tu fonds. Bon, ce qui me fait peur, c'est que la nature soit au centre, le nature writing n'étant pas mon style en général (il y a de belles exceptions). Je vais donc y réfléchir et surtout, tenter d'y jeter un coup d'oeil.

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    1. La nature est très présente, je ne vais pas le nier.

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  10. Je l'ai noté suite à une note très élogieuse de Sandrine, sur Tête de lecture, et il m'attend sur mes étagères... suite à ce billet, je m'en réjouis d'autant plus !

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  11. Voilà qui a l'air d'un fort joli texte...! Je retiens l'idée !

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  12. Il est dans la sélection du Prix Cezam (un prix des lecteurs) et je sais qu'il a été beaucoup apprécié. Ce sera peut-être le Lauréat (je ne crois pas qu'il soit encore connu. C'est un Prix qui est en décalage par rapport aux autres).

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  13. Bon, nature, rapports père/fils, liens du sang, je ne le sens pas trop pour moi.;-)

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  14. Ce que tu en dis me plait, les silences, les phrases inachevées

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  15. Il a tout pour me plaire ce roman !

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  16. Pas très gai tout ça, mais tentant tout de même.

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  17. Tout ce que tu en dis me tente, je ne peux pas résister !

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  18. je le vois toutes les semaines à la médiathèque ce livre (il est sur le présentoir mais personne ne l'emprunte...)
    dès que je suis sortie du tunnel RL, je le lis!

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    1. Personne ne l'emprunte ? Comme quoi les gens b'ont vraiment pas de goût.

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  19. Quel beau titre déjà. La nature, les silences, des dialogues touchants, forcément. Ce doit être un livre merveilleux... <3

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