jeudi 11 mai 2017

L’amour et autres blessures - Jordan Harper

« Dans les Ozarks, on a environ deux semaines de printemps avant qu'il se mette à faire plus chaud que dans la culotte d'une putain. C'était justement une de ces belles journées d'avril, après le froid mais avant les orages et la chaleur. Une belle journée pour les embrouilles. »

Un junkie poursuivi par des dealers dans le désert, un couple de braqueurs de stations-service, des combats de chiens, une petite frappe qui veut se faire un surnom, un règlement de comptes sanglant, une femme fatale venant se percher sur un tabouret de bar, un plan tout cuit qui tourne au vinaigre, un « nettoyeur » au cœur d’artichaut, une décision radicale pour sauver une histoire d’amour, une bonne poire pas si naïve que ça, un taulard trop sûr de lui, la vengeance d’un mari trompé, un grand-père inconsolable... Les Monts Ozarks, le Texas, Détroit, New-York, Hollywood, autant de lieux différents pour ces quinze nouvelles décapantes dont on ne sort pas indemne.

Avec Jordan Harper, rien ne se passe comme prévu. Ça dérape, ça part en sucette, les projets, sur le papier si bien huilés, finissent en catastrophe. C’est dramatiquement drôle, sans pitié ni répit pour personne. Ceux qui me connaissent savent que j’y ai trouvé mon compte. Les losers pathétiques, j’en raffole. Surtout quand on les enrobe d’une atmosphère électrisante à souhait, d’un humour corrosif et d’une noirceur jusqu’au-boutiste totalement assumée.

Cupidité, solitude, drogue, violence, désespoir, recherche vaine d’un avenir meilleur, on pourrait tomber dans le cliché mais l’auteur évite ce piège en trouvant l’angle d’attaque original qui fait mouche. Son sens de la formule et son écriture à la fois nerveuse et très orale m’ont embarqué de la première à la dernière page, avec une mention spéciale pour la magnifique nouvelle qui donne son titre au recueil.

Pas à dire, il y a du Donald Ray Pollock et du Daniel Woodrell chez Jordan Harper. Une filiation qui a de la gueule pour un jeunot roublard comme un vieux routier à qui on ne la fait pas. Un nouvel auteur américain à suivre de près, de très près même…

L’amour et autres blessures de Jordan Harper (traduit de l'anglais par Clément Baude). Actes sud, 2017. 190 pages. 19,00 euros.




38 commentaires:

  1. oh oh ! voila qui m'intéresse drôlement !

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  2. Mais tu es quasiment en mode polar! ^_^

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  3. De belles références, mais j'hésite toujours sur les romans noirs.

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    1. Moi aussi. Mais là, c'était des nouvelles, un genre qui me va comme un gant.

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  4. Commandé immédiatement ! si ! je n'ai pu succombé à ton billet tentateur :-p

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    1. J'ai vu ça, j'espère que tu ne seras pas déçue !

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  5. "Cupidité, solitude, drogue, violence, désespoir, recherche vaine d’un avenir meilleur" ... je retrouve bien le blog d'une berge à l'autre... moi je suis souvent sur "l'autre" : celle où on a échappé enfin à la peur et à la violence.

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    1. Il m'arrive aussi d'y aller sur cette autre berge tu sais ;)

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  6. oh il me le faut ! je le note (en anglais)

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  7. Bon, contrairement à toi, les loosers, la drogue, le désespoir, ce n'est toujours pas ma cam... Mais ravie que tu y ais trouvé ton compte !

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  8. Penses-tu que je pourrai passer mon chemin?!
    Vilain tentateur, va!

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  9. Tu n'es qu'il vile tentateur, mais cette fois, je résiste, je résiste, je résiste....

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  10. De sacrées comparaisons. Tentée je suis.

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  11. Le cocktail a l'air sacrément détonnant !

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  12. Mais oui, ce recueil de nouvelles "te ressemble" tellement (enfin, ressemble à ce que tu aimes^^) ! Bon, j'ai encore Donald Ray Pollock à découvrir mais tu me donnerais presque envie de découvrir ce recueil avant (risqué car je ne suis pas très nouvelles à la base).

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    1. Commence quand même par Pollock, c'est plus raisonnable.

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  13. C'est presque un choc de voir un Actes Sud Noir ivi ;-) !

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  14. effectivement, c'est rare de voir un Actes Noirs chez toi :D
    et c'est rare également de voir un recueil de nouvelles dans cette collection! cela titille ma curiosité ^^

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  15. l pourrait me plaire celui là !

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  16. Je vais déjà commencer par découvrir Donald Ray Pollock et on verra ensuite.

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