lundi 17 février 2014

Mon livre mystère - ????????

Il y a quelques semaines je recevais d’une blogueuse que j’apprécie particulièrement un livre mystère. Un livre de poche, entièrement recouvert de papier. Impossible de lire le titre ni la 4ème de couverture. Impossible de connaître l’auteur. La page de titre (à l’intérieur du livre) était elle-même cachée sous les rabats de la couverture. Ce livre, d’après elle (et elle me connaît bien), je ne l’aurais jamais ouvert si je savais de quoi il parlait et qui l’avait écrit. Elle me proposait de lire les premières pages à l’aveugle pour le découvrir sans préjugés. J’ai fait mieux, je l’ai lu de la première à la dernière page sans jamais arracher le papier qui le recouvre. Et au moment où je rédige ce billet, je ne connais toujours pas son titre et son auteur. Quitte à jouer le jeu, autant le faire jusqu’au bout.

Ce roman, qui raconte l’histoire de Jean et Béatrice, est un roman épistolaire. Jean a vu Béatrice monter sur l’estrade lors d’un congrès sur l’enfance maltraitée. Bénévole dans une association qui accompagne les filles-mères souhaitant confier leur nouveau-né à l’adoption, elle est venue témoigner de son expérience. Sa prise de parole a électrisé le public. Sur un coup de tête, il a décidé de lui écrire. Quelques jours plus tard, elle lui a répondu.

Lui est psychiatre. C’est un vieux garçon, un ours dont la tanière se trouve dans le centre de la France. Elle est parisienne, mariée et a une fille de 18 ans, Camille. De lettres en lettres, ils vont s’ouvrir l’un à l’autre. Enfin, c’est surtout Béatrice qui se livre. Un mariage tout sauf heureux, un mari tyrannique qui la tient sous sa coupe depuis des années. Jean écoute, conseille, réconforte. Il devient le confident et peu à peu, bien plus. Dans une de leurs premières lettres, ils se sont engagés à ne jamais se rencontrer. Béatrice voudrait briser ce pacte, mais Jean refuse obstinément...

Avant de vous dire ce que j’ai pensé de ce roman, laissez-moi vous préciser à quel point j’ai vécu une expérience étrange. Se lancer dans un livre sans aucun indice permettant de l’identifier a quelque chose de déstabilisant. Privé de mes repères habituels (titre, auteur et 4ème de couv), je me suis senti un peu tout nu face au texte. Finalement, c’est plutôt une bonne chose et j’ai vraiment eu l’impression de défricher une terre vierge, non polluée par mes à priori sur l’écrivain ou les éventuels avis laissés par ceux qui l’auraient lu avant moi. Et je dois avouer que je me suis régalé des deux premiers tiers. Je me suis attaché à ces personnages qui se découvrent, à leurs échanges tout en retenu où le rapprochement se fait avec autant de lenteur que de certitudes, comme une évidence. Il y avait quelque chose de délicieux à découvrir l’évolution du ton de leur correspondance. Malheureusement le dernier tiers a quelque peu gâché mon plaisir. Les révélations qui tombent les unes après les autres sont vraiment « too much » et tirent selon moi artificiellement sur la corde sensible, c’est bien dommage.

Mais à la limite peu importe ma déception finale, ce fut une super expérience de lecture. Et puis l’air de rien, chère blogueuse, tu m’as ni plus ni moins fait plonger dans une bonne vieille romance et nul doute que si j’avais vu la couverture et le résumé avant de l’ouvrir je l’aurais placée tout en bas de ma pal. Bien sûr, avec un tel livre mystère, il faut jouer le jeu sinon ça n'a aucun intérêt mais en tout cas je suis partant pour renouveler l’opération dès que possible. A bon entendeur...

XXXXX de ?????? – 250 pages.

PS : si vous avez reconnu le roman dont je parle, n’hésitez pas à me le dire, je suis prêt à lever le mystère.

Edit du 17/02 à 22h00 : j'ai retiré le papier qui recouvrait le livre, je connais enfin son auteur et son titre. L'auteur ne me dit rien mais punaise, ce titre et cette photo de couverture m'auraient fait fuir si je les avais vus avant de l'ouvrir !!!!










samedi 15 février 2014

Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon - Christian Bruel et Anne Bozellec

L’édition de 1976
Parce que la censure qui en train de se mettre en place de manière abominable autour de certains ouvrages de littérature jeunesse m’est insupportable, j’ai envie de vous présenter le premier album pour enfants ayant abordé le thème de l’identité sexuelle. Un album de 1976 réédité en 2009 et malheureusement à nouveau épuisé aujourd’hui, l’éditeur ayant mis la clé sous la porte.

« Julie n’est pas polie. Julie n’est pas très douce, elle n’aime pas les peignes et se cache sous la mousse pour ne pas qu’on la baigne. Julie sait ce qu’elle veut, elle en parle à son chat, ils ont de drôles de jeux que ses parents n’aiment pas… mais elle voudrait qu’on l’embrasse quand même. »

Julie est un garçon manqué, son père n’arrête pas de lui répéter. Si bien qu’un matin elle se réveille avec une ombre de garçon. Julie est perturbée par cette ombre étrange qui mélange tout et la dérange : « Allez, laisse moi tranquille, je ne suis pas comme toi, moi ! Je suis une fille ! » Julie ne sait plus qui elle est, elle ne sait plus à qui elle ressemble, elle voudrait être toute petite, se cacher dans un trou.

La réédition de 2009
Une très belle histoire sur la quête d’identité d’une petite fille. Le texte est poétique et dit la souffrance, l’incompréhension. Un album resté incroyablement moderne, qui interpelle et ça fait du bien. Un album dont certains passages vont heurter la sensibilité des culs serrés, et ça aussi ça fait du bien : « Ce soir, Julie est découragée… Et si c’était l’ombre qui avait raison… Elle n’est peut-être qu’un garçon… manqué en plus, avec cette fente entre les cuisses qu’elle aime bien toucher doucement… ».  Un album à recommander chaudement, donc. Si vous fréquentez une médiathèque municipale et que ce titre fait partie de son fonds, n’hésitez pas à l’emprunter, vous allez faire une sacrée découverte.

« Les gens disent que les filles, ça doit faire comme filles, les garçons, ça doit faire comme les garçons !
On n’a pas le droit de faire un geste de travers…
Tiens, c’est comme si on était chacun dans son bocal !
- Comme pour les cornichons ? 
- Oui, comme pour les cornichons…
Les cornifilles dans un bocal, les cornigarçons dans un autre, et les garfilles, on ne sait pas où les mettre !
Moi je crois qu’on peut être fille et garçon, les deux à la fois si on veut… Tant pis pour les étiquettes… On a le droit ! »

Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon de Christian Bruel et Anne Bozellec. Etre, 2009. 48 pages. 18,50 euros. A partir de 6 ans.







vendredi 14 février 2014

Love Songs

J’ai beau être un gros dur tatoué, j’ai aussi un petit cœur tout mou. Alors puisqu’aujourd’hui c’est la St Valentin, je vous offre la playlist de mes chansons d’amour préférées. Bon, c’est pas du joyeux-joyeux, l’amour, je ne l’aime pas tout miel, je le préfère douloureux, quand il gratte un peu. D’ailleurs, avant de passer à la musique je vous propose un poème de Verlaine que j'adore !

LASSITUDE

De la douceur, de la douceur, de la douceur !
Calme un peu ces transports fébriles, ma charmante.
Même au fort du déduit, parfois, vois-tu, l’amante
Doit avoir l’abandon paisible de la sœur.

Sois langoureuse, fais ta caresse endormante,
Bien égaux tes soupirs et ton regard berceur.
Va, l’étreinte jalouse et le spasme obsesseur
Ne valent pas un long baiser, même qui mente !

Mais dans ton cher cœur d’or, me dis-tu, mon enfant,
La fauve passion va sonnant l’oliphant
Laisse-la trompetter à son aise, la gueuse !

Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain,
Et pleurons jusqu’au jour, ô petite fougueuse !




















jeudi 13 février 2014

Ce qui ne nous tue pas - Antoine Dole

Antoine Dole m’avait tellement impressionné avec « Á copier 100 fois » que je me suis lancé avec une certaine gourmandise dans son tout nouveau roman.

« Je m’appelle Lola, et c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir. Á peu près au moment où les choses ont commencé à mal tourner entre mes parents, j’ai découvert sur internet que mon prénom vient de l’espagnol Dolores, qui signifie « douleur ». La mauvaise graine dans la mauvaise terre, la mauvaise fille pour les mauvais parents. »

Lola trimballe avec elle une colère permanente. Contre ses profs, contre ses camarades de classe, contre ses parents qui ont décidé de se séparer. Contre la terre entière en fait. Une goutte d’eau et le vase déborde. Lola fugue. Elle erre et se retrouve par hasard chez Colette, vieille dame vivant seule dans un appartement insalubre. Colette perd la boule, elle baptise Lola Anna, la considère comme une invitée ou comme une intruse. Peu à peu, Lola et Colette vont s’apprivoiser. Malgré une cohabitation peu évidente, des échanges parfois confus et une vraie difficulté à communiquer, la mamie et l’adolescente basculent peu à peu vers ce que l’on pourrait sans crainte appeler de la tendresse.

Deux femmes en crise, deux femmes désorientées, deux solitudes. Le récit alterne les chapitres à la première personne où Lola remonte le fil des événements l’ayant conduit chez la vieille dame et ceux à la troisième personne dans le huis clos de l’appartement. Phrases courtes, rage au ventre et au cœur, le lecteur navigue entre la voix intime de Lola et une narration extérieure permettant de prendre un certain recul.

L’ensemble est percutant mais ne tient pas vraiment la comparaison avec « Á copier 100 fois ». Je trouve que l’on insiste trop lourdement sur la douleur de Lola, que l’on enfonce le clou de son mal être avec de gros sabots ce qui, au final, dessert le propos. En fait j’aurais aimé un texte plus ramassé sur lui-même, plus elliptique peut-être. Un effet coup de poing, quoi, un uppercut qui vous laisse groggy. Là, j’ai l’impression qu’il y a des mots en trop, que l’on cherche à tout prix à faire vibrer la corde sensible mais sans finesse. Et pourtant l’écriture d’Antoine Dole garde une patte, une identité qui me plait beaucoup. C’est juste que, sur ce coup-là, trop de pathos tue l’émotion.

Ce qui ne nous tue pas d’Antoine Dole. Actes Sud junior, 2014. 115 pages. 11,00 euros. A partir de 13 ans.


Une lecture commune que je partage une fois de plus, et pour mon plus grand plaisir, avec Noukette et Stephie.




mercredi 12 février 2014

Le jardin d’hiver - Dillies et La Padula

« On ne choisit pas toujours qui on adopte et par qui l’on peut être adopté ».

Une ville grise et terne, un temps de chien, un temps à s’ouvrir les veines. Sam vivote dans un apart minable. Il bosse dans un troquet sans âme et traîne une mélancolie dont rien ne semble pouvoir le débarrasser. Même s’il y a Lili, la danseuse qu’il rejoint certains soirs avec plaisir. Il croit qu’il l’aime et se demande si c’est réciproque. Sam navigue dans un quotidien bien rôdé, tellement bien rôdé qu’il en a depuis longtemps perdu tout intérêt. Un quotidien empli de solitude et d’indifférence. Il faudra une rencontre avec son voisin du dessus pour qu’une porte s’ouvre. Le vieil homme le prend pour son fils. Il va surtout lui faire comprendre qu’une douce folie est nécessaire pour embellir la vie, pour faire en sorte que les rêves puissent s’accomplir.

Pour une fois Dillies n’est pas aux pinceaux mais sa petite musique résonne toujours aussi fort. On se dit au départ que le récit va être d’une insondable tristesse, une « ode » à la déprime que l’on devine dès la couverture. Mais cette fois-ci il y a de la lumière, beaucoup de lumière. Une jolie forme d’humanité alliée à une tendre poésie. Des corps et des esprits cabossés qui reprennent des couleurs. A la fin, la pluie a cessé, c’est un signe qui ne trompe pas.

De prime abord, le dessin anguleux de l’italienne Grazia La Padula interpelle. Mais sous l’apparente (et fausse) impression d’une certaine maladresse se cache un vrai talent graphique capable de créer une atmosphère servant à merveille le scénario.

Du bon Dillies, de l’excellent Dillies même. J’ai le sentiment de redire toujours la même chose à propos de cet auteur mais il est tellement rare de construire une œuvre sans faire la moindre fausse note que cela mérite d’être répété encore et encore.


Le jardin d’hiver de Dillies et La Padula. Paquet, 2009. 66 pages. 15,50 euros.

Une lecture commune que j'ai l'immense plaisir de partager avec Moka

Les avis  de Choco, Loo, MarionNoukette et Yaneck.








mardi 11 février 2014

L’ombre de chacun - Mélanie Rutten

Des mois que cet album est posé sur mon bureau. Comme tant d’autres. En souffrance. Attendant que je me penche sur son cas. Et puis samedi dernier Moka a publié un avis sur ce titre. Un avis enthousiaste. Un peu plus que ça même. Quand elle a un tel coup de cœur, je la suis toujours les yeux fermés et je ne suis jamais déçu. L’ombre de chacun ne fera pas exception à la règle.

C’est l’histoire d’un Cerf et d’un petit Lapin qui vont devenir tout l’un pour l’autre.


« Est-ce qu’on sera toujours ensemble ? »
- Oui
- Toujours, toujours ?
- Un jour tu grandiras…
- Mais on sera quand même ensemble !
- Tu seras toujours dans mon cœur.
- Est-ce que tu vas mourir ? 
- Pas maintenant.
- Mais un jour…
- Un jour… c’est normal.
- Et est-ce que je serai toujours dans ton cœur alors ? 
- Je serai toujours dans le tien…
- alors on ne sera pas toujours ensemble… » dit le petit Lapin.

Mais c’est aussi l’histoire d’un Soldat en guerre, d’un Chat qui fait toujours le même rêve, d’un Livre qui veut tout savoir et d’une Ombre. C’est une histoire d’amitié et d’amour, d’altruisme et de solidarité. Affronter ensemble les épreuves, ses propres craintes. Se soutenir, aider l’autre sans condition. Une leçon de vie, quoi.

C’est un album qui se mérite, traversé par une certaine forme d’exigence. La polyphonie, les ellipses, une chronologie des événements par forcément évidente à reconstruire, c’est tout ce qui fait la richesse du récit. L’implicite a aussi une part importante dans ce texte. Une part fondamentale même. C’est l’interprétation, les interprétations possibles qui en font sa richesse. Si la littérature a à voir avec la beauté, et si ce qui crée la beauté c’est le style alors cet album est sacrément littéraire.

Et puis il y a dans la relation entre le Cerf et le petit Lapin quelque chose qui résonne fortement en moi. Des petits lapins, j’en ai trois à la maison. Des petits lapins qui vont grandir et partir un jour. C’est logique et c’est tant mieux parce que de toute façon je ne serai pas toujours là. Alors je suis un peu comme le Cerf, je les encourage à grandir mais en même tant mon cœur me dit : « Pas trop vite, pas trop vite ! »

Bref, à mon tour de crier au coup de cœur. C’est beau, c’est fort, tellement plein d’émotion. Si cet album arrive un jour entre vos mains, ne le laissez  pas traîner sur votre bureau pendant des mois, il mérite tellement, tellement mieux que ça.

L’ombre de chacun de Mélanie Rutten. Memo, 2013. 52 pages. 17 euros.

L'avis de Moka






lundi 10 février 2014

Le goût sucré des pommes sauvages - Wallace Stegner

Wallace Stegner (1904-1993) était un total inconnu pour moi avant que Marilyne me propose cette lecture commune. Il est pourtant considéré comme la principale source d’inspiration des écrivains du Montana et reste LA référence absolue pour Jim Harrison. Prix Pulitzer 1972, il a également remporté le National Book Award. Une pointure de la littérature américaine, quoi.

Cinq nouvelles en tout dans ce recueil. Les deux premières abordent le registre de la nostalgie, du temps qui passe et sont traversées par une certaine forme de mélancolie. Je les ai malheureusement trouvées trop courtes. A peine le temps de s’y installer qu’il fallait déjà en sortir. La troisième est plus intéressante et met en scène un cocktail mondain, un pianiste retors et un narrateur à l’ironie mordante dans une ambiance digne de Gatsby le magnifique. La quatrième est sans conteste la plus faible et est surtout sans aucun intérêt selon moi.

J’étais donc pour le moins dubitatif avant d’attaquer le dernier texte. Pas vraiment emballé par ce que j’avais lu, je me demandais bien pourquoi on faisait de Stegner un des plus grands écrivains de l’Ouest. Mais cette nouvelle a tout changé. 130 pages de pure Nature writing où des cowboys traversent avec leur troupeau la plaine du Saskatchewan (Canada) en plein hiver 1906, un des plus rudes du 20ème siècle. On trouve dans ce mini-roman d’initiation une écriture inspirée, des descriptions magnifiques, des relations entre les personnages très travaillées et un scénario au cordeau. Bref, c'est un récit âpre et tendu, qui tient le lecteur en haleine. La volonté farouche des hommes face aux éléments déchaînés est parfaitement rendue. Le froid, la promiscuité, les efforts terribles à fournir pour continuer à avancer malgré le blizzard, la neige et les vêtements qui gèlent à en devenir cassant comme de la glace, etc. Formidablement évocatrice, la prose de Stegner se dévore littéralement.  

Un recueil qui mérite donc d’être lu, essentiellement pour cette magistrale dernière nouvelle. J’ai maintenant hâte de découvrir un de ses romans.

Le goût sucré des pommes sauvages de Wallace Stegner. Points, 2009. 300 pages. 8,50 euros.


Une lecture commune que j’ai une fois de plus le plaisir de partager avec Marilyne et une première participation au mois de la nouvelle de Flo.





samedi 8 février 2014

Quand ma pal BD grossit à vue d’œil

Début janvier, je faisais le point sur ma pal BD en me disant que la situation n’avait rien d’alarmiste : une grosse trentaine d’albums en souffrance pas de quoi s’affoler. Oui mais voila, depuis une dizaine de jours une véritable pluie de BD m’est tombé dessus, pour mon plus grand plaisir. Petit tour d’horizon de ces nouveaux arrivants sur mes étagères :

Les achats compulsifs (ceux auxquels je ne peux pas résister et surtout auxquels je n’ai pas envie de résister) :















Les albums offerts par deux adorables blogueuses (qui se reconnaîtront) pour mon anniversaire :


























Les albums gagnés dans le cadre des lotos BD organisés par Loula et Valérie :

















Douze nouveaux albums en quelques jours, une véritable avalanche. La question maintenant est : avec lequel vais-je commencer ? Et si vous êtes partant(e) pour une lecture commune, n’hésitez pas à me faire signe.



jeudi 6 février 2014

Baignade surveillée - Guillaume Guéraud

C’est l’histoire d’Arnaud et d’Estelle. Ils partent en vacances au camping du Cap-Ferret avec Auguste, leur fils de 9 ans. Un couple en lambeaux, en bout de course : « On ne baisait plus que tous les 36 du mois alors on ne comptait plus les nuits sans, la fréquence de nos emboîtements étaient de plus en plus faible et ça ne leur faisait pas pour autant gagner en intensité, merde, à quoi ça tenait, j’en sais rien, l’usure, le linge sale, les mauvaises habitudes, les remarques déplacées et les yeux qui se fermaient pendant que tout rabotait les angles qui nous imbriquaient l’un dans l’autre. » C’est aussi et surtout l’histoire de deux frangins. Arnaud est l’ainé, docker à Marseille, encarté à la CGT et fier de l’être. Max est le cadet, un voyou qui enchaîne les séjours en prison et trempe en permanence dans des combines malsaines. Entre Arnaud et Max, les relations sont tendues. Et quand ce dernier débarque sans crier gare au camping, le grand frère se doute qu’il y a anguille sous roche…

J’aime quand Guillaume Guéraud fait du Guillaume Guéraud. Une noirceur totale, une écriture nerveuse, sèche comme un coup de trique, sans chichi ni envolée lyrique. On reste à hauteur d’homme, on ne donne pas dans la psychologie de bazar et surtout on ne juge pas. Jamais. Les faits parlent d’eux-mêmes, ils vous électrisent et vous laissent groggy. Bien sûr c’est très sombre, bien sûr il y a comme un malaise et ça peut déranger, je le comprends tout à fait. Maintenant, lorsqu’un auteur sait aller à l’essentiel sans prendre de gants, ça me botte, et pas qu’un peu.

La construction du récit est efficace et alterne entre le présent des vacances au camping et des chapitres en flash-back revenant sur les événements tragiques qui ont poussé Max à rejoindre son frère. Des dialogues ciselés, des moments de tension et d’autres beaucoup plus légers avec parfois une vraie pointe d'émotion, des personnages sacrément malmenés... du grand art, quoi.

Baignade surveillée de Guillaume Guéraud. Le Rouergue, 2014. 125 pages. 13,80


Une nouvelle lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec les drôles de dames Moka, Noukette et Stephie.

mardi 4 février 2014

Le premier mardi c'est permis (24) : Kamasutra : ce que veulent vraiment les hommes

Depuis que je participe au rendez-vous de Stephie je vous ai présenté un dictionnaire coquin, je vous ai expliqué comment faire l’amour à un homme et comment rater sa vie sexuelle et je vous ai même fait un petit topo sur l’éjaculation précoce. Aujourd’hui je vais vous dire ce que veulent vraiment les hommes en matière de sexualité. Enfin, d’après ce bouquin, alors autant dire qu’il va falloir grandement relativiser ce qui va suivre.

Cinq grands chapitres, mêlant conseils pratiques et témoignages masculins.

1) Caresse-moi : je vous la fais courte mais en gros on adore les massages et les caresses (tu parles d’un scoop !). N’hésitez pas à titiller notre point F et notre point P, sans oublier notre point U (je vous laisse chercher à quoi tout ça correspond mais vous avez l’air malines maintenant avec votre seul point G^^). Mon passage préféré de ce chapitre a pour titre « Jouer aux boules » : « Nos boules sont très proches de la salle de bal (j’aurais plutôt dit du trou de balle même si c’est tout de suite moins glamour) mais on ne les invite pas à la fête. C’est bien dommage car elles sont pleines de terminaisons nerveuses et nous adorons quand vous jouez avec. »
Sinon, parmi la foultitude de conseils prodigués, il y en a quelques uns qu’il faut oublier avec moi comme le suçotage des doigts de pieds par exemple. Je trouve l’idée super dégueu (pas que j’ai les pieds crados mais le fétichisme des pieds, ça me donne des hauts le cœur). Autre truc à éviter, la brutalité (il paraît que nombreux sont les hommes qui aiment être brutalisés pendant les ébats. En ce qui me concerne, les menottes, les griffures, les fessées ou le martinet, c’est pas du tout mon truc).

2) Aguiche-moi : On insiste sur l’importance du baiser, du souffle, de la langue. Suivent les sempiternels conseils sur la fellation et ses variantes avec cette règle d’or à respecter que je vous rappelle une fois de plus parce qu’on ne le dit jamais assez : « Sans les dents ! » Par contre, il est ici ajouté : « Sauf petit mordillement avec accord préalable. » Ce à quoi j’ai envie de répondre : même pas en rêve !

3) Séduis-moi : « Si vous désirez un homme, dites-le lui franco. Vos compliments lui iront droit aux parties génitales » (Euh, c’est pas si simple en fait). Envoyez-lui des sextos, félicitez-le quand il a été à la hauteur. (mouais, pourquoi pas…). « Passez un après-midi au lit ou octroyez-vous une grasse matinée coquine. » (moi je veux bien mais il faut être un couple sans enfants parce que sinon je ne vois pas comment c’est possible). Un chapitre sans intérêt qui se termine par le catalogue des positions et des lieux où l’on peut s’acoquiner (le genre de truc déjà vu cent fois ailleurs).

4) Fais-moi plaisir : Proposez des séances photos torrides (en short ?), baladez-vous en mini-jupe sans culotte et penchez-vous pour ramasser quelque chose (sérieux ?), donnez-lui votre rasoir et invitez-le à tailler votre petit buisson (sérieux ?), faites un strip-tease, etc. Plus étrange : « Allez au lit avec un chapeau. Cela peut sembler bizarre mais c’est une façon sexy et coquine de nous dire de quelle humeur vous êtes. » (??????).

5) Électrise-moi : N’hésitez pas à prendre des postures de chienne en chaleur, on adore ça (par contre vous, si ça vous gêne parce que, disons, vous avez un minimum de pudeur, peu importe…). Déguisez-vous, attachez-nous, faites-nous la surprise d’un plan à trois (avec deux filles si possible en ce qui me concerne), bref électrisez-nous !

Que dire en conclusion ? Entre les conseils vus et archi-vus des centaines de fois et ceux qui vont vous laisser pour le moins dubitatives, il ne reste pas grand-chose à sauver de ce « Guide indispensable écrit PAR des hommes POUR des femmes » (dixit l’éditeur). Personnellement, j’y vois une façon un brin grossière de prendre les femmes pour des cruches et ça m’agace au plus haut point.


Kamasutra : ce que veulent vraiment les hommes. Éditions Fetjaine, 2012. 240 pages. 9,90 euros.