La recette de l’écrivain est simple : des personnages aux caractères marqués et caricaturaux (les bons d’un côté, les mauvais de l’autre), des figures fortes, monstrueuses ou idéales, une mise en scène de la violence sans faux semblant mélangée à du pur mélo qui fait pleurer dans les chaumières, des rebondissements permanents, des surprises qui créent l’événement, un art consommé du suspense et une intrigue compréhensible par tous. Autre clé du succès, la mise en scène d’un Paris des bas-fonds qui fait frissonner le bourgeois. Un Paris d’avant les travaux d’Hausmann, un Paris en pleine expansion et en pleine ébullition où des dizaines de milliers de personnes n’ont que le vol comme moyen de subsistance.
Alors que ce n’était pas forcément son objectif au départ, Sue devient malgré lui l’historien du peuple, le premier à écrire à hauteur d’ouvrier, de bandit, de repris de justice, de prostitué, le premier à dire les douleurs, les misères les crimes, les vices et les vertus des sans-grades. Son roman-feuilleton devient un roman social et engagé. Il est aussi le premier romancier asservi à son public, dépassé par le succès de ses personnages, croulant à la fois sous les louanges et les critiques. Bref, Les Mystères de Paris ont vraiment connu un succès hors-norme dans l’histoire de la littérature française, un succès qui méritait bien une nouvelle publication en poche quelque 180 ans après la première.
La lecture de ce premier tome (il y en a quatre au total) a été pour moi un enchantement. On comprend au fil des pages pourquoi une telle histoire a soulevé autant d’enthousiasme que de défiance. Qualifié de «roman infréquentable », amoral, sulfureux, il a clivé et fasciné, passionné surtout. J’ai le deuxième volume sous le coude, hâte de m’y plonger dès que l’occasion se présentera !
Les Mystères de Paris T1 : L’île de la Cité d’Eugène Sue. 10-18, 2023. 450 pages. 8,90 euros.
des thèmes de l'indignation et de la révolte.
Lu et apprécié dans ma lointaine jeunesse ! on comprend bien l'engouement des lecteurs de l'époque qui devaient attendre la suite tous les jours.
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a quelques dizaines d'années aussi, et j'ai été épatée et complètement emportée...
RépondreSupprimerJamais lu et pourtant j'en avais souvent entendu parler à la fac. Tu m'as bien donné envie, tiens!!
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu Eugène Sue mais tu es convainquant ! A l'occasion peut-être donc...
RépondreSupprimerJamais lu, mais ça me tente bien ! Avec de jolies couvertures en plus...
RépondreSupprimerJ'aimerais m'y plonger un de ces jours. C'est étonnant que je ne l'aie pas lu lorsque j'étais étudiante d'ailleurs... Paul Vaca a écrit il y a quelques années un formidable roman mettant en scène Sue devenant écrivain et, comme tu le dis dans ton texte, la manière dont il a été rattrapé par ses personnages et son univers au point de s'engager en politique. Ca s'appelle Au jour le jour, si tu as envie de prolonger la lecture. Mais après quatre tomes, tu auras peut-être ta dose !
RépondreSupprimerJe n'avais pas pu dépasser les premières pages lorsque j'avais voulu me lancer dans cette lecture. Après ton billet, je retenterai peut-être.
RépondreSupprimerça fait un moment que j'envisage à le découvrir mais vu la somme, ça m'effraie un peu.
RépondreSupprimerJe crois que j'ai très envie aussi d'être enchantée. Très bon choix M'sieur.
RépondreSupprimerJ'ai lu il y a longtemps un Eugene Sue, mais j'ai oublié lequel... je viens de lire Le cimetière de Prague, d'Umberto Eco, qui fait très souvent référence à ces Mystères de Paris, et m'a donné envie de m'y plonger..
RépondreSupprimerMerci pour la découverte !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ces chroniques, cela doit apporter une vision intéressante de Paris !